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tion des taxes ne fait point partie de l'autorité qui gouverne, ou de celle qui fait les lois, les impôts étant des dons volontaires, des concessions gratuites qui ne peuvent provenir que des communes. Les trois pouvoirs suprêmes du royaume concourent à la législation; mais quant aux taxes, le concours des pairs et de la couronne n'est nécessaire que pour l'authenticité des actes qui les imposent, c'est-à-dire pour leur donner la forme prescrite par la loi. Mais le don et la concession appartiennent aux seules communes; or, cette chambre représente les communes, comme elles représentent elles-mêmes virtuellement le reste des habitants. C'est pourquoi, lorsque nous, membres de cette chambre, nous donnons ou concédons quelque chose, nous donnons et concédons ce qui est à nous. Mais qu'avons-nous à faire dans les impositions de l'Amérique? notre bien? Non : nous concédons à Votre Majesté le bien de

communes d'Amérique. Peut-il rien s'imaginer de plus. absurde? On a affirmé à l'instant qu'il n'y avait aucune différence entre les impositions intérieures et extérieures, et que l'établissement des taxes était une partie essentielle de la législation. Mais de grâce, la couronne et les pairs ne sont-ils pas, aussi bien que les communes, investis de la puissance législative? Assurément. La couronne et les pairs ont-ils donc le droit de mettre des impôts? Non, certes, et jamais personne ne l'a prétendu.

Eh bien donc George Greenville, si ces deux propositions sont vraies, comme vous-même vous en convenez, ne s'ensuitil pas de nécessité que l'imposition des taxes ne fait point partie de la législation simple, et qu'elle forme une attribution différente? On nous a dit que les Américains étaient représentés ici virtuellement; mais, je le demande, par quelle province, par quel comté, quelle ville ou quel bourg sont-ils représentés ? C'est sans doute par quelque province, comté, ville ou bourg, qu'eux ni leurs ancêtres n'ont jamais ni vu, ni connu, que jamais ils ne verront, ni connaîtront. Les communes de l'Améri

que, c'est-à-dire leurs assemblées, voilà leurs représentants; ils ont toujours eu et exercé, ils ont et exercent encore le droit de taxer les colons; et s'ils n'avaient pas eu ce droit, n'auraient-ils point été esclaves? Je ne suis point venu ici armé de toutes pièces, je n'ai pas fouillé soigneusement dans les vieux livres de nos statuts, comme l'a fait le redoutable adversaire que je combats. Mais je sais, du moins, que, si l'on veut prendre exemple sur les faits antiques, on reconnaîtra que, sous les règnes mêmes les plus absolus, personne ne fut taxé qu'il ne fût représenté et de nos jours, ceux qui n'envoient pas de députés au parlement sont tous, du moins, habitants de la GrandeBretagne; ils peuvent voter dans l'élection de ces députés, ou enfin ils sont liés par plus d'un rapport avec ceux qui votent. Plût au Ciel, néanmoins, qu'ils fussent tous mieux représentés qu'ils ne le sont! C'est le vice de notre constitution; et peutêtre arrivera-t-il un jour (c'est ma joie de le penser) où le mode de la représentation, partie si essentielle de notre organisation civile et la principale sauvegarde de notre liberté, sera porté à cette perfection qui doit faire l'objet des voeux de tout bon Anglais. On demande comment et depuis quand l'Amérique est émancipée? Et moi, de mon côté, je demande comment et depuis quand elle est esclave? On dit dans cette chambre que l'étendard de la rébellion y est dressé et c'est ainsi qu'on ose noter d'infamie la plus belle prérogative des sénateurs anglais, celle de dire ce qu'ils pensent, et de parler librement et sans fard des choses qui touchent à la patrie! Ils ont loyalement manifesté leur opinion sur cette loi fatale; ils ont pressenti, ils ont annoncé les périls qui nous menacent; et cette franchise leur est imputée à crime! C'est une profonde affliction pour moi de voir qu'on ne puisse plus exprimer son opinion dans cette chambre, sans se rendre coupable: il faut nous préparer` au plus sinistre avenir, si nos voix, nos cœurs, nos mains n'osent plus s'opposer avec courage à la tyrannie dont nous sommes menacés. L'orateur précédent nous dit que l'Amérique

est obstinée, que l'Amérique est presque en complète rébellion. Eh bien! je me réjouis de ce que l'Amérique a résisