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>>treprise, puisse ma vie s'y terminer en même » temps ! » Gama raconte ensuite quels furent les commencemens du royaume de Portugal, et son récit doit avoir plus d'intérêt pour nous que pour le roi de Mélinde. Il revêt de formes poétiques l'histoire de sa patrie : il met en évidence tout ce qui élève ou entraîne l'âme par de grandes vertus ou de grandes douleurs. Cependant il faut moins chercher dans la Lusiade l'intérêt romanesque, que celui de l'instruction. Le Camoëns a voulu rassembler, dans un poëme épique, tout ce que l'histoire contenait de glorieux pour sa patrie; il a voulu illustrer son sujet par le charme des vers, plutôt qu'il n'a pu espérer que son sujet illustrât son poëme; il a gravé les fastes nationaux dans la mémoire des hommes mais il n'a pu faire qu'ils fussent autre chose que des fastes nationaux. Le récit de Gama sera pour nous-mêmes comme un court exposé de l'histoire du Portugal.

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Lorsque le roi Alphonse VI de Castille eut, par la conquête de Tolède, attiré de toutes les parties du monde des aventuriers qui consacraient à Dieu leur épée, et qu'il eut étendu sa domination jusqu'aux rives de l'Océan occidental, il résolut de récompenser ces valeureux chevaliers en leur abandonnant le gouvernement de leurs conquêtes ; et il fit choix, pour être leur chef, d'un Henri que le Camoëns

donne pour second fils au roi de Hongrie, quoique la plupart des généalogistes le disent issu de Robert-le-Vieux, petit-fils de Hugues Capet, et fondateur de la première maison de Bourgogne. Alphonse VI créa ce Henri comte de Portugal; il lui céda une partie des terres de cette contrée, et lui donna en mariage sa fille Thérèse. Henri, laissé à ses seules forces, étendit sa domination sur de nouvelles provinces qu'il enleva aux ennemis de la foi.

Henri en mourant, chargé de gloire autant que d'années, comptait laisser le trône à son fils Alphonse. Mais Thérèse contracta un second mariage; elle prétendit que le Portugal était la dot que son père lui avait donnée, qu'il lui appartenait à ce titre, et elle exclut son fils de toute part à la succession. Alphonse ne voulut point se soumettre à cette exclusion; les Portugais, impatiens de secouer toute dépendance de la Castille, embrassèrent sa cause avec ardeur; les armées ennemies se rencontrèrent dans la plaine de Guimaraëns, et pour la première fois, en 1128, le sang portugais coula dans une guerre civile. Alphonse Ier remporta la victoire; sa mère et son beau-père tombèrent entre ses mains, et toutes leurs forteresses lui ouvrirent leurs portes. Mais, aveuglé par colère, il fit charger sa mère de fers, et il attira ainsi sur lui la vengeance divine et celle des

la

Castillans. Ceux-ci vinrent l'assiéger dans Guimarëns avec des forces innombrables. Alphonse, hors d'état de résister, fut obligé de promettre l'obéissance, et de donner pour garant de l'observation de sa promesse, la parole du chevalier portugais qui l'avait élevé, Égaz Moniz, le même qu'on célèbre comme le plus ancien poète du Portugal. Cependant, aussitôt que le danger fut écarté, Alphonse ne put se résoudre à se soumettre à un pouvoir étranger, et à payer le tribut qu'il avait promis. Égaz Moniz ne voulut point ou demeurer garant d'un parjure, ou pour sauver sa vie, contribuer à soumettre sa patrie à un joug étranger (1). « Il

(1) Canto III, Str. 38.

E com seus filhos e mulher se parte
A levantar com elles a fiança;

Descalços e despidos, de tal arte

Que mais move a piedade que a vingança.
Se pretendes rei alto, de vingarte
Da minha temeraria confiança,
Dizia, ves aqui, venho offerecido,
A te pagar co a vida o promettido.

Ves aqui, trago as vidas innocentes
Dos filhos sem pecado, e da consorte;
Se a peitos generosos, e excellentes
Dos fracos satisfaz a fera morte.

Ves aqui as mãos et a lingua delinquentes;
Nellas sós exprimenta toda a sorte
De tormentos, de mortes, pelo estilo
De Scinis, e do touro de Perilo.

Qual diante do algoz o condemnado
Que ja na vida a morte tem bebido,

>> part avec ses fils et sa femme pour se dégager >> avec eux de sa garantie. Déchaussés et sans » ornemens, ils se présentent de manière à ex>> citer la pitié bien plus que la vengeance. Si » tu veux, ô grand roi! dit-il au Castillan, te » venger de ma téméraire confiance, je viens » m'offrir moi-même à toi, pour accomplir ma » promesse au prix de mes jours. Tu le vois, » je t'offre encore les vies innocentes de mes fils >> et de ma femme, qui n'ont point péché; mais >> une mort cruelle, à laquelle tu livrerais ces » êtres faibles, ne saurait satisfaire ton cœur

généreux. Voici mes mains, voici ma langue » qui ont péché; sur elles tu peux exercer tous » les genres de tourmens. Tel un coupable de>> vant son bourreau, se croyant déjà assuré de la » mort, place sa gorge sur le billot, et n'attend

>> plus que le coup redouté; tel Égaz, disposé à

» tout souffrir, se montrait au prince indigné ; >> mais le Castillan, touché de sa rare loyauté,, » préféra enfin écouter la pitié plutôt que la

>> colère. >>

Après les guerres civiles du premier Al

Põe no cepo a garganta, e já entregado
Espera pelo golpe tao temido;
Tal diante do principe indignado
Egas estava a tudo offerecido.

Mas o rey vendo a estranha lealdade,

Mais pode em fim que a ira a piedade.

phonse, Vasco de Gama raconte ses exploits contre les Maures, et d'abord la victoire d'Ourique dans l'Alentejo (26 juillet 1139), qui la première donna quelque consistance au royaume de Portugal. Cinq rois maures furent vaincus ensemble par Alphonse, et ce prince, se croyant le droit de demeurer au moins l'égal de ceux qu'il avait vaincus, de comte se fit roi, et donna pour armes, à son nouveau royaume, cinq écussons rangés en croix, sur lesquels sont dessinés les trente deniers pour lesquels Jésus fut vendu. Les plus fortes villes du Portugal, encore occupées par les Maures, se soumirent après cette victoire. Lisbonne, que les Portugais prétendent avoir été fondée par Ulysse, fut prise en 1147, avec l'aide des croisés d'Allemagne et d'Angleterre qui se rendaient à la seconde croisade; de même que, sous le règne suivant, Sylves fut prise avec l'aide des chrétiens qui se rendaient à la troisième croisade, celle de Richard et de Philippe-Auguste. Alphonse poursuivit ses conquêtes; il défit les Maures à plusieurs reprises, il s'empara de leurs forteresses; enfin il arriva devant Badajoz, qu'il soumit aussi à son empire. Mais la vengeance tardive de la Divinité accomplit enfin sur le conquérant du Portugal, les malédictions de sa mère, qu'il avait retenue captive. Il était déjà âgé de quatre-vingts ans, lorsqu'il s'empara

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