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les savants, celle de savoir si les Égyptiens admettaient des femmes au sacerdoce. Hérodote soutient formellement le contraire. L'auteur, après plusieurs archéologues, prouve très-bien que l'assertion de cet historien. ne doit pas être prise à la lettre. Plusieurs faits, appartenant soit aux temps pharaoniques, soit à l'époque grecque, démontrent que les femmes pouvaient être prêtresses. Mais il est vraisemblable, selon la remarque de M. Wilkinson, que l'assertion d'Hérodote ne concerne que les hautes fonctions du sacerdoce, auxquelles les femmes, même les reines, n'étaient jamais admises.

Dans ce qu'il dit du costume des prêtres, on remarque l'observation que ce costume variait avec les fonctions dont ces prêtres étaient chargés. Ainsi ceux qui faisaient certaines offrandes ou sacrifices aux dieux se montrent toujours vêtus d'une peau de léopard, que Plutarque a prise à tort pour une nébride ou peau de faon.

La multitude de scènes militaires représentées sur les monuments a permis à sir G. Wilkinson d'entrer dans des détails circonstanciés sur la caste militaire, sur les costumes des soldats et des officiers, la forme des armes et des machines de guerre, sur les troupes auxiliaires, les prisonniers des diverses nations. Les figures gravées sur bois, insérées dans le texte, étaient à peu près toutes connues; mais elles se trouvent ici pour la première fois réunies pour éclaircir chaque usage. Cette réunion donne lieu à plusieurs rapprochements fort curieux. Par exemple, l'auteur remarque que le bouclier égyptien a très-souvent cette formequiest constamment celle des tablettes funéraires qu'on trouve dans les tombeaux; et il émet la conjecture qu'il était peut-être d'usage de faire du bouclier un monument en l'honneur des soldats morts au service. Ces boucliers sont tous de petite dimension. Il en est cependant d'une grandeur considérable, ayant cette forme terminés, à la partie supérieure,

par une espèce d'ogive. Ces derniers couvrent entièrement le corps du guerrier, comme ceux qu'on trouve sur quelques monuments grecs, répondant à la description de Virgile et de Tyrtée 2. M. Wilkinson n'en cite pourtant qu'un exemple tiré d'un ancien tombeau à Lycopolis (Syout).

A propos des armes, il parle du coutelas recourbé, espèce de ensis falcatus; il dit qu'on l'appelait en égyptien schopsh, ce qui rappelle le xomís des Grecs; et il en conclut que les Grecs d'Argos, originaires

1.

Clypeique sub orbe teguntur.» Æneid. II, 227.— Eleg. vIII, 23 (Schneidew.).

d'Égypte, avaient tiré de ce pays et l'ustensile et le nom qui le désignait. L'auteur revient, à diverses reprises, sur cette origine égyptienne de certains usages grecs, dont la transmission est due, selon lui, aux colonies d'Inachus, de Cécrops et de Danaüs. Nous pensons que ces origines sont aussi chimériques que ces colonies elles-mêmes, dont les anciens Grecs n'entendirent jamais parler, et qui ont été inventées à une époque récente; opinion avancée par H. Voss et K. O. Müller, et qu'on peut corroborer par de bonnes raisons. Quant à nous, nous sommes d'avis que les Grecs n'ont presque rien tiré d'Égypte avant le règne de Psammitichus. Quoi qu'il en soit, dans le cas particulier dont il s'agit, il est d'autant moins nécessaire de recourir à l'étymologie égyptienne, que nonís, couteau ou poignard, a la même origine que xóяlε, couper.

(La suite à un prochain cahier.)

LETRONNE.

NOUVELLES LITTÉRAIRES.

INSTITUT ROYAL DE FRANCE.

ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES.

