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hypothèse nouvelle et, il faut le dire, beaucoup plus philosophique que la plupart des précédentes : c'est qu'indépendamment de la source unique à laquelle toutes les sectes rapportent également leurs systèmes divers (les textes sacrés des Védas), ces sectes ont eu jadis, au moins les deux principales, celles de Vichnou et de Siva, peut-être même celle de Bouddha, un centre et comme un foyer commun avec le culte de Brahmâ dans un vaste système à la fois sacerdotal et populaire, où chacun de ces grands symboles retrouverait sa place, son rapport réel avec les autres, et son sens primitif. Nous avons fait pressentir dans plus d'un passage du texte (principalement p. 139 et 143) notre prédilection pour cette théorie, tout en soumettant nos développemens à celle dont les bases nous avaient été données, soit par M. Creuzer, soit par les écrivains auxquels lui-même l'avait empruntée : ce n'a pas été sans une vive satisfaction que nons avons découvert une ébauche assez grande, quoique bien imparfaite encore, de la première, dans l'ouvrage récent de M. Niklas Müller'; il est fâcheux que les idées de cet auteur ingénieux et savant ne soient pas, ce nous semble, assez mûries encore, pour qu'il ait pu donner à son exposition du brahmanisme cette suite régulière et cet enchaînement facile qui produisent la lumière, à son style cette simplicité et cette clarté qui la font aimer. Du reste, comme l'a fort bien senti M. N. Müller, même dans cet antique catholicisme de l'Inde dût avoir lieu la distinction des deux doctrines, et les légendes aussi bien que les cérémonies populaires avaient un sens profond dont la théologie métaphysique des Brahmanes possédait seule la clef. Delà vint que les symboles

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1 Glauben, Wissen und Kunst der alten Hindus, etc., 1er Band, Mainz, 1822. Les planches jointes à ce volume et accompagnées d'une explication fort développée, où la connaissance approfondie de l'art le dispute à la plus vaste érudition mythologique, nous ont été d'un grand secours, comme l'on peut s'en assurer en jetant les yeux sur notre vol. IV, sect. Ire.

› Ouvrage cité, p. 82 sqq.

primitifs se développant en mythes, la théologie finit par se transformer en mythologie; mais le lien qui les unissait toutes deux ne fut jamais entièrement rompu, et même quand les sectes philosophiques ou religieuses eurent commencé à s'engendrer les unes des autres, l'unité primitive ne fut brisée qu'à demi: elle subsista toujours plus ou moins dans la doctrine des prètres, dans les Védas, sur lesquels s'appuyaient tous les sectaires, et qui long-temps peut-être, suivant pas à pas le cours du temps, se grossirent des spéculations théologiques des différentes sectes, afin de les rattacher ainsi plus sûrement à la souche commune. Mais ce ne sont là encore que des conjectures, et nous pensons, avec A. W. de Schlegel, qu'une étude des originaux plus étendue, plus exacte et plus approfondie qu'on n'a pu la faire jusqu'ici, une comparaison suivie de leurs textes avec les représentations symboliques des monumens de l'art, enfin une critique plus haute, plus impartiale, plus exempte de préjugés, d'esprit de système ou d'enthousiasme qu'on ne la trouve dans presque tous les écrits publiés jusqu'à ce jour, peuvent seules conduire à des résultats vraiment importans sur toutes ces questions '. (J. D. G.)

