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tacher tous les mythes où paraît un héros divin, tel que l'Hercule phénicien ou grec, luttant contre les ténèbres, les mauvais esprits, les géans et les monstres; et, quand il a dompté tous ces ennemis, célébrant dans la victoire son apothéose. Vichnou, dans ses principales incarnations, le Dschemschid de la Perse, le Bélus de l'Assyrie, l'Horus égyptien et l'Odin du Nord, se présentent sous ces nobles traits.

Enfin s'ouvre la quatrième période. L'héroïsme et l'élan moral de la jeunesse s'étant donné carrière, la prudence et la réflexion de l'âge mûr réclament aussi leurs droits. Du milieu des forts s'élèvent les sages, qui fondent un nouvel empire régi par des lois nouvelles. L'homme découvre en lui-même un nouvel organe, au moyen duquel un monde tout nouveau se développe à ses regards. Jusqu'ici l'univers lui avait apparu sous la forme d'une grande opposition, d'abord des deux sexes, de la vie et de la mort, et, par un premier progrès, du bien et du mal : maintenant éclate une troisième et plus profonde antinomie. Long-temps toute vie fut considérée comme matière, et toute matière comme vivante; puis la vie et la matière se séparèrent insensiblement l'une de l'autre, on distingua une matière grossière et visible, une matière subtile et invisible; enfin l'élément spirituel et l'élément matériel firent entre eux un divorce complet, la matière fut déclarée morte, l'esprit seul vivant. Cette antinomie, ouvrage de la plus haute abstraction, s'identifie d'abord avec l'opposition morale; la matière est regardée comme résidant essentiellement dans le mal, et l'esprit dans le bien par un dernier effort, l'esprit et la matière sont de nouveau rattachés l'un à l'autre, et la prééminence de celui-là fut proclamée dans toutes les sphères. C'est dans cette quatrième période que s'est développée la doctrine des esprits ou la dé- · monologie tout entière. L'abstraction commença par séparer des formes de la nature le principe intérieur qui les anime; passant aux élémens, elle en fit de même ; généralisant encore, elle découvrit dans le monde une âme universelle qu'elle distingua de lui, jusqu'à ce qu'enfin vint le christianisme qui établit son règne au faîte de toutes les abstractions. L'astrologie,

dont les profondes racines tiennent à la première époque, prit son développement de concert avec cette vue nouvelle du monde, ainsi que la métempsychose, qui nous montre l'intelligence descendant par des degrés infinis jusque dans la matière, pour remonter ensuite non moins péniblement au rang supérieur dont elle était déchue. Tous ces prophètes et tous ces sages mythiques nés parmi les hommes pour les instruire et les rendre meilleurs, Brahmâ, Menou, son fils, et les antiques Mounis, Crichna, Bouddha, Zoroastre, Thoth-Hermès, Minos, Teutatès, etc., caractérisent cette quatrième époque dont ils formèrent l'esprit '. (J. D. G.)

Note 2 (chap. II, p. 16).

§ 1. « Ceux qui parlent des choses divines au moyen de signes sensibles (intuitivement) s'expriment ou en symboles et en mythes, ou en figures (en simples images). Mais ceux qui énoucent leurs pensées sans voiles le font ou par la méthode scientifique, ou par une inspiration des dieux. L'exposition des choses divines par la voie des symboles est orphique, et propre en général aux auteurs des théomythies; celle qui se sert de figures est pythagoricienne. (Proclus in Theolog. Platon., I, 4, 9.)

Ainsi donc, au langage intuitif qui emploie des signes sensibles (dus, Tò indexTixón), est opposé le langage sans voiles (añaрaxaλúxas); et en effet les signes sont des images, des

Gærres, Mythengeschichte der asiatischen Welt, I, 16-31. P. On peut comparer cette théorie avec celle qu'a publiée M. Fr. Schlegel, dans le second livre de son ouvrage allemand sur la langue et la sagesse des Hindous, p. 89 sqq. Sans entrer ici dans l'examen, que nous touchons ailleurs (Discours prélim., III), des bases de ces deux systèmes opposés en grande partie, nous renvoyons le lecteur à notre développement de la religion de l'Inde (liv. I, chap. 2-5, principalement pag. 170 sqq., 212 sqq., 240 sqq., 258 sqq., 265 sqq., 294 sqq.), ainsi qu'aux notes 4 sur le liv. I, 4 sur le liv. II, etc., ci-après, et à l'exposition tout entière de la religion de l'Égypte (1. III, passim) par M. Creuzer. (J. D. G.)

formes, des voiles (wapansтáoμarα, wроxañóμμαтα) à travers lesquels nous apercevons ce qui ne tombe pas immédiatement sous les sens. D'autres auteurs se servent d'autres expressions pour désigner l'une ou l'autre méthode d'instruire : l'intuitive appelée encore, d'un nom qui rassemble toutes ses branches diverses, compositions (ovvμara)', a pour contraire la discursive (diodes, dugodius), comme qui dirait celle qui prend la grande route, la méthode du raisonnement. Voilà comment l'art même qui consiste à se passer de figures reçut une dénomination figurée, et qui plus est, ce fut un mythe que l'on chargea d'immortaliser l'origine du langage discursif ou logique, avec celle de l'écriture alphabétique, sa sœur 2.

La méthode d'intuition, suivant Proclus, a deux subdivisions, les symboles et les mythes d'un côté, de l'autre les figures; ceux-là propres aux Orphiques, celles-ci aux Pythagoriciens. Par ces dernières, il entend les figures mathématiques, au moyen desquelles Pythagore construisait les idées dans l'espace ce philosophe avait transporté aux choses divines les figures (oxiμara) et les nombres (apoús); il s'en servait comme d'images et de signes pour exprimer ses dogmes. Ces figures doivent être distinguées des locutions symboliques

1 Cette intuition est en effet une véritable synthèse, et la première de toutes : l'institution en est rapportée à la nature, aux dieux, qui se révèlent et révèlent toutes choses par des symboles (διὰ συμβόλων, διὰ συνθημάτων); l'homme possède une faculté analogue ( σúvßesty ), et son esprit conçoit symboliquement ce qui lui est présenté sous la forme symbolique (Jam→ blich. de Myster., VII, 1; III, 15). Un autre auteur, parlant des mythes qui sont, suivant lui, le langage des dieux comme celui des hommes, dit que le monde entier n'est autre chose qu'un grand mythe. (Sallust., de Diis et Mundo, cap. 3, p. 8, ibi Orellius, p. 77. Cet éditeur me paraît changer fort mal à propos le cúvôɛot de Jamblique en σúveσty, dans le seconde passage cité.) (J. D. G.)

2 Simplic. cité dans le texte, ubi sup. Sallust., cap. 3. Jamblich., de Myster., I, 21. Plotin., Ennead. V, 8, 6. Clem. Alex. Stromat. IV, 25. Suidas, v. Équñs. Eudoc. Violar., p. 159 in Villoison. Anecdot. Conf. Herodot., II, 126.

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et des symboles parlés én usage chez les Pythagoriciens. Voyez le texte, chap. III, p. 51 sqq.

Attachons-nous maintenant à l'exposition intuitive, qui concerne particulièrement notre objet, et voyons quelles justes idées les anciens attachaient aux mots par lesquels ils désignaient ses différentes branches que nous ramènerons à deux principales, le symbole et le mythe.

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§ 2. Le sens primitif, l'idée la plus simple du mot symbole, c'est une chose composée de deux 1. De là vient que les deux moitiés d'une tablette brisée par deux personnes qui contractaient ensemble un lien d'hospitalité, conformément à l'antiqué usage, s'appelaient des symboles (róubora, combinaia, tessera hospitales), et ces symboles étaient soigneusement gardés par chacune des parties comme un gage de leur mutuel contrat. Le mot s'étendit, par la suite, à tous les contrats, d'une nature quelconque, et s'appliqua successivement à tous les objets qui, pour les sanctionner, furent substitués au signe grossier des antiques alliances, dans le progrès des temps et de la civilisation. Peu à peu il en vint à désigner toute espèce de gage, par exemple, l'anneau que l'on déposait avant de prendre part à un banquet commun, et que l'on retirait ensuite en payant son écot: l'écot lui-même portait ce nom. Enfin tout signe de reconnaissance, tout mot d'ordre (tessera militaris), toute parole convenue, tout signal à la guerre (ovvýpara, wapaovdata); l'anneau nuptial, celui qui servait de sceau, et tout anneau, en général, furent appelés des symboles. Les mots

