aigle ne me paraît pas bien rendu par celui dem, qui, en persan, désigne un vautour. Le mot arabes répond-il bien à celui d'ampoule? Je ne crois pas; il désigne bien plutôt ce qui a un sens de convention, ane signification technique. Le mot anfractuosité est rendu parl. Je crois qu'il faut lire. Le mot arabe, si je ne me trompe, exprime, non pas une antenne, mais un mât de vaisseau. Le mot chamois ne me paraît pas bien rendu, en arabe, par celui de, qui signifie, non pas un chamois, mais une antilope, ce qui est fort différent. Le mot fébrifuge est traduit en persan par; mais j'oserais contester la vérité de cette explication, attendu qu'elle n'est pas conforme à l'analogie. Le mot, ainsi que sa forme l'indique, doit signifier qui fuit la fièvre, et non pas qui fait fuir la fièvre. Pour exprimer ce dernier sens signifie plutot un animal وحش Le mot گریزان il faut écrire qu'un animal féroce. sauvage Je pourrais, à coup sûr, réunir un certain nombre d'observations du même genre, et présenter, sur quelques explications, des doutes qui me paraîtraient avoir quelque fondement. Ces discussions ne seraient pas, je le crois, dépourvues d'utilité, puisque tout ce qui tend à fixer d'une manière aussi certaine que possible le sens des mots, à faire éviter les équivoques, ne saurait être indifférent. Et l'on sent bien que, pour tout ce qui a trait à la religion, aux sciences, à la politique, à la littérature, il est tout à fait essentiel que la signification de chaque terme soit fixée d'une manière rigoureuse, et que, sur plus d'une matière, des méprises, légères en apparence, peuvent avoir plus d'une suite fâcheuse. Mais, d'un autre côté, je ne me dissimule pas que ces recherches grammaticales sont d'un genre bien minutieux, bien aride, et ne peuvent intéresser qu'un bien petit nombre de lecteurs. Et d'ailleurs, quand on parviendrait à relever quelques fautes, quelques omissions, dans une composition si vaste, dans un répertoire rempli d'une si grande variété d'objets de tout genre, on obtiendrait seulement la confirmation de cette vérité vulgaire, que tout homme peut se tromper, et que le plus habile est seulement celui qui se trompe le moins. On pourrait me dire, avec Voltaire: Quittez d'un censeur pointilleux C'est donc avec plaisir que je dépose la plume du critique; et, sans m'engager davantage dans des disputes de mots, dans des minuties grammaticales, je finirai ma tâche en payant de nouveau un tribut d'éloges bien mérités à l'immense et consciencieux travail du prince Handjéri. Son mérite, comme je l'ai dit, sera également apprécié par les diplomates, les voyageurs, les savants, auxquels il offrira, dans une foule de cas, la signification nette et précise de quantité de mots, d'expressions techniques, scientifiques, ou même usuelles, qui se rencontrent sous la plume des écrivains orientaux, sans qu'ils prennent jamais le soin d'en fixer le sens, et dont il est si essentiel de pouvoir fixer la valeur avec une précision rigoureuse. L'ouvrage que nous avons sous les yeux est un trésor de renseignements utiles, un don précieux offert à la littérature. Il restera comme un monument du savoir et de la patience infatigable de l'auteur. On pourra, sur quelques points, modifier quelques assertions, retrancher ou ajouter quelques mots; mais il est peu probable que l'on entreprenne désormais de refaire sur le même plan un ouvrage aussi vaste et d'un genre aussi difficile; je dis sur le même plan, car on que l'auteur de cet article, en adoptant un système inverse, a rédigé, sur une grande échelle, un lexique arabe-persan-turc-oriental, expliqué en français, et destiné principalement à l'usage des savants. Si cet ouvrage, fruit de quarante années de travaux, parvient à voir le jour, la France pourra peut-être s'applaudir d'avoir doté cette branche de la littérature orientale du monument le plus considérable que lui ait élevé une main européenne. sait QUATREMÈRE. NOUVELLES LITTÉRAIRES. LIVRES NOUVEAUX. FRANCE. Le Cartesianisme, ou la véritable rénovation des sciences; ouvrage couronné par l'Institut, suivi de la théorie de la substance et de celle de l'infini, Bordaspar Demoulin ; précédé d'un discours sur la réformation de la philosophie au XIX siècle, pour servir d'introduction générale, par F. Huet, professeur de la faculté de philosophie et lettres de Gand. Paris, imprimerie de Lacrampe, librairie de Hetzel, 1843,2 vol. in-8° de CLIII-320 et 522 pages.-Nous n'entreprendrons pas ici d'apprécier le grand travail de M. Bordas-Demoulin, que l'Académie des sciences morales et politiques a proclamé l'un des ouvrages philosophiques les plus remarquables de ce temps-ci. Nous nous bornerons à dire que l'auteur nous paraît devoir obtenir du public la confirmation de ce jugement. Son essai sur le cartésianisme est divisé en trois parties. Dans la première, intitulée Philosophie, M. Bordas traite du rappel de la pensée à elle-même, par Descartes; des idées, des substances spirituelles et corporelles, et de l'existence des corps. La seconde partie, consacrée à la physique et aux mathématiques, embrasse tout ce qui a rapport à la lumière, au mouvement, à la géométrie analytique et au calcul différentiel. Ce dernier chapitre, et un supplément placé à la fin du volume, sont dus à M. Lamarle. La troisième partie renferme les considérations générales, soit philosophiques, soit