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» de moi, quoique tu n'aies point eu pitié de >> mon innocence. Si, lorsque tu as vaincu la >> résistance des Maures, tu as su donner la >> mort par le fer et le feu, que ne sais-tu aussi, » par ta clémence, donner la vie à celui qui ne >> commit point de faute pour mériter de la » perdre! Si mon innocence peut mériter que >> tu m'épargnes, envoie-moi dans un exil mal» heureux et perpétuel, ou dans la froide Scy>thie, ou dans la Libye ardente, pour y vivre >> constamment de mes larmes. Envoie - moi là » où la férocité règne seule entre les lions et les » tigres, et tu verras si je ne pourrai pas obte»nir d'eux une pitié que les coeurs humains » m'ont refusée. Là, avec cet amour qui rem>>plit mon âme, avec cette tendresse qui causa » ma mort, j'élèverai ces gages de celui que je » chéris ; ils seront la consolation de leur triste » mère (1). Le roi attendri, ébranlé par ces

(1) Canto III, Str. 128.

E se vencendo a maura resistencia,
A morte sabes dar com fogo e ferro,
Sabe tambem dar vida com clemencia
A quem para perdela naõ fez erro.
Mas se assi merece esta innocencia,
Poè-me em perpetuo e misero desterro,
Na Scythia fria, ou lá na Lybia ardente,
Onde em lagrimas viva eternamente,

Poè-me onde se nsa toda a feridade;
Entre leaês e tigres, e verei

>> paroles qui perçaient son coeur, voulait lui >> pardonner; mais le peuple obstiné, et le des» tin qui le voulait ainsi, ne lui pardonnèrent >> pas. Ceux qui avaient sollicité cet arrêt fé» roce, brandissaient déjà leurs épées de fin >>acier. C'est contre une femme, chevaliers, » que vous vous montrez barbares, et que vous » vous changez en bourreaux!

» Ainsi que le cruel Pyrrhus lève son épée » contre la belle Polyxène, dernière consola» tion de sa vieille mère, parce que l'ombre » d'Achille la condamne; ainsi que, soulevant » ses yeux qui répandent la sérénité dans l'air, » Polyxène s'offre au cruel sacrifice, comme une >> brebis douce et patiente, de même Inès pré» sente aux cruels meurtriers ce cou d'albâtre >> qui soutenait les merveilles par lesquelles l'a»mour subjugua celui qui devait ensuite la » faire reine. Elle baigne leurs épées, elle couvre » de sang ces lys sur lesquels ses yeux avaient » brillé. Ils se souillèrent par le meurtre; ils ne » songèrent point, dans leur colère, au châti»ment qui les attendait. O soleil ! que ne dé

Se nelles achar posso a piedade

Que entre peitos humanos naõ achei.
Alli co o amor intrinseco, e vontade
Naquelle, por quem mouro criarei
Estas reliquias suas que aqui viste,
Que refrigerio seyam da mãi triste.

>> tournais-tu tes rayons d'un tel spectacle, » comme tu les détournas de la table funeste » de Thyeste, lorsqu'il dévorait ses fils qui lui » étaient servis par la main d'Atrée ! Et vous, >> vallons reculés, qui pûtes entendre les der»nières paroles de cette bouche glacée, vous

répétâtes long-temps le nom de don Pedro, » que vous lui entendîtes prononcer! De même » que la marguerite blanche et brillante, qui » fut coupée avant le temps, et maltraitée par >> les mains imprudentes de la jeune fille qui en >> a orné sa chevelure, perd son éclat et sa cou» leur, de même cette jeune beauté, dans les » pâleurs de la mort, laisse sécher les roses de >> son visage. Ses couleurs vives et son éclat » s'enfuient également avec sa douce vie. Les >> filles du Mondégo rappelèrent long-temps, >> par leurs pleurs, cette mort funeste; et, pour >> en garder une mémoire éternelle, les larmes » qu'elles versèrent se sont changées en une » pure fontaine. On lui donna le nom des » Amours d'Inès, et il dure encore dans le lieu » qui en fut le théâtre. Ainsi, cette fraîche fon» taine arrose encore des fleurs; ses eaux sont » des larmes, et son nom est d'Amour. Il ne se » passa pas long-temps avant que don Pedro >> tirât vengeance de ce meurtre; car, lorsqu'il >> prit les rênes du gouvernement, il ne songea » qu'à punir les homicides qui s'étaient enfuis.

» Il obtint qu'ils lui fussent livrés par un autre » Pierre (de Castille), plus cruel encore que » lui. Tous deux, ennemis des vies humaines » signèrent un traité de proscription dur et injuste, semblable à celui que Lépide et Antoine » signèrent avec Auguste (1).

(1) Canto III, Str. 131 à 135.

Qual contra a linda moça Policena,
Consolaçao extrema da mãi velha,
Porque a sombra de Achilles a condena,
Co o ferro o duro Pyrrho se aparelha;
Mas ella os olhos, con que o ar serena,
(Bem como paciente e mansa ovelha ).
Na misera mai postos, que endoudece,
Ao duro sacrificio se offerece.

Taes contra Ignez os brutos matadores,
No colo de alabastro, que sostinha
As obras com que amor matou de amores
Aquelle que despois a fez rainha,

As espadas banhando, e as brancas flores,
Que ella dos olhos seus regadas tinha,

Se encarniçavam férvidos e irosos,

No futuro castigo naõ cuidosos.

Bem puderas o sol, da vista destes,

Teus raios apartar aquelle dia,

Como da seva mesa de Thyestes,

Quando os filhos por maõ de Atreo comia,
Vos, o concavos valles, que pudestes
A voz extrema ouvir, da boca fria,
O nome do seu Pedro que lhe ouvistes
Por muito grande espaço repetistes.

Assi como a bonina, que cortada
Antes do tempo foi, candida e bella
Sendo das maos lascivas maltratada,
Da menina que a trouxe na capella,

Pierre, devenu cruel après la mort de son amie, ne signala son règne que par son excessive sévérité ; son successeur Ferdinand fut, au contraire, doux, faible et efféminé. Il enleva à son mari, Éléonor, qu'il épousa lui-même, et qui le déshonora par ses galanterics. Il ne laissa à sa mort qu'une fille nommée Béatrix, que les Portugais ne voulurent point reconnaître. Ils appelèrent à la couronne don Juan, frère naturel de Ferdinand. Les Castillans, au contraire, envahirent le Portugal avec une nombreuse armée, pour faire valoir les droits de celui de leurs princes qui avait épousé Béatrix. Parmi les Portugais, plusieurs hésitaient sur le parti qu'ils devaient suivre ; mais dans le conseil de la nation, don Nuño Alvarez Pereira, par son éloquence, rallia tous les nobles portugais à leur roi. Le discours que le Camoëns lui fait tenir conserve cette dignité chevaleresque, cette

O cheiro traz perdido, e a cor murchada;
Tal está morta a pallida donzella,
Seccas do rosto as rosas, e perdida
A branca e viva còr, co a doce vida.

As filhas do Mondego a morte escura
Longo tempo chorando memoráram;
E por memoria eterna, em fonte pura
As lagrimas choradas transformáram:
O nome lhe pozeram, que ainda dura,
Dos amores de Ignez, que alli passáram.
Vede que fresca fonte riga as flores,
Que lagrimas sao agua, e o nome amores.
TOME IV.

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