Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

MM. Boutterwek et Schlegel croyaient apparte

nir à la seule poésie castillane: ensuite

[blocks in formation]

pour faire

Voici le commencement d'une autre romance, dans le Pastor peregrino, Jornud. 8, p. 143.

Enganadas esperanças,

Quantos dias ha que espero
Ver o fim de meus cuidados,
E sempre paro em começos.
Nacendo crecestes logo,
E veo o fruito nacendo
Na flor, que de anticipado
Conheci que era imperfeito.
De principio tam ditoso
Tornastes logo a ser menos,
Que bem se engana com o fim
Quem tem principio d'estremos.
Confuso contemplo agora

Desde vosso nacimento,
Quantas mudanças fizestes

Em pouco espaço de tempo.

remarquer la différence de l'esprit national dans les genres même les plus rapprochés. Le Castillan a besoin que son imagination soit nourrie par des événemens, par une vie active; le Portugais ne trouve du charme que dans la contemplation. La romance a été essentiellement destinée par le premier, à graver dans la mémoire de tous, les fastes nationaux; à chanter les héros réels ou imaginaires, à retracer les grands exploits ou les grands malheurs. La romance portugaise, dans la même forme de vers, les mêmes rimes incomplètes et monotones, la même simplicité, la même naïveté de langage, ne contient que des rêveries amoureuses; celles qu'inspirent le mouvement uniforme des flots, frappant contre une plage où des bergers mènent une vie non moins uniforme. Les images sont presque toujours empruntées de ce brillant tableau. Les bergers portugais ne sont guère moins familiarisés avec les menaces et la fureur avec les dangers de la navigation, qu'avec les soins des troupeaux. Dans leur lon

des mers,

Pouco ha que me vi sem vida,

E nesta que agora vejo,

Perdido o medo das ondas

Me parece que vos perdo.
Se agora determinais

Rebentar de hum tronco seco,
Sobre ao qual ao desengano

Levantai ja meus trofeos. etc.

gue oisiveté, ils recherchent en effet, comme Lereno dans cette romance : « La roche sus>> pendue au-dessus des flots; et leurs yeux em» brassent tour à tour le rivage fleuri et riant » sur lequel leurs moutons sont dispersés, et » les vastes mers où le bateau lutte à leurs. >> pieds contre des vagues puissantes >>.

Rodriguez Lobo voulut sortir des bornes de la poésie pastorale, qui seule était faite pour lui, et donner à sa patrie un poëme épique, sur le héros national Nuño Alvarez Pereira, grand connétable de Portugal, pour lequel ses compatriotes ont le même enthousiasme que les Castillans pour le Cid. Il rassembla tous les événemens, toutes les anecdotes de la vie de ce héros, et les enchaîna, par ordre chronologique, dans un long poëme de vingt chants divisés en octaves; mais Lobo est resté bien au-dessous du but qu'il s'était proposé; aucune invention poétique, aucun feu sacré n'anime ce languissant ouvrage, et malgré quelques beautés de détail, ce n'est encore que de la prose rimée.

Aux yeux de Lobo tous les genres de poésie pouvaient rentrer dans la poésie pastorale. C'était seulement dans la vie des champs qu'il voyait la source des images et des ornemens que l'imagination pouvait employer. Dans cette idée, il a composé beaucoup d'églogues didactiques, dans lesquelles il a traité de la morale,

de la philosophie, et d'autres sujets relevés, qui n'en deviennent pas plus attrayans pour être revêtus de cette parure maniérée. Il écrivit aussi une centaine de romances, mais la plupart en espagnol. Les Portugais semblent avoir cru leur langage peu propre à ces récits héroïques et naïfs en même temps, dont leurs voisins avaient un si grand nombre.

Après Rodriguez Lobo, le plus illustre des contemporains ou des successeurs immédiats de Camoëns, est Jeronymo Cortéreal, qui vécut en même temps que lui, mais dont la carrière littéraire semble n'avoir commencé que lorsque Camoëns eut terminé la sienne. Comme tous les grands poètes d'Espagne, il s'efforça d'unir le métier des armes à celui des lettres. Il avait passé sa première jeunesse dans l'Inde, et il y avait combattù les infidèles. A son retour en Portugal, il suivit le roi Sébastien à sa fatale expédition d'Afrique; il fut fait prisonnier à la bataille d'Alcocer, et il perdit, par les armes des Maures, avec son roi, l'héritier et l'espoir de sa maison. Quand il eut recouvré sa liberté, après de longues souffrances, il trouva l'indépendance nationale renversée, et Philippe d'Espagne sur le trône de Portugal. Alors il se retira dans le patrimoine de ses pères, et il chercha sa consolation dans la composition de plusieurs épopées historiques, toutes consacrées à la gloire

TOME IV.

30

de sa nation, et toutes animées par un beau talent poétique, quoiqu'il n'y en ait aucune qui puisse s'égaler aux ouvrages des grands maîtres. Nous ne parlerons point de celle qu'il écrivit en espagnol et en quinze chants sur la bataille de Lépante; mais le second de ses poëmes, celui sur les malheurs de ce Manuel de Souza Sepulveda, qui avait fourni à Camoëns un touchant épisode, me paraît mériter une analyse détaillée.

Cortéreal entreprit de conter les aventures et la fin tragique de ce gentilhomme portugais, et de sa femme Léonor de Sà, qui était parente de la sienne propre. Naufragés avec un nombreux équipage sur la côte d'Afrique, près du cap de Bonne-Espérance, ils avaient péri, dans leur route au travers des déserts, pour rejoindre d'autres établissemens portugais. Cet événement n'avait point le degré d'importance nationale, ou la grandeur héroïque qui semblent requis pour l'épopée, mais il présentait l'intérêt le plus vif, le plus romanesque, Il y a dans les efforts de la troupe portugaise pour longer la côte d'Afrique, et arriver aux comptoirs du royaume de Mozambique, un si grand déploiement de courage inutile, tant d'héroïsme et tant de malheur; la situation d'un amant passionné, qui voit périr de misère une femme adorée et ses deux enfans, est si déchirante, qu'un récit de ce

« VorigeDoorgaan »