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saires pour saler, sécher, garder et encaquer le poisson qui sera pris sur cette côte et de couper et prendre les arbres et autres matériaux qui croissent dans le pays ou qui se trouvent dans les places vaines et vagues, et non possédées par aucuns propriétaires particuliers, suivant qu'il sera nécessaire pour cet objet, et pour toutes les autres facilités, secours et avantages concernant le commerce de la pêche, de la manière et en la forme qu'ils étoient accoûtumés d'en user en aucun temps, sans faire aucun dégat volontaire, nonobstant toutes choses contenues en ces présentes, à ce contraires.

Et enfin, pour mieux pourvoir et fournir de mâts notre marine royale, nous réservons par ces présentes à nous, nos hoirs et successeurs, tous les arbres de vingt-quatre pouces de diamètre et au dessus, à la hauteur de douze pieds de terre qui se trouveront dans aucun terrein de notredite province ou territoire qui n'a pas encore été concédé à aucun particulier; et nous défendons à toutes personnes quelconques d'abattre, couper ou détruire aucun de ces arbres, sans avoir auparavant eu et obtenu la permission royale de nous, nos hoirs et successeurs, sous peine d'être condamnées à une amende de cent livres sterling, au profit de nous, nos hoirs et successeurs, pour chaque arbre ainsi abattu, coupé ou détruit, sans avoir eu et obtenu la permission, nonobstant toutes choses contenues en ces présentes, à ce contraires.

En foi de quoi, nous avons accordé les présentes lettres patentes. FAIT en notre présence, à Westminster, le sept octobre de la troisième année de notre règne.

Par ordonnance du Sceau privé,

Signé: PIGOT.

Ecrits satiriques de Franklin au début

de la révolution 1.

I.

RÈGLES POUR FAIRE D'UN GRAND EMPIRE UN PETIT.

Mémoire présenté à un nouveau ministre à son entrée en

fonctions.
1773.

Un ancien sage s'estimait en ceci, que s'il ne savait pas jouer du violon, il savait comment d'une petite cité on en fait une grande. La science que je veux révéler, moi qui ne suis qu'un moderne ignorant, est justement le contraire.

Je m'adresse à tous les ministres qui ont l'administration de vastes empires, que leur étendue même rend fatigant de gouverner, parce que la multiplicité des affaires ne laisse pas de temps pour jouer du violon.

1o Et d'abord, Messieurs, considérez qu'un grand empire, comme un gros gâteau, est plus facile à entamer par les bords. Portez donc d'abord votre attention sur les provinces les plus éloignées, afin qu'une fois débarrassés de celles-là, le reste suive par ordre.

2o Pour que la possibilité d'une séparation existe toujours, prenez un soin particulier afin que les provinces ne soient jamais incorporées à la métropole, qu'elles n'aient pas les mêmes. droits, les mêmes priviléges commerciaux et enfin qu'elles soient gouvernées par des lois plus sévères, toutes de votre fabrique, sans qu'on leur donne jamais aucune part au choix des législateurs. En faisant et en maintenant avec soin de pareilles distinctions, vous agirez (je suis ma comparaison du gâteau) comme un sage fabricant de pain d'épices, qui, pour faciliter la

1 Extraits de la Correspondance de Benj. Franklin, traduite et annotée par Ed. Laboulaye.

division, fend à moitié sa pâte là où il veut qu'une fois cuite, elle se casse en morceaux.

3° Peut-être ces provinces éloignées ont-elles été acquises, achetées ou conquises par le seul effort des colons ou de leurs ancêtres, sans l'aide de la mère-patrie. Si par hasard ces colons augmentaient la force de la mère-patrie, toujours croissant en nombre et toujours prêts à l'aider dans ses guerres, s'ils augmentaient son commerce par des demandes toujours croissantes à ses fabriques, s'ils augmentaient sa marine, lui employant de plus en plus ses vaisseaux et ses matelots, peut-être croiraient-ils avoir quelque mérite et avoir droit à quelque faveur; ayez soin de tout oublier ou d'en être blessés comme d'une injure qu'ils vous auraient faite. Et si c'étaient des whigs zélés, des amis de la liberté, nourris dans les principes de la révolution, rappelez-vous tout ceci, mais pour les en punir. Quand une révolution est solidement établie, de pareils principes ne sont pas seulement inutiles; ils sont odieux et abominables.

4o Vos colonies se soumettent pacifiquement à votre gouvernement, elles ont montré toute l'affection qu'elles portent à vos intérêts, elles ont souffert leurs maux en patience; il n'importe! Supposez-les toujours disposées à la révolte et traitez-les en conséquence. Logez chez elles des soldats qui, par leur insolence, provoquent l'émeute et qui la répriment avec des balles et des baïonnettes. De cette façon, vous ferez comme ces bons maris qui, par soupçon, maltraitent leurs femmes; avec le temps, vos soupçons deviendront des réalités.

