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l'interprète de la volonté divine, sa puissance, loin de subir la moindre atteinte, n'en devient que plus grande. Aussi cette prétention passaitelle ordinairement pour illégitime dans les états théocratiques. Samuel se brouilla avec Saül lorsque celui-ci se permit de consulter lui-même Jéhovah. Ce droit, que les prêtres se réservèrent, fut la base de tout leur pouvoir politique.

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La théocatie ne détermine donc pas le rapport du souverain et du peuple, mais seulement celui du roi et de la divinité. Cette forme de gouvernement est compatible avec la constitution despotique et autocrate; cependant, une conséquence naturelle de son origine est que la caste sacerdotale se trouve placée dans une autre position à l'égard du roi que tout le reste de la nation. Il n'y a que le gouvernement représentatif avec lequel la forme théocratique ne s'accorde pas ; cette représentation devient superflue, parce que la caste sacerdotale en occupe la place.

Une théocratie peut pourtant subsister parfaitement avec des lois, comme nous le montre l'exemple de l'Égypte et d'autres pays; mais ces lois demandent une sanction supérieure, celle de la divinité, ce qui fait qu'elles passent pour divines, et qu'on regarde comme telles toutes les législations de l'Orient, où chaque constitution fut toujours, jusqu'à un certain point, theocratique.

La souveraineté d'un monarque ne peut subsister avec une théocratie rigoureuse, puisqu'il y a dans l'état une volonté supérieure à la sienne. Mais comme on ne peut ni ne veut consulter la divinité en toutes choses, cette forme de gouvernement se modifie naturellement, ou bien subit aussi des vicissitudes par le caractère personnel des rois. Toutefois, le pouvoir du roi demeure, avec cette forme, chancelant, parce qu'on ne peut déterminer exactement ses rapports vis-à-vis de la divinité.

On voit par nos précédentes observations que la théocratie n'est pas incompatible avec les constitutions républicaines; on n'a qu'à mettre à la place du souverain le peuple, soit en entier, comme dans la démocratie, soit seulement une fraction de la nation, comme dans l'aristocratie. La constitution romaine ne fut-elle pas aussi, en quelque sorte, une théocratie, par les auspices qui jouèrent un rôle si important dans toutes les affaires publiques?

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APPENDICE V.

DES ROUTES COMMERCIALES DE L'ANCIENNE AFRIQUE.

AYANT indiqué dans un traité particulier les anciennes routes commerciales de l'Asie, je crois devoir en faire autant pour celles de l'Afrique. J'en ai déja parlé, il est vrai, dans le corps de l'ouvrage, et quoique je sache qu'à ces observations je n'en aurai guère de nouvelles à ajouter, j'ai voulu mettre mes lecteurs en état de former un jugement eux-mêmes, en donnant pour chaque route les autorités sur lesquelles je me fonde. Pour répondre aux demandes d'une juste critique, j'ai eu soin de distinguer le certain de ce qui n'est que vraisemblable; et pour faciliter l'aperçu de l'ensemble, je traite séparément des routes commerciales de Carthage et de celles de l'Égypte.

1. ROUTES COMMERCIALES DE CARTHage.

J'entends par routes commerciales de Car

abou

thage celles qui partaient de cet état ou y tissaient, en y comprenant la route entre l'Égypte et le Fezzan ou Phazania, parce que celle de Fezzan, au pays des Syrtes, n'en était qu'une continuation.

1. Route de l'Égypte au pays des Garamantes ou le Fezzan.

Cette route s'étend de Thèbes dans la HauteÉgypte jusqu'à la frontière du pays des Garamantes près de Zuila. Elle passe par Ammonium et Augila, comme le prouve la description par stations et distances qu'en fait Hérodote (IV 181 185). L'omission de deux stations, la grande oasis et Zala, dont la première cependant se laisse démontrer par Hérodote (III, 26) lui-même, ne peut offrir une objection; car une fois le point de départ et le terme du voyage connus, les stations intermédiaires s'entendent naturellement, lors même qu'elles ne seraient pas toutes indiquées.

2. Route du pays des Garamantes jusque chez les Lotophages dans le pays des Syrtes, et par conséquent jusque dans le territoire de Carthage.

Les derniers voyageurs ont confirmé en tout

point l'existence de cette route, dont Hérodote (IV, 183) a donné le nombre de journées. Ces deux routes sont encore suivies aujourd'hui.

3. Route du pays des Garamantes jusqu'à celui des Atlantes.

Cette route, la continuation de celles dont nous venons de parler, se dirige, au Sud, dans l'intérieur de l'Afrique. Mais où sont les habitations des Atarantes et Atlantes? Celles-ci ont été indiquées, sinon avec une certitude historique, du moins avec une haute vraisemblance

a, parce qu'on ne peut admettre raisonnablement d'autre direction, et que rien dans Hérodote ne s'y oppose;

b, parce que les distances s'accordent, ainsi que

c, les indices; et

d, parce que c'est encore aujourd'hui la grande route commerciale qui conduit dans l'intérieur de l'Afrique, à Bournou et à Soudan.

Il faut espérer que la publication des ouvrages de Denham et de Clapperton changera bientôt la vraisemblance en certitude.

La seule objection apparente que l'on pourrait faire contre cette route, serait que les Atlantes, d'après leur nom, sont à chercher près

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