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de jeunes filles turcomanes, sans aucun voile qui leur cachât le visage, s'approchèrent, lui présentèrent de l'eau et lui offrirent de faire boire ses chevaux. Il fut d'autant plus frappé de cette rencontre, que, comme il le fait observer, il était peut-être près de cette même fontaine où le serviteur d'Abraham avait trouvé Rébecca 1. Feu M. Dansse de Villoison m'a souvent raconté que bien des passages d'Aristophane étaient restés obscurs pour lui jusqu'au moment de son voyage en Grèce; que, dans les fréquents entretiens qu'il s'attachait à avoir avec les gens du peuple, il avait, à sa grande satisfaction, retrouvé quantité d'idiotismes, de dictons populaires, qui lui avaient donné l'interprétation d'une foule d'expressions employées par le poëte comique.

Après tant de recherches, après des travaux si consciencieux, on s'apercevra qu'il reste encore un nombre de mots hébreux dont l'interprétation est douteuse, de passages sur lesquels il n'est possible d'offrir que des conjectures. Sachons avouer notre ignorance, et reconnaissons de bonne foi que probablement plusieurs de ces difficultés resteront toujours insolubles. En attendant, félicitons-nous de ce que nous pouvons, après tant de siècles, comprendre aussi bien les livres saints, et surtout, de ce que les difficultés réelles qui nous arrêtent ne tombent point sur les choses vraiment essentielles, sur celles qui intéressent la religion.

QUATREMÈRE.

MONUMENTI INEDITI a illustrazione della storia degli antichi popoli italiani, dichiarati da Giuseppe Micali, LX tavole, et 1 vol. in-8°, p. I-VIII et p. 1-443, Firenze, 1844.

PREMIER ARTICLE.

Ce nouvel ouvrage de M. Micali était destiné à compléter les deux importantes publications qui ont signalé la carrière de ce savant et laborieux écrivain. Une seule et même pensée a rempli toute cette vie et produit tous ces travaux, celle de faire connaître, principalement à l'aide des monuments figurés, l'histoire et les antiquités des divers peuples italiques, et particulièrement des Étrusques, le plus considérable

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de ces peuples; et, sous ce rapport, on ne saurait nier qu'il n'y ait, dans toute l'existence littéraire de M. Micali, un des exemples les plus faits pour servir la science et pour honorer leur auteur. Deux grandes vues, sous l'empire desquelles a été constamment placé M. Micali, caractérisent en effet tous ses travaux, et y répandent le double intérêt du patriotisme et du savoir: d'une part, il a recherché et mis en lumière tous les titres de gloire et de nationalité des différents peuples italiques, dont l'histoire avait été presque entièrement absorbée dans celle de Rome; d'une autre part, il s'est attaché à retrouver les moindres traits du génie de ces peuples, dans tout ce qui pouvait s'être conservé de leurs monuments originaires; et il a montré qu'on pouvait essayer de recomposer une histoire détruite, dans ce qu'elle a de plus important, dans ce qui touche aux croyances, aux mœurs publiques et privées, aux institutions civiles et politiques, à l'aide des productions de l'art, même mutilées et dégradées par le temps, d'une manière pour le moins aussi sure qu'on le fait communément en se servant de textes corrompus par l'erreur ou l'ignorance des hommes. Cette manière de traiter l'histoire des anciens peuples était alors trop nouvelle, et elle est encore aujourd'hui trop peu suivie, pour ne pas recommander à l'estime et à la reconnaissance publiques l'écrivain de nos jours qui en a fait certainement les applications les plus heureuses et les plus utiles; et, si, prenant pour exemple deux de nos savants contemporains qui ont consacré toutes leurs veilles à l'histoire ancienne de l'Italie, on voulait juger la méthode de M. Micali, comparée à celle de Niebuhr, d'après les résultats de l'une et de l'autre, on verrait que, des hardis et brillants travaux de l'historien de Rome, qui s'était, par une confiance exclusive aux ressources de la philologie, privé volontairement de la connaissance des monuments, il ne retira que des systèmes qui se combattent et des hypothèses qui se détruisent, tandis que, des patientes recherches de l'historien des anciens peuples de l'Italie, où le témoignage des monuments supplée, autant qu'il est possible, à l'insuffisance des textes, il restera des faits archéologiques d'une certitude positive, d'une autorité incontestable, qui sont autant d'éléments authentiques de l'histoire morale et intellectuelle de ces peuples, la seule qu'il nous soit donné de rétablir en partie dans l'état actuel de ces connaissances.

