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d'une comète. Mais, pour que le choc d'une comète puisse détacher quelques parties du soleil, il faut que le coup ne soit pas direct, il le faut oblique, et par conséquent il le sera, car il n'en coûte pas plus de l'imaginer oblique.

«La chute des comètes sur le soleil peut se faire, dit Buffon, de différentes façons: si elles y tombent à plomb, ou même dans une direction qui ne soit pas fort oblique, elles demeureront dans le soleil, ....... et le mouvement d'impulsion qu'elles auront perdu et communiqué au soleil ne produira d'autre effet que celui de le déplacer plus ou moins, selon que la masse de la comète sera plus ou moins considérable; mais, si la chute de la comète se fait dans une direction fort oblique, ce qui doit arriver plus souvent de cette façon que de l'autre, alors la comète ne fera que raser la surface du soleil ou la sillonner à une petite profondeur, et, dans ce cas, elle pourra en sortir et en chasser quelques parties de matières, auxquelles elle communiquera un mouvement commun d'impulsion, et ces parties, poussées hors du corps du soleil, pourront devenir alors des planètes qui tourneront autour de cet astre dans le même sens et dans le même plan. 1»

Mais, si la matière qui compose les planètes a été séparée du corps du soleil, les planètes ont donc été d'abord, comme le soleil, brûlantes et lumineuses.

«La terre et les planètes, au sortir du soleil, étaient, dit Buffon, brù-' lantes et dans un état de liquéfaction totale; cet état de liquéfaction n'a duré qu'autant que la violence de la chaleur qui l'avait produit; peu peu les planètes se sont refroidies2..........»

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Il ajoute : « Lorsque, après la formation et le refroidissement de la terre, les vapeurs qui étaient étendues et raréfiées, comme nous voyons l'atmosphère, se furent condensées, elles tombèrent sur sa surface, et formèrent l'air et l'eau; et, lorsque ces eaux, qui étaient à la surface, furent agitées par le mouvement du flux et du reflux......, la terre étant, à l'extérieur, exposée aux vents, à l'action de l'air et du soleil, toutes ces causes irrégulières concoururent avec le flux et le reflux pour sillonner sa surface, y creuser des profondeurs, y élever des montagnes 3.....>>

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Dans sa théorie de la terre, Buffon ne voyait qu'une époque, qu'une terre, que la terre ouvrage des eaux; dans son système, il voit déjà une époque plus ancienne, une autre terre, la terre ouvrage du feu; et ici se trouve le premier germe des idées qui, élaborées ensuite pendant

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trente ans de méditations et de génie, ont produit les Époques de la

nature.

Le système de Buffon, pris en soi, n'est qu'un roman physique. On sait très-bien aujourd'hui qu'une comète n'aurait pas assez de masse pour détacher une partie du soleil. L'idée de la fluidité primitive de la terre, et celle du feu central du globe1, sont peut-être les deux seules idées qu'il faille tirer de tous ces jeux d'esprit auxquels Buffon s'abandonne.

Ce qui vaut mieux que le système de Buffon, c'est la manière dont Buffon juge les auteurs des autres systèmes.

<«<L'un2, dit-il, plus ingénieux que raisonnable, astronome convaincu du système de Newton, envisageant tous les événements possibles du cours et de la direction des astres, explique, à l'aide d'un calcul mathématique, par la queue d'une comète, tous les changements qui sont arrivés au globe terrestre.

« Un autre3, théologien hétérodoxe, la tête échauffée de visions poétiques, croit avoir vu créer l'univers: osant prendre le style prophétique, après nous avoir dit ce qu'était la terre au sortir du néant, ce que le déluge y a changé, ce qu'elle a été et ce qu'elle est, il nous prédit ce qu'elle sera, même après la destruction du genre humain.

«Un troisième, à la vérité meilleur observateur que les deux premiers, mais tout aussi peu réglé dans ses idées, explique par un abîme immense d'un liquide contenu dans les entrailles du globe, les principaux phénomènes de la terre, laquelle, selon lui, n'est qu'une croûte superficielle et fort mince qui sert d'enveloppe au fluide qu'elle renferme 5. »

Ce qui vaut mieux encore que la manière dont Buffon juge les systèmes des autres, c'est la manière dont il juge son propre système.

