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doute sur l'époque de sa construction. La cloche qu'il contient remonte à l'année 1506 et devait se trouver anciennement dans le clocher bâti sur le carré du transept. L'abside, dont les arcs-boutants et les contre-forts ont été refaits au xve siècle, aurait besoin de réparations urgentes. Il est très regrettable, à ce point de vue, que l'église de Chars ne figure plus sur la liste des monuments historiques de la France, bien qu'elle soit digne, sous tous les rapports, d'y occuper une place honorable. »

Chars était défendu autrefois par un petit château-fort construit au xi• siècle, non loin de la Viosne, sur un terrain tourbeux et facile à défendre. Ce château paraît s'être uniquement composé d'une enceinte affectant dans son ensemble la forme circulaire, mais présentant de nombreux angles et flanquée de contreforts et de petites tours. Le terrain compris dans cette enceinte était divisé en deux cours par un bâtiment transversal, qui ne constituait pas à proprement parler un donjon. De tout cela, il ne reste plus que des ruines peu intéressantes. Aussi nous contentâmes-nous d'y jeter un regard à distance, en reprenant le chemin de la gare.

II

Quelques instants après, nous prenions place dans un train spécialement chauffé à notre intention, à la suite de pourparlers entre les organisateurs de l'excursion et la Compagnie du chemin de fer de Magny à Chars.

Le parcours de cette ligne n'offre, au point de vue du pittoresque, rien à signaler. On monte d'abord par une pente assez rapide sur le plateau du Vexin français et, après avoir passé au milieu du village de Bouconvilliers, on traverse une plaine très fertile, d'où l'on aperçoit à droite la tour de l'église de Hadancourt-le-Haut-Clocher, surmontée d'une petite aiguille en charpente, et à gauche le clocher en batière du Bellay. On redescend ensuite dans le frais vallon de l'Aubette, que l'on suit jusqu'à Magny, après avoir passé au pied de l'église de Nucourt à gauche et du camp dit de César à droite.

Une première halte nous permit d'aller jeter un coup d'œil sur l'église de Bouconvilliers, dont le clocher à flèche de pierre attirait l'attention de nos compagnons.

Comme celles de Nucourt et de Magny, la paroisse de Bouconvilliers faisait partie, avant la Révolution, de l'archevêché de Rouen, de l'archidiaconé du Vexin français et du doyenné de Magny. La première mention qui soit faite de l'église remonte à

l'année 1141, lorsque Hugues d'Amiens, archevêque de Rouen, en confirma la possession à l'abbaye du Bec (1). L'édifice actuel nous paraît offrir quelques parties, entre autres le clocher et le transept nord, appartenant au moins à cette époque.

Il est facile de reconnaître que cette église, bien orientée, avait dans l'origine la forme d'une croix latine. Le croisillon septentrional, voûté en berceau, s'est conservé sans altérations. Son pignon est percé d'une fenêtre de moyenne dimension (2), dont le cintre est entouré d'un cordon de billettes se prolongeant horizontalement à droite et à gauche jusqu'aux contreforts plats des angles. Un second rang de billettes règne un peu plus haut, au niveau de la naissance du toit. Le chevet et le croisillon sud possèdent encore leurs contreforts primitifs, dont la base a été renforcée au xvie siècle, et la muraille occidentale du second montre, en outre, quelques débris de corbeaux décorés simplement d'une billette. La nef appartient aussi à l'église romane, bien que les murs ne présentent plus aucun caractère d'ancienneté. Les baies primitives ont été bouchées; une fenêtre du xvi® siècle sur le flanc méridional et une rose moderne à huit lobes établie à l'ouest suffisent aujourd'hui pour déverser le jour à l'intérieur. Seule, la porte d'entrée, pratiquée au sud et cachée sous un porche moderne (3), a gardé ses deux rangs de claveaux ornés chacun d'un double zig-zag, mais ses colonnes ont disparu. Toutes ces parties du monument appartiennent au second quart du xe siècle.

A la même époque doit être rapporté le clocher, qui fut bâti, probablement en dernier lieu, sur le carré du transept. La travée de sa base est voûtée en berceau, dans le sens de l'axe de l'église (4), et communique avec la nef et les bras du transept par trois épaisses arcades cintrées, dont l'intrados a ses bords garnis d'un petit tore. L'arcade méridionale est surbaissée et de moindre hauteur que les deux autres. Une arcade semblable aux précédentes s'ouvrait jadis sur le sanctuaire, mais elle a été remplacée au xvi• siècle par une ogive à larges moulures. Les piliers sur lesquels reposent tous ces arcs sont carrés et dépourvus d'ornementation. Le premier étage extérieur de la tour, de forme carrée, mesure 3 mètres 40 de largeur dans œuvre. Il est soutenu aux angles par de petits

