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13. -- Observations sur les derniers numéros de la Revue

Monsieur le Président,

J'avais pris l'habitude d'écrire à notre regretté Monsieur Le Héricher les observations que me suggéraient les nos de la Revue. Il les accucillait favorablement, et ainsi je me passais la douce illusion de m'imaginer prendre part aux séances de notre chère Société. Permettez-moi de continuer avec vous ce passé, et de m'unir ainsi de loin aux travaux de nos Collègues.

Le n° 3 de la Revue de 1890, le dernier qui ait été rédigé par M. Le Héricher, porte à la page 182 la mention suivante : <«< Parmi les notabilités de notre pays, tombées dans l'oubli, il « faut citer M. de Monteille, avocat au Parlement de Nor« mandie, au commencement du XVIe siècle. » A cette notule on peut ajouter ces quelques détails: M. de Monteille ou Monteil devait être originaire de Saint-Pierre-Langers, où il possédait la ferme de la Rousserye et d'autres propriétés. Monteil est un village de cette commune, d'où il devait tirer son nom. J'ignore quel était son nom patronymique. Il était fort considéré au Parlement, et partageait son temps entre Rouen et sa terre de Mauny, voisine de cette ville. Il avait dû souffrir une attaque de paralysie; car il écrivait le 16 octobre 1729 à mon trisaïeul François Deschamps du Manoir: « Dieu me conserve la vie et » la santé qui, grâce à luy, n'est pas mauvaise. Il n'y a que mes » jambe et bras gauches sur lesquels il est resté de la faiblesse. » Il aurait eu une nièce religieuse, Mlle de la Rousserye, et il était en relations de parenté ou d'amitié avec Jacques Chenu, de Saint-Pierre-Langers, président des Traites et QuartBouillon.

Je suis heureux que ma communication sur la correspondance de Daniel Huet ait intéressé M. Gasté, professeur à la Faculté des Lettres de Caen, et qu'il ait envoyé un complément de renseignements sur ce sujet. Voilà un des grands avantages des Sociétés savantes. Par leur concours, les divers Membres corrigent ou complètent toutes les questions mises sur le tapis.

Le Journal d'Avranches du 6 octobre 1867 contient une nécrologie de Mme de Franqueville, née de Tesson, dont il est parlé dans le dernier numéro de la Revue, page 362.

Les curiosités médicales et quasi-médicales de notre VicePrésident, M. le Consul général Charles Philbert, trouvent un complément dans les Lettres de Mme de Sévigné. Sa voisine des Rochers, la Princesse de Tarente, fille d'un prince souverain d'Allemagne, peut-être par suite de l'ennui de sa solitude au Château - Madame de Vitré, ne songeait qu'à sa santé, et employait les remèdes les plus hétéroclites. Mme de Sévigné écrivait d'elle à sa fille, Mme de Grignan : « Elle est une espèce » de médecin; elle a fait son cours en Allemagne, où elle » m'assure qu'elle a fait des cures à peu près comme celles du Médecin malgré lui. » Tout en se moquant des drogues de la bonne Princesse, Mme de Sévigné payait son tribut aux superstitions médicales de son temps. Douée d'une constitution si vigoureuse, qu'elle disait en badinant qu'il était ridicule de se si bien porter, elle n'eut que deux maladies pendant sa longue carrière. La première fut un rhumatisme articulaire en 1676, à 50 ans, lequel lui enleva la jolie illusion de se croire immortelle, et la seconde, une plaie à la jambe en 1684, qui dura plusieurs mois, grâce sans doute aux traitements peu scientifiques successivement employés. A cette époque, des Capucins avaient été emmenés à Rennes par M. de Chaulnes, gouverneur de Bretagne. Ils avaient rapporté de leurs lointaines missions des connaissances médicales réelles; mais ils y mêlaient des pratiques populaires. Leur thérapeutique comprenait beaucoup de médicaments tombés en désuétude : l'essence d'émeraude, les bains d'herbes aromatiques, la poudre d'écrevisses, l'essence d'urine; toutefois, le codex a retenu le baume tranquille, inventé par l'un d'eux, le frère Tranquille Aignan, et composé d'une infusion de plantes narcotiques et aromatiques dans l'huile d'olives. Mme de Sévigné se rendit des Rochers à

