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noître. Nous n'y rencontrons pas le nom de Vincent de Beauvais, ni celui de S. Louis; pas une seule ligne sur la législation à laquelle on attache le nom de ce prince, ni sur les écoles fondées par lui; rien non plus sur les ouvrages de Plan-Carpin, de Rubruquis, de Marco Polo. Si les annales littéraires de quelque nation y sont suffisamment retracées, ce sont tout au plus celles de l'Angleterre (1).

M. Berington parcourt avec la même rapidité, dans son sixième livre, traduit en 1822 par M. Boulard (2), les monumens de la littérature du XIV. siècle et de la première moitié du xv. On y peut distinguer, comme les plus substantiels, les articles relatifs au Dante, à Pétrarque, à Bocace, à Coluccio Salutato, à Duns Scot, à Wiclef, à Chaucer, articles qui remplissent à eux seuls plus d'un tiers de ce livre, et qui présentent peu d'idées neuves, beaucoup d'observations judicieuses.. Nous n'en saurions dire autant des cinq pages sur Froissard; cet auteur est infiniment mieux apprécié dans un article biographique presque aussi court de M. de Barante (3). Voilà, peu s'en faut, tout ce qui concerne le XIV. siècle dans l'ouvrage de M. Berington : nulle mention de Christine de Pisan, de Raoul de Presles, de Nicolas de Lyra, des historiens italiens Villani, ni du jurisconsulte Barthole. Au xv. siècle, l'attention de l'auteur se dirige d'abord sur les conciles de Constance, de Bâle et de Florence, sur les pontificats de Martin V et de Nicolas V, et l'on retrouve ici un observateur accoutumé à rapprocher l'histoire littéraire de l'histoire ecclésiastique. Il parle ensuite des recherches savantes de Cyriaque d'Ancone et du Pogge, et il ne sort plus de l'Italie que pour déplorer la barbarie qui, selon lui, règne encore dans les autres. contrées, à l'exception des colléges d'Oxford, de Cambridge et de Lincoln. C'est trop oublier peut-être Pierre d'Ailly, Gerson, Alain Chartier, &c., qui vivoient en France à cette époque.

Le premier appendix de M. Berington a pour objet la littérature grecque, depuis l'an 476 jusqu'à la prise de Constantinople en 1453.. C'est au commencement de cette partie qu'il donne en quelques lignes une idée des Institutes de Justinien, du Code et des Pandectes, recueils

(1) Sur les autres parties de l'histoire littéraire du XIII. siècle, comme du XII., on trouveroit plus de vues générales et quelquefois même plus de détails dans le neuvième et dernier chapitre de l'ouvrage de M. Hallam (l'Europe au moyen âge). Ce n'est pas qu'on n'y rencontre aussi de légères inexactitudes: par exemple, le roi d'Angleterre, Richard I.er, y est compté au nombre des troubadours, quoiqu'il n'ait composé de poésies que dans la langue d'oil ou des trouvères.(2) Paris, impr. de Cellot, libr. de Debeausseaux; in-8.°, vj et 140 pages.(3) Biogr. univ. tom. XVI, p. 103-107.

qui appartiennent à la littérature latine. Le premier auteur qui se présente ici est Procope, et son article se termine par quelques mots sur Agathias et Paul Silentiaire : tous les autres écrivains grecs du vi.° siècle sont omis, Hesychius, Jean Philopon, Simplicius, les poëtes Coluthus, Cointus, Tryphiodore, et les médecins Aetius d'Amida, Alexandre de Tralles, Pallade d'Antioche. Le vII.* siècle n'amène ici que des considérations, d'ailleurs utiles, sur les querelles religieuses qui divisoient les églises et les écoles de l'orient. Au vIII., George le Syncelle est indiqué, mais sans aucune observation sur sa Chronique, qui a eu tant d'influence sur les études historiques des âges suivans. L'histoire de la littérature grecque du rx. siècle existe moins incomplétement dans les articles consacrés à Nicéphore de Constantinople, à Photius, aux empereurs Basile et Léon VI. M. Berington compte parmi les contemporains de Constantin Porphyrogénète, au X.° siècle, le lexicograj he Suidas, qu'assez généralement on croit être de deux cents ans moins ancien. La suite des historiens byzantins est bien établie de l'an 1000 à 1200, et, loin de rien omettre dans cette période, l'auteur répare l'omission qu'il a faite d'Athénée, parmi les écrivains grecs des premiers siècles de l'ère vulgaire : il le rappelle ici à la suite d'Eustathe. Les effets que produisit sur les lettres la prise de Constantinople par les Latins en 1203, sont exposés avec beaucoup de sagacité, et l'on doit le même éloge à tout le surplus de ce premier appendix, dont la traduction, par M. Boulard, a été imprimée à la fin de 1822 (1).

