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de Beaumont, Amy Boué et Walferden, nous avons discuté l'opinion de Cuvier sur l'époque récente du Delta; nous avons montré qu'elle est aussi contraire à l'histoire qu'à toutes les circonstances relatives au régime du Nil. Nous en faisons ici la remarque, parce que sir Gardner Wilkinson, ignorant que nous avions exposé cette opinion, ne nous a point cité. Il y est donc arrivé de son côté par ses propres réflexions; ce qui est toujours un préjugé favorable pour une opinion scientifique. De notre travail à ce sujet, il n'a paru que des extraits dans les journaux du temps, et un fragment complet imprimé dans le Bulletin de Férussac (partie géologique), juin 1831, où se trouve discuté, d'après un point de vue nouveau, le passage si controversé d'Homère sur la distance d'un jour de navigation qui séparait l'île de Pharos de la côte d'Égypte. Sir Gardner, qui n'a pas plus connu cette explication que le reste de nos idées à ce sujet, revient à celle de Rob. Wood, assez généralement adoptée, que, dans le texte du poëte, le mot Aiyunlos signifie le fleuve et non le pays; en sorte que la distance s'entendrait de l'île de Pharos à la bouche du Nil la plus voisine, à savoir la bouche Canopique. Nous avons montré, par la discussion de tous les passages de l'Odyssée, que, dans celui-ci, le mot Alyumlos signifie positivement le pays et non le fleuve, ce que les anciens ont parfaitement bien vu; ainsi ce moyen d'explication n'est point admissible. L'ile de Pharos d'Homère, située au milieu de la mer, et non près des côtes, est une localité tout aussi imaginaire que l'île de Calypso, l'île de Circé, ou le pays des Cyclopes et des Lestrygons, lieux avec lesquels les Grecs, plus tard, ont fait de la géographie positive. En cette circonstance, on a donc voulu faire de la géologie avec les fictions d'un poëte qui, à son gré, en transportait le théâtre au delà des limites de son horizon géographique.

L'auteur jette ensuite un coup d'œil sur l'histoire de l'Égypte, d'après Manéthon et les diverses sources chronologiques qui nous sont restées. I reconnaît que les plus anciens monuments qui subsistent encore sont probablement les pyramides, en avouant que l'absence d'hiéroglyphes et de toute trace de sculpture ne permet pas d'en déterminer l'époque. Il croit cependant que ces édifices ne sont pas antérieurs à l'an 2120; mais il n'en donne aucune preuve, et nous ne pensons pas qu'il en ait d'autres que celle qu'il a naïvement exprimée dans sa Topography of Thebes, à l'occasion de Ménès, premier roi d'Égypte, dont il plaçait l'époque en 2201 avant J. C. « Je sais bien, dit-il, que Ménès peut être porté à une époque beaucoup plus reculée....., mais je ne l'ai

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pas placée plus haut dans la crainte de contrarier l'époque du déluge de Noé, qui est de 2348 avant J. C. » Dans l'ouvrage que nous analysons, il a pourtant reculé cette époque jusqu'en 2320; en sorte que Ménès serait monté sur le trône vingt-huit ans après le déluge. Nous ne savons si, en Angleterre, on trouve cela fort vraisemblable. A notre avis, l'auteur, voulant partir de la chronologie biblique, aurait dû faire comme le P. Pezron et d'autres chronologistes, prendre celle des Septante, qui lui aurait donné 636 ans de plus, et le moyen de placer d'une manière plus probable les faits qu'il se croit forcé de reconnaître. Au reste, nous devons dire que nous admettrions difficilement le système qu'il présente pour l'histoire égyptienne avant le x siècle. Mais nous nous garderons d'exposer ici nos propres idées, ce qui nous mènerait beaucoup trop loin. Nous continuerons d'exposer la marche que suit l'auteur.

Après avoir passé en revue les plus anciennes dynasties, sir Gardner Wilkinson arrive à Osortasen I, le plus ancien roi auquel on remonte, d'après les monuments, par une succession non interrompue. Il le place au temps de Joseph, vers 1740, quoique les combinaisons des listes manéthoniennes et de celles qui résultent des monuments placent ce souverain environ trois siècles plus haut, au temps d'Abraham. A cette époque la civilisation égyptienne avait acquis tout son développement, comme on le voit par les grottes sépulcrales de Beni-Hassan, sculptées sous son règne, et l'obélisque d'Héliopolis, érigé à la même époque. Il résulte des peintures de ces grottes, qu'à cette date si reculée les Égyptiens possédaient des fabriques de toile, de verre, de meubles, d'ouvrages d'or et d'argent, et de nombreux objets indiquant des arts fort perfectionnés; ils avaient des jeux gymnastiques, ils connaissaient le jeu de dames, de balle, de la mourre et d'autres amusements. C'est aussi là que se trouvent ces piliers à facettes que Champollion a nommés, et qu'on a nommés d'après lui, protodoriques, comme ayant servi de modèle à l'ordre dorique; ce qui nous paraît fort douteux. Toujours est-on forcé de convenir que les Grecs en avaient si profondément modifié le principe et les détails, qu'il n'y resta presque rien de l'invention primitive.