1 Indische Bibliothek, I, p. 28 sq. Nous avons fait et nous avons dù, dans notre dessein, faire un emploi beaucoup plus étendu des ouvrages allemands que des ouvrages anglais, , pour notre travail sur la religion de l'Inde. Ces derniers sont cependant d'une haute importance, bien que composés la plupart dans un point de vue étroit et dans un esprit peu philosophique. La route tracée par W. Jones, par Robertson', par le savant Maurice, a été abandonnée de bonne heure en Angleterre, et les missionnaires chrétiens n'ont pas peu contribué, par les tableaux souvent chargés qu'ils ont faits de l'état moral et religieux des Hindous de nos jours, à répandre une foule d'idées fausses sur l'antique religion de ce peuple. Abraham Roger, dans le dix-septième siècle, et Sonnerat, dans le dix-huitième, avaient montré plus de jugement, plus d'impartialité, un sens plus droit et plus élevé que n'en ont montré dans ces derniers temps le rév. W. Ward (A Wiew of the History, Litterature and Religion of the Hindoos, etc., 3d edit. Lond., 1817) et quelques autres. — Conf., sur ce sujet, outre les nombreux écrits de l'abbé Dubois, Remmohon Roy,

Note 5 (chap. II, p. 152 sqq.; IV, 242 sq., 245, 251, etc.)

Quoique les Védas soient certainement les plus anciens livres sacrés de l'Inde, il ne faudrait pas croire que toutes les parties de ces livres et de la doctrine qui s'y trouve développée, remontent à une seule et même époque. Le caractère commun qui s'y montre partout, c'est la tendance à l'unité mais quelle différence dans la manière de la concevoir, et quels symptómes frappans d'un long travail de l'esprit humain, débutant dans les Mantras du Rig-Véda par tout rapporter aux astres, aux élémens, à un élément ou à un astre unique, et finissant dans la plupart des Oupanichads par tout absorber dans l'esprit, dans l'intelligence, dans l'Être qui est la raison de tout et qui seul subsiste par lui-même! Les passages que nous avons reproduits (p. 152), d'après M. Creuzer, sont principalement empruntés du Sama-Véda (Ch'handogya-Oupanichad, appelé Tchehandouk dans la collection d'Anquetil: voy. Oupnekhat I, passim, tom. 1er; conf. Colebrooke dans les Asiatic Res., tom. VIII, p. 462 sqq.), et ils appartiennent à ce dernier progrès : aussi avons-nous cru devoir, dans les pages suivantes (153-155), ramener ce haut développement philosophique à son origine, en précisant son caractère primitif et en indiquant son point de contact avec la croyance populaire. Les morceaux que nous allons citer, montreront assez par euxmêmes combien est fondée en fait cette progression d'idées que nous reconnaissons dans les Védas : du reste, nous nous référons au chapitre V, art. I, et à la note 13 ci-après, pour l'exposition formelle de la philosophie Védanta et de la doctrine contenue dans les Oupanichads.

Brahmane, dans le Monthly Magazine, juni 1817, p. 391-398; le recueil intitulé: Essays relative to the habits, character and moral improvement of the Hindoos, Lond., 1823; et les sages réflexions d'A. W. de Schlegel, dans sa Bibliothèque Indienne, ubi sup., p. 34 sqq. Nous devons beaucoup encore au bel ouvrage d'E. Moor, Hindu Pantheon, Lond., 1810.

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Voici d'abord deux hymnes adressés au soleil, qui peuvent être regardés comme la profession de foi des Brahmanes; l'un d'eux renferme la Gayatri ou la Savitri, formule mystique et fameuse, la mère, la bouche et la plus pure substance des Védas, disent les Hindous:

« Ce nouvel et excellent éloge de toi, ô source de lumière et de joie, divin soleil (Pouchan), nous te l'offrons! Reçois avec bonté cette prière que je t'adresse! approche de cette âme qui a soif de toi, qui te recherche, comme un homme ivre de passion recherche une femme. Puisse ce soleil divin, qui contemple et pénètre tous les mondes, nous accorder sa protection! »

«OH! MÉDITONS, MÉDITONS SUR LA LUMIÈRE ADORABLE DU DIVIN RÉGULATEUR (Savitri)! puisse-t-il guider notre entendement! Affamés du pain de vie, nous implorons les dons de ce resplendissant soleil, qui doit être adoré avec une ardente piété. Hommes vénérables, guidés par l'intelligence, saluez ce divin soleil avec des oblations et des louanges! 1

