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Eustache Gachon, et par les habitants, pour rajeunir l'édifice paroissial.

Les trésoriers de Gisors inscrivent pour la dernière fois son nom dans leurs mises en la semaine finie le tiers jour d'octobre » 1500. Nous avons donc une date exacte pour le début des travaux exécutés à Magny et tout cela s'accorde parfaitement avec l'examen des monuments dont il s'agit. Guillaume Le Maître commence par le chœur, c'est la marche ordinairement adoptée, il élève cette élégante abside aux étroites et hautes fenêtres, bordées de nervures prismatiques, mais où l'abandon de l'arc en tiers-point laisse apparaître un nouveau style qui va se mélanger à l'ancien, en attendant l'heure de lui succéder. Ceci se passe en 1501 et années suivantes. Or, à Gisors, les chapelles du chevet sont fermées par trois absides plus petites, mais d'une telle similitude qu'on les croirait détachées d'un même ensemble. Il est clair qu'en s'en allant créer une église nouvelle, notre maître de l'œuvre avait emporté les plans, dessins ou pourtraicts que lui et ses compagnons avaient élaborés en commun. Cette supposition admise expliquera comment, sans qu'il y ait eu direction unique, des constructions aussi ressemblantes se produisaient à un intervalle d'ailleurs très court, car, lorsqu'en 1503, les chapelles absidales de Gisors recevaient leurs voûtes et leurs toitures (1), les chantiers, au milieu desquels surgissait de terre le chœur de Notre-Dame de Magny, étaient depuis longtemps en pleine activité.

Vingt ans plus tard, nos maîtres de l'oeuvre avaient disparu de ce monde pour faire place à une jeune génération. Pierre Gosse décéda le 4o jour de mai 1505 (2), Robert Jumel au mois d'octobre 1521 « et fut ynumé devant sainct Nicollas » dans une des chapelles qu'il avait bâties. Cette même année mourait Guillaume Le Maître; sa veuve fit don à la fabrique de l'église de Gisors d'une somme de quatre livres (3), sans doute pour le legs testamentaire de l'humble artiste.

Maintenant, quel était à Magny l'état de la construction quand la mort vint l'arracher à son entreprise? Put-il voir debout, après le chœur et ses sous-ailes, une partie de cette nef où plusieurs clefs de voûte sont blasonnées des armoiries de Pierre Le Gendre (4)? Il

(1) Comptes des Trésoriers. Ann. 1503-1504.

(2) Pierre Gosse, en son vivant l'un des maistres maçons, qui décéda le dimanche iiii jour de ce présent mois de may, a donné par son testament à la fabrique de céans pour l'entretenement des heures, qui ont esté paiez par Robert Jumel, son beau-frère, et ses autres frères, LXV S. » Ibid. Ann. 1505.

(3) La resete et mize de l'églize. Ann. 1521-1522. Arch. de l'égl. de Gisors.

(4) Le Gendre: d'azur à la fasce d'argent accompagné de trois bustes de filles de même, chevelees d'or. Dans la nef, les piliers, de forme octogonale, ont été modifiés en 1858 et renforcés de colonnettes engagées, dont les chapiteaux, au feuillage disgracieux, ne se rattachent à aucun style.

serait possible assurément, par une étude attentive, de répondre à ces questions et d'assigner aux architectes successifs, Guillaume Le Maître, Robert Grappin et Jean Grappin, son fils (1), la part qui leur revient dans ce labeur d'un siècle (2). Je ne l'essayerai pas cependant, me bornant à prononcer un nom, à marquer une date, afin de fournir un témoignage de l'influence dont jouissaient dans la contrée environnante nos artistes de Gisors. Comme en des centres plus importants, maîtres de l'œuvre, peintres, imagiers, sont fréquemment conviés à exercer ailleurs leur talent et s'éloignent pour un temps de la ville où ils se sont formés, où ils sont nés peut-être, mais presque toujours reviennent y fixer leur demeure et veulent mourir près de leur berceau.

14 Juin 1886.

(1) A défaut d'anciens registres de comptes de la fabrique, la présence de ces derniers architectes-sculpteurs nous sera révélée, avec autant de certitude, par tel motif ornemental familier à leur ciseau. Je n'en citerai que ce seul exemple: Jean Grappin, l'aîné des deux frères de ce nom, semble avoir affectionné une alternance de roses et de cherubins. Ces têtes ailées, posées de trois quarts ou de profil ont été multipliées dans la décoration des églises qui lui sont attribuées. Ainsi, elles se retrouvent : A Magny, dans une des chapelles du midi.

Au portail de Montjavoult.

A Gisors, où elles occupent les métopes de la frise rampante d'un escalier attenant à la grosse tour inachevée.

A Gisors encore, dans les compartiments de la voûte fuyante du portail ouest. Elles ont attiré l'attention de Dorival, dont la description rimée nous signale le songe de Jacob, figuré en bas relief,

Sous un cintre semé de chérubs et de roses.»