Sir Gardner, passant en revue successivement les rois dont il reste des édifices, donne une attention particulière au règne de Ramessès-leGrand ou Sésostris, dont les monuments attestent le plus haut degré de perfection où l'art égyptien soit parvenu. Ce sont principalement les additions considérables faites au temple ou palais de Carnak ou de Louqsor; le memnonium et beaucoup d'autres édifices à Thèbes et à Abydos; les temples creusés dans le roc à Abou-Simbel; ceux de Dayr,

de Seboa, de Gerf-Hossayn, en Nubie; les obélisques de Tanis, et les vestiges qui subsistent en d'autres parties du Delta.

Entre plusieurs observations curieuses sur les travaux de ce prince, nous extrairons celle-ci, qui est relative à une critique de Voltaire. Diodore raconte que Sésostris fit élever une grande muraille le long de l'Egypte, du côté de l'Isthme de Suez, s'étendant d'Héliopolis à Péluse. Voltaire, qui ne croit pas beaucoup à la réalité de cette muraille, dit, à ce sujet : «S'il construisit ce mur pour n'être point volé, c'est une grande présomption qu'il n'alla pas lui-même voler les autres nations.» « Cette remarque ne paraît pas juste, dit sir Gardner; les Arabes peuvent venir piller le paysan, sans qu'il soit au pouvoir de personne de prévoir ou de prévenir leur approche; et quiconque connaît les habitudes de ces tribus errantes sait qu'il est inutile de les poursuivre avec une force armée dans ces déserts arides. En outre, une construction de cette espèce les obligeait à recourir aux villes pour acheter du blé; elle avait donc le double avantage d'empêcher le paysan d'être pillé, et de rendre les Arabes dépendants de l'Egypte, en les forçant de venir acheter les denrées dont ils avaient besoin. Le gouvernement n'était pas forcé de payer leurs chefs, comme aujourd'hui, pour qu'ils se tiennent tranquilles. >>

(La suite à un prochain cahier.)

LETRONNE.

NOUVELLES LITTÉRAIRES.

INSTITUT ROYAL DE FRANCE.

ACADÉMIE DES BEAUX-ARTS.

M. Berton, de l'Académie des beaux-arts, section de musique, est mort à Paris, le 21 avril 1844.

SOCIÉTÉS SAVANTES.

L'Académie royale des sciences, arts et belles-lettres de Lyon, propose un prix de 1,000 francs pour l'éloge de feu M. le baron de Gérando, membre de l'Institut et

associé de cette académie. Les mémoires devront être adressés, pour ce concours, avant le 15 novembre 1844.

La Société des antiquaires de la Morinie propose, entre autres sujets de prix, pour le concours de 1845, une médaille d'or de 300 francs au meilleur mémoire sur la question suivante: Rechercher et décrire toutes les inscriptions, ou, au moins, le plus grand nombre possible d'inscriptions de l'époque romaine, qui se trouvent dans les limites de l'ancienne Morinie et dans la délimitation actuelle du département du Pas-de-Calais. Le terme de ce concours est fixé au 1° octobre 1845.

D

La même société décernera, en 1846, une médaille d'or de 500 francs au meilleur mémoire sur cette question : « Déterminer, par des documents authentiques, la différence qui existe entre les institutions communales de l'ancien comté de Flandre, ainsi que des autres principautés enclavées aujourd'hui dans la Belgique et les provinces rhénanes, telles que ces institutions étaient en vigueur au moyen âge, et les institutions communales des provinces qui composaient la France en 1789, spécialement sous le rapport de l'origine des unes et des autres, et aussi sous celui des lois et coutumes qui les ont régies jusque vers le milieu du xvII° siècle; enfin au point de vue de l'influence que ces institutions ont pu exercer sur la civilisation, le développement du commerce et les mœurs publiques de ces deux pays. Cette question avait été mise au concours de 1843, mais les ouvrages présentés n'ont pas été jugés dignes du prix. Les mémoires seront reçus jusqu'au 1er octobre 1846.

D

Nous avons annoncé, dans notre cahier d'août 1843 (p. 509), le sujet de prix proposé par cette société pour l'année 1844.

ACADÉMIES ÉTRANGÈRES.