Mais, en même temps que le dernier ouvrage de M. Micali, complément nécessaire et appendice indispensable, comme il le dit lui-même, des deux grandes compositions qui l'ont précédé, nous montre cet auteur constamment dirigé vers un but unique et dans une même voie, il est juste de reconnaître qu'un changement considérable, dû au progrès

des connaissances archéologiques, s'est opéré dans ses idées, sur un des points les plus importants de sa doctrine, celui qui avait rapport aux influences étrangères exercées sur l'origine et le développement de la civilisation des divers peuples italiques, et, en particulier, des Étrusques. Dans son premier ouvrage, l'Italia avanti il dominio de' Romani, M. Micali s'était montré généralement hostile aux systèmes historiques qui avaient pour objet d'établir les effets d'une influence, soit asiatique, soit grecque, dans la formation de la civilisation étrusque, en s'attachant à n'y voir rien que d'indigène et de national; et, sous ce rapport, j'avais eu le regret d'être un des adversaires de ses opinions. Les idées de M. Micali s'étaient déjà modifiées d'une manière sensible, dans le second de ses ouvrages, la Storia degli antichi popoli italiani, où l'application des monuments nouveaux, acquis récemment à la science, n'avait pu manquer de produire son effet ; et peut-être m'est-il permis de dire que le soin avec lequel j'avais cherché, dans l'analyse que j'ai donnée à nos lecteurs de cet important ouvrage1, à faire ressortir tous les traits d'une influence asiatique, assyro-phénicienne, qui résultait dès lors de la découverte de tant de monuments, sortis des tombeaux de Tarquinii, de Cære, de Vulci et de Chiusi, n'est pas resté étranger à cette grave modification qui s'était produite dans les opinions de M. Micali. Du moins est-il certain que la manière dont il envisage, dans son nouvel ouvrage, les monuments inédits qu'il destine, ainsi qu'il le déclare, à l'illustration de l'histoire des anciens peuples italiens, rentre, à bien peu de chose près, dans l'idée que je m'en suis faite; et qu'il semble que ce nouveau recueil de monuments ait été conçu principalement pour établir le fait capital de ces influences asiatiques sur l'origine de la civilisation étrusque, que j'ai toujours soutenu, et que je maintiens aujourd'hui plus que jamais, d'après tous les éléments archéologiques que nous possédons maintenant. M. Micali s'est donc trouvé ramené, vers l'extrémité de sa carrière, à une conclusion bien différente de celle qu'il avait admise au commencement; et l'on peut, en comparant ces deux termes de sa vie littéraire, apprécier tout le progrès que la science a accompli, dans ce seul point du domaine de l'antiquité.

Malheureusement, il n'a pas été donné à M. Micali de recueillir le résultat de cette dernière publication, et de jouir du tribut d'estime et de reconnaissance qu'elle lui assure de la part de tous les hommes livrés à ce genre d'études. Ce recueil de monuments inédits destiné, dans

. Journal des Savants, 1834, mars, p. 139-151; mai, p. 279-291; décembre, p. 705-717; 1836, juin, p. 339-354; octobre, p. 577-597.

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sa pensée, à offrir à la fois la preuve e le résumé de sa doctrine, sur les sources et les phases principales de la civilisation étrusque, sous la forme définitive que cette doctrine avait reçue par le fait des découvertes les plus récentes, ce recueil, si neuf et si important, avait à peine vu le jour, que l'auteur a cessé de vivre; et c'est avec un profond regret qu'admis, comme je l'étais, dans la confidence de ses dernières pensées, je perds l'occasion de lui témoigner l'accord qui s'était produit dans nos vues archéologiques, après avoir longtemps gémi de la division qui régnait entre nous sur les mêmes questions. La dernière lettre qu'il m'écrivait, peu de jours avant sa mort, en m'envoyant son livre, témoignait que ce dissentiment, d'abord si profond et portant sur tant d'objets divers, ne tenait presque plus qu'à un seul point: l'origine propre de la nation étrusque, qui restera toujours, dans les circonstances de la narration d'Hérodote, un problème historique; mais qui, envisagée à part de ces circonstances, dans le fait même d'une émigration de peuples asiatiques combinée avec des éléments de population locale et indigène, deviendra de plus en plus une vérité positive, telle qu'elle ressort partout des monuments publiés en dernier lieu par M. Micali. La perte de ce savant, dont j'avais été longtemps l'adversaire et qui était devenu mon ami, me prive donc, je le répète, d'une bien douce satisfaction, celle de lui rendre, à la fin de sa laborieuse carrière, le juste hommage qu'il méritait. Mais, en l'offrant à sa mémoire, je tâcherai du moins qu'il soit le moins indigne d'elle et de la science qu'il me sera possible.

