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généreux que brave, lorsqu'il apprend que son prisonnier risque, par sa captivité, de perdre pour jamais son amante, rend à Muley, sans rançon, sa liberté.

Cependant les rois de Fez et de Maroc avaient rassemblé leurs armées ; ils s'avancent avec des forces infiniment supérieures la retraite est devenue impossible aux Portugais, et il ne leur reste plus que la confiance de mourir en braves, en chevaliers chrétiens. Cette confiance même est trompée; les Maures remportent la victoire, et Fernand, après avoir vaillamment combattu, se rend au roi de Fez, qui se fait connaître à lui. Son frère Henri s'est aussi rendu avec la fleur de l'armée portugaise. Le roi maure use généreusement de sa victoire ; il traite le prince avec les égards et la courtoisie qui sont dus à un égal, dès qu'il a cessé d'être ennemi; cependant il déclare qu'il ne lui rendra la liberté que moyennant la restitution de Ceuta, et il renvoie Henri en Portugal, pour traiter à ce prix de la rançon de son frère. C'est là que commence pour Fernand la péripétie; il ne veut pas que sa liberté coûte au Portugal sa plus belle conquête, et il charge Henri de rappeler au roi son frère, qu'il est chrétien, qu'il est prince chrétien. Ainsi finit le premier acte.

Au second acte, on voit don Fernand à Fez, entouré des captifs chrétiens qui l'ont reconnu;

ils accourent pour se jeter à ses pieds; ils espèrent sortir avec lui d'esclavage. « Amis, leur >> dit Fernand, donnez-moi vos mains: Dieu le >> sait, si je voudrais avec elles rompre les >> noeuds qui vous retiennent; c'est à vous, » avant moi-même, que je voudrais donner la >> liberté. Quel que soit le jugement du ciel, >> croyez qu'il est une faveur pour nous, bien>> tôt il amélioréra notre sort........ Hélas! ce ne » sont pas des conseils qu'il faut donner aux >> nécessiteux, mais, en vérité, je n'ai rien à >> moi, rien que je puisse donner; mes amis, >> pardonnez-le moi...... Allez travailler; adieu, >> ne mécontentez pas vos maîtres ».

Le roi de Fez prépare des fêtes pour Fernand; il lui propose des parties de chasse, et il se plaît à lui dire que des captifs comme lui honorent le maître qui les retient. Sur ces entrefaites, don Henri revient de Portugal; la douleur de la défaite de Tanger a causé la mort du roi Edouard; mais en mourant, il a donné ordre de remettre Ceuta au roi de Fez, pour racheter à ce prix les captifs, et Alphonse v qui lui a succédé, renvoie Henri en Afrique pour accomplir cet échange.

<< Ne poursuis pas, s'écrie Fernand, arrête, >> Henri, arrête ! ces paroles sont indignes d'un >> infant de Portugal, d'un grand-maître de l'or» dre du Christ, bien plus, d'un homme vil,

» d'un barbare privé des lumières et de la foi » éternelle des chrétiens. Mon frère n'a point >> inséré cette condition dans son testament >> pour qu'elle s'accomplît, mais pour montrer >> seulement combien il désirait ma liberté ; >> cherchons-la par d'autres moyens, par d'au>> tres conditions ou de paix ou de guerre : com>>ment un roi catholique pourrait-il céder à un » Maure une ville qui lui coûte son sang? car >> c'est lui qui, le premier, armé seulement » d'un léger bouclier et d'une épée, arbora sur >> ses murs l'étendard de Portugal. Oublions » même sa gloire personnelle; comment aban>> donnerait-il une cité qui reconnaît Dieu dans » la foi catholique? qui a mérité d'avoir des >> églises consacrées à son culte? Serait-ce une >> action catholique, serait-ce l'ordre de la re>>ligion, serait-ce de la piété chrétienne, serait>>ce agir en Portugais, de permettre que les >>> temples souverains qui supportent les sphères » célestes, au lieu de nos lampes dorées, images » du vrai soleil, ne vissent que les ténèbres >> des musulmans, que leurs croissans opposés » à l'église? Les chapelles de Dieu seraient chan>> gées en étables, ses autels en mangeoires pour » les chevaux, ou ce qui est pis encore, elles >> seraient changées en mosquées.............. Ici Dieu a » eu sa demeure, et aujourd'hui on la refusera >> aux chrétiens pour l'abandonner au démon....

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>>> Les catholiques qui, avec leurs familles et >> leurs biens, habitent à Ceuta, prévariqueront >> peut-être dans la foi, pour ne pas perdre leur >> fortune, et c'est nous qui aurons occasionné >>> ce crime. Les Maures entraîneront les enfans >> chrétiens qui naîtront dans cette terre à vivre >> selon leur secte, leurs rites et leurs coutumes; >> et serait-il donc convenable que, pour une >> vie seule, tant de vies se perdissent dans un >> misérable esclavage? Que suis-je moi-même? >> rien qu'un homme. Un esclave ne peut plus >>> conserver de noblesse ; je ne suis plus infant, »je ne suis plus grand-maître, et la vie d'un >> esclave ne doit pas être rachetée à un si haut >> prix.............. O roi ! je suis ton esclave; dispose » de moi, car pour ma liberté je ne la demande » point, il n'est pas possible que je l'obtienne. » Henri, retourne dans ta patrie; dis que ta >> m'as laissé enterré en Afrique, car je ferai en >> sorte que ma vie ne ressemble plus qu'à une » mort. Chrétiens, don Fernand est mort; Mau>> res, un esclave vous reste; captifs, un com>>pagnon s'est uni à vos misères; et vous, roi, » frère, Maures, Chrétiens, sachez qu'aujour>> d'hui un prince constant, un prince inébran» lable au milieu des malheurs et des souffran» ces, a soutenu la foi catholique, et respecté » la loi de Dieu.

>> LE ROI. Orgueilleux ! ingrat ! c'est donc

>> ainsi que tu montres ta reconnaissance pour » les égards, le respect que tu as trouvé dans » mon royaume; tu me refuses ce que j'ai le plus » désiré; mais faut-il s'étonner que tu ne sentes >> pas la servitude, puisque je t'ai laissé plus de >> pouvoir dans mon royaume que tu n'en avais » dans le tien. A présent que tu te nommes, que » tu te reconnais pour mon esclave, c'est comme » un esclave que je te traiterai; que ton frère, » que tous les tiens voient que, comme un vil » esclave, tu es déjà réduit à me baiser les pieds ». Après une altercation assez vive, après de vaines sollicitations, le roi appelle un de ses officiers : « Que ce captif, lui dit-il, soit à l'instant rendu » l'égal de tous les autres qu'une chaîne re>> tienne et son cou et ses pieds; qu'il soigne mes » chevaux; que, dans le bagne, au jardin, il » soit rabaissé à l'égal du plus abject; dépouillez»le de ses habits de soie, pour le revêtir d'un >> humble et pauvre sarrau; qu'il ne mange que » du pain noir, qu'il ne boive que de l'eau, >> qu'il dorme dans un cachot humide et obscur, >>> et que tous ses valets, tous ses vassaux soient » traités de même ».

On voit ensuite Fernand dans le jardin, où il doit travailler avec les esclaves; un des captifs qui ne le connaît pas, chante devant lui une romance dont il est le héros; un autre l'exhorte à se réjouir, car le prince don Fernand a promis

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