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»mentât cette âme, toi seule pouvais lui rendre » le calme et la sérénité. Ah combien, combien » de fois, doux et flatteur instrument, ne me » suis-je pas arraché au sommeil pour t'ac>> corder? Toi seul, te disais-je, tu m'enchantes; » toi seul, o bel instrument, tu es mon şoula»gement, et tu seras tout mon bien. Vois donc » quel est l'actif empire du feu qui me dévore; » dans tout cet hémisphère j'ai peine à respirer, >> et mon cœur qui ressent cet incendie antique, » ne me laisse plus attendre de soulagement que >> de mon mal lui-même ».

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Les derniers poètes du Portugal, ceux qui appartiennent à la fin du siècle passé ou au commencement du nôtre, sont légèrement indiqués par Boutterwek, et précisément ceux qui sont parvenus à sa connaissance, ont échappé à mes recherches. En revanche, j'en ai vu louer par les Portugais quelques autres dont il ne parle pas. Au premier rang, il faut mettre Francisco Manoel, dont les poésies lyriques ont été imprimées à Paris en 1808. Né à Lisbonne le 23 décembre 1734, dans un rang dis

Que essa fonte he muy serena,
He muy brando esse cristal.

Se assim como vez teu rosto,

Viras Nize, os seus effeitos,
Pode ser, que em nossos peitos
O tormento fosse igual.

tingué et une grande aisance, il est parvenu, jeune encore, à la célébrité; mais ses études philosophiques et ses liaisons avec des Français et des Anglais, toujours suspectes aux prêtres, le firent tomber dans la disgrâce de l'inquisition. On voulut l'arrêter le 4 juillet 1778. Par son courage et sa présence d'esprit, il se déroba au familier de l'inquisition qui venait le surprendre; il parvint enfin, avec des dangers inouïs, à s'embarquer et à se réfugier en France, où il est arrivé à un âge très-avancé, déjouant toujours les piéges du Saint-Office, qui voulait le ramener en Portugal. Je ne connais que ses odes dans des mètres imités d'Horace. Il y a presque toujours de la noblesse et de l'élévation, et des pensées plus fortes et plus libres qu'on n'est accoutumé d'en trouver dans les écrivains du Midi (1).

(1) Voici, comme exemple de cette poésie, quelques strophes de son ode aux chevaliers du Christ; c'est don Juan de Silva qui parle à un récipiendiaire.

Por feitos de valor, duras fadigas,
Se ganha a fama honrada,

Nao por branduras vis, do ocio amigas.
Zonas fria e queimada

Virao do Cancro, a ursa de Calixto,

Cavalleros da roxa cruz de Christo.

Eu jà a Fé, e os teus reis, e a patria amada,
Na guérra te ensinei

Un autre des plus renommés parmi les poètes vivans, est Antonio Diniz da Cruz e Silya, dont les Œuvres ont été imprimées à Lisbonne en 1807. L'un des volumes contient des imitations de poésie anglaise; celle-ci paraît gagner de nombreux partisans en Portugal, et donnera peut-être un jour une direction très nouvelle et très-inattendue à la littérature de ce peuple, dont le goût semblait jusqu'ici si oriental. Diniz a imité, entre autres, the Rape of the Lock (la Boucle de cheveux enlevée), de Pope, qui n'avait pas eu moins de succès en Italie, Dans ces légères satires du beau monde, on dit que le poète portugais a conservé beaucoup d'élégance et de naturel; mais la vérité même de ses tableaux ôte de leur charme aux yeux des étrangers; ils sont trop fidèles pour être pleinement

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A defender, com a tingida espada.

Co a morte me affrontei

Pela fé, pelo rey, e patria. A vida

Se assim se perde. — A vida e bem perdida.

Já com esta, (e arrancou a espada inteira)

Ao reino vindiquei

A cróa, que usurpou maõ estrangeira.

Fiz ser rei o meu rei,

Com accões de valor, feitos preclaros,

Nas linhas d'Elvas, e nos Montes-Claros (*).

(*) Ce sont les lieux où don Juan de Silva remporta sur les Espagnols les deux victoires qui assurèrent l'indépendance du Portugal, et la succession au trône de la maison de Bragance,

appréciés par ceux qui ne connaissent pas les originaux, et le grand nombre d'allusions les rend difficiles à comprendre. L'autre volume, le premier, est au contraire dans l'ancien style de l'école italienne; ce sont trois centuries de sonnets, dans lesquels Elpino, nom arcadien de Diniz, déplore les rigueurs de sa belle Ionia et les tourmens de son amour, avec une langueur et une monotonie qui me semblent avoir bien perdu de leur charme dans notre siècle. Je suis étonné qu'un homme de talent ose imprimer trois cents sonnets de suite sur des sujets aussi usés; plus étonné encore, qu'il trouve de nos jours des lecteurs. Cependant, pour montrer comment le même goût s'est conservé dans tout le Midi, depuis Pétrarque jusqu'à nos jours, je rapporterai aussi un sonnet de lui; c'est celui qui m'a paru le plus piquant, parce qu'une fiction gracieuse et dans le genre d'Anacréon, est revêtue ici des formes romantiques.

« L'Amour égaré loin de sa charmante mère, >> errait dans les champs que traverse le Tage >> caressant. Il la demandait en soupirant et sans >> se rebuter à tous ceux qu'il voyait; ses traits >> aigus tombaient de son carquois doré, mais » lui, ne se souciant plus de son arc ou de ses >> flèches, promettait, en sanglottant, mille ré>> compenses glorieuses à quiconque le condui» rait vers la déesse qu'il cherchait. Lorsque

>> Ionia, qui faisait paître en ce lieu son trou>> peau, essuyant les larmes qu'il versait, lui >> offrit avec grâce de le conduire à Vénus. Mais » l'Amour, voltigeant autour de son charmant >>> visage et lui dérobant un baiser, lui répondit: » Aimable bergère, celui qui voit tes yeux a » déjà oublié Vénus (i) ».

On donne un rang distingué parmi les poètes de notre âge, à J. A. Da Cunha, qui aurait mérité également de se faire un nom par ses travaux dans les mathématiques, et qui a laissé le souvenir le plus cher aux élèves distingués qu'il a formés. Ses poésies, recueillies en 1778, n'ont, je crois, jamais été imprimées; j'en ai eu le manuscrit entre les mains, et loin d'y découvrir rien de cette sécheresse, de ce manque

(1) Soneto x.

Da bella mai, perdido amor errava,

Pelos campos que corta o Tejo brando,
E a todos quantos via, suspirando,
Sem descanço por ella procuravą. -
Os farpões lhe cahiao de aurea aljava;
Mas elle de arco e setas nao curando,
Mil glorias promettia, soluçando,

A
quem á Deos a o leve que buscava.
Qua ndo Ionia, que alli seu gado passe
Enxugando-lhe as lagrimas que chora,
A Venus lhe mostrar leda se offerece,
Mas amor dando hum vôo a linda face,
Beijando a lhe tornou ; « Gentil pastora

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