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Les sculptures du retable de Nucourt n'étaient pas destinées à être cachées par les six chandeliers et la grande croix dont la liturgie moderne orne les autels. « Au moyen âge, dit Mgr Barbier de Montault, l'autel était nu et dépouillé en dehors des saints offices. Même pendant leur durée, il n'admettait que ce qui était rigoureusement requis pour le sacrifice. » Au xvie siècle, il n'était encore garni le plus souvent, pendant la messe, que d'une croix et de deux chandeliers (1). L'autel de Nucourt peut même fort bien n'avoir reçu primitivement que ces deux derniers objets, la croix étant remplacée par la représentation du crucifiement, qui occupe la place d'honneur dans le retable. Il convient de faire remarquer, en outre, l'absence de tabernacle. La réserve eucharistique était conservée soit dans une suspense, soit dans un tabernacle isolé. Quant au clocheton supérieur, il servait probablement à abriter l'ostensoir lors des expositions solennelles.

A droite du retable, en D (voir le plan), se voit une jolie piscine de la même époque et due évidemment aux mêmes artistes. Elle a une hauteur de 2 mètres et se trouve comprise entre deux pilastres couverts de fleurons. La paroi du fond est décorée d'une femme nue sculptée en bas relief, tenant une banderolle et le cou ceint d'un double collier. Autour d'elle sont des arabesques assez délicates au milieu desquelles on distingue une tête de mort. Le dais, amorti carrément, est construit sur plan polygonal et les angles en sont indiqués par de petits contreforts montrant sur leur face antérieure des figurines saillantes sainte Barbe portant sa tour; sainte Catherine d'Alexandrie, avec la roue brisée, instrument de son martyre; sainte Agathe tenant un livre et une paire de tenailles; une sainte tenant la palme du martyre, etc. Dans l'intervalle laissé entre ces pilastres sont creusées des niches où prennent place des statuettes un peu plus grandes saint Louis, bien reconnaissable aux trois clous et à la couronne d'épines; saint Georges, en chevalier bardé de fer et armé d'une lance, ayant à ses pieds le monstre dont il fut l'heureux vainqueur, et saint Joseph ou saint Thomas, apôtre, avec une équerre et un livre pour attributs. Toutes ces sculptures conservent des traces de peinture.

Cette piscine était enfouie, jusqu'à ces dernières années, dans un mur fermant jusqu'à moitié de sa hauteur l'arcade ouvrant sur la chapelle méridionale qui servait alors, comme aujourd'hui, de sacristie.

Le retable que nous venons de décrire était autrefois caché à certaines époques, notamment pendant le Carême, par des volets en bois dont les deux faces étaient décorées de peintures représentant

(1) Cf. Mgr Barbier de Montault, l'Appareil de lumière de la cathédrale de Tours, 1883, passim.

les différents épisodes de la légende de saint Quentin, patron de la paroisse (1). Cet usage a été supprimé à une époque que nous ne saurions préciser mais qui n'est certainement pas antérieure à notre siècle. Une partie des volets furent alors appliqués au-dessus des deux autels mineurs placés en avant du clocher, tandis qu'une autre série fut déposée dans la chapelle du Sacré-Cœur (au sud). Tous ces panneaux, exécutés en même temps que le retable, c'est-à-dire au milieu de la première moitié du xvie siècle ou, pour préciser davantage, en 1533, date inscrite sur l'un d'eux, sont actuellement incomplets. Une face seulement est visible, les volets n'ayant pas sans doute été dédoublés. Nous pensons même que la série placée dans la chapelle du Sacré-Cœur a subi le sort commun, contrairement à l'opinion généralement émise. Il faudrait donc démonter les boiseries pour découvrir les peintures cachées. Mais cette opération, qui ne présente pas d'ailleurs une grande difficulté, n'a pas encore été pratiquée. Je vais me borner aujourd'hui à expliquer les scènes visibles dans leur ordre logique et sans tenir compte du classement fantaisiste qu'on leur a donné.

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Les croquis ci-joints montrent les panneaux dans leur disposition actuelle, placés en A au-dessus de l'autel septentrional, en B audessus de l'autel méridional, et en C dans la chapelle du SacréCœur (2). Toutes les scènes n'ont pas des dimensions égales. Celles des deux premières séries mesurent om 55 de largeur sur om 73 de hauteur, tandis que ces dimensions, dans le tableau C, se réduisent à om 31 et om 62. Au bas de chaque scène est inscrite, sur un parchemin déployé, une légende en lettres gothiques. Certains panneaux ont perdu la leur pour entrer dans le cadre qui les contient actuellement.

(1) Le retable sculpté en 1595 par Jean Vivien pour le maître-autel de l'église de Gisors, était également pourvu de volets de bois, couverts de peintures en 1601 par Louis Poisson le jeune. Du retable, il ne reste absolument aucun vestige, mais les panneaux servent aujourd'hui de fermeture à des armoires placées dans la chapelle centrale du chevet.

12) Ces lettres correspondent en même temps au plan ci-joint de l'église de Nucourt, qui a été dressé par notre obligeant confrère et ami M. J. Le Bret et gravé par les soins de la Société.

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I

En. allant.

par. cette. prouince.

au. nom. de. dieu. misericors.

guarist. la. femme. dug. grand. prince.
laquelle. auoit. le. diable. au. corps. (1)

Saint Quentin, jeune homme imberbe, debout à gauche, au premier plan, et vêtu d'une tunique olive, d'un manteau vert et de chausses roses, bénit la possédée, revêtue d'un costume rouge et agenouillée à ses pieds. Un mendiant boiteux et déguenillé s'approche pour recourir à la puissance du saint, auquel il présente sa main paralysée. Sur un plan plus éloigné, un homme et une femme regardent cette scène, qui se passe aux portes d'une ville dont on aperçoit les murailles fortifiées et les clochers.

2. Légende coupée. Rue d'une ville. Saint Quentin est amené par un seigneur richement vêtu en présence de Rictius Varus, préfet du prétoire, qui résidait ordinairement à Trèves, mais qui se trouvait alors, dit Baillet (2), entre Soissons et Reims. Ce personnage, coiffé d'une toque à plumes, porte à son cou le collier d'un ordre. La partie inférieure de son corps a disparu, par suite de l'établissement d'un panneau de bois remplaçant lui-même un tabernacle.

3 Quand. il. le. congnust. chrestien.
Incontinent. le. fist. lier.

et. de. battons. de. verd. pomier.

le. fist. battre. par. deulx. tirans.

Deux hommes à mine patibulaire frappent à coup redoublés, avec d'énormes gourdins, saint Quentin agenouillé devant eux, les mains jointes. Rictius Varus assiste à l'exécution de ses ordres du haut d'une petite estrade. Au fond, des maisons et des tours s'aperçoivent à travers deux arcades ajourées.

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(1) Un premier panneau devait montrer saint Quentin prêchant la foi. A part cette lacune, les traits les plus saillants de la vie du saint sont représentés. Il faut en conclare que le revers des volets représentait des sujets tout différents.

(2) Les vies des saints, par Adrien Baillet, 1704; t. III, col. 446.

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