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>> trompe le peuple ignorant. A quels nouveaux » désastres as-tu résolu de conduire ce royaume >> et ces soldats? Quels périls, quelle mort leur >> destines-tu sous un nom honorable? Quelles >> promesses de royaumes, quelles mines d'or >> leur offres-tu avec tant de prodigalité pour » les séduire? Quelle renommée, quelles his>>>toires, quels triomphes, quelles palmes, » quelle victoire leur promets-tu?....... Et toi, >> race de fer, race désobéissante et rebelle >> puisque tu as élevé cette vanité à une place si >> haute dans ton imagination, puisque tu as » donné à la cruauté, à la férocité des brutes >> le nom de force et de vaillance, puisque tu >> estimes tant le mépris d'une vie dont nous » devrions cependant faire plus de cas, car celui » même qui nous l'a donnée, craignit de la >> perdre, n'as-tu pas près de toi l'Ismaélite au» quel tu pourras toujours faire la guerre? Ne » suit-il pas la loi maudite de l'Arabe, s'il est » vrai que tu ne combattes que pour celle du >> Christ? Ne possède-t-il pas mille cités et une » immense étendue de terres, si tu désires ou >> plus de terres ou plus de richesses? N'est-il >> pas redouté dans les armes, si c'est à la gloire » des combats que tu aspires? Tu laisses ton en>> nemi s'élever à tes portes, et tu vas dans l'é>> loignement en chercher un autre, pour lequel » s'affaiblira et se dépeuplera ton royaume an

»tique. Tu vas provoquer des périls incertains, » inconnus, pour que la renommée ou t'exalte, » ou te flatte, et te nomre seigneur de l'Inde » de la Perse, de l'Arabie et de l'Ethiopie (1) ». Tandis que le vieillard parlait ainsi, les vaisseaux avaient mis à la voile : « Déjà notre vue » s'exilait peu à peu de ces montagnes de la pa» trie qui restaient derrière nous; le Tage chéri

(1) Cant. IV, Strop. 99, 100, 101.

Já que nesta gostosa vaidade
Tanto enlevas a leve phantasia,
Já que a bruta crueza, e feridade
Pozeste nome, esforço e valentia;
Já que prézas em tanta quantitade
O desprezo da vida, que devia
De ser sempre estimada, pois que já
Temeo tanto perdé la quem a dá.

Nao tens junto comtigo o Ismaelita,
Com quem sempre terás guerras sobejas?
Nao segue elle do Arabio a lei maldita,
Se tu pela de Christo só peleias?
Nao tem cidades mil, terra infinita,
Se terras, e riqueza mais desejas?
Nao he elle por armas esforçado,
Se queres por victorias ser louvado?

Deixas criar ás portas o inimigo,
Por ir a buscar outro de tao longe,
Por quem se despovoe o reino antigo,
Se enfraqueça, e se va deitando ao longe?
Buscas o incerto e incognito perigo,
Porque a fama te exalte, e te lisonge,
Clamandote senhor, com larga cópia
Da India, Persia, Arabia, e da Ethiopia?

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» disparaissait, ainsi que la fraîche enceinte de » Cintra, sur laquelle nos regards se prolon>> geaient en vain; nos cœurs demeuraient atta>> chés à cette terre bien aimée, ils y étaient fixés » par nos angoisses; tout disparut enfin, et nous » ne vîmes plus que la mer et les cieux (1) »..

Vasco de Gama décrit ensuite sa navigation sur la côte occidentale d'Afrique, et Madère, la première des îles peuplées par les Portugais, et les rivages brûlans du désert des Azénégues, le passage du tropique, et les froides ondes du noir Sénégal ; leur relâche à l'île de San Iago, où ils renouvelèrent leurs provisions; les âpres rochers de Serra Leona, l'île à laquelle ils donnèrent le nom de Saint-Thomas, le royaume de Congo, arrosé par le grand fleuve Zayre et déjà converti à la foi du Christ; enfin ils passèrent aussi la ligne, et ils virent au-delà s'élever sur l'horizon un pôle nouveau, moins étincelant et moins enrichi d'étoiles. Gama raconte les

(1) Cant. v, Strop. 3.

Já a vista pouco e pouco se desterra
Daquelles patrios montes que ficavam :
Ficava o charo Tejo, e a fresca serra
De Cintra, e nella os olhos se alongavam :
Ficava nos tambem na amada terra
O coraçao, que as magoas là deixavam :
E já despois que toda se escondeo
Nao vimos mais em fim que mar e ceo.

prodiges de ces mers inconnues, et il fait une description aussi poétique que nouvelle de la trombe de mer. Sur toutes les côtes où ils abordaient, ils demandaient vainement quelqu'instruction, ils n'y trouvaient que des sauvages qui leur tendaient des embûches. Enfin, après cinq mois de navigation, ils arrivèrent dans les parages du cap de Bonne-Espérance, où, au milieu des nuages noirs qui annonçaient une tempête, une effrayante vision se présenta à leurs yeux.

« J'achevais à peine ma prière, dit-il, quand » une figure robuste et vigoureuse se montra à » nous dans les airs. Sa stature était gigantesque >> et difforme, son visage sombre, sa barbe » épaisse, ses yeux creux, son aspect courrou» cé; sa couleur était celle de la terre, ses che» veux crépus étaient remplis de poussière, et » sa bouche noire laissait voir des dents jaunâ» tres. Sa taille prodigieuse égalait cet étrange >> colosse de Rhodes, l'une des sept merveilles » du monde. Il nous adressa la parole avec une >> voix horrible et retentissante, qui semblait >> sortir des profondeurs de la mer. A sa seule » vue, à l'ouïe de ses accens, je frissonnai » comme mes compagnons, et nos eheveux se >> dressèrent sur nos têtes. Il dit : O peuple in>> trépide! plus que tous ceux qui dans le monde >> accomplirent de grandes choses! toi, qui après

» tant de guerres cruelles, après tant de vaines >> fatigues, ne cherches point de repos ; puis» que tu oses franchir les limites interdites, » naviguer dans mes vastes mers, dans ces mers « que je garde depuis si long-temps, et que je >> ne laissai jamais sillonner par aucun vaisseau, » ou étranger, ou propre à leurs rivages; puis>> que tu viens dévoiler les secrets cachés de la >> nature et de l'humide élément, ceux qu'il » n'avait été accordé de connaître à aucun mor» tel, quelque grand que fût son mérite, écoute » quels dommages sont réservés à ta superbe >> hardiesse, et sur cette vaste mer, et sur cette » terre, que tu dois subjuguer par une guerre » cruelle (1) ».

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