M. Fauriel, membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, est mort à Paris le 15 juillet.

A ses funérailles, qui ont eu lieu le 16 mai, M. Guigniaut, au nom de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, et M. Leclerc, au nom de la faculté des lettres, ont prononcé des discours dont nous allons extraire quelques détails sur la vie et les écrits de ce savant académicien : « La vie de M. Fauriel, a dit M. Guigniaut, s'esté coulée presque entière entre l'amitié et la science . . . . . Né, vers 1776, à Saint-Barthélemy-le-Plain, en Vivarais, il fut pourtant mêlé, dès sa première jeunesse, aux agitations et même aux affaires de la grande époque qui s'ouvrit bientôt. Il terminait à peine ses études commencées dans la maison de l'Oratoire, à Tournon, continuées dans celle de Lyon, lorsqu'il se vit appelé, ainsi que tant d'autres, à la défense de l'indépendance nationale. Il servit avec honneur dans l'armée des Pyrénées orientales commandée par Dugommier. Arrivé à Paris, sous le Directoire, le jeune officier, ancien élève des oratoriens, y rencontra un des derniers professeurs de l'ordre, parvenu à une haute fortune politique, fut goûté de lui, et prit place dans le cabinet de Fouché, ministre de la police générale. Mais ni les séduc

tions du pouvoir, ni la perspective d'un avenir brillant, ne prévalurent dans cette ame, aussi ferme que modérée, sur la passion de la liberté qu'il croyait compatible avec l'ordre, et qu'il voyait s'éclipser sitôt devant la gloire militaire. A l'avénement de l'empire, M. Fauriel n'hésita pas à donner sa démission des fonctions administratives qu'il remplissait, et se voua désormais sans retour au culte des lettres. Nous le voyons dès lors en relation avec quelques-uns des esprits les plus élevés et les plus indépendants de l'époque, avec Cabanis, avec de Tracy, avec une femme digne de son nom et de telles amitiés, Mme de Condorcet, avec toute la célèbre société d'Auteuil, se livrant avec ardeur à la philosophie, et déjà réclamant pour elle les droits imprescriptibles de l'antiquité, les droits plus nouveaux et plus contestés de la pensée allemande. Un monument est demeuré de ces premiers temps de sa vie littéraire, qui prouve tout à la fois la forte direction de ses études philosophiques, et l'influence qu'il exerçait, par l'étendue de ses idées et par l'impartialité de son jugement, sur les maîtres mêmes de la science. C'est la fameuse lettre sur les causes premières que Cabanis adressa à M. Fauriel à l'occasion de l'histoire du stoïcisme que le jeune sage se proposait d'écrire..... Vers le même temps, M. Fauriel, lié avec M de Staël et Benjamin Constant, mis par eux en rapport avec les frères Schlegel, avec Guillaume et Alexandre de Humboldt, se tournait de plus en plus vers la critique, mais pour en élargir aussi le point de vue par de savantes et neuves comparaisons. Il étudiait les littératures par les langues, les langues et les littératures à la fois par leurs origines. . . . . L'un des premiers, chez nous, M. Fauriel posséda le sanscrit; il en déchiffra les monuments littéraires, et nul doute que, s'il s'y fût adonné plus exclusivement, aussi bien qu'à l'arabe, qu'il apprit et cultiva plus tard, il ne fût devenu l'un de nos plus grands orientalistes; mais les applications esthétiques ou historiques. . . . . étaient avant tout le besoin de cet esprit éminemment français en même temps qu'universel. Voilà pourquoi M. Fauriel ne fit de la philologie qu'un moyen quand on pouvait croire qu'il l'avait prise comme un but. En 1810..... il publiait sa traduction de la Parthénéide de son ami Baggesus, allégorie fantastique et un peu bizarre, dont la valeur est singulièrement rehaussée par les Réflexions préliminaires, sur l'idylle en général, vrai chef-d'œuvre de critique littéraire, dont il l'accompagna. Dès lors aussi il avait conçu le plan d'une œuvre bien plus grande, qui fut vraiment l'œuvre de sa vie... je veux parler de cette Histoire du Midi de la France, dont les recherches le jetèrent d'abord dans l'étude des poésies provençales, où il fit de tels progrès, où il découvrit, avec tant de sagacité, tant de profondeur, les lois du langage, celles de la versification, celles du double enchaînement des idées et des formes, qu'un de nos plus savants confrères, qui fait de ces travaux son plus beau titre de gloire, M. Raynouard, n'hésitait pas à le proclamer son maître. Il se délassait de ces graves et difficiles études par de fréquents retours aux muses contemporaines ou aux muses primitives..... C'est ainsi qu'il nous donnait, en 1823, la traduction des deux tragédies de Manzoni, le Comte de Carmagnola et Adelghis... Et, l'année suivante,... les Chants populaires de la Grèce moderne... qui commencèrent à jeter sur son nom un éclat qu'il n'avait ni prévu ni ambitionné... La révolution de juillet put seule le tirer de sa retraite... Ce fut grande peine à M. Guizot, à M. de Broglie, à M. Villemain, à M. Cousin, de lui faire accepter une chaire de littérature étrangère créée tout exprès pour lui à la Faculté des lettres de Paris... Je m'étonnerais qu'avec tant de travaux, tant de titres de tout genre, notre Academie ait été six années encore à lui ouvrir ses portes, s'il n'eût préféré lui-même s'y faire précéder d'une des parties de sa grande trilogie historique, de l'Histoire de la