« Quelque grande, dit-il, que soit à mes yeux la vraisemblance de ce que j'ai dit jusqu'ici sur la formation des planètes, comme chacun a sa mesure, surtout pour estimer des probabilités de cette nature. je ne prétends pas contraindre ceux qui n'en voudront rien croire". »,

« J'aurais pu faire, ajoute-t-il, un gros livre comme celui de Burnet ou de Whiston, si j'eusse voulu délayer les idées qui composent le système qu'on vient de voir, et, en leur donnant l'air géométrique, comme l'a fait ce dernier auteur, je leur eusse en même temps donné du poids; mais je pense que des hypothèses, quelque vraisemblables Je reviendrai sur ces deux idées dans mon prochain article sur les Époques de la nature. — ' Whiston. 'Burnet. Woodward. - ' T. I, p. 95. — ° T. I, P. 223.

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qu'elles soient, ne doivent point être traitées avec cet appareil, qui tient un peu de la charlatanerie 1. »

Je viens d'examiner un ouvrage admirable, la Théorie de la terre; dans mon prochain article, j'examinerai un ouvrage plus admirable encore, les Époques de la nature.

FLOURENS.

MANNERS AND CUSTOMS OF THE ANCIENT EGYPTIANS, etc., c'est-àdire, Mœurs et usages des anciens Égyptiens, contenant leur vie privée, leur gouvernement, leurs lois, arts, manufactures, religions et histoires; d'après les peintures, les sculptures et monuments qui existent encore, comparés aux récits des anciens auteurs, par sir Gardner Wilkinson. 5 vol. in-8°, London, John Murray.

PREMIER ARTICLE.

Avant l'expédition française en Égypte, les connaissances que l'on possédait sur cette contrée fameuse étaient excessivement limitées; elles reposaient presque uniquement sur les récits des anciens et sur les relations incomplètes de quelques voyageurs, qui n'en avaient vu que la partie septentrionale, ou n'en avaient parcouru la totalité qu'avec une rapidité beaucoup trop grande. Le P. Sicard, le seul qui ait séjourné en Égypte assez de temps pour bien connaître le pays, avait rassemblé d'immenses matériaux, qui ont été dispersés à sa mort; et il ne reste de sa longue exploration (de 1708 à 1726) que les maigres extraits publiés dans les Lettres édifiantes. Il faut arriver à Norden et à Pococke (17381743), pour trouver quelques notions exactes sur les monuments égyptiens; le deuxième surtout, dont les dessins, sans doute bien imparfaits, ont pourtant suffi pour suggérer à M. Quatremère de Quincy les vues ingénieuses et saines qu'il a produites dans son ouvrage sur l'architecture égyptienne, composé en 1785, quatorze ans avant l'expédition d'Egypte. Cependant l'exemple de Pococke et ses travaux ne suffirent pas pour convier les voyageurs à l'étude des monuments de la haute Egypte; et l'on s'étonnera toujours que Volney n'ait pas eu la volonté de remonter le Nil au delà du Caire.

T. I, p. 243.

L'expédition d'Égypte et le grand ouvrage qui en contient les résultats scientifiques ont été le signal d'une ère nouvelle pour les études égyptiennes. Ce grand ouvrage renferme des recherches fort étendues et souvent complètes sur le climat, la constitution physique, les productions naturelles, ainsi que des dessins exacts, et la description détaillée de tous les monuments antiques qui subsistaient encore. Cependant il offre plutôt un recueil de très-bons matériaux qu'une description proprement dite. La partie archéologique surtout y est fort incomplète; mais il est juste de remarquer que cette imperfection est due, en grande partie, à celle des connaissances au commencement du xıx° siècle. Ce n'est guère que depuis vingt ans que l'admirable découverte de Champollion est venue fonder l'archéologie égyptienne sur des bases solides, et que les systèmes capricieux auxquels, jusqu'alors, elle avait été livrée ont fait place à des théories justifiées par des faits bien observés et mieux définis. On a dès lors senti le besoin d'étudier, d'une manière moins imparfaite, les nombreuses représentations qui couvrent les parvis des temples et des tombeaux. La copie de ces curieux ta- · bleaux avait été fort négligée par les savants de la commission d'Égypte, qui, ne pouvant tout faire au milieu des obstacles et des périls qui les environnaient, avaient principalement porté leur attention sur l'architecture. Et c'est pour suppléer à cette lacune que fut entreprise l'expédition franco-toscane en 1828, et que fut ensuite envoyé Nestor L'Hôte, pour achever de dessiner ce qui avait échappé aux membres de cette expédition. Ces divers travaux vont être complétés par celle que préside le Dr Lepsius, dont les heureux résultats ont déjà attiré l'attention et excité l'intérêt de l'Europe savante.