(1) D. Toussaints du Plessis. Description de la Haute-Normandie, II, p. 467. (2) Intérieurement, le glacis de cette fenêtre est découpé en escalier. Cette disposition assez rare se rencontre à la chapelle dite des Templiers à Laon, et dans les églises de Montchâlons (Aisne) et d'Harquency (Eure). M. Ed. Fleury (Antiquités et Monuments du département de l'Aisne, 3e partie, p. 81), la signale comme « une preuve certaine d'antiquité », remarque qu'il ne faut pas, je crois, prendre trop à la lettre. (3) Ce porche vient de recevoir un premier étage, destiné à servir de salle de catéchisme, mais dont la nécessité ne nous paraît pas absolument justifiée.

(4) C'est-à-dire perpendiculairement à la voùte du croisillon nord.

contreforts et percé sur chaque face de deux baies cintrées dessinées par un cordon de pointes de diamant. Ces baies sont accompagnées chacune de deux colonnettes octogonales, dont les chapiteaux, peu fouillés et ornés pour la plupart d'une simple volute, soutiennent des archivoltes garnies extérieurement d'un rang de dents de scie. Une série de modillons à billettes supporte la corniche supérieure, dont le bandeau est couvert de dents de scie à peine sensibles. La transition du plan carré à l'octogone se fait d'une manière peu gracieuse, ainsi que l'on peut s'en rendre compte sur la planche ci-jointe, exécutée d'après une photographie d'un de nos confrères, M. Gabriel de Gossellin. Cette disposition est, du reste, commune à presque tous les clochers polygonaux de la région; elle a été appliquée notamment à Lierville, à Cauvigny et à Foulangues (Oise), à Brueil, à Jambville, à Orgeval et à Feucherolles (Seineet-Oise); mais nulle part elle ne produit un aussi fâcheux effet qu'à Bouconvilliers. L'architecte n'a pas pris, comme à Épône, la précaution de surmonter les quatre trompes de petits cônes, et il n'a pas même, contrairement à ce qui a été fait à la tour occidentale de Poissy, menagé une retraite entre les deux étages. Le clocher de Bouconvilliers est probablement, avec celui de Brueil, le plus simple de tous, l'une des premières tours octogonales édifiées dans l'Ile-de-France.

Une baie à plein cintre entourée d'un gros tore et dont l'archivolte porte, comme celle des ouvertures inférieures, un rang de dents de scie, s'ouvre sur chaque face du second étage. Les angles sont dissimulés chacun par un tore engagé, qui se continue audessus sur chaque arête de la pyramide. Les modillons de la corniche présentent plus de variété que les précédents. Au-dessus s'élève la flèche, peut-être un peu courte, mais qui a l'avantage de n'être pas, comme celle de Jambville, par exemple, absolument hors de proportion avec le tambour qui la supporte. Les assises de cette flèche ne sont pas couvertes d'imbrications. Son axe a légèrement dévié de sa direction verticale. (1)

La réunion dans une même tour des deux plans, carré et octogonal, a été évidemment amenée par le désir d'en rendre la silhouette plus agréable; mais cette disposition ne fut pas universellement adoptée au xe siècle et certains constructeurs surent fort bien obtenir, avec des flèches polygonales reposant directement sur des bases carrées, l'impression d'élégance que l'on recherchait. Les clochers octogonaux sont même, dans le nord de la France,

(1) Le clocher de Bouconvilliers, bien conservé, a cependant vu récemment sa solidité compromise par un affaissement qui s'est produit à l'angle sud-ouest, et par des lézardes qui se sont ouvertes en même temps sur la face occidentale. Des réparations out immédiatement été exécutées.

beaucoup plus rares que les tours carrées. Ceux qui existent encore aujourd'hui dans les deux départements de l'Oise et de Seine-etOise peuvent être partagés en trois catégories: 1o Les tours composées d'un seul étage octogonal, telles que celles de Lierville, Foulangues (Oise), Achères, Brueil, Condécourt (1), Feucherolles, Jambville, Poissy (tour centrale), Sartrouville et Thiverval (Seineet-Oise); 2o Les beaux clochers de Cambronne (Oise), d'Épône et d'Orgeval (Seine-et-Oise), formés chacun de deux étages octogonaux; 3o Enfin, les tours dans lesquelles, à l'exemple du clocher de Bouconvilliers, on a donné une forme différente aux deux étages; au nombre de celles-ci, il faut mentionner les clochers de Cauvigny, d'Acy-en-Multien et de Tracy-le-Val (Oise), de Poissy (tour occidentale) et de Rueil (Seine-et-Oise). Toutes ces tours sont couronnées de pyramides en pierre, à l'exception de la tour qui surmonte le choeur de Poissy et des clochers de Condécourt, de Rueil et de Thiverval. La forme du lourd clocher de Tessancourt, près Meulan, ne peut guère être rapprochée des précédentes; c'est plutôt une tour carrée dont on aurait supprimé les clochetons en rendant les trompes sensibles extérieurement et en réduisant le tambour polygonal à l'épaisseur d'une simple corniche.