physiques et mathématiques. En terminant, l'auteur, après avoir énuméré les services rendus par Descartes aux sciences et à la philosophie, se résume ainsi : « On voit que, parmi tant et de si grandes vérités, que l'école cartésienne a mises au jour, elle a seulement failli dans les substances, n'ayant pas su en pénétrer la constitution, dans le rapport de l'âme et du corps, ayant laissé à l'âme les fonctions sensitives qui appartiennent au corps, et annulé l'influence respective qu'ils exercent l'un sur l'autre; dans le calcul différentiel, ayant confondu le rapport individuel ou algébrique avec le rapport universel ou transcendant. Quoique graves, ces erreurs disparaissent dans cette immensité de découvertes, comme les taches dans le soleil. » Ce recommandable ouvrage et les deux théories de la substance et de l'infini, qui le complètent, sont précédés d'une introduction de M. Huet, dont le but est de signaler quelques applications des principes exposés par M. Bordas-Demoulin, d'indiquer ce qu'ils peuvent pour le progrès des différentes sciences, et de montrer en particulier de quel jour ils éclairent ces débats enire la philosophie et la théologie, entre l'État et l'Eglise, qui agitent si puissamment les esprits, et qui, en effet, touchent au fondement de notre ordre social. » Essai d'une nouvelle théorie sur les idées fondamentales ou les principes de l'entendement humain, par F. Perron, professeur de philosophie à la faculté des lettres, secrétaire perpétuel à l'Académie de Besançon. Imprimerie de Deis à Besançon, librairies de Ladrange et de Chamerot à Paris, 1843, in-8° de 447 pages. Après des préliminaires historiques où il s'attache surtout à faire connaître le caractère philosophique des quatre fondateurs de l'école moderne, MM. Laromiguière, RoyerCollard, Cousin et Jouffroy, et les services qu'ils ont rendus à la science, M. Perron expose la doctrine de l'école moderne, et spécialement la théorie de M. Cousin sur les idées fondamentales ou les principes de l'entendement humain. Il déclare ne pouvoir admettre cette théorie, ni sur la réduction qu'elle fait subir aux idées fondamentales, ni sur les caractères et les rapports qu'elle leur attribue, ni sur l'origine et sur la valeur qu'elle leur assigne, ni sur la nature de la raison à laquelle elle la rattache. Il discute ensuite le système de l'école moderne sous ces divers points de vue, et présente sa nouvelle théorie dans les neuf derniers chapitres de son ouvrage, où il traite des idées de temps et d'espace; des idées de phénomène et de substance, ou du principe de la substance; des idées de cause et d'effet, ou du principe de causalité; des idées de fini et d'infini, d'uzité et d'identité; de l'idée du bien, de l'idée du beau, de l'idée du vrai ou de la vérité, et des catégories. Nobiliaire universel de France, ou Recueil général des généalogies historiques des maisons nobles de ce royaume, formant les matériaux du dictionnaire universel de la noblesse, par M. Ducas, successeur de M. de Saint-Allais. Tome XXI. Paris, imprimerie de P. Dupont, chez l'auteur, rue Neuve-des-Petits-Champs, n. 31; 1843, in-8° de 528 pages, avec planches. Si cet ouvrage ne renfermait des que détails généalogiques ou héraldiques, nous n'aurions pas à nous en occuper. Mais, indépendamment des faits historiques d'intérêt général que révèlent les annales Un autre ouvrage du même genre, mais digne aussi d'intérêt sous le même point ANGLETERRE. - Letters of Mary, queen of Scots, edited with an historical introduction, by Agnes TABLE. Poésies populaires latines antérieures au x11° siècle, par M. Édélestand du Méril 5 Histoire de la république de Gênes, par M. Émile Vincens (3o article de M. Mi- 27 Visite des tombeaux des rois à Thèbes, par un dadouque ou prêtre d'Éleusis, sous 43 Dictionnaire français - arabe - persan et turc, par le prince Alexandre Handjéri 53 Nouvelles littéraires.... 62 FIN DE LA TABLE. JOURNAL DES SAVANTS. FÉVRIER 1844. LUCRECE, tragédie en cinq actes et en vers (représentée, pour la première fois, sur le second théâtre français, le 22 avril 1843), par F. Ponsard. Paris, imprimerie de H. Fournier, librairie de Furne, 1843, 1 vol. in-12 de 104 pages, 4° édition. DEUXIÈME ET DERNIER ARTICLE'. Térence peint quelque part 2, avec la vérité naïve, la grâce, le charme qui lui sont ordinaires, une jeune fille surprise par un message imprévu de son amant, enfin de retour, après un long voyage, dans une solitude, dans un abandon négligé, au milieu de travaux domestiques, qui témoignent clairement de sa parfaite honnêteté. Je n'ai jamais lu ce délicieux passage, sans être tenté de croire que la pensée du poëte et celle de ses auditeurs se rapportaient à ce que, d'après la tradition, l'auteur des Annales, Ennius, avait dû raconter de Lucrèce trouvée de même, par Collatin, son époux, par les jeunes fils de Tarquin, qui sont venus la surprendre pour juger de sa vertu, travaillant la nuit, à une heure avancée, avec ses femmes. Le tableau que Térence avait peutêtre ainsi exprimé indirectement, Attius, je l'ai montré, eut bientôt une occasion, qu'il ne négligea sans doute pas, de le produire sur la scène tragique dans son Brutus; et il est vraisemblable que c'est de là 1 Voyez le premier dans le cahier de décembre 1843, p. 705 et suiv. II, 11, 274 sqq. Cf. Propert. Eleg. III, vi, 15 sqq. |