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Gaules méridionales sous la domination des conquérants germains, qui est à elle seule nu grand livre, quoiqu'elle ne fût, dans le plan de son auteur, qu'une introduction à l'Histoire du Midi de la France, œuvre colossale poursuivie pendant trente années avec une persévérance si rare, et, nous l'espérons bien, achevée... M. Fauriel, devenu l'un des conservateurs adjoints des manuscrits de la Bibliothèque du Roi, tira parti de cette nouvelle position pour enrichir notre collection nationale des documents inédits pour servir à l'histoire de France, de la curieuse Histoire de la croisade contre les hérétiques Albigeois, écrite en vers provençaux par un poète contemporain... M. Leclerc a plus particulièrement rappelé les services rendus à l'enseignement public par M. Fauriel comme professeur de littérature étrangère à la faculté des lettres, et sa coopération à l'Histoire littéraire de la France, au sein de l'Académie des inscriptions. Il a cité surtout sa notice sur Brunetto Latini, «morceau d'un goût exquis, vrai chef-d'œuvre regardé dès à présent comme un modèle de jugement et d'élégance.» «Je me hâte, a-t-il dit en terminant, d'informer les admirateurs et les amis de M. Fauriel que, dans le vingt et unième volume de l'Histoire littéraire, ils trouveront encore un grand nombre de morceaux, principalement sur la littérature provençale, qui feront revivre pour eux les vues profondes, la verve, la grâce, de celui qu'ils ont aimé..

SOCIÉTÉS SAVANTES.

L'Athénée des arts, dans sa séance publique de mai 1845, décernera une médaille d'or de 300 francs à l'auteur de la meilleure pièce de vers sur ce sujet : Mission du poëte au XIX' siècle. Les pièces devront être adressées au secrétariat général de l'Athénée des arts, à l'hôtel de ville, avant le 1" avril 1845, terme de ri'gueur.

LIVRES NOUVEAUX.

FRANCE.

Louis et Charles, ducs d'Orléans; leur influence sur les arts, la littérature et l'esprit de leur siècle; d'après les documents originaux et les peintures des manuscrits ; par Aimé Champollion - Figeac. Paris, imprimerie de Crapelet, au comptoir des imprimeurs unis. 1844, 2 volumes in-8°, ensemble de 516 pages avec 48 planches. -L'histoire des beaux-arts et de la littérature au xiv et au xv siècle est le but principal que s'est proposé l'auteur de cette publication; aussi y trouve-t-on un grand nombre de descriptions de peintures exécutées dans des châteaux royaux ou dans des chapelles, ainsi que de miniatures remarquables existant dans des manuscrits qui ont appartenu à ces deux princes de la maison d'Orléans-Valois. Le prix de ces travaux, les noms des artistes qui les exécutèrent, sont indiqués d'après les documents du temps. Ces descriptions, qui tirent d'une origine si authentique un intérêt véritable, nous font connaître de précieuses productions de la sculpture et de la ciselure, des statues de Charlemagne et du roi saint Louis, des vases dont