Nous avons publié (août 1843, p. 510) le programme des prix proposés, pour le concours de 1844, par la classe des belles-lettres de l'Académie royale des sciences et belles-lettres de Bruxelles. Cette académie met au concours de l'année 1845 les trois questions suivantes :

I. «Quelles ont été, jusqu'à l'avènement de Charles-Quint, les relations politiques et commerciales des Belges avec l'Angleterre ? »

II. «Comment, avant le règne de Charles-Quint, le pouvoir judiciaire a-t-il été exercé en Belgique ? Quels étaient l'organisation des différents tribunaux, les degrés de juridiction, les lois ou la jurisprudence d'après lesquelles ils prononçaient

III. Faire un exposé raisonné des systèmes qui ont été proposés pour former l'éducation intellectuelle et morale des sourds-muets; établir un parallèle entre les principales institutions ouvertes à ces infortunés dans les différents pays, en exposant les divers objets de l'enseignement, les moyens d'instruction employés, le degré d'extension donné à l'application de ces moyens dans chaque institution, et enfin déterminer, d'après un examen comparé de ces moyens d'enseignement, ceux auxquels on doit accorder la préférence. »

Les mémoires devront être envoyés avant le 1° février 1845.

La même académie rappelle qu'elle a remis au concours de 1845 le prix de 3,000 francs à décerner à la meilleure histoire du règne d'Albert et Isabelle.

LIVRES NOUVEAUX.

FRANCE.

Collection de documents inédits sur l'histoire de France, publiée par ordre du Roi et par les soins du ministre de l'instruction publique. Première série. Histoire politique. Chroniques des ducs de Normandie, par Benoît, trouvère anglo-normand du XII siècle, publiées, pour la première fois, d'après un manuscrit du musée britannique, par Francisque Michel. Tome III. Paris, Imprimerie royale, 1844, in-4° de 890 pages. Ce volume complète la publication d'un monument historique et philologique d'une véritable importance, la chronique française rimée du moine Benoît de Sainte-Maure, qui n'a pas moins de 42,310 vers, et contient l'histoire des ducs de Normandie et des rois d'Angleterre de la race normande jusqu'à Henri I", en 1135. Le texte de ce grand ouvrage est accompagné de savantes notes de l'édi teur et de variantes tirées d'un manuscrit de la bibliothèque publique de Tours, provenant de l'abbaye de Marmoutier. Il est suivi d'un appendice contenant : 1° une chanson attribuée à Benoît, publiée d'après le manuscrit de la bibliothèque Harléienne (musée britannique), n° 1717; 2° une Vie de saint Thomas, archevêque de Cantorbéry, tirée du manuscrit de la Bibliothèque royale, fonds du Roi, 7268; 3° De monacho in flumine periclitato, d'après le manuscrit 7987 de la Bibliothèque royale; 4° une Chronique de la guerre entre Henri II et son fils aîné, en 1173 et 1174, composée par Jordan Fantosme, chancelier spirituel de l'église de Winchester. Cet ouvrage, que M. F. Michel a trouvé dans un manuscrit de la cathédrale de Durham, avait déjà été publié par lui en 1839, avec une introduction, aux frais d'une société savante de cette ville; 5° et des variantes de la Vie de saint Thomas de Cantorbéry, d'après un manuscrit de la bibliothèque Harléienne. Des tables analytiques faites avec soin et un ample glossaire ajoutent encore au mérite et à l'utilité de cette publication.

La première série de la Collection des documents inédits sur l'histoire de France vient encore de s'enrichir d'un autre volume. C'est la seconde partie du tome II des Archives administratives de la ville de Reims, collection de pièces inédites pouvant servir à l'histoire des institutions dans l'intérieur de la cité, par Pierre Varin. Paris, imprimerie de Crapelet, 1844, in-4° de 622 pages.

OEuvres de Pierre Lebrun, de l'Académie française. Paris, imprimerie de Fournier, librairie de Perrotin, 1844, tomes I et II, in-8° de xxxvIII-421 et 445 pages. -Les œuvres complètes de M. Lebrun, recueillies pour la première fois, sont précédées d'une notice de M. Sainte-Beuve sur les ouvrages de l'auteur. Le premier volume contient trois tragédies: Ulysse (1814), Marie Stuart (1820) et le Cid d'Andalousie (1825). Chacune de ces pièces, dont la dernière n'avait pas encore été imprimée, est accompagnée d'une préface. On trouve dans le tome second le poëme sur la mort de Napoléon, le poëme et les poésies lyriques sur la Grèce, également accompagnés de préfaces et suivis de notes de l'auteur. Un volume de poésies complétera cette publication.

Méthode pour étudier l'accentuation grecque, par E. Egger, professeur suppléant de littérature grecque à la Faculté des lettres de Paris, maître de conférences à l'école normale, et Ch. Galusky, licencié ès lettres. Paris, imprimerie de Belin

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