Je suivrai, dans le compte que je vais rendre à mes lecteurs du recueil de monuments inédits de M. Micali, l'ordre dans lequel il les a rangés lui-même, et qui ne paraît pourtant tenir à aucune vue systématique. Et d'abord, sur ce titre même de monuments inédits, dont l'exactitude a été contestée, je dois dire que, bien que quelques-uns de ces monuments, en très-petit nombre, eussent reçu une publication antérieure de quelques mois à celle de M. Micali1, ils n'en étaient pas moins réellement inédits à l'époque où il s'en occupait, et que la masse peu près entière des monuments qui forment le recueil de M. Micali est véritablement inédite, et consiste, en grande partie, en objets d'antiquité, d'une découverte toute récente, d'un caractère neuf et d'une importance réelle; c'est ce que démontrera l'analyse que j'en donnerai.

à

1 Tels que la grande lampe de Cortone, pl. 1x et x, publiée dans les Monum. dell' Instit. Archeol. t. III, tav. XLI, XLII, et le bas-relief en pierre de Chiusi, pl. xxII, publié parmi les monuments à l'appui de l'ouvrage de feu M. Abeken, Mittelitalien, etc. (Stuttgard, 1843, in-8°), taf. VII.

Quant à la manière dont l'auteur rend compte de ces monuments, ou au texte explicatif dont il les accompagne et qui remplit tout un volume, disons aussi d'abord que ce n'est point un travail proprement archéologique, qui ait pour but l'explication de ces divers objets d'antiquité envisagés dans leurs moindres détails. M. Micali abandonne cette tâche à l'antiquaire de profession, et ne s'attache à voir, dans les monuments qu'il publie, que les traits principaux qui tiennent au génie des peuples, et qui portent l'empreinte plus ou moins sensible de leur caractère national. Sous ce rapport, les aperçus de l'auteur sont généralement d'une grande sagacité; les indices de conformité qu'il relève entre les systèmes de civilisation étrangère et celui des Étrusques offrent surtout ce mérite à un degré véritablement très-remarquable, et ce résultat, joint à la valeur même de ces monuments inédits, couronne d'une manière trèshonorable l'utile et laborieuse carrière de M. Micali.

Les trois premières planches de ce recueil présentent un choix de monuments pris dans l'antiquité asiatique et égyptienne, en offrant des types figurés en rapport avec le système de croyances religieuses de ces peuples, qui se retrouvent, avec des modifications de formes plus ou moins sensibles, sur les monuments étrusques, de la plus haute époque et de l'originalité la moins douteuse. La notion capitale que l'auteur s'était proposé d'établir, à l'aide de ces monuments, c'était celle de l'influence que la civilisation asiatique dut exercer sur le principe de la civilisation étrusque, et, pour mettre cette notion en évidence, notre auteur offre d'abord un choix de cylindres, sceaux et scarabées, de travail assyrien, persépolitain et phénicien, réunis dans sa première planche, et rapprochés de pierres, d'usage semblable, offrant des images analogues, et appartenant à l'art étrusque, Ce rapprochement est effectivement le meilleur moyen de rendre sensible à l'intelligence, comme aux yeux, le fait indubitable de ces rapports de doctrines, dont la preuve historique nous échappe, et dont l'explication la plus plausible se trouve certainement dans des communications de peuple à peuple, qui ne purent avoir lieu qu'à une haute époque de l'histoire du genre humain. L'idée générale qui ressort de tous ces monuments est celle de la lutte entre les deux principes du bien et du mal, qui forma le dogme fondamental des religions asiatiques, et qui se retrouve, sous toutes les formes, dans leurs divers systèmes théologiques, comme sur les monuments qui en étaient les expressions figurées; cette idée s'exprimait au moyen d'un groupe symbolique d'un personnage, représentant du bon principe, ou génie du bien, combattant contre un animal, créature du mauvais principe, ou génie du mal; et c'est là une image si souvent

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