La cloche contenue dans la tour de Bouconvilliers date de 1556; son diamètre est de 1 mètre 10; elle était autrefois accompagnée de deux autres, qui ont été descendues à la Révolution. L'inscription en lettres gothiques très frustes qu'elle porte fait mention du funeste usage de sonner les cloches pendant les orages; cette inscription est ainsi conçue :

lan ve I vi saint estienne patron de ceans pour euiter toute tempeste toutefois que sera sonnante aulx habitans de ceste psse

En 1877-78, l'intérieur de l'église a subi une restauration complète qui lui a fait perdre toute authenticité (2). La nef, qui,

(1) Le petit clocher de Condécourt a reçu un second étage au xe siècle; il n'est plus couronné par une flèche en pierre.

(2) Une inscription gravée sur une plaque de marbre noir, contre un des piliers du choeur, conserve le souvenir de ce fait :

CETTE EGLISE

SOUS LE VOCABLE DE S. ETIENNE

A ÉTÉ RESTAURÉE PAR LA GÉNÉROSITÉ

DE Mme. LA COMTESSE des COURTILS, NÉE de GANAY,
IT BÉNIE (SiC) PAR MET HASLEY, EVÊQUE DE BEAUVAIS
EN JUIN 1879

jusqu'alors, n'avait eu qu'un simple lambris, fut divisée en six étroites travées et reçut une voûte dans le style de la fin du XIIe siècle, d'un aspect agréable, mais dont les détails présentent de nombreuses incorrections. Le chœur, ses deux chapelles et le croisillon sud furent l'objet de travaux semblables, plus répréhensibles à cet endroit, puisqu'il existait des traces de la disposition primitive et que rien n'obligeait à y introduire des colonnes et des nervures semblables à celles de la nef.

Les deux chapelles dont nous venons de parler sont une addition de la fin du XIIIe siècle, ou peut-être même de la première moitié du xive. Celle placée au sud, ancienne chapelle seigneuriale sous le vocable de Notre-Dame-des-Neiges (1), reçoit le jour par deux fenêtres ogivales géminées, avec oculus dans le tympan, et celle du nord, aujourd'hui consacrée à sainte Anne, par une baie ogivale simple de la même époque et une petite fenêtre du XVIe siècle, également en ogive. Les grandes baies à trois divisions pratiquées au chevet et à l'extrémité du transept méridional appartiennent visiblement aussi à cette dernière période. (2)

On remarque, à l'intérieur de l'édifice : la cuve baptismale, de forme ovale, remontant au commencement du xvIe siècle et décorée d'un rang de feuilles de chêne; un bénitier de la même époque présentant une décoration du même genre, composée de feuilles de vigne et de grappes de raisin; un bon tableau du xviie siècle représentant la Sainte Famille et signé Vignon (3) (au-dessus de la chaire à prêcher); et quelques statues anciennes, notamment un saint Vincent et un saint Michel terrassant le démon, en bois peint, et un saint abbé en pierre, revêtu du costume monacal et tenant un livre ouvert. Enfin, une pierre encastrée dans le mur occidental de la nef, porte une longue inscription du xvi® siècle en lettres gothiques, constatant une fondation de messes par Jehan Begeault, religieux de l'abbaye du Bec, prieur de Saint-Michel de Bouconvilliers.

Comme nous l'apprend cette inscription, il y avait autrefois à Bouconvilliers un prieuré dépendant de l'abbaye du Bec. Les bâtiments étaient contigus à l'Eglise et sont occupés aujourd'hui par une ferme qui porte encore le nom de Ferme du Prieuré.

(1) Arch. de la Seine-Inf., G. 1823. D. T. du Plessis, II, 467.

(2) Une toiture unique recouvrait autrefois le chœur et les deux chapelles, en obstruant le premier étage du clocher. Les trois pignons qui surmontent aujourd'hui cette partie de l'église n'ont été établis qu'en 1872.

(3) Plusieurs peintres de ce nom vivaient au XVIIe siècle. Le plus connu, Claude Vignon, mort en 1670, passe pour un artiste d'une grande fécondité, bien que l'on ne connaisse que fort peu de tableaux signés de lui. La Sainte Famille de Bouconvilliers est-elle son œuvre ou bien doit-elle être attribuée à l'un des dix garçons qui lui restèrent de ses deux mariages? C'est là une question difficile à éclaircir. (Cf. Jal, Dict. critique de biogr. et d'hist., 2o édit., p. 1267).

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