Parmi les voyageurs qui, pendant un long séjour en Égypte, ont appliqué avec succès les nouveaux moyens d'observation que fournissent les découvertes du savant Français, il faut compter, au premier rang, sir Gardner Wilkinson, dont tous nos lecteurs connaissent l'utile et excellent ouvrage intitulé: Topography of Thebes, and general view of Egypt', où se trouve un exact résumé de tout ce qui a été observé en Egypte par les autres voyageurs, joint à une foule d'observations qu'il a faites lui-même.

Après avoir exécuté cet ouvrage, qui ne contient guère qu'un exposé des lieux, pouvant servir de manuel du voyageur en Egypte, sir Gardner

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Voyez-en l'analyse dans le Journal des Savants, mai, juillet, octobre 1836, mai, juin 1837. Il paraît une seconde édition, très-augmentée, de cet ouvrage, en 2 vol. in-8°, sous le titre de Modern Egypt and Thebes, being a description of Egypt.

Wilkinson a conçu le plan d'une description complète de l'ancienne Égypte, c'est-à-dire d'un ouvrage qui n'est devenu possible que depuis plusieurs années, comprenant, sur tous les points de l'archéologie égyptienne, des notions courtes et suffisantes, fondées sur l'étude des monuments. Nul n'était peut-être mieux qualifié pour l'exécuter avec

succès.

C'est l'ouvrage dont nous allons rendre compte, en indiquant, avec toute la brièveté possible, les points si variés et si nombreux qui ont été traités par l'auteur.

L'ouvrage a d'abord été composé de trois volumes. L'auteur, trouvant ensuite que la religion n'y était pas présentée d'une manière suffisante, y a joint plus tard deux autres volumes, formant une deuxième série, exclusivement consacrée à la religion et à la mythologie. Le tout est terminé par un volume formant atlas, et contenant 87 planches, qui, avec les 503 vignettes, gravées en bois, et insérées dans le texte, présentent la collection des sujets qui peuvent le plus intéresser l'archéo.logie égyptienne.

L'auteur commence par des vues sur l'origine des Égyptiens, qu'il regarde comme étant descendus de la vallée supérieure du Nil, et de même race que les Abyssins. C'est un point que décide, en effet, l'examen de tous les caractères physiques, qui résultent à la fois des peintures égyptiennes et de la forme du crâne des momies. Mais que la civilisation égyptienne soit aussi descendue de l'Éthiopie, c'est un point qui lui paraît fort douteux. Nous avons eu plusieurs fois occasion nous-même d'établir des vues analogues, en montrant que le peuple qui est venu s'établir en Égypte ne possédait que les premiers rudiments d'une civilisation ébauchée, qui s'est ensuite perfectionnée dans la vallée, au-dessous de Philes et de Syène, en prenant là tous les développements qui ont formé son caractère propre, sauf les emprunts mutuels que se font partout les peuples limitrophes.

Un autre point, qu'a présenté très-sommairement le savant auteur, est l'époque très-ancienne à laquelle le Delta d'Égypte a été cultivé et peuplé. Il s'élève contre l'opinion qui représente cette importante partie de l'Égypte comme n'existant pas encore au temps d'Homère, ce qui est démenti à la fois par le texte de l'Écriture, qui montre que Tanis existait déjà au temps d'Abraham, et par les restes d'édifices égyptiens trouvés à Saïs et ailleurs, portant le nom de Ramessès.

Ce sont également des vues que nous avons exposées, il y a une douzaine d'années, dans nos cours du collège de France, où, en présence de plusieurs éminents géologues, tels que MM. Alex. de Humboldt, Élie

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