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vérité, la conjecture que ce symbole avait suggérée à l'illustre historien de l'art, et encore moins l'explication qu'un autre antiquaire 1 avait cru pouvoir en donner, ne me semblent point admissibles. Je crois que ce symbole a tout simplement pour objet d'indiquer la patrie de l'artiste, qui devait être syracusain; et nous allons en avoir la preuve par la médaille même de Syracuses, ouvrage de Phrygillos, que je vais faire connaître.

C'est une monnaie d'argent 2, du module que nous appelons petit médaillon, d'ancienne et belle fabrique, dont le type principal offre la tête ordinaire de la nymphe locale, Aréthuse, coiffée en cheveux et tournée à gauche, entre trois dauphins. La légende ΣYPAKOZION, (monnaie) des Syracusains, suffit pour attester l'ancienne époque de cette monnaie. Au-dessous de cette tête, se lit l'inscription, gravée en plus petits caractères et distribuée en deux lignes : ΦΡΥΓΙΑΛΟΣ (ΕΠΟΕΙ), Phrygillos (faisait), qui nous procure, avec la connaissance d'un nouveau nom de graveur syracusain, la certitude que ce graveur en monnaie, le même, à n'en pouvoir douter, que l'auteur de la pierre gravée qui nous est parvenue avec son nom, exerçait son talent dans les deux branches de la glyptique, et, conséquemment aussi, la plus forte présomption que la plupart des autres graveurs grecs étaient dans le même cas. Cette médaille, la plus précieuse peut-être à ce titre de toute la suite si belle et si riche de Syracuses, se trouvait en la possession de M. John Robert Steuart, Esq., dont on connaît les belles collections numismatiques, et qui eut la bonté de me la céder à Naples, en 1838, à cause de l'intérêt qu'elle devait avoir pour moi, et qui la lui avait fait tenir en réserve à cette intention. Depuis, j'en ai retrouvé un second exemplaire dans la magnifique collection de M. le duc de Luynes : ce sont les deux seuls encore qui existent, à ma connaissance, dans les collections publiques et privées de l'Europe; en sorte que la grande rareté de ce monument numismatique ajoute encore à son mérite.

Mais, comme il est rare qu'une découverte ne conduise pas à une autre dans le domaine de l'archéologie, le nom de Phrygillos, ainsi imprimé en toutes lettres sur la monnaie syracusaine, à la place où s'y

2

'Dolce, Mus. Denh, P. I, n. 69, p. 96. Je l'ai fait graver sur la vignette placée en tête de cet article, n. 2. Le revers de cette médaille est d'une autre main ; c'est le même qui forme la face postérieure d'une médaille dont la face principale est gravée par Euménès, le même dont l'auteur s'est désigné par les lettres initiales EYO; (voy. cette médaille, gravée dans ma Lettre à M. le duc de Luynes, pl. 11, n° 16, et décrite, p. 27, 1).

lisent ordinairement d'autres noms de graveurs, a servi à reconnaître, sur une autre médaille de Syracuses, le même nom, imprimé seulement par initiales et placé sur un détail de costume. La médaille que j'ai en vue, et qui se trouve aussi dans la collection de M. le duc de Luynes, est une monnaie de bronze, du 4 module, d'une fabrique charmante et d'une conservation qui ne laisse rien à désirer. Elle représente, du côté principal, la tête de nymphe locale, tournée de même à gauche, et coiffée en cheveux au moyen d'un bandeau, sur le derrière duquel, au-dessus de la nuque, se lisent les trois lettres PY, initiales du nom PYTIAAOZ. Voilà donc un second exemple d'un nom de graveur, placé sur le bandeau de la tête de femme, à joindre à celui d'Euclidas, désigné de même par les initiales EYKAEI, gravées à la même place, avec cette particularité tout à fait nouvelle encore dans toute la numismatique grecque, que c'est sur une pièce de bronze que se trouve ce nom de graveur, OPYTIAAOZ, tandis que tous les noms de graveurs que nous avons recueillis jusqu'ici se lisent sur des monnaies d'argent. Mais cette circontance même, jointe à l'extrême mérite de la médaille, sous le rapport de l'exécution, et à son module, qui est celui de la plupart des monnaies d'or de Syracuses, me fait présumer qu'elle dut être exécutée pour être frappée en or. Quoi qu'il en soit de cette conjecture, qui se vérifiera peut-être quelque jour, la charmante médaille en bronze, de la main de Phrygillos, n'en est pas moins, dès ce moment, un des plus précieux monuments numismatiques acquis à la science; elle confirme, sur un point important, la doctrine que j'avais cherché à établir au sujet des noms de graveurs placés sur des détails de costume, et elle m'autorise ainsi à reproduire avec plus de confiance les résultats de mon travail, accrus de cette nouvelle et précieuse acquisition du nom de Phrygillos, graveur en monnaies et en pierres fines, en même temps qu'elle sert à décider la question de savoir si les artistes qui gravaient les pierres, dans l'antiquité grecque, étaient les mêmes qui gravaient les monnaies. La présomption qui résultait, pour