Rennes pour les consulter, au mois d'avril 1685, et, le 29, elle écrivait à sa fille : « Je vais aux Rochers observer la contenance » de cette jambe, qui est présentement sans aucune plaie, ni ‣ enflure; elle est toute amollie; et, pour la figure, elle est >> entièrement comme sa compagne, qui depuis près de six mois » était sans pareille. La couleur n'est pas agréable; la lessive ne » la blanchit pas, ni l'eau d'arquebusade; il y a encore quelques » marques de fructus belli, qui dureront longtemps, mais ce » n'est que les places des feux qui sont passés. Je ne sais si c'est » la sympathie des petites herbes, qui me guérit à mesure » qu'elles pourrissent en terre. J'avais envie d'en rire; mais les » Capucins en font tous les jours des expériences; je voudrais » bien savoir ce qu'en dit Alliot. Je ne sais donc si c'est la céré» monie de ces petits enterrements deux fois le jour, ou si » c'est la lessive ou le baume; mais il est toujours vrai que je » n'ai point été comme je suis. » Ce traitement n'eut pas un succès complet; l'honneur en fut réservé aux remèdes doux de la Princesse de Tarente et d'une femme parfaitement habile qui les préparait à Vitré, et alla panser tous les jours la jambe de la châtelaine des Rochers. Il paraît que tous les médecins consultés s'étaient trompés sur la nature de ce mal, qui était un érysipèle. << Jusqu'à ce petit médecin, qui a nommé le mal, et commencé » les remèdes convenables, je ne faisais rien que pour animer, » que pour attirer, que pour mettre ma jambe en furie. » Lettre du 22 juillet 1685).

Veuillez, Monsieur le Président, agréer mes vœux pour les bonnes fêtes de Noël et la nouvelle année, et les faire agréer aux Membres de notre Accademia.

J. DESCHAMPS DU MANOIR,

Prélat domestique de Sa Sainteté.

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14. Ce qui frappe, tout d'abord, dans l'ouvrage sur Bréeey, de M. Victor Brunet, c'est son enthousiasme pour les d'Amphernet. Cet enthousiasme a conduit l'auteur à attribuer à cette famille, ce qui ne lui revient nullement. Il importait, pour la vérité, de relever ces erreurs, ce que nous avons fait dans la dernière Revue, pages 448 à 452.

15. La monographie de la paroisse de la Mancellière commence le tome XI des Mémoires qui sera tiré à trois cents exemplaires, de façon à pouvoir être envoyé directement et gratuitement à tous les membres titulaires, ce qui ne se faisait plus depuis longtemps par suite d'un tirage toujours insuffisant, économie mal entendue. Le tome X, par exemple, n'a été, à notre grand regret, tiré qu'à deux cents exemplaires.

16

I

RE

A Monsieur Arsène GARNIER

Comme un pieux iman se rendant à la Mecque,
Je monte, cher Arsène, à ta Bibliothèque.
Digne et respectueux, j'entre dans ce grand hall
Aux murs maroquinés, paisible Escurial
Où des siècles passés repose le génie,

Où dans son œuvre vit l'illustre colonie
Des penseurs, des rêveurs, des chercheurs d'idéal,
De tous ceux que poursuit la soif du mot final.
Ils sont là, sur les rangs, les anciens, les modernes,
Les savants de tout genre, enjoués, vifs ou ternes.
Depuis les vieux héros jusqu'aux nouveaux troupiers
Couronnés de lilas à défaut de lauriers,

Ces nobles pionniers nuit et jour s'y coudoient
Comme en un champ de blé tous les épis ondoient.

* **

Celui-ci nous raconte en belles strophes d'or
Les valeureux exploits et d'Achille et d'Hector,
Intéressant encore à cet âge héroïque

Nos cerveaux refroidis qui n'ont plus rien d'épique.

Celui-là, grave et doux, au long regard fervent,
Dont la lyre frémit comme la feuille au vent,
Sait arroser nos maux d'un confortant dictame,
Et ses accents émus font résonner notre âme.

Cet autre, plus lascif en ses épanchements,
Adore les doux jeux, s'enivre par moments

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