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Il n'est pas de peuple dans le monde qui ait plus que les Égyptiens cherché à transmettre son nom à la postérité. Ses monuments gigantesques sur terre et sous terre, ornés de sculptures, attestent sa grandeur, font connaître sa religion, et le montrent dans les différentes relations de la vie publique et privée.

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Aussi ses efforts furent-ils couronnés du plus heureux succès. Aujourd'hui qu'il a su plus que jamais captiver l'attention publique, il semble, en quelque sorte ressuscité, sortir pour nous tout vivant du sein des tombeaux.

Cependant, de toutes les antiquités celles des Égyptiens sont toujours les plus difficiles à expliquer, et nous cherchons même souvent en vain à pénétrer le sens énigmatique de leurs scènes figurées. Comme cela tient principalement à leur manière d'exprimer et de retracer les idées par écrit, il faut, avant tout, traiter ce sujet, et examiner ce qu'on a fait jusqu'à présent pour l'éclaircir.

Les témoignages des écrivains ainsi que les monuments prouvent suffisamment qu'il y eut en Égypte plusieurs espèces d'écriture. Hérodote distingue déja l'écriture sacrée de l'écriture populaire (1). On sentirait aisément que la première doit comprendre les hiéroglyphes, lors même que le monument de Rosette (qui offre les deux espèces ) ne viendrait le confirmer. Il s'ensuit en outre que si les deux genres d'écriture

(1) HÉRODOTE (II, 36) nomme la ypáμμata iɛpà et dŋpótixa. Zoëga (de Obeliscis, p. 428) a déja cherché à éta¬ blir que la première dénomination s'applique aux hiéroglyphes et non à l'écriture hiératique.

étaient usités du temps d'Hérodote, ils dataient nécessairement d'une époque plus reculée, et que par conséquent l'écriture vulgaire remonte aussi vers le siècle des Pharaons.

Cependant l'hiéroglyphe est ce qu'il y a de plus important pour la connaissance des antiquités égyptiennes, car sous l'empire des Pharaons, on s'en servait spécialement, ou plutôt exclusivement, pour les monuments publics. Aussi n'en a-t-on pas encore trouvé un seul de cette époque qui offrît la moindre trace d'autres ca

ractères.

Mais plus l'histoire de l'Égypte se lie aux monuments, plus il est nécessaire de bien s'entendre sur les hiéroglyphes, leur nature et leurs rapports avec d'autres espèces d'écriture.

S'il faut convenir que depuis Kircher, Jablonsky et autres, les essais pour interpréter l'écriture hiéroglyphique ne nous ont pas manqué, nous sommes d'un autre côté obligé d'avouer avec le savant Zoëga, qui a consacré une partie de sa vie à l'étude des antiquités de l'Égypte, et surtout des obélisques, que ces travaux n'eurent pas de grands résultats (1).

Quelque différentes que fussent les routes.

(1) ZOËGA, de Obeliscis, p. 464.

que suivirent ces savants pour arriver à leur but, cependant leur point de départ fut le même. Ils regardèrent tous l'écriture hiéroglyphique comme fondée sur des symboles, dont les signes n'exprimaient pas des sons, mais des idées, et qui différaient par conséquent essentiellement de nos

caractères.

L'intelligence d'une telle écriture (qui sera toujours bornée et imparfaite ) demandera nécessairement une clef. Si celle-ci vient une fois à se perdre, je ne vois guère le moyen de la retrouver, puisque l'analogie qui existe entre les objets et les signes symboliques, ne peut nullement y suffire. C'est ainsi qu'en raisonnant dans cette hypothèse, j'avais déja soutenu dans ma précédente édition, qu'on pourrait bien déchiffrer quelques hiéroglyphes, mais non toute l'écriture hiéroglyphique.

Mais les emblèmes de cette écriture, regardés comme les signes des idées, ne seraient-ils pas aussi, du moins en partie, les signes des sons, et par conséquent des lettres? On ne peut contester cette opinión d'une manière absolue; car, pourquoi le symbole d'une main ou d'un animal ne désignerait-il pas aussi bien un son que le fait un trait simple ou composé? C'est de la solution de cette question que dépend proprement aujourd'hui l'étude des hiéroglyphes.

Si l'on parvenait jamais à en composer un alphabet, on saurait lire; et admettant que la langue dans laquelle sont conçues les inscriptions symboliques ne soit pas entièrement détruite, et se soit conservée jusqu'à un certain point dans le copte, on saurait traduire et interpréter.

Une fois que le sujet de ces recherches serait bien déterminé, il se présenterait naturellement la question : Qu'est-ce qui a fait naître la conjecture et par suite la croyance que les hiéroglyphes n'offrent pas seulement une écriture d'emblèmes, mais aussi de caractères? En n'adoptant que la première opinion, plusieurs interprètes rencontrèrent déja une difficulté qu'il leur fut impossible de surmonter.

L'usage des hiéroglyphes dans les inscriptions des monuments ne put avoir lieu sans qu'on citât fréquemment des noms propres, soit de dieux, soit de rois ou de particuliers. Comment exprimer ces noms par des hiéroglyphes, s'ils ne se prêtent pas à des symboles? Les noms de lion, de loup, en présentent bien; mais comment désignera-t-on ceux de Henri et de Louis? Ou bien, si l'on cherchait des noms sur les monuments, comment les trouverait-on? qu'est-ce qui prouverait qu'ils étaient précisément renfermés dans tel ou tel groupe d'emblèmes?

Il fallait un concours de circonstances favo

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