1

Voy. ma Lettre à M. le duc de Luynes, p. 11. Nous possédions deux exemples d'une particularité analogue, dans le médaillon de Syracuses, publié d'abord par Torremuzza, Num. vet. Sicil. tab. LXXII, n. 7, et reproduit dans le Mus. Hunter. tab. 52, n. XIV, où la tête de femme, qui forme le type principal, est coiffée d'un bandeau, qui porte en toutes lettres, au-dessus du front, le nom du graveur : EYMHNOY; et dans plusieurs médaillons de Cimon, où les seules initiales KIM sont gravées de même sur le bandeau de la tête de femme, Lettre à M. le duc de Luynes, p. 18, 4).

l'affirmative, de l'analogie des procédés et de la ressemblance des travaux, a désormais en sa faveur le témoignage de monuments d'une autorité irrécusable et d'un rare mérite sous le rapport de l'art.

RAOUL-ROCHETTE.

PRINCIPALES TAbles de M. MenDOZA, pour la très-prompte réduction des distances lunaires; revues, corrigées et complétées par M. Richard, capitaine de corvette en retraite. Brest, 1842, 1 vol. grand in-8° de 454 pages.

DEUXIÈME ET DERNIER ARTICLE 1.

Dans notre précédent article nous avons considéré un vaisseau partant pour un long voyage; nous l'avons muni d'instruments astronomiques pour observer le ciel, de montres réglées pour mesurer le temps, d'éphémérides calculées qui prédisent les positions relatives et absolues de tous les astres, seuls guides par lesquels il pourra se diriger dans les solitudes de l'Océan. Nous allons maintenant le suivre dans sa course aventureuse.

Dès que le vaisseau est en mer, ayant encore la terre en vue, mais, abandonné à lui-même par les pilotes du lieu, qui l'avaient jusqu'alors guidé, on s'occupe de fixer sa position précise, qui va devenir l'origine de tous ses mouvements ultérieurs, et que l'on appelle son point de partance. Pour cela, si l'on découvre, sur la terre qu'il a quittée, deux points dont la longitude et la latitude soient connues, ce qui fait connaître aussi leur distance mutuelle, on mesure les angles compris entre leurs directions et celle de l'aiguille aimantée, ce qui donne l'orientation de ces deux lignes visuelles; puis, par un calcul trigonométrique, ou par une simple opération graphique, on conclut le lieu du vaisseau2.

1

Voyez, pour le premier article, le cahier d'août de ce Journal, p. 471-483. - Dans le cas que je considère ici, on peut déterminer plus exactement la position du vaisseau en mesurant, avec un instrument de réflexion, l'angle visuel compris entre les deux objets, et relevant la direction azimutale de l'un d'eux relativement à celle de l'aiguille aimantée, ou du soleil, s'il est visible. Les angles visuels suffisent, si l'on peut les prendre entre trois objets dont la longitude et la latitude

Si l'on ne découvre qu'un seul objet, par exemple, un phare, dont la position soit connue astronomiquement, on prend la base de la triangulation sur la mer même. Pour cela, ayant donné au vaisseau une marche uniforme, dans une direction fixe, on relève, avec l'aiguille aimantée, l'angle compris entre son sillage et la ligne visuelle menée à l'objet. Au même instant on jette le loch, et l'on détermine la vitesse de transport. Après quelque temps de marche dans cette direction, on relève une seconde fois le même objet, qui se présente alors sous un autre angle, comparativement au sillage dont l'orientation est restée fixe. Le chemin parcouru se conclut de la vitesse, appliquée à l'intervalle de temps qui sépare les deux observations. Avec cette base et les deux angles observés, on obtient trigonométriquement, ou par une opération graphique, la distance du vaisseau à l'objet, et l'orientation de la ligne visuelle, dans les deux relèvements. On opère toujours ainsi quand on revoit la terre à la fin du voyage ou dans les relâches; car alors on se hâte de fixer la position du vaisseau et sa distance à la côte, sur le premier objet que l'on peut découvrir 1.

