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atteste la haute antiquité. De ce genre paraissent être les restes de la ville de Bamiam dans la Perse orientale, au royaume de Caboul, dont la tradition fait des temples de Bouddha. En effet, d'immenses temples - grottes remplissent la vaste enceinte de cette ville qui s'appelle en sanscrit Vami-Nagari, la Belle-Cité, et dont les ruines ont été comparées à celles de Thèbes d'Égypte. On y remarque, entre autres merveilles, deux énormes statues taillées dans le roc et qui y tiennent par le dos, l'une mâle, l'autre femelle; la première ayant vingt, la seconde quatorze aunes de hauteur. Là se trouve encore un vaste temple souterrain. Ces monumens, d'après les recherches les plus récentes, paraissent être d'origine hindoue et bien antérieurs à tout ce qui nous reste des Perses'.

La seconde classe renferme les monumens situés dans le territoire de l'Indus, et d'abord ceux que montre la côte occidentale de la Péninsule. Ils appartiennent, dit-on, à la période du sivaïsme, et ce sont principalement les grottes de Kenneri, à Salsette, et d'Éléphanta, non loin de Bombay et des bouches. de l'Indus. Dans les cavernes de l'île de Salsette est une espèce de ville creusée dans le roc et formée de grottes grandes et petites, chacune munie d'un puits: on y reconnaît visiblement les habitations privées qui environnaient les temples et rent servir de résidence à d'antiques castes sacerdotales. Mais depuis long-temps tout est abandonné, et ces grottes innombrables, jadis si peuplées, maintenant couvertes d'épaisses forêts, n'ont plus d'autres habitans que les tigres et les animaux féroces de toute espèce qui en rendent l'accès fort périlleux. Du reste, tout y témoigne en faveur de la haute antiquité du culte de Siva; partout on voit la figure de ce dieu et celles de

Voy. Wilford dans les Asiatic Research., tom. VI, p. 462 sqq.; Elphinstone, Account of Cabul, p. 153, 318, 487; et l'excellente dissertation de Hoeck, veteris Persiæ et Mediæ Monum., Gotting., 1818, p. 176-185. — Il est remarquable qu'une troisième statue, beaucoup plus petite, se trouve à quelque distance des deux grandes, et que, d'après la tradition, dans l'antre souterrain est un tombeau renfermant un corps miraculeusement conservé. (J. D. G.)

ses enfans, partout les attributs propres au sivaïsme, des géans, des taureaux, des lotus, et le lingam reproduit sous mille formes différentes. On croit y reconnaître çà et là d'assez grandes ressemblances avec les bas-reliefs égyptiens '.

Suivent les monumens qui paraissent se rattacher à la période subséquente, celle du vichnouïsme, tels que les fameuses grottes d'Ellora dans le Décan, à quelque distance d'Aurengabad, toujours sur la côte occidentale. Elles offrent une représentation architectonique et plastique des Pouranas, et surtout du Ramayan: c'est le sivaïsme réformé et faisant peu à peu place au culte de Vichnou, qui se dégage successivement de l'ancien culte dont il est encore mélangé.

Sur la côte orientale de la presqu'île, Jagernat ou Djagannatha et Mavalipouram appellent notre attention. La première de ces villes est située auprès de la mer, dans le voisinage de Calcutta ; il s'y trouve plusieurs pagodes célèbres par les grands pèlerinages qui viennent aujourd'hui encore les visiter et les enrichir; les sculptures que l'on y voit sont relatives au culte de Vichnou ou de Crichna 2. Mais les monumens les plus considérables de l'architecture des Hindous, après ceux d'Ellora, ce sont les Sept-Pagodes, comme on les nomme, ou les ruines de antique cité de Mavalipouram, peut-être la Maliarpha de Ptolémée, sur la côte de Coromandel, en face de Ceylan 3. Ces

1 Foy, les Voyages d'Anquetil du Perron et de Sonnerat, de Niebuhr qui, le premier, a dessiné avec exactitude les monumens d'Éléphanta (Reise, B. II, p. 32 sqq., et les pl. III-XI); pour ceux de Salsette, et pour les suivans en général, A comparative View, etc., by R. Gough, Lond. 1785; lord Valentia, Travels to India, Lond., 1808; lady Graham, Journal, etc., Edinb., 1810; Hindoos Excavations in the mountain of Ellora, by Daniell, Lond., 1804 sqq., fol., coll. Asiat. Res., t. VI, p. 389 sqq., et la pl. ibid.; et surtout le grand ouvrage de M. Langlès, Monumens de l'Hindoustan, Paris, 1813-1821, 2 vol. in-fol.