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Traduit, ainsi que les morceaux subséquens, d'après l'anglais de Colebrooke, mémoire cité, Asiat. Res., VIII, p. 400.-Conf. VII, p. 259, note, et le développement de la Gayatri dans les Extracts from the Vedas de W. Jones, Works, vol. XIII, p. 367 sqq., éd. in-8°; add. Rech. Asiat. en fr., tom. Ier, p. 392. C'est une double question de savoir: 1o si la Gayatri et la Savitri sont deux prières différentes, ou seulement deux noms différens de la même prière? 2o si Savitri, nom du soleil, au masculin, est toujours distinct de Savitri, nom féminin de la prière an soleil; ou si le soleil, s'identifiant avec cette prière qui lui est adressée, n'est pas quelquefois considéré comme féminin? Quant à la première question, la Savitri nous paraît être ou complétement identique avec la Gayatri, on susceptible d'être distinguée de celle-ci, seulement en ce qu'elle la renferme, étant l'hymne entier dont la Gayatri n'est que le début, et où le nom du soleil, Savitri, se trouve répété une seconde et une troisième fois. Pour la seconde question, Savitri (la 1re et la 3o brèves), le soleil, nominatif Savita, au masculin, se distingue parfaitement de Savitri (la 1re et la 3o longues), féminin, la prière au soleil; et de plus, la déesse Ouma, la mère, épithète de Lakchmi: Savitri (fém.) doit être la In

La prière suivante porte un caractère beaucoup plus symbolique; elle s'adresse au chien (céleste), gardien d'une demeure (le zodiaque), dont le maître est Varouna, génie de l'eau, identifié avec la Lune qui a sa part dans cette invocation. Vasichtha, dit la légende placée au devant de l'hymne, venant de nuit dans la demeure de Varouna, fut assailli par le chien de la maison; alors il fit cette prière ou cette incantation pour endormir le vigilant animal :

« Gardien de ce séjour, sois-nous ami! Fais que cette demeure nous soit salutaire! Accorde-nous ce que nous implorons de toi! fais prospérer nos animaux bipèdes et quadrupèdes! Gardien de cette habitation, fais multiplier et nous et nos biens! O Lune, puisque tu nous es favorable, préserve-nous, avec nos vaches et nos chevaux, du dépérissement! Protège-nous comme un père protège ses enfans! Gardien de cette demeure, fais que nous soyons unis avec un séjour de bonheur, plein de délices et de mélodie, accordé par toi! Prends sous ta protection nos richesses et dans le présent et dans l'avenir; préserve-nous!»

Un passage emprunté de l'Index du Rig-Véda, d'après la Niroucta et les Védas eux-mêmes, sera à la fois le meilleur commentaire et le complément indispensable de ces textes antiques : « Il n'y a réellement que trois divinités, ayant pour demeures la terre, la région intermédiaire (l'atmosphère) et les cieux : ce sont le feu, l'air et le soleil. Leur pluralité est fondée sur les noms mystérieux 2; et Pradjapati, le maître des créa

que,

mière identifiée avec la prière ou formule sacrée, et regardée comme l'énergie (Sacti) du soleil Savitri (masc.) Il est vrai dans d'autres passages des Védas, Sourya prend lui-même le surnom de Savitri (fém.) et devient Sourya-Savitri, fille de Pradjapati, mariée à Soma, roi; en sorte qu'ici encore la lune mâle (Lunus) domine le soleil femelle: mais au fond l'un et l'autre ont les deux sexes. Voy. le texte, p. 251, 163; Colebrooke, ibid., P. 402; et le Dictionnaire de Wilson aux mots en question.

'Colebrooke, ibid., p. 401.

Bhour, Bhouvah, Swar, qui ne veulent dire autre chose que : la terre, l'air et les cieux ou Swargas; on appelle ces noms Vyahritis (Manava

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