Voilà le vaisseau parti: il vogue en liberté. On pourrait aussitôt commencer les observations astronomiques; mais je suppose qu'on les juge inutiles à si peu de distance de la terre, et que l'on continue à marcher ainsi, sous les seules indications de la boussole et du loch, pendant

toute une nuit.

Le lendemain, au lever du soleil, on détermine la direction de cet astre relativement à l'aiguille aimantée. Le lieu actuel du vaisseau est approximativement connu par les relevés qu'on a faits de ses directions successives, des vitesses avec lesquelles il les a décrites, et du temps

soient connues. Mais le relèvement individuel des deux objets relativement à l'aiguille aimantée m'a paru nécessaire à présenter d'abord, comme un acheminement plus immédiat à l'application qui va suivre. Le mémoire de M. Dumoulin, relatif aux relèvements sous voiles, que j'ai cité plus haut, renferme plusieurs remarques très-judicieuses sur les procédés à employer pour rendre moins inexactes les bases prises ainsi sur la mer, et pour échapper aux erreurs qu'on y découvre, même lorsque leurs points extrêmes ont été déterminés astronomiquement par des observations faites à bord. Quelques soins que l'on mette à ces observations, il est, en effet, impossible qu'il ne s'y introduise pas souvent de pareilles erreurs, ne fût-ce que par les incertitudes de la dépression calculée qu'on leur applique; et l'on rendrait sans doute leurs résultats beaucoup meilleurs, si on les calculait avec la dépression observée, déduite de la distance des deux horizons. A la vérité, cette observation n'est pas toujours possible, surtout dans le voisinage des côtes; mais, du moins, lorsqu'on peut la faire, on ne devrait jamais l'omeltre; et l'on serait vraisemblablement bien dédommagé de la peine qu'on y aurait prise par l'amélioration des positions qu'on en déduirait.

qui s'est écoulé depuis qu'il a quitté le point de partance. Ces données suffisent pour tirer de la Connaissance des temps la distance polaire actuelle du soleil, et pour calculer l'angle du méridien local avec la direction du point de l'horizon où il se lève, sous la latitude estimée. Cet angle s'appelle l'amplitude ortive de l'astre. Comparé à la direction de l'aiguille aimantée, il donne la déclinaison locale, c'est-à-dire l'angle que l'aiguille forme avec le méridien astronomique, dont la trace sur l'horizon se trouve ainsi définie relativement à elle. On réitère une observation pareille, le soir, quand le soleil se couche, en l'appliquant à l'amplitude occase, pour en déduire une nouvelle valeur de la déclinaison; ce qui vérifie, et, au besoin, corrige le résultat du matin. On connaît ainsi, chaque jour, la vraie direction du méridien astronomique, en chaque point de la mer où le vaisseau est successivement transporté; et la même détermination pourrait encore habituellement servir pendant quelques jours de marche, si le ciel ne permettait pas de la renouveler, parce que la déclinaison a des valeurs peu différentes en des points peu distants du globe, à moins qu'ils ne soient très-voisins des pôles magnétiques. Alors seulement elle varie avec trop de rapidité pour que l'on puisse en prolonger l'usage. Heureusement pour les navigateurs qui sont conduits dans de tels parages, cet élément indispensable de leur route s'obtient encore, quand le soleil est élevé sur l'horizon, en mesurant l'angle formé par l'aiguille avec la trace du plan vertical dans lequel il se trouve, pourvu qu'on mesure au même instant sa hauteur. La répétition fréquente de ces déterminations est indispensable, même hors des circonstances exceptionnelles que je viens d'indiquer. Car la force magnétique de la terre, qui dirige l'aiguille aimantée, influence aussi toutes les masses de fer qui entrent dans la construction et l'arrimage du navire; de sorte qu'elle en fait de véritables aimants, dont la polarité suit la sienne, et qui, modifiant la direction propre de l'aiguille, diversement, selon leur répartition autour d'elle, empêchent qu'on ne puisse la conclure avec sûreté de documents antérieurement recueillis dans les mêmes parages. C'est pourquoi on a soin de déterminer expérimentalement le sens ainsi que l'intensité de ces effets physiques, pour les différentes directions de l'axe du navire, relativement à l'aiguille, avant de quitter le port; et on les mesure de nouveau dans les relâches pour connaître les changements qui ont pu s'y opérer. Mais ces rectifications, que l'on pouvait considérer encore, il y a peu d'années, comme atteignant le dernier terme de l'exactitude désirable, sont devenues complétement insuffisantes depuis que l'on a construit des navires tout en fer, où l'on embarque d'énormes machines

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