5o Aux provinces éloignées, il faut des gouverneurs et des juges qui représentent la personne royale, et exercent partout la part d'autorité qu'il leur a déléguée. Or vous, ministres, vous n'ignorez point que la force du gouvernement dépend beaucoup de l'opinion du peuple, et que cette opinion du peuple dépend beaucoup du choix des gouvernants qu'on lui donne. Si donc, pour les gouverner, vous envoyez aux colons des hommes sages et bons, qui étudient l'intérêt et favorisent la prospérité de

la province, les colons penseront que le roi est sage et bon, et qu'il désire le bien-être de ses sujets. Si, pour les juger, vous leur envoyez des hommes instruits et droits, ils penseront que le roi est un ami de la justice. Cela attachera davantage vos provinces au gouvernement du roi. Faites donc bien attention à ceux que vous recommanderez pour ces fonctions. Si vous pouvez trouver des prodigues qui ont dissipé leur fortune, des joueurs ruinés, des spéculateurs en faillite, cela fera d'excellents gouverneurs, car il est probable qu'ils seront rapaces et qu'ils irriteront le peuple par leurs extorsions. Des procureurs chicaniers, des légistes ergoteurs, ne feraient pas mal non plus, car ils disputeront et querelleront sans cesse avec leurs petits Parlements. Si de plus ils sont ignorants, entêtés et insolents, tant mieux. Avec des clercs de procureur et des avocats de cour d'assises, vous ferez des juges excellents, surtout s'ils ne gardent leur place qu'à votre bon plaisir. Tous ensemble contribueront à imprimer dans l'esprit des colons cette idée de votre gouvernement qui convient à un peuple dont vous voulez vous débarrasser.

6o Pour confirmer ces impressions et les enfoncer davantage, ayez soin, chaque fois qu'un opprimé vient à la capitale pour se plaindre de mauvaise administration, d'oppression ou d'injustice, ayez soin, dis-je, de punir le plaignant par de longs délais, des frais énormes, et enfin par un jugement rendu en faveur de l'oppresseur. De toute façon, ceci aura un effet admirable. Vous éviterez l'ennui de recevoir de nouvelles plaintes, tandis que vos gouverneurs et vos juges seront encouragés à de nouvelles violences et de nouvelles injustices. Par là, le peuple sera de moins en moins affectionné, et finira par être désespéré.

7° Quand ces gouverneurs auront rempli leurs coffres, et se seront rendus si odieux aux colonies qu'ils n'y pourront plus rester en sûreté, rappelez-les et récompensez-les avec des pensions. Vous pouvez même les faire baronnets, si ce corps res

pectable n'en prend pas d'ombrage. Tout cela encouragera les nouveaux gouverneurs à suivre les mêmes pratiques et fera détester le gouvernement du roi.

80 Si tandis que vous êtes engagés dans une guerre, vos colonies rivalisent à qui vous fournira le plus d'hommes et d'argent sur votre simple réquisition, si elles donnent au delà même de leurs forces, réfléchissez qu'un penny que vous leur prenez d'autorité est plus honorable pour vous qu'une livre sterling qu'elles vous offrent par amitié; méprisez donc leurs dons volontaires et prenez le parti de les harasser par des taxes nouvelles. Il est probable que les colonies se plaindront à votre Parlement d'être taxées par un corps où elles n'ont pas de représentants. «Cela, diront-elles, est contraire au droit commun.>> Elles pétitionneront pour obtenir justice. Que le Parlement insulte à leurs plaintes, qu'il rejette leurs pétitions, qu'il refuse même d'en entendre la lecture, qu'il traite les pétitionnaires avec le dernier mépris. Pour produire la séparation désirée, rien ne peut avoir un meilleur effet; on pardonne l'injure, on ne pardonne pas le mépris.

9o En établissant ces taxes, ne faites jamais attention aux lourdes charges qui pèsent déjà sur ce peuple obligé de défendre ses frontières, d'ouvrir des routes, de bâtir des ponts, des églises et d'autres édifices publics, toutes choses que vos ancêtres ont faites pour vous, mais qui saignent à blanc la bourse d'un peuple nouveau. Oubliez les restrictions que vous avez mises sur leur commerce dans votre seul intérêt, oubliez les avantages que ce monopole donne à vos marchands exigeants. Ne faites pas attention à la richesse que vos marchands et vos manufacturiers acquièrent par le commerce colonial, à la facilité que cette richesse leur donne pour payer des taxes à l'intérieur; ne voyez pas qu'ils mettent le plus fort de la taxe dans le prix de leurs articles, et qu'ils le font ainsi payer par le consommateur; tout cela, et ces milliers de vos pauvres qu'emploient et que soutiennent les colons, oubliez-les complétement; il le

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