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de s'élever comme accusateur; mais une grande punition l'attendait si son accusation était reconnue fausse. Le mort avait-il été déclaré digne des obsèques, on suppliait les dieux de l'Amenthès de le recevoir parmi ses habitants dans le sein des justes. >>

Il résulte de ce récit, que l'idée de punition ou de récompense après la mort se liait le plus immédiatement à la permission ou au refus des obsèques (1). L'entrée du royaume des morts, et avec elle l'existence sûre et tranquille, était done soumise à cette permission. Habitué qu'on était à ce jugement des morts, et familiarisé avec l'idée des rois et des juges aux enfers, nous ne pouvons nous étonner, en appliquant cette institution plus particulièrement à l'Amenthès, d'y voir figurer Sérapis comme juge des morts. Le Musée britannique offre un tel jugement représenté sur une caisse de mort, et expliqué parfaitement par Zoëga (2). Au bout supérieur d'un rouleau de papyrus trouvé dans la caisse d'une momie, et apporté en Europe

(1) Le jugement célèbre des rois morts avait absolument le même sens; il ne se distinguait des particuliers que par une plus grande solennité.

(2) ZOEGA, De Obeliscis, p. 305.

par l'expédition française (1), on aperçoit Osiris assis en qualité de juge avec ses attributs ordinaires. Il y a devant lui une fleur de lotus comme symbole de la vie éternelle, et une lionne, probablement comme gardienne des enfers. Une petite figure humaine est pesée dans une grande balance par deux figures ou génies, ayant, l'une une tête de chien, comme symbole de la sensualité grossière; et l'autre une tête d'épervier, le symbole ordinaire de la nature divine. Tous deux mettent la main à la balance et semblent faire des remontrances à Osiris. Devant lui se tient Hermès à la tête d'Ibis et les tablettes à la main, sur lesquelles il note les défauts et les vertus du mort (2). Ce tribunal devait apparemment décider si le nouveau

(1) DENON, pl. 141. C'est par erreur qu'il explique cette scène comme une initiation aux mystères.

(2) Je laisse à un autre commentateur_l'explication de quelques figures accessoires, sur lesquelles je n'ai pas d'opinion arrêtée. Plusieurs scènes pareilles ont été copiées depuis, et expliquées en partie. De ce nombre est surtout la Copie figurée d'un rouleau de papyrus trouvé en Egypte par M. Fontana, expliqué par M. de Hammer. Vienne, 1822. Les principales figures sont: Osiris ou Sérapis, comme juge, Thot ou Hermès, comme greffier, et une figure avec la balance. Ce n'est que dans les figures accessoires qu'on rencontre quelques différences.

venu pouvait rester ou non dans le royaume des morts. Il se peut que ces idées se soient développées avec le temps, et qu'on y èn ait rattaché d'autres qui se rapprochassent davantage de nos idées sur les récompenses et les punitions après la mort.

J'ai cherché jusqu'ici à dépeindre en général l'état et la constitution de l'Égypte sous les Pharaons; je puis espérer que plusieurs points encore obscurs s'éclairciront lorsque nous nous occuperons de la ville royale de Thèbes.

CHAPITRE III.

THÈBES ET SES MONUMENTS.

Des cohortes innombrables de Maures et d'Égyptiens constituaient ta puissance. Put et la Libye t'offraient leurs auxiliaires.

NAHUM, III, 9.

QUELQUE profonde que soit l'obscurité qui couvre l'histoire de l'Égypte, on ne peut cependant pas douter que l'état de Thèbes ne fût un des plus anciens et des plus puissants. C'est aussi lui principalement que les recherches des derniers voyageurs ont en quelque sorte fait ressortir de ses ruines. Les monuments sont les témoins d'un temps où Thèbes fut le centre de toute civilisation; d'une civilisation morte aujourd'hui,

mais qui forme néanmoins un des échelons sur lesquels le genre humain s'est élevé à un plus haut degré de connaissances. Aussi combien une narration exacte et complète de l'origine, de la grandeur et de la chute de Thèbes, ne serait-elle pas à désirer!

Mais qui oserait la demander! A peine si quelques rayons d'une faible lumière viennent éclairer ce tableau placé, dans l'ombre! Les seules sources auxquelles nous puissions puiser, sont les écrivains et les monuments. Nous connaîtrions bien mieux l'histoire de Thèbes, si Hérodote nous eût raconté tout ce qu'il en savait. Il est étonnant que cet auteur (1), qui visita lui-même cette cité célèbre, ne nous parle presque pas de ses monuments et de son histoire.

S'il faut en attribuer la cause à la description de Thèbes faite quelque temps auparavant par Hécatée de Milète, il aurait mieux valu que celui-ci n'eût jamais écrit. Quoi qu'il en soit, Hérodote ne nous donne que peu de renseignements historiques, qu'il recueillit de la bouche des prêtres de Thèbes; d'ailleurs tout ce qu'il nous rapporte sur l'Égypte, il semble plutôt l'avoir appris des prêtres de Memphis et d'Hé

(1) HERODOTE, II, 143.

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