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CHAPITRE XXV

DE 1779 A 1783.

La Fayette se rend en France. Il obtient l'envoi en Amérique d'un corps d'armée auxiliaire. L'Espagne déclare la guerre à l'Angleterre. Prise du fort Stony-Point par les Américains. Echec essuyé par l'amiral d'Estaing devant Savannah. Combat du Serapis et du Bonhomme Richard. L'Angleterre déclare la guerre à la Hollande. Arrivée d'une escadre et de 6,000 soldats français en Amérique. La Géorgie se soumet à l'Angleterre. Charlestown capitule. Bataille de Camden. Trahison du général Arnold. Arrestation et exécution du major André. Les Anglais se concentrent autour de New-York. Le général Cornwallis s'arrête à Yorktown qu'il fortifie. Il y est attaqué par toutes les forces américaines et françaises réunies. Capitulation du général Cornwallis et reddition de la ville. Fin de la guerre. Evacuation des villes occupées par les troupes anglaises. Conclusion de la paix entre la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, la France, l'Espagne et la Hollande.

C'est à cette époque que des bruits sur la guerre engagée entre la France et l'Angleterre commencèrent à se répandre en Amérique. La Fayette, qui, malgré l'enthousiasme qu'il ne cessait de témoigner pour la cause américaine, n'avait point oublié sa qualité de Français, sentit se réveiller son patriotisme et obtint du congrès la permission de revenir en France. Il échappa par miracle, pendant son voyage, à une conspiration formée pour le livrer aux Anglais, et arriva à Paris au mois de février 1779. Durant son séjour, il s'oc

cupa sans relâche des intérêts de la cause à laquelle il s'était voué en entier, et, par ses pressantes sollicitations, obtint du gouvernement français l'envoi d'un corps auxiliaire, principalement composé d'officiers, et parmi lesquels on remarquait le comte de Rochambeau, le baron de Vioménil, Matthieu Dumas, Duportail, qui devint ensuite ministre de la guerre, Charles de Lameth et Berthier. - Voyant par la marche des événements que sa présence, inutile en France, était, au contraire, utile en Amérique, La Fayette résolut de repartir pour ce pays. Au moment où il s'embarquait au Havre, il reçut des mains du petit-fils de Franklin l'épée d'honneur que le congrès américain, en récompense de ses services, avait décidé de lui offrir. Cette épée portait les noms des combats où s'était distingué le jeune volontaire, et avec sa propre devise: « Cur non, celle des Etats-Unis : « Crescam ut prosim. »

En Europe, l'Espagne avait cherché à intervenir pour arrêter la guerre. Elle avait déjà fourni des secours indirects aux Etats-Unis; mais elle ne pouvait pas soutenir bien énergiquement des colonies révoltées quand son empire colonial était encore si étendu. En 1779, elle proposa une longue trêve entre l'Angleterre et les Etats-Unis. Avant même que ses propositions eussent rencontré un refus définitif, elle signa avec la France une alliance éventuelle contre l'Angleterre; son ambassadeur quitta Londres, et l'Espagne adressa immédiatement une déclaration de

guerre au cabinet de Saint-James : elle accusait l'Angleterre d'avoir violé son territoire en Amérique, et de n'avoir pas respecté son pavillon. Mais elle se gardait bien de faire allusion aux Etats-Unis dont elle affectait de séparer sa propre cause. La déclaration de l'Espagne fut bientôt suivie d'un manifeste du gouvernement français contre l'Angleterre.

Pendant cette même année, la prise de Stony-Point, sur l'Hudson, par le général Wayne, à la tête de huit cents hommes, fut l'un des plus brillants exploits de la guerre. Six semaines auparavant, cette forteresse était tombée au pouvoir des Anglais, qui y avaient mis une nombreuse garnison. A cause de sa position commandant la navigation du fleuve, Washington considérait sa reprise comme de première importance; c'est pour cela qu'il chargea le général Wayne d'essayer de s'en emparer. Le 15 juillet, les troupes provinciales remontaient l'Hudson, et débarquaient à huit heures du soir dans le voisinage du fort. Le commandant de l'expédition prit avec le plus grand soin ses mesures pour assurer la réussite de son entreprise, et, par ses ordres, tous ceux qui auraient pu porter à l'ennemi la nouvelle de ses mouvements furent arrêtés. Le mot de reconnaissance « le fort est à nous » ayant été obtenu d'un nègre qui était entré dans le fort pour y vendre des fruits aux soldats, l'attaque fut fixée pour minuit. A onze heures et demie, les Américains s'avancèrent sur deux colonnes, sous la conduite du nègre, jusqu'à la porte du fort où celui-ci répon

dit au Qui est là?» de la sentinelle par le mot d'ordre et se mit à causer avec elle. Tout à coup ce soldat se sentit appréhendé au corps et bâillonné, puis le général Wayne et ses hommes, pénétrant dans le fort, commencèrent à gravir l'éminence sur laquelle les casernes étaient bâties. Ils n'étaient pas arrivés au haut qu'ils furent découverts, mais, malgré la grêle de balles que les Anglais dirigèrent sur eux, ils continuèrent leur ascension, jusqu'à ce qu'ayant atteint le plateau supérieur, ils se formassent en deux compagnies et tombassent avec un élan irrésistible sur leurs ennemis. En un instant, la victoire fut décidée; le fort resta au pouvoir des patriotes qui firent plus de six cents prisonniers. Pendant l'action, le général Wayne fut atteint d'un coup de feu à la tête et renversé; se relevant néanmoins aussitôt sur un genou, il cria : « En avant! mes braves garçons. En avant! Puis, comme il se croyait blessé mortellement, il pria ses aides de camp de le transporter dans le fort, afin qu'il pût mourir sur le lieu si glorieusement conquis. Malgré la gravité de sa blessure, Wayne en réchappa, et, en récompense de cet exploit, il reçut du congrès une médaille d'or avec un vote de remerciements.

Cette forteresse étant ainsi retombée aux mains des Américains, ceux-ci en tournèrent l'artillerie contre le fort de Verplank's-Point, et dirigèrent leurs coups avec une telle précision que les navires de guerre mouillés dans le fleuve durent couper à la hâte leurs câbles et filer vers la mer.

Dès que la nouvelle de ces événements parvint à New-York, des préparatifs furent faits pour secourir ce dernier poste et recouvrer le premier. Mais il n'entrait pas dans les vues toujours prudentes du général Washington de risquer un combat pour la possession de ces deux places fortes, aussi donna-t-il l'ordre d'enlever toutes les pièces de canon et les approvisionnements qui se trouvaient dans le fort de StonyPoint, et d'en détruire, autant que possible, les ouvrages. Trois jours après, les patriotes abandonnaient le fort, qui retombait une fois encore au pouvoir des Anglais.

Après une campagne assez fructueuse pour la France dans les Antilles, d'Estaing était revenu joindre ses forces à celles des Américains. Il concerta avec eux une attaque contre Savannah, la capitale de la Géorgie. Les opérations du siége durèrent assez longtemps; d'Estaing ordonna un assaut qui fut repoussé avec une perte d'un millier d'hommes, et, lui-même blessé, retourna en Europe avec une des trois escadres françaises.

Aucun des succès des Américains ne causa plus de dépit aux Anglais que ceux qu'ils obtinrent avec leurs vaisseaux. En 1775, quand Washington eut autorisé l'armement de corsaires qui devaient croiser sur la côte de la Nouvelle-Angleterre, le congrès créa un département naval. Des navires légers et rapides furent équipés en guerre, pourvus de canons, et bientôt leur nombre devint considérable. En trois ans, ils

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