2 Voy. le texte, p. 209 et note 2 ibid.

3 Voy. Campbell, dans les Rech. Asiat,, en fr., t. I, p. 87 sqq.; Goldingham, Asiat. Res., t. V, p. 69 sqq.; et les collections des frères Daniell et de M. Langlès.

(J. D. G.)

monstrueux édifices, au dire des Brahmanes, datent d'une époque antérieure au Kali-youga, et de près de cinq mille ans la ville à laquelle ils appartenaient fut, ajoute-t-on, le siége du grand Bali, qui soumit à sa domination une grande partie de l'Orient ; et de là son vrai nom, Mahabalipouram. On y remarque des caractères qui n'ont point encore été déchiffrés, des représentations tirées des mythes du sivaïsme, telles, par exemple, qu'une figure de Siva assis sur le bœuf Nandi et tenant dans ses mains les images de Brahmâ, de Vichnou et de Parvati : d'autres scènes sont empruntées du Mahabharat; ce sont des bas-reliefs dont est couvert un mur entier de soixante-douze pieds de long, taillé dans le roc vif2.

Il n'y a pas moins d'obscurités et de contradictions sur l'époque de tous ces monumens de l'architecture et de la sculpture des Hindous, que sur celle des chefs-d'œuvre de leur littérature. En général, les traditions rejettent l'une et l'autre époquedans les âges fabuleux, et attribuent la plupart de ces grands ouvrages à des êtres supérieurs revêtus de forces et de facultés célestes, tels que Viswakarma, l'artisan des dieux. Du reste, il serait prématuré, dans l'état de nos connaissances, de chercher à établir aucune discussion suivie sur ce point 3. Quant

Conf. le texte, p. 162 note; p. 187 et la note.

2 A Mavalipouram comme à Jagrenat, les cultes de Siva et de Vichnou, particulièrement dans son incarnation de Crichna, paraissent avoir été associés l'un à l'autre. Voy., outre les passages auxquels renvoient les notes précédentes, les réflexions qui terminent le chap. 3 du liv. I; elles pourront jeter quelque lumière sur ce point: Conf. chap. 1, p. 141 sq.; et ci-après, la note 8 s. c. 1., ad fin. (J. D. G.)

3 Nous rapprocherons toutefois ici l'opinion de Gœrres, suivie par M. Creuzer, et celle de Heeren, dont nous préférons la circonspection, sur la chronologie tant des livres que des monumens. Gorres (Mythengesch., p. 188 sqq.), d'après Holwell et Alex. Dow, sources assez suspectes, reporte les Védas à 5000 ans de nons (et non pas de notre ère, ainsi que paraît l'avoir entendu notre auteur, p. 140 du texte); il place les Augas 1000, et les Oupavédas avec les Oupangas 1500 ans plus tard: les Pouranas tombent, par conséquent, selon lui et

à l'origine et au caractère religieux des anciens temples de l'Inde, voici ce qu'on en peut dire avec quelque vraisemblance.

Une montagne sainte, le Mérou, était à la fois pour ces peu-'