Nous n'avons point encore connoissance de la version que M. Boulard a faite également du second appendix, intitulé On the arabian or saracenic learning. Après des observations générales sur la révolution opérée par Mahomet et sur les établissemens des Sarrasins en Afrique et en Espagne, M. Berington esquisse l'histoire des différens genres de littérature chez les Arabes. Les soins qu'ils ont apportés à l'étude de leur langue sont attestés par deux cent un traités de grammaire conservés dans la bibliothèque de l'Escurial; le Koran offre des exemples de leur éloquence, et Assekaki, Algeseri, Alsiuthi, ont égalé, dit-on, Quintillien, en exposant les règles de l'art d'écrire. La poésie descriptive n'est nulle part plus élevée, plus riche, plus sonore que dans la langue des Arabes. Sous le titre de Philologie, l'auteur cite particulièrement les séances de Hariri, academic Harirean orations (2), et la description des choses et

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(1) Histoire littéraire des Grecs pendant le moyen âge. Paris, impr. de Cellot, libr. de Debausseaux, in-8., vj et 167 pages. (2) Séances de Hariri, publiées en arabe, avec un commentaire choisi, par M. Silvestre de Sacy. Paris, impr. royale, 1821, in-fol. Voyez Journal des Savans, mars 1821, p. 189.

de leurs propriétés par Asba Alazadita de Cordoue. Il recommande les lexiques de Geuharis et de Firuzabadi, les ouvrages philosophiques d'Alkendi au IX. siècle, de Thabet Ebn-Korra et d'Alfarabi au x. II donne une courte notice des travaux d'AI-Rasis (Rhasès!, d'Avicenne, d'Averroès; des progrès que la médecine, l'histoire naturelle, les sciences mathématiques et la géographie ont dus aux Arabes. Il fait une revue de cent soixante-dix-sept livres d'histoire, déposés parmi les manuscrits de l'Escurial, et s'occupe ensuite des trois plus célèbres historiens de cette nation, Bohadin, Abulfaraj et Abulféda. L'ouvrage de M. Berington ne contient d'ailleurs rien de relatif aux autres littératures de l'orient, pas même à celle des Juifs.

Nous ne saurions donc représenter ce recueil comme un précis complet de toute l'histoire littéraire du moyen âge; mais l'auteur y a rassemblé un très-grand nombre de notions exactes et utiles, et il y a mêlé des observations générales estimables par leur justesse et quelquefois par leur profondeur. M. Boulard a rendu, selon sa coutume, un service aux bonnes études, en traduisant cet ouvrage, Sa version est fidèle, littérale même, et quelquefois peut-être un peu trop (1), toujours claire, et le plus souvent correcte et élégante.

DAUNOU.

NOUVELLES LITTÉRAIRES.

