coupe les jarrets comme à un taureau qu'il reste à genoux par force. , pour Ce capitaine Hugues, l'hôte et le protecteur de Cespédès, a dans sa maison une sœur nommée Théodora, qui prend de l'amour pour le vaillant espagnol, et qui, après avoir été séduite par lui, s'échappe de la maison paternelle pour le suivre. Après une scène de galanterie solda-, tesque entre eux, on voit paraître dona Maria de Cespédès habillée en homme, qui arrive en Allemagne avec don Diego. Celui-ci l'a accompagnée dans tout son voyage, et a obtenu son amour; mais il est à présent déterminé à la quitter, parce que Pero Trillo, que Cespédès a tué au commencement de la pièce, était son oncle, et qu'il se croit obligé de venger sa mort. Ils se séparent en effet. Dans les adieux de dona Maria, on retrouve des traces du talent poétique de Lope, et de sa sensibilité qui ne se montre que de loin en loin. Maria accable l'infidèle de malédictions, mais toujours mêlées d'un retour de tendresse; au milieu de ses imprécations, elle s'arrête avec douleur, elle semble le rappeler, et elle répète tristement à plusieurs reprises : << Ah ! lorsque l'on dit tant d'injures, on est >> bien près de pardonner. » Tandis qu'elle est encore sur le théâtre, elle entend deux soldats médire de Cespédès : ils sont jaloux des récompenses données à des forces corporelles, à des exploits plus dignes d'un portefaix que d'un soldat. Elle prend aussitôt la défense de l'honneur de son frère, et elle tue les deux soldats. On veut l'arrêter; mais elle ne consent à se rendre qu'au duc d'Albe, qui l'envoie en prison. Il promet, il est vrai, qu'il ne tardera pas à récompenser sa bravoure : dona Maria ne lui en laisse pas le temps; elle n'est pas plus tôt dans sa prison, qu'elle rompt sa chaîne, qu'elle arrache les barreaux des fenêtres, et se remet en liberté. Don Diego, après s'être séparé de dona Maria, poursuit les projets de vengeance qu'il avait annoncés contre Cespédès. Tout combat, dit-il, serait inégal contre un homme de forces aussi supérieures; aussi est-il résolu à le faire assassiner. Il charge de ce forfait son écuyer Mendo; il lui donne son pistolet, il le place en embuscade, et il dispose dans le voisinage vingt hommes à lui pour venir au secours de Mendo, et l'aider à s'échapper après le coup. Cespédès arrive en effet à l'embuscade; mais le pistolet ne prend pas feu. Mendo cependant ne se déconcerte point; il lui présente son arme, et réussit à lui faire croire qu'il l'essayait devant lui seulement pour l'engager à l'acheter. Cespédès, après avoir acheté le pistolet, s'aperçoit qu'il est chargé; il voit qu'on a voulu l'assassiner, sans comprendre qui il peut accuser de cet at tentat. Au troisième acte, Mendo rend compte à don Diego du mauvais succès de son embuscade, et de la ruse par laquelle il s'est dérobé à la colère de Cespédès. Pendant ce temps, des cris de joie et des acclamations annoncent que Cespédès est sorti victorieux d'un tournoi où il avait offert de tenir tête à tous les plus braves de l'armée. Il arrive couronné de lauriers sur le théâtre; l'empereur lui donne la seigneurie de Villalar, sur la Guadiane. Cespédès apprend en même temps que c'est don Diego, le séducteur de sa sceur, qui a voulu le faire assassiner; mais il est détourné par les affaires publiques du soin de songer à sa vengeance. L'électeur de Saxe s'est fortifié à Muhlberg (1547); Charles-Quint veut passer l'Elbe pour l'attaquer; l'armée se met en mouvement, et Cespédés ne songe plus qu'à se signaler contre les hérétiques. Au milieu cependant des préparatifs de la bataille, quelques scènes tumultueuses peignent la licence des camps. D'une part, on voit dona Maria et Théodora suivre l'armée, habillées en soldats; de l'autre, l'écuyer de Cespédès, Bertrand, enlever nne paysanne; tous les paysans de son village veulent forcer les soldats à remettre cette femme en liberté; mais Cespédès se bat seul contre tous ces villageois; il en tue une partie, et il force les autres à la fuite. Il s'offre ensuite à l'empereur pour passer le premier l'Elbe à la nage; Bertrand, don Hugues et don Diego, s'offrent avec lui; ainsi le dernier, qui venait de tenter un assassinat, ne laisse pas de prouver qu'il est entre tous les guerriers de l'armée un des plus vaillans et des plus avides de gloire. Ces champions passent en effet le fleuve; ils enseignent un gué aux troupes de l'empereur, qui franchissent l'Elbe, et les Saxons sont mis en déroute; mais Diego, blessé, est sauvé sur les épaules de Cespédès, qui ne le connaît point encore, et auquel il déguise son nom. Cespédès, après l'avoir mis en sûreté, retourne au combat. Dona Maria survient; elle reconnaît son amant blessé, elle lui pardonne, et le transporte dans sa tente. Ce fut à cette bataille que le vertueux électeur de Saxe, Jean-Frédéric, fut fait prisonnier. Lope de Vega en attribue l'honneur à Cespédès, qui reçoit en récompense l'ordre de chevalerie de Saint-Jacques; mais sans vouloir exciter aucun intérêt pour le souverain de la Saxe, qu'il considère comme rebelle, il met sur la scène cependant la noble constance avec laquelle il reçut, en jouant aux échecs, la sentence qui le condamnait à mort. Pendant les fêtes par lesquelles on célèbre la victoire, et l'ordre de chevalerie accordé à Cespédès, il apprend que sa soeur est dans le camp, qu'elle a dans sa tente ce même don Diego qui a voulu le faire assassiner, qu'elle l'aime, et qu'elle lui a sacrifié son honneur. Il sort furieux pour se venger d'elle et de lui. Dans la dernière scène, on le voit l'épée à la main, avec Bertrand à ses côtés. Don Diego et Mendo, l'épée à la main, les attendent, tandis que dona Maria et Théodora s'efforcent de les retenir. Le duc d'Albe leur ordonne de suspendre le combat ; il veut savoir l'occasion de leur querelle; don Diego la raconte : il dit qu'il a offert d'épouser dona Maria, et que Cespédès le refuse avec arrogance. Le duc d'Albe, par son autorité, termine le différend; il conclut le mariage entre Cespédès et Théodora, entre don Diego et dona Maria; il accorde des récompenses à Bertrand et le pardon à Mendo. Enfin l'auteur, en terminant sa comédie, annonce qu'une seconde partie comprendra le reste des hauts faits de Cespédès jusqu'à sa mort, dans la guerre des Maures révoltés de Grenade. Il serait, je pense, difficile d'entasser sur le théâtre plus de meurtres, commis la plupart plus gratuitement. Quel ne devait pas être sur un peuple déjà trop porté à des vengeances sanguinaires, l'effet d'un spectacle où l'on représentait un homme tel que Cespédès comme le héros de son pays? Plusieurs comédies cependant étaient plus dangereuses encore; la valeur tournée contre la société, les luttes sanglantes contre les magistrats, les corregidors, les ar TOME IV. 2 |