M. Creuzer, dans le seizième siècle avant J.-C. Gorres rattache indistinctement à la même époque, ou aux siècles qui la suivent immédiatement jusque vers le treizième, les grands poëmes épiques et le Code de Menou: Creuzer place le Ramayan et le Mahabharat avant, et le Manava-Sastra après 1200; le reste vient ensuite, sans exacte détermination. Heeren (1. c., p. 413 sqq., 544 sqq.), d'après les savans anglais de Calcutta, se fondant sur les caractères intrinsèques des livres et principalement de la langue dans laquelle ils sont écrits, reconnaît la haute antiquité de la littérature indienne et la priorité des Védas : du reste, il n'essaie point d'en assigner la date, et se contente de rapporter avec Colebrooke au quatorzième siècle avant notre ère, le calendrier annexé à l'Yadjour-Véda. Après les Védas, il met les lois de Menou qui les supposent et s'y lient étroitement: W. Jones, sur des motifs assez faibles, place ce dernier ouvrage entre 1300 et 900. Plusieurs systèmes de philosophie, les Commentaires des Védas, les Oupavėdas, etc., sont antérieurs à la dernière rédaction du célèbre Code. Telle est la première période, qui comprend une partie de la littérature scientifique avec les monumens les plus anciens et les plus sacrés de la religion. La seconde période est celle des poëmes épiques et des Pouranas, qui en sont dérivés pour la plupart : ici se développent de concert la poésie et la religion populaire, l'art et la civilisation de l'Inde en général. Mais les Pouranas sont des compilations plus ou moins récentes de morceaux d'âges fort divers, et il se pourrait que quelquesuns d'entre eux fussent postérieurs à notre ère, tandis que le Ramayan et le Mahabharat remontent certainement fort au-delà. La troisième période, ou la période de Vikramaditya, qui commence environ 100 ans avant J.-C., vit s'opérer les rédactions actuelles d'un grand nombre d'ouvrages, et fleurir la poésie dramatique : c'est l'époque de la plus haute perfection de la langue. Une quatrième et dernière période embrasse les temps du moyen âge où doivent être rapportés beaucoup d'écrits et de compilations principalement scientifiques. Quant aux époques relatives des monumens, c'est-à-dire des temples, c'est encore d'après Gorres (p. 560 sqq., note), que M. Creuzer en subordonne la suite à la succession des époques qu'il a distinguées avec le même savant dans l'histoire de la religion. M. Heeren (p. 309 sqq.) prend une marche différente : considérant les monumens en eux-mêmes, il les classe chronologiquement d'après leur nature et le pro

ples le foyer de toutes choses, le berceau de la religion et le séjour chéri des dieux. C'est là que, selon eux, s'était révélé le grand mystère de la vie; c'est de là, en effet, que descendent les fleuves bienfaisans sans lesquels le nord de l'Inde et le Bengale ne seraient qu'un désert; c'est encore là que se trouve l'or, dont l'éclat resplendit dans les plus vieilles traditions de ces contrées. Ces enfans de la nature, mus par un irrésistible penchant à l'imitation, et se représentant le mont sacré qui semble flotter au-dessus des eaux, imaginèrent de le reproduire de leurs propres mains avec les dieux qui l'habitent. Pour cela, ils métamorphosèrent les montagnes en temples, creusant dans l'intérieur, agrandissant les grottes naturelles, et couvrant leurs parois de symboles religieux et d'innom

grès qui se remarque dans leur construction, et c'est de cette classification même qu'il déduit par corollaire le développement successif et les époques de la religion. Les trois classes qu'il établit sont, 1o les templesgrottes creusés sous terre dans les profondeurs des montagnes; 2o les temples creusés et sculptés dans les rochers, à fleur de terre, ou les montagnes entières transformées en édifices, souvent encore avec des constructions souterraines; 3° les édifices proprement dits. Les grottes d'Éléphanta, de Salsette, de Carli, rentrent, avec celles d'Ellora, dans la première classe : mais là paraît dominer le culte de Siva, et nombre de sculptures attestent la coexistence de celui de Bouddha; ici rien ne rappelle Bouddha, et les cultes de Siva et de Vichnou se montrent l'un à côté de l'autre. Il en est de même pour les constructions de la seconde classe, telles que les Sept-Pagodes. La troisième classe est la plus nombreuse et offre une grande variété : les plus anciens édifices qui s'y rapportent sont de forme pyramidale, comme les pagodes de Déogour, de Tanjaour, de Ramiseram ou Rameswara, de Jagernat, etc.; la plupart semblent appartenir au culte de Siva. M. Heeren fait voir que tous ces monumens se composent de constructions successives, qui n'ont pu être achevées qu'en un grand nombre d'années et datent souvent d'époques très-différentes : il pense d'ailleurs que, sans prendre à la lettre les exagérations mythologiques des Brahmanes qui font remonter à 7894 ans, par exemple, les grottes d'Ellora, on ne doit pas plus de foi aux assertions sans preuves des Mahometans qui ne leur donnent que 900 ans d'existence (p. 336 sq., 347 sq., note). (J. D. G.)

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