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N. B. El Pensamiento étant masculin, la Pensée est représentée par un homme.

La Pensée et l'Esprit sont attirés par un choeur de musique qu'ils entendent répéter ces mots : « Grand Dieu! que nous ignorons, abrège les >> temps, et fais que nous te connaissions, puis» que nous te croyons ». En suivant ce choeur, ils sont conduits par leur curiosité jusqu'au pied d'un temple bâti sur une montagne, et consacré au Dieu inconnu dont Saint-Paul a parlé. Les supplications adressées au Dieu inconnu sont renouvelées; le Paganisme lui-même le supplie de venir occuper le temple que les hommes lui ont élevé; mais l'Esprit arrête ceux qui lui rendent un culte; il veut savoir comment un Dieu inconnu peut être un Dieu, et il commence là-dessus une argumentation scoJastique non moins ennuyeuse que la réponse que lui fait le Paganisme. L'Esprit voudrait ensuite discuter le même point avec la Pensée, mais celle-ci le refuse pour à présent, parce qu'elle aime mieux danser. En effet, elle entre

dans la danse qu'on célèbre en l'honneur du Dieu; l'Esprit y entre aussi. Le Paganisme guide la danse; les figurans se forment én croix, et par des paroles mystérieuses, invoquent le Dieu ternaire inconnu. Tout-à-coup un tremblement de terre et une éclipse dissipent tous les danseurs, à la réserve du Paganisme, de l'Esprit et de la Pensée, qui restent à discuter sur les causes de ce tremblement de terre et de cette éclipse. L'Esprit affirme que le monde périt, ou que son Créateur souffre; le Paganisme s'écrie qu'un Dieu ne peut souffrir, et là-dessus ils disputent de nouveau ensemble, tandis que la folle Pensée court de l'un à l'autre, et est toujours de l'avis du dernier qui a parlé.

Le Paganisme s'éloigne, et la Pensée demeu→ rant seule avec l'Esprit, celui-ci propose : puisqu'aussi bien, dit-il, il n'y a ni temps, ni lieu dans l'allégorie, de parcourir la terre afin de chercher un Dieu inconnu qui puisse souffrir, car c'est celui-là qu'il veut adorer. Ils vont d'abord chercher en Amérique l'Athéisme, à qui ils demandent compte de la naissance de l'Univers; l'Athéisme répond à leurs questions en doutant de tout, et se montrant indifférent à toute chose; la Pensée s'impatiente, et lui donne des coups de bâton qui le mettent en fuite. Ils vont ensuite chercher l'Afrique, qui attend le prophète Mahomet, et qui d'avance suit son

Dieu sans connaître sa loi; mais l'Esprit ne peut lui pardonner de croire qu'on peut se sauver dans toutes les religions, et que celle qui est révélée donne seulement un moyen d'arriver à plus de perfection. Cette opinion lui paraît un blasphême, et ils se séparent en se menaçant. L'Esprit s'adresse ensuite à la Synagogue en Asie, mais il la trouve toute troublée du meurtre qu'elle a ordonné, d'un jeune homme qui prétendait être le Messie, et qui a péri sacrifié, au moment où la terre a tremblé, et où le soleil s'est obscurci. Nouvelle dispute entre eux, et nou-· veau mécontentement de l'Esprit. Mais cette dispute est interrompue par des éclairs, et une voix du ciel qui appelle Saint-Paul, et lui crie : << Pourquoi me persécutes-tu? » Saint-Paul est converti par cette voix. Il dispute alors avec la Synagogue et l'Esprit, pour prouver la révélation. Saint-Paul introduit la Loi naturelle, la Loi écrite, et la Loi de grâce, pour montrer qu'elles se réunissent toutes dans le Christianisme; les sept Sacremens, pour déclarer qu'ils en sont les appuis. L'Esprit et la Pensée sont convaincus, le Paganisme et l'Athéisme se convertissent, la Synagogue et l'Afrique résistent, mais l'Esprit s'écrie, et tout le chœur répète, «Que l'esprit humain doit arriver à aimer et à » croire le Dieu inconnu par raison d'Etat, lors » même que la foi lui manquerait ».

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CHAPITRE XXXV.

Suite du Théâtre; état des Lettres pendant le règne de la maison de Bourbon; fin de P'histoire de la Littérature espagnole.

L'EUROPE a bien oublié cette admiration qu'elle accorda long-temps au théâtre espagnol; ce transport avec lequel elle accueillit tant de nouvelles dramatiques, tant d'événemens romanesques, d'intrigues, de déguisemens, de duels, de personnages inconnus à eux-mêmes ou aux autres; tant de pompe dans les paroles, de brillantes descriptions, de riante poésie, entremêlée à une vie aussi active. Les Espagnols, dans le dixseptième siècle, étaient considérés comme les dominateurs du théâtre; les hommes du plus grand génie dans les autres nations empruntaient d'eux sans scrupule. Ils cherchaient, il est vrai, à soumettre sur les théâtres de France et d'Italie les sujets castillans aux règles de l'école que méprisaient les Espagnols, mais ils le faisaient plus par déférence à l'autorité des anciens que pour consulter le goût du peuple, qui, dans toute l'Europe, semblait le même qu'en Espagne. Aujourd'hui tout est changé; le théâtre espagnol

est complètement inconnu en France et en Italie; on ne l'y nomme jamais qu'avec l'épithète de barbare; on ne l'étudie pas davantage en Angleterre; et la célébrité toute récente qu'on s'est efforcé de lui faire en Allemagne, n'est point encore devenue nationale.

Les Espagnols doivent s'accuser eux-mêmes d'une décadence aussi rapide, d'un oubli aussi absolu. Loin de se perfectionner, loin d'avancer dans la carrière où ils étaient entrés avec gloire, ils n'ont plus su que se copier eux-mêmes, repasser mille fois sur leurs propres traces, sans rien ajouter à l'art, dont ils auraient pu être les créateurs, sans introduire aucune variété dans les genres. Ils avaient vu deux hommes de génie achever leurs comédies en peu de jours, presque en peu d'heures; ils se sont crus obligés d'imiter avant tout leur rapidité, ils se sont interdits l'étude et la correction, non moins scrupuleusement qu'un auteur dramatique se les prescrirait en France; ils ont cru essentiel à leur gloire qu'on pût dire, qu'ils composaient leurs drames en se jouant; si même on peut parler de gloire, lorsqu'ils n'ambitionnaient que le souffle passager d'un applaudissement populaire, le succès de la nouveauté, auquel un profit pécuniaire était attaché; tandis que la plupart n'essayaient pas même d'appeler sur leurs pièces la réflexion de leurs contemporains plus instruits, ou le

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