sur

les reliefs sont des sujets tirés des événements de l'histoire de France ou des épisodes les plus connus de nos romans de chevalerie, des tableaux en or à personnages d'enlevure, représentant des scènes religieuses ou historiques; et ce sont là autant de monuments propres à constater l'état des arts à ces deux époques de leur renaissance. Les tapisseries, les émaux, les vitraux, les étoffes d'or et de soie, lesquels étaient figurés des sujets gracieux ou symboliques, ont aussi leur part dans cette histoire des arts en France au moyen âge. La littérature contemporaine des deux princes est considérée par rapport à l'influence réelle qu'ils exercèrent sur son perfectionnement par la protection et les encouragements qu'ils accordèrent aux littérateurs, et bien plus encore par leurs propres ouvrages. Les poésies pleines de grâce et d'enjouement qui nous restent d'eux ont attiré, à juste titre, toute l'attention de leur historien. Des documents inédits concernant les représentations théâtrales, la poésie et la musique composées pour les joueurs de personnages; des usages singuliers, comme les évêques et les fêtes des fous, les cours d'amour, la fête Notre-Dame des Amants, complètent ce tableau de la littérature et des mœurs du xiv et du xv° siècle. L'histoire politique y trouvera aussi des renseignements nouveaux, el particulièrement le récit des négociations tentées par Charles VI pour obtenir la création d'un royaume en Italie en faveur du duc Louis d'Orléans son frère. Cet ouvrage recommandable, dédié à M. le duc de Nemours, est orné de 48 planches qui contiennent plus de 200 sujets tirés de peintures de manuscrits, représentant des objets d'art, de la musique, des scènes théâtrales, des costumes, des usages bizarres, des caricatures de divers genres, en un mot, tout ce qui a paru propre à caractériser les mœurs et les idées de ces deux époques mémorables. Études sur l'Histoire universelle de Bossuet, considérée comme le résumé du génie, du caractère et des doctrines de ce grand homme, par Félix Morel, professeur de rhétorique. Niort, imprimerie de Morisset; Paris, librairie de Hivert; in-12 de VIII-175 pages. Un but sérieux, des idées justes et sages, des recherches de quelque étendue, recommandent cet opuscule, dans lequel le discours sur l'Histoire universelle est rapproché, non-seulement, comme l'indique le titre, des autres ouvrages de Bossuet, mais encore d'un assez grand nombre de monuments de l'antiquité chrétienne et même profane dont Bossuet a pu s'inspirer,

De Euripidis Medea, par Charles Caboche, Paris, imprimerie de Fain et Thunot, librairie de Joubert, 1844, in-8° de 46 pages.

De la Bruyère, par le même; mêmes imprimerie et librairie, 1844, in-8° de

70 pages.

De Pascali, an vere scepticus fuerit, par A. Thomas, Paris, imprimerie de Crapelet, 1844, in-8°, 58 pages.

Une province sous Louis XIV. Situation politique et administrative de la Bourgogne, de 1661 à 1715, d'après les manuscrits et les documents inédits du temps, avec cette épigraphe: Ex unitate libertas, par le même; même imprimerie, 1844, in-8° de xxiv-458 pages.

Les quatre ouvrages dont les titres précèdent ont été, avec succès, présentés comme thèses à la faculté des lettres de l'académie de Paris par de jeunes et savants professeurs de l'université : l'un qui enseigne la rhétorique au college royal de Charlemagne; l'autre, l'histoire au collége royal de Dijon. Ce dernier, compulsant avec curiosité les archives générales du département de la Côte-d'Or, les manuscrits de la bibliothèque de Dijon, a trouvé, dans ces recherches, le sujet du livre vraiment remarquable, plein de nouveauté et d'intérêt, dont nous venons, en dernier lieu, de rappeler le titre. Faire connaître par des documents authentiques et

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