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temple en ce même endroit, comme le disent expressément les inscriptions; le propylée ou le portique à Chemnis, et celui du temple d'Ammon dans la grande oasis. Toutes ces constructions appartiennent à la période romaine, tandis qu'il faut classer dans celles des Ptolémées le propylée du temple d'Isis et de Sérapis à Parembole, station au-dessus de Syène; le proanos à Antéopolis, rétabli plus tard par les Antonins; le propylée dans le petit Apollinopolis; une pârtie du grand temple à Ombos. Quant au petit temple de Philæ, consacré à Aphrodite, il semble être construit en entier par Évergète II. Ce sont là les monuments qui, suivant les inscriptions grecques, ont été fondés du temps des Grecs et des Romains.

A l'aide des légendes hiéroglyphiques que Champollion a déchiffrées, cet orientaliste met encore au nombre des constructions plus modernes le temple de Bahbeit, le grand temple et le typhonium de Tentyris; le portique d'Esné, et le temple au Nord de cette ville; les temples d'Ombos; le temple et le typhonium d'Edfou, ainsi que grands temples de Phila (1). Cependant, tout en admettant la justesse de ces interprétations,

les

(1) Précis, p. 387.

il s'agirait encore de savoir si ces monuments appartiennent en entier, ou seulement en partie, à une époque plus récente. Cela demande des recherches ultérieures qui ne sauraient être entreprises avec succès que sur les lieux mêmes.

Mais quoi qu'il en soit, un fait ressort de ces études, , c'est que la découverte des constructions faites sous les Ptolémées et les Romains ne nuit aucunement aux idées arrêtées sur l'état de la nation sous les Pharaons. Les grands monuments d'une haute antiquité, comme les ruines de Thèbes, les tombeaux des rois, les temples et les obélisques d'Éléphantis, Héliopolis et autres, sont aujourd'hui des témoins encore plus irrécusables de cette période de merveilles, depuis qu'on lit sur leurs murs les noms des Pharaons qui les ont fondés (1).

Toutes ces observations nous permettront en quelque sorte de juger le degré de notions sur l'Égypte antique auquel nous nous sommes élevés, et nous pourrons nous élever par la suite. Ce peuple merveilleux nous parle encore par ses monuments, mais dans un langage que nous commençons à peine à comprendre, et que nous ne comprendrons peut-être jamais parfaitement.Que

(1) CHAMPOLLION, Précis, l. c.

savons-nous même jusqu'ici des sujets allégoriques qui couvrent les monuments des Égyptiens ?

Ce sont précisément les découvertes faites dans les derniers temps qui montrent combien nous savons peu sur ce sujet, et combien il nous reste encore à explorer. Il faudrait une longue période de paix, et pendant ce temps, des légions d'artistes pour copier les inscriptions et les bas-reliefs qui couvrent les murs des temples, ainsi que les peintures encore plus instructives dont sont revêtues les parois des nombreux tombeaux. Tout ce que nous en possédons se réduit jusqu'à présent à quelques échantillons incomplets.

Je n'ai aucunement l'ambition de chercher à lever entièrement le voile qui couvre l'Égypte antique. La tâche que je me propose se borne à faire connaître à mes lecteurs le pays et la nation en général; de décrire leurs institutions et leurs connaissances politiques, autant qu'elles s'y rapportent, surtout dans la ville royale de Thèbes, et de montrer la part que ce peuple prit au commerce du monde.

CHAPITRE PREMIER.

OBSERVATIONS GÉNÉRALES SUR LE PAYS ET LE

PEUPLE.

Il n'est aucun pays qui renferme autant de merveilles de la nature, ni autant d'ouvrages d'art que l'Égypte. HERODOTE, II, 35.

LA connaissance de l'Égypte seule peut nous aider (si toutefois c'est possible) à pénétrer l'obscurité qui enveloppe les antiquités de ce pays. Il est certain que si nous avions vu le jour sur les bords du Nil, et que nous y fussions élevés, nous nous expliquerions sans peine une foule de choses énigmatiques pour des étrangers; car chez aucun peuple ancien la civilisation porte autant le cachet local, se lie et s'approprie tellement au

sol. Lorsque le pays contraste par sa nature avec tous les autres, comment s'étonner qu'il en fût de même de la nation?

L'Égypte dans toute son étendue ne dépasse pas de beaucoup celle de la moitié de l'Allemagne (1), mais il n'existe pas de pays aussi resserré, et qui offre autant d'inégalités dans ses diverses parties. Les contrées les plus fertiles viennent aboutir aux plaines incultes du désert; des champs fleuris s'élèvent au milieu de collines de sable arides et de rochers entièrement nus. L'Égypte présentait à la fois aux yeux de ses habitants les images de la vie et de la mort ; ce qui fait que c'est toujours autour d'elles que ce peuple promène ses idées.

L'antiquité avait appelé l'Égypte la fille du Nil; quelle que soit l'origine qu'on assigne à ce pays, ce nom lui appartient de droit pour sa fécondité. Quoique la Basse-Égypte ne soit pas privée de pluie, elle devient cependant plus rare à mesure qu'on s'éloigne de la mer; et, sous le ciel toujours pur de la Thébaïde, il s'écoule souvent toute une génération avant que le sol soit rafraîchi

(1) Gatterer donne à l'Égypte six mille deux cent cin quante-six lieues carrées. Il est impossible de fixer l'étendue d'une manière exacte, puisque la limite occidentale n'est pas encore bien établie.

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