1 Platon. Sympos., c. 16, init. Aristot., de Generat. anim. I, 18.Pour bien comprendre toute la filiation des sens si nombreux de cúμboλov, il faut se reporter au verbe qui est la racine de ce mot : 1° ovμ¤áλ2ɛev, réunir, rassembler; 2° συμβάλλειν et συμβάλλεσθαι (avec le datif de la personne), rencontrer quelqu'un; se trouver, traiter avec quelqu'un, etc.; 3o comparer sa pensée avec un cas présent, tirer des conjectures (conjicere), chercher à pénétrer quelque chose d'énigmatique. Voy. les développemens de ce dernier seus dans les Commentat. Herodot., I, cap. 2, § 23, P. 302 sqq.

tra, opsior, chez les Grecs, et signum, chez les Latins, sont employés comme analogues'.

En effet, l'idée de symbole se confond avec celle de signe, dans le sens le plus général. Bientôt même symbole exprime le signe par opposition avec la chose signifiée, le mot comme signe de l'objet, l'image comme marque extérieure d'une action ou d'un sentiment. Toutes ces acceptions dérivent du sens le plus simple et le plus naturel de συμβάλλειν, d'ou vient σύμβολον. Mais ce verbé a d'autres significations, d'où le nom de symbole emprunte les sens plus élevés que nous allons parcourir.

Ici viennent d'abord se rattacher les signes ou avertissemens divins, objet de l'interprétation religieuse ou de la divination, (parrila), dont les uns ont rapport à l'oreille, les autres au regard. Aux premiers appartiennent les réponses des oracles (Xpropós), puis les sons ou bruits mystérieux de toute espèce (Qhun et kandór —örra, óμ¤ý, omina ex voce); aux autres les apparitions et les visions (quoμa, óupi, dans un autre sens), les prodiges (rígas, monstrum), enfin les symboles (rúμeConov), les signes, en général, qui tombent sous les yeux, qui ont quelque chose d'imprévu, de soudain, comme la rencontre inattendue d'une personne, les éclairs et météores semblables, le vol des oiseaux et tous les augures proprement dits 2.

Ce nouvel ordre d'idées est caractérisé par les accessoires

Isidor., Etymol. V, 24, ed. Areval. Interpret, ad Lucian. Asin., tom. VI, p. 466 Bip. Photius, Lex. gr. Scholia et Heindorf ad Platon. Gorg., p. 127. Creuzer ad calcem Plotini de pulcr., p. 115. Demosth., de Halones., p. 70. Oudendorp ad Thom. Magist., p. 818. Diogen. Laert., X, 150, ib. Kuhn. —Athenæus, III, 86, ib. Casaub., tom. II, p. 320, Schw.- Xenoph., Cyrop. IV, 1, 45, ib. Fischer. Casaub. ad Theophr. Charact., VI, p. 87. Plin. H. N. XXXIII, i, 4.

2 Sext. Empir., adv. Mathem. VIII, p. 475, Fabric. Budæi Comm. ling. gr., p. 867, 523 Ascens., Callimach., fragm. CIII, coll. CXXII. Plutarch., præcept, conjugal., p. 548, Wytt.-Ruhnk., ad Tim. Lexic. Plat. v. étta. Xenoph. Memor., I, 1, 3. Boissonad., ad Philost. Heroic., p. 2, p. 280. Wyttenb., ad Julian., p. 158, ed. Lips. Æschyl. Prometh., 487, Schütz. Aristophan., Av. 720. Spanheim, ad Callim. in Pallad., 123.

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