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tailles, voulant enfin s'enrôler, mais entraîné par le jeu dans une querelle avec un sergent que Cespédès tue, tandis qu'il met en fuite les recruteurs. Les détails de toutes ces scènes de brutalité férocé sont dégoûtans; mais apparemment qu'ils sont tous historiques, et que la tradition les conservait soigneusement pour la gloire du héros espagnol.

L'acte second nous montre Cespédès depuis long-temps arrivé en Allemagne, et avancé dans le service; mais après avoir pris part aux plus brillantes campagnes de Charles-Quint, il est obligé de se retirer de l'armée, parce qu'ayant rencontré un hérétique dans le palais de l'empereur à Augsbourg, il lui avait donné un soufflet, et lui avait fait sauter trois dents. Plusieurs autres hérétiques s'étaient jetés sur lui pour venger cet outrage; mais entre lui et Bertrand, son écuyer, ils en avaient tué une dixaine, et blessé plusieurs autres. L'empereur cependant lui envoie le capitaine Hugues pour le rengager à son service, et il le fait assurer que, quoique luimême et le duc d'Albe se fussent crus obligés de montrer du mécontentement de cette insolence, c'était de toutes les actions de Cespédès celle qui leur avait fait le plus de plaisir. Cespédès, encouragé par ce suffrage, proteste que toutes les fois qu'il voit un hérétique ne s'agenouiller pas devant le saint sacrement, il lui

coupe les jarrets comme à un taureau, pour qu'il reste à genoux par force.

Ce capitaine Hugues, l'hôte et le protecteur de Cespédès, a dans sa maison une sœur nommée Théodora, qui prend de l'amour pour le vaillant Espagnol, et qui, après avoir été séduite par lui, s'échappe de la maison paternelle pour le suivre. Après une scène de galanterie soldatesque entre eux, on voit paraître dona Maria de Cespédès habillée en homme, qui arrive en Allemagne avec don Diego. Celui ci l'a accompagnée dans tout son voyage, et a obtenu son amour; mais il est à présent déterminé à la quitter, parce que Pero Trillo, que Cespédès a tué au commencement de la pièce, était son oncle, et qu'il se croit obligé de venger sa mort. Ils se séparent en effet. Dans les adieux de dona Maria, on retrouve des traces du talent poétique de Lope, et de sa sensibilité qui ne se montre que de loin en loin. Maria accable l'infidèle de malédictions, mais toujours mêlées d'un retour de tendresse; au milieu de ses imprécations, elle s'arrête avec douleur, elle semble le rappeler, et elle répète tristement à plusieurs reprises : <«< Ah ! lorsque l'on dit tant d'injures, on est >> bien près de pardonner ». Tandis qu'elle est encore sur le théâtre, elle entend deux soldats médire de Cespédès : ils sont jaloux des récompenses données à des forces corporelles, à des

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exploits plus dignes d'un portefaix que d'un soldat. Elle prend aussitôt la défense de l'honneur de son frère, et elle tue les deux soldats. On veut l'arrêter; mais elle ne consent à se rendre qu'au duc d'Albe, qui l'envoie en prison. 11 promet, il est vrai, qu'il ne tardera pas à récompenser sa bravoure : dona Maria ne lui en laisse pas le temps; elle n'est pas plutôt dans sa prison, qu'elle rompt sa chaîne, qu'elle arrache les barreaux des fenêtres, et se remet en liberté.

Don Diego, après s'être séparé de dona Maria, poursuit les projets de vengeance qu'il avait annoncés contre Cespédès. Tout combat, dit-il, serait inégal contre un homme de forces aussi supérieures; aussi est-il résolu à le faire assassiner. Il charge de ce forfait son écuyer Mendo; il lui donne son pistolet, il le place en embuscade, et il dispose dans le voisinage vingt hommes à lui pour venir au secours de Mendo, et l'aider à s'échapper après le coup. Cespédès arrive en effet à l'embuscade; mais le pistolet ne prend pas feu. Mendo cependant ne se déconcerte point; il lui présente son arme, et réussit à lui faire croire qu'il l'essayait devant lui seulement pour l'engager à l'acheter. Cespédès, après avoir acheté le pistolet, s'aperçoit qu'il est chargé ; il voit qu'on a voulu l'assassiner, sans comprendre qui il peut accuser de cet attentat.

Au troisième acte, Mendo rend compte à don

Diego du mauvais succès de son embuscade, et de la ruse par laquelle il s'est dérobé à la colère de Cespédès. Pendant ce temps, des cris de joie et des acclamations annoncent que Cespédès est sorti victorieux d'un tournois où il avait offert de tenir tête à tous les plus braves de l'armée. Il arrive couronné de lauriers sur le théâtre ; l'empereur lui donne la seigneurie de Villalar, sur la Guadiane. Cespédès apprend en même temps que c'est don Diego, le séducteur de sa sœur, qui a voulu le faire assassiner; mais il est détourné par les affaires publiques du soin de songer à sa vengeance. L'électeur de Saxe s'est fortifié à Muhlberg (1547); Charles-Quint veut passer l'Elbe pour l'attaquer; l'armée se met en mouvement, et Cespédès ne songe plus qu'à se signaler contre les hérétiques. Au milieu cependant des préparatifs de la bataille, quelques scènes tumultueuses peignent la licence des camps. D'une part, on voit dona Maria et Théodora suivre l'armée, habillées en soldats; de l'autre, l'écuyer de Cespédès, Bertrand, enlever une paysanne; tous les paysans de son village veulent forcer les soldats à remettre cette femme en liberté ; mais Cespédès se bat seul contre tous ces villageois; il en tue une partie, et il force les autres à la fuite. Il s'offre ensuite à l'empereur pour passer le premier l'Elbe à la nage; Bertrand, don Hugues et don Diego, s'offrent

avec lui; ainsi le dernier, qui venait de tenter un assassinat, ne laisse pas de prouver qu'il est entre tous les guerriers de l'armée un des plus vaillans et des plus avides de gloire. Ces champions passent en effet le fleuve; ils enseignent un gué aux troupes de l'empereur, qui franchissent l'Elbe, et les Saxons sont mis en déroute; mais Diego, blessé, est sauvé sur les épaules de Cespédès, qui ne le connaît point encore, et auquel il déguise son nom. Cespédès, après l'avoir mis en sûreté, retourne au combat. Dona Maria survient; elle reconnaît son amant blessé, elle lui pardonne, et le transporte dans sa tente. Ce fut à cette bataille que le vertueux électeur de Saxe, Jean-Frédéric, fut fait prisonnier. Lope de Vega en attribue l'honneur à Cespédès, qui reçoit en récompense l'ordre de chevalerie de Saint-Jacques; mais sans vouloir exciter aucun intérêt pour le souverain de la Saxe, qu'il considère comme rebelle, il met sur la scène cependant la noble constance avec laquelle il reçut, en jouant aux échecs, la sentence qui le condamnait à mort.

Pendant les fêtes par lesquelles on célèbre la victoire, et l'ordre de chevalerie accordé à Cespédès, il apprend que sa sœur est dans le camp, qu'elle a dans sa tente ce même don Diego qui a voulu le faire, assassiner, qu'elle l'aime, et qu'elle lui a sacrifié son honneur. Il sort furieux

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