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se servait pour moudre le grain nécessaire à la nourriture de ses religieuses, et le mortier où elle pilait les drogues qu'elle employait dans leurs maladies (1). Ce qui reste de ces saintes reliques ne fait plus merveilles.

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général

RAIMOND DE PEGNAFORT, des dominicains, mort en 1275. Il fut confesseur du pape Grégoire IX, à qui il ordonnait pour pénitence d'expédier plus promptement et à meilleur marché les affaires qu'on portait en cour de Rome.

que

Un jour qu'il voulait passer de l'ile de Mayorà Barcelone, comme il n'avait point de vaisseau, il prit la chape de son compagnon, l'étendit sur l'eau, et s'y embarqua en faisant le signe de la croix, avec autant d'assurance que si c'eût été un bateau. Puis ayant fiché son bourdon au milieu de la chape, il appela son compagnon qui n'osa le suivre. Il releva donc un coin de ladite chape, en guise de voile, fit en six heures plus de cinquante lieues de mer, et arriva heureusement à Barcelone.

Avant de se montrer dans la ville, il mit sur ses épaules la merveilleuse chape, aussi sèche que si on l'eût tirée d'un coffre, et entra pour souper dans un couvent dont les portes étaient

(1) M. Dulaure, Description des principaux lieux de France, tome IV, du Poitou.

fermées, car il passait comme un esprit à travers les murailles (1).

On garde cette chape à Barcelone, avec son corps qui fait des miracles. Il sort continuellement de son tombeau une poussière sainte, qui guérit les fièvres, les hémorragies, les maux d'enfans, pour peu qu'on ait le courage d'en boire une demi-once dans un verre d'eau.

RÉGNOBERT, — ou Rénobert ou Raimbert, évêque de Bayeux au septième siècle.

Les deux parties de son corps, qui étaient en 1789 à Corbeil près de Paris et au prieuré de Saint-Raimbert près de Besançon, sont, dit-on, à peu près perdues. Mais on doit avoir encore sa chasuble à Bayeux.

Elle était renfermée dans un petit coffre d'ivoire, de figure antique, avec une serrure d'argent. On voyait sur cette serrure une inscription arabe, dont voici le sens : « Quelque honneur que nous >> rendions à Dieu, nous ne pouvons pas l'hono>> rer autant qu'il le mérite. » C'est, dit-on, une inscription mahométane.

On ne savait trop comment la chasuble du saint se trouvait dans un coffre arabe, lorsque le révérend père Tournemine expliqua la chose. Il prétendit que Charles-Martel, ayant vaincu les Sarrasins dans la Touraine, pilla leur camp, et prit la cas

(1) Ribadeneira, 6 janvier.

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sette en question. Par la suite, cette cassette passa entre les mains du roi Charles-le-Chauve, qui la donna à la reine Ermentrude, sa femme.

Or, Charles-le-Chauve eut une maladie, que l'on guérit en lui mettant sur le dos la chasuble de saint Régnobert. Ermentrude, en bonne et pieuse épouse, donna sa cassette au saint (qui était mort depuis long-temps), et l'on y mit sa chasuble, qui faisait beaucoup de guérisons.

REINE.- On ne sait ni le siècle, ni l'histoire, ni le pays de cette sainte, dont la légende ressemble à celle de sainte Marguerite. Le père Giry dit qu'elle vint au monde en l'an 238, dans le pays d'Autun, et que son père, qui se nommait Clément, était un païen très-inclément. Il chassa Reine, parce que sa nourrice l'avait fait baptiser; et Reine se mit à garder les moutons.

Le gouverneur Olibrius, passant un jour dans le champ où paissait son petit troupeau, s'arrêta pour la considérer; car elle était jolie. Il en devint amoureux, et la fit mettre en prison.

Comme Reine ne répondait pas à sa tendresse, il la fit charger de chaînes. Comme ce moyen n'avança pas son amour, il la fit fouetter; et voyant que Reine ne voulait décidément pas aimer un amant si poli, il résolut de l'affaiblir par les supplices. Une colombe vint la consoler, à la vue de huit cents personnes; de quoi Olibrius courroucé ordonna qu'on lui tranchât la tête.

On gardait à Alise, la chaîne de sainte Reine, et

le cercle de fer qui lui ceignait le corps dans sa prison. A en juger par ce cercle, elle avait la taille fort mince.

Le corps de cette sainte attirait une foule immense de pèlerins à Flavigny en Bourgogne, quoiqu'elle eût un second corps à Osnabruck en Westphalie.

Le corps qui était à Flavigny fut découvert au neuvième siècle, auprès d'Alise, par une colombe qui descendit du ciel, et qui était peut-être la même dont il a déjà été question. On disait au dernier siècle que son cœur était encore frais et entier.

Mais les eaux de sainte Reine sont un peu plus fameuses que ses reliques. La fontaine d'Alise guérissait les galeux, les teigneux, et l'on n'y voyait que des pèlerinages de gens dont la peau se gâtait.

Les cordeliers avaient dans leur église une petite fontaine, plus merveilleuse encore que le grand bassin public. Ils se vantaient de guérir les plus vilaines gales et la lèpre la plus horrible, pourvu qu'on eût de la foi.

On vénérait aussi à Paris, dans l'église de SaintEustache, une image de pierre de sainte Reine, qu'un bon marchand de la rue Saint-Denis avait apportée d'Angleterre. Cette sainte image avait fait tant de miracles, qu'on avait institué, sous sa protection, une confrérie dont les aggrégés étaient assurés contre la teigne.

Les miracles de la fontaine d'Alise n'ont pas

encore cessé.

RELIQUES.

ANECDOTES DIVERSES.

Cest assez généralement l'usage, chez les Espagnols, de n'avoir d'autres médecins les que reliques, dans les maladies graves. En 1774, le fils du prince des Asturies s'étant trouvé en danger de mort, on fit venir d'Alcala les reliques de je ne sais quel saint, qui furent portées processionnellement à Madrid et déposées dans le palais, auprès du prince. Mais, malheureusement, le saint ne se trouva pas d'humeur à faire un miracle (1).

«< Antoine, duc d'Albe, et Isabelle son épouse, avaient un fils qu'ils nommaient Nicolas, et qui, comme son père et sa mère, était perdu de vilaines maladies et tombait en pièces. Isabelle sa mère envoya demander des reliques à des moines pour guérir son fils. Aussitôt, comme c'était une grande dame, les moines envoyèrent le doigt d'un certain saint. Isabelle prit ce doigt, le pila dans un mortier, le réduisit en poudre ; puis elle en fit deux parts, l'une qu'elle fit prendre à son fils dans un breuvage, l'autre qu'elle lui administra dans un clystère, afin de porter le remède partout en même temps. Mais Nicolas ne guérit point.

» Il faut pourtant convenir, comme disait la reine d'Espagne, que M. Nicolas, avec les maladies qui le pourissaient, était une belle châsse de reliques (2). » ·

(1) Voyage de Dalrymple en Espagne et en Portugal, p. 67. (2) Mémoire sur l'établissement de la maison de Bourbon en Espagne. Extrait de la Correspondance de Louville, etc.

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