(2) Les travaux, inaugurés avec le xvIe siècle, s'arrêtèrent au début du xvii. Sur quoi MM. Durand et Grave se sont-ils appuyés pour reculer à l'année 1647 la construction des deux chapelles formant transept, c'est ce qu'ils ont omis de dire. Une date demeurée inaperçue jusqu'à notre visite à Magny, au mois de mai 1884, contredit formellement cette assertion. Dans la chapelle septentrionale on lit, sur une contreclef, le millésime 1609.

EXCURSION ARCHÉOLOGIQUE

A GONESSE

LE DIMANCHE 7 NOVEMBRE 1886

L

A Société Historique a effectué, le dimanche 7 novembre 1886, dans les conditions les plus favorables, l'excursion archéologique qu'elle avait organisée à Gonesse.

Plus de quarante sociétaires, dont plusieurs dames, s'étaient rendus à son appel. Un temps aussi splendide qu'inespéré les a récompensés de leur adhésion courageuse.

A l'arrivée à la gare de Villiers-le-Bel, des breacks à trois chevaux attendaient les excursionnistes pour les conduire à l'Hôtel des Voyageurs, où un excellent déjeuner leur avait été préparé.

Le repas terminé et les toasts prononcés, a commencé l'exploration du pays. Après une visite à la très remarquable église de Gonesse, monument historique classé, qui remonte au règne de Philippe-Auguste, et une rapide promenade aux alentours, on s'est rendu dans une vaste salle aménagée, comme d'un coup de baguette, pour la circonstance, par des mains aussi habiles que généreusement désintéressées.

M. Seré-Depoin, président de la Société. a pris place au Bureau, ayant à ses côtés MM. Tranchant, président actuel, et M. Auguste Vitu, président sortant de la Société de l'Histoire de Paris; le comte de Marsy, directeur de la Société Française d'Archéologie;

M. Haussmann, conseiller général, ancien président de la Société des Sciences morales de Seine-et-Oise; M. J. Depoin, secrétaire général, et M. Tavet, archiviste de la Société du Vexin; M. le Doyen et M. le Maire de Gonesse, M. Fontaine, conseiller général, etc. La salle, qui contenait 500 places, était littéralement comble, et un grand nombre d'auditeurs ont dû rester debout.

M. Seré-Depoin a ouvert la séance par une allocution sur le but de la Société et l'importance des recherches historiques. Puis M. J. Depoin a rappelé sommairement les origines de Gonesse et cité quelques faits intéressants ayant échappé à ses historiens, en tête desquels il faut nommer l'abbé Lebeuf, et l'éminent directeur de la Bibliothèque Nationale, Léopold Delisle.

M. Bellenger, au nom de M. Eugène Lefèvre-Pontalis, archiviste du Comité des Travaux historiques, a lu ensuite une monographie, aussi complète que savante, de l'église de Gonesse; enfin, M. Seré-Depoin, reprenant la parole, a tenu pendant plus d'une heure toute l'assistance sous le charme d'un récit pittoresque, palpitant d'attrait et de curiosité. Il a ressuscité Tout Gonesse en 1783, pour en faire revivre les impressions en présence de la chute du Globe, la première montgolfière lancée dans les airs à Paris, et qui, partant, suivant les uns pour la Chine, selon d'autres pour le Groenland, vint s'échouer tout simplement... à Gonesse! (1)

M. Seré-Depoin a ajouté qu'il avait obtenu de la propriétaire du champ où tomba ce ballon, la promesse de le céder à la ville, pour y ériger une pyramide commémorative.

Après ces communications des plus attachantes, entrecoupées par des intermèdes musicaux dus à la Fanfare municipale, les excursionnistes ont repris le chemin de Paris, enchantés de leur journée, et, nous croyons pouvoir l'assurer, laissant la population locale non moins satisfaite de cette imposante manifestation archéologique.

(1) Ce travail formera l'un des chapitres du livre que M. Seré-Depoin se propose de publier sous ce titre : Les Populations rurales de l'Ile-de-France en face des premiers aérostats.

LES HISTORIENS DE GONESSE

Mémoire lu à l'Assemblée du 7 Novembre 1886

Par M. J. DEPOIN, Secrétaire général

MESDAME, Messieurs,

Le programme que vous venez de lire m'impose la tâche de vous entretenir des historiens de Gonesse. Cette tâche serait courte si je me bornais à signaler les noms des auteurs qui se sont occupés du passé de votre pays; mais je me propose en même temps de vous donner un rapide aperçu de l'intérêt que présente, à mon avis, cette histoire elle-même.

C'est à l'abbé Lebeuf, dans son grand travail historique et descriptif sur toutes les paroisses du diocèse de Paris, que vous devez un résumé aussi complet et aussi intéressant qu'il était possible de le faire alors, des annales gonessoises. Lebeuf a consacré de très longues pages à en relater, avec beaucoup de détails, les péripéties, et c'est à cette source que sont venus puiser successivement tous les rédacteurs d'histoires plus ou moins anecdotiques et plus ou moins illustrées des environs de Paris. Je n'ai pas à citer leurs noms.

Mais après un siècle, l'œuvre de Lebeuf a été reprise dans une de ses parties les plus importantes, celle qui touche à vos origines communales et religieuses, par un savant du plus haut mérite, au duquel tout archéologue s'incline avec un sentiment de

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