INSTITUT ROYAL DE FRANCE ET SOCIETÉS LITTÉRAIRES. L'ACADÉMIE des sciences a élu M. Fresnel pour remplir la place vacante dans la section de physique par le décès de M. Charles.-M. Charles étoit bibliothécaire de l'Institut; il a été remplacé, en cette qualité, par M. Feuillet. La société linnéenne de Paris a publié le programme des prix qu'elle décernera en 1824. I. Prix de zoologie. « Des observations, dont quelques-unes reposent sur des faits attestés par des naturalistes instruits, semblent prouver que, parfois, on découvre dans des masses de pierres plus ou moins dures, dans des troncs d'arbres et même dans des couches de houille, des êtres vivans, tels que serpens, crapauds, lézards, insectes, &c., sans qu'on puisse se rendre compte

(1) Par exemple: « qui parurent donner une plus grande énergie aux études; » by which an increased energy appeared to be given to the studies. Il nous semble que c'est le mot activité qui convient ici en français.-«Je ne prétends pas avoir récemment étudié les ouvrages de S. Thomas d'Aquin; mais il y a eu une époque, de ma vie où je lus un grand nombre d'entre eux avec attention.... » When I read many of them with attention. Nous croyons qu'il falloit écrire où j'en lus un grand nombre, &c.

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comment ils y ont pénétré, comment ils y ont conservé la vie. La société linnéenne de Paris desireroit qu'on rassemblât tous les faits analogues qui ont été rapportés par les écrivains; qu'on établit leur degré réciproque de probabilité ou de certitude, en rapportant textuellement les preuves sur lesquelles ils reposent, et en s'attachant à réunir toutes les circonstances critiques qui peuvent éclairer sur l'existence et la cause probable de ces faits, et que le tout fût traité de manière à établir d'abord les pièces d'où l'on peut et l'on doit partir pour expliquer, s'il y a lieu, le phénomène en question. Quelques observateurs ayant pensé, à l'égard des animaux trouvés dans des troncs d'arbres, que l'individu qui y avoit pénétré, jeune encore, par un accident quelconque, s'y étoit développé et y avoit acquis l'accroissement ordinaire qu'il prend à l'air libre, la société linnéenne desire que l'on examine cette singulière opinion, et que l'on montre si les lois de la physiologie permettent ou non de l'admettre. Enfin, par rapport aux animaux trouvés dans des blocs de pierres, il importe de voir si la même théorie peut leur être appliquée, ou s'ils ont été enveloppés, dans l'état où on les trouve, par la matière liquide, laquelle, en se durcissant, a produit la masse pierreuse qui les renferme, et, dans ce cas, expliquer comment la vie a pu ne pas cesser; constater, autant qu'il sera possible, par la nature des masses pierreuses, leur gisement relatif, leur homogénéité, l'époque géologique à laquelle on peut rapporter l'emprisonnement de ces animaux, en ayant égard aux causes accidentelles qui peuvent diminuer l'intérêt et l'importance de tel ou tel fait. Une médaille d'or de trois cents francs, ou sa valeur, sera remise, en séance publique, le 28 décembre 1824, à celui qui répondra le plus complétement possible aux différentes questions proposées. La meil leure monographie, qui satisfera entièrement aux vues de la première partie du présent programme, obtiendra, en cas de non solution satisfaisante sur la seconde partie, à titre d'encouragement, une somme de deux cents francs. » II. Prix de botanique. «Dans la fleur, il existe un organe qui sécrète une liqueur mucoso-sucrée, premier rudiment du miel que l'abeille nous fournit. Cet organe a reçu le nom de nectaire. Il manque dans les trois quarts des végétaux connus, et, dans ceux où on le trouve, il n'est pas également le même aux yeux de tous les botanistes: on peut dire que c'est un point dogmatique des élémens de la science, le plus obscur dans tous les ouvrages publiés jusqu'ici. Selon Linné, on doit entendre par nectaire les corps glanduleux, les pores, les appendices, les formes anomales, et généralement toutes les parties de la fleur étrangères aux organes sexuels et à leurs enveloppes. Quelques botanistes justement estimés nient l'existence du nectaire, ou, s'ils la reconnoissent, ils placent cet organe, tantôt à la naissance des pétales, autour des ovaires, ou dans la gorge de la corolle; tantôt sur le réceptacle, à la base des anthères, entre les étamines ou sur le pistil. Chez les uns, le nectaire est un cornet, une écaille, une glande, et même une espèce de poils; ou bien une fossette, un sillon, une excroissance. Chez les autres, c'est l'éperon court que l'on voit près du style; c'est toute portion quelconque de la fleur qui se présente éminemment prolongée ou difforme; ce sont les taches plus ou moins remarquables que l'on observe à la base des pétales ou des corolles d'un certain nombre de fleurs. En un mot, on n'est point d'accord sur ce que l'on doit exclusivement appeler nectaire, et l'extrême diversité d'opinions à ce sujet tend à prouver la nécessité de s'entendre. Dans la vue de faire cesser toute incertitude et de fixer invariablement

ce qu'il convient de nommer nectaire, la société linnéenne de Paris fait un appel aux botanistes, et leur propose de résoudre les questions suivantes : Quel est l'organe dans la fleur auquel on doit exclusivement donner le nom de nectaire A quel caractère peut-on le reconnoître ! Et de quelle importance est-il pour les végétaux qui en sont pourvus ! Une médaille d'or de trois cents francs, ou sa valeur, sera remise, dans la séance publique du 28 décembre 1824, à l'auteur qui aura pleinement satisfait à toutes les conditions du présent concours. Les mémoires, portant une épigraphe ou devise qui sera répétée avec les noms, prénoms, qualités et demeure de l'auteur, dans un billet cacheté joint au manuscrit écrit lisiblement, seront adressés, francs de port, à M. Thiébaut de Berneaud, secrétaire perpétuel de la société linnéenne de Paris. »

La société a publié en même temps le compte rendu de ses travaux pendant le cours de l'année 1822, par M. Thiébaut. Paris, impr. de Tastu, in-8.o de 144 pages. Ce compte est extrait du second volume des Mémoires de la société linnéenne.

LIVRES NOUVEAUX.

FRANCE.

Essai sur la nature, le but et les moyens de l'imitation dans les beaux arts, par M. Quatremère de Quincy. A Paris, de l'imprimerie de Jules Didot l'aîné, librairie de Treuttel et Würtz, à Paris, à Strasbourg et à Londres, 1823, xij et 435 pages in-8., papier gr. raisin superfin, satiné. Prix, 8 fr. Un de nos prochains cahiers contiendra un article sur cet ouvrage.

Histoire de l'art par les monumens depuis sa décadence, au IV. siècle, jusqu'à son renouvellement, au XVI, par J. B. L. G. Séroux d'Agincourt; ouvrage enrichi de 325 planches, et publié en vingt-quatre livraisons formant 6 vol. in-fol. Prix de chaque livraison in-fol., papier Jésus fin, 30 fr.; papier vélin, 60 f. A Paris, chez Treuttel et Würtz, rue de Bourbon, n.o 17. La livraison vingt-quatrième et dernière, qui vient de paroître, complète cet important ouvrage et renferme tout ce que les souscripteurs attendoient. Cette livraison se compose, 1.° des titres des six volumes; 2.o de la notice sur la vie et les travaux de l'auteur, rédigée par M. de Lasalle, correspondant de l'académie des beaux-arts, dont la famille avoit eu les plus intimes relations avec M. d'Agincourt; 3.o de la préface de l'auteur, dans laquelle le lecteur est instruit en peu de mots du plan de l'ouvrage, et de l'ordre où se présentent les résultats si nombreux et si variés de tant de longues recherches; 4.° de trois tables fort détaillées pour chacune des trois sections de l'ouvrage, Architecture, Sculpture, Peinture, au moyen desquelles toutes les parties de ce vaste travail se trouvent liées entre elles. Ces tables ont été rédigées avec le plus grand soin par M. Gence, membre de plusieurs sociétés littéraires; 5.° enfin, un avis au relieur, qui indique la classification des matières et la manière de les distribuer en six volumes.

Notice des estampes exposées à la Bibliothèque du Roi, contenant des recherches historiques et critiques sur ces estampes et sur leurs auteurs; précédée d'un essai sur l'origine, l'accroissement et la disposition méthodique du cabinet des estampes; par M. Duchesne aîné, premier employé au département des estampes; 1 vol. in-8.o, xxiij et 119 pages. A Paris, chez MM. Debure frères,

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