Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

l'Égypte avec celles de la Grèce ait provoqué quelques changements dans les idées religieuses, la division des castes, profondément enracinée dans le sol, opposa cependant bientôt une digue. insurmontable aux importations étrangères.

La conquête de l'Égypte par les Perses dût exercer d'abord une fâcheuse influence sur le commerce, et principalement sur le commerce de terre. Cambyse porta la guerre justement dans les grandes places affectées au trafic par caravanes : Ammonium et l'Éthiopie. Quoiqu'il échouait dans son entreprise, les relations commerciales momentanément interrompues furent d'autant plus difficiles à rétablir qu'elles avaient été régulières.

Cependant, sous le règne de Darius, l'Égypte semble s'être relevée promptement de ces premières secousses; le tribut annuel que ce roi imposa à tout le pays, en y comprenant la Libye voisine, Barca et Cyrène, ne monta pas au-delà de sept cents talents, sans compter le revenu de la pêche du lac Moeris (évalué pendant les six mois de l'année où le lac s'écoulait dans le Nil, à un talent par jour, et dans les autres six mois, à un tiers de la mème somme (1), et le blé fourni

(1) HERODOTE, II, 149.

à l'entretien de la garnison perse à Memphis (1); aussi les Égyptiens, tout en se révoltant à plusieurs reprises contre les Perses (2), gardèrent avec reconnaissance la mémoire de ce prince.

Hérodote vit l'Égypte environ trente ans après la mort de Darius, par conséquent à une époque où le commerce avec l'intérieur de l'Afrique et l'Éthiopie avait repris une nouvelle extension. On put très-bien lui indiquer les routes commerciales qui traversaient la Libye et qui conduisaient à Méroé, et indépendamment des marchandises apportées des pays méridionaux, il cite aussi les produits de l'Éthiopie (3).

D'ailleurs, si l'Égypte perdait du côté du trafic de terre, elle le regagnait certainement par le

(1) HERODOTE, III, 91. Cent vingt mille hommes étaient cantonnés à Memphis. Il y avait en outre des garnisons dans les forteresses frontières de Syène, de Marea et de Daphné (HERODOTE, II, 30), mais leur force nous est inel Hérodote ne nous dit pas si elles étaient entretenues aux frais de l'Égypte.

connue,

(2) Mais après le premier soulèvement des Égyptiens sous Xerxès, l'Égypte fut traitée bien plus durement par les Perses (HERODOTE, VII, 7), ce qui donna lieu à la révolte d'Inare. Il est à regretter qu'Hérodote nous ait dit si peu de chose relativement à l'organisation postérieure du gouvernement des Perses en Égypte.

(3) HERODOTE, III, 114.

[ocr errors]

commerce maritime avec la Grèce, exposé à d'autant moins d'interruptions que les mêmes sentiments de haine contre les Perses resserrèrent les liens qui existaient entre les deux nations.

La domination des Perses n'influa pas précisément d'une manière défavorable sur le commerce, mais elle lui fit éprouver en Asie quelques changements dans sa marche (1). Les villes phéniciennes ne perdirent rien de leur éclat, les Asiatiques apprirent encore mieux à se connaître, et les rapports que les divers peuples de l'Asie entretinrent toujours avec l'Égypte durent aussi influer avantageusement sur le commerce de ce pays. Mais la chute de l'empire perse réagit encore plus sur l'Égypte.

Un nouvel ordre des choses vint à s'y établir; c'est un sujet dont le développement demande un traité particulier.

(1) Voyez mon deuxième traité relatif à l'Inde ancienne dans les Commentat. Societ. Gotting., vol. XI: De Vüs mercaturæ indica.

CHAPITRE V.

décadence et chute du trÔNE DES PHARAONS.

Si l'Égypte nous présente en quelque sorte sous le dernier ou l'avant-dernier de ses rois, Amasis, sa période la plus brillante, on sera peut-être surpris de voir ce pays en même temps si près de son déclin. Mais un peuple arrivant à la prospérité en s'enrichissant, ne se distingue pas toujours à la fois par son courage et sa force. Différentes causes réunies avaient contribué à ébranler le trône des Pharaons bien avant cette époque.

Nous avons placé la fin de la période brillante du règne des Pharaons à peu près vers l'an 800 avant J.-C., et il nous faut nous y reporter pour résoudre cette question. C'est dans le siècle suivant, entre 800 et 700, probablement au milieu de ce dernier, que l'Éthiopien Sabako et ses deux successeurs, Senechus et Tirhako, firent

la conquête de l'Égypte, sinon de tout le pays, du moins de la partie supérieure et de Thèbes. Quant à la Basse-Égypte, deux dynasties contemporaines s'y maintinrent à Tanis et à Bubaste (1).

La domination éthiopienne, dont la durée fut de cinquante ans, semble avoir amené en Égypte un changement politique général, et qui eut lieu peu de temps après sous Psammétique : car, en admettant, selon la tradition des prêtres, que l'ancien roi, caché pendant cinquante ans dans les marais, ait repris les rênes du gouvernement, il n'est pas moins vrai que Séthon, prêtre de Vulcain, s'empara immédiatement après du pouvoir, et qu'il changea l'ancienne constitution dans un point essentiel, en réunissant, à ce qu'il paraît, la dignité de pontife et celle de roi, jusqu'alors toujours séparées l'une de l'autre. Il irrita en outre la caste militaire en lui enlevant ses terres. Ce fut contre lui que marcha le conquérant égyptien Sanherib ou Sannacherib. La caste militaire lui ayant refusé son assistance,

(1) La vingt-deuxième et la vingt-troisième dynastie de Manéthon. ISAÏE, XIX, 13, confirme aussi l'existence de plusieurs souverainetés établies alors concurremment en Égypte. Le Zoan, dont parle le prophète, est Tanis, et par Neph il faut entendre Memphis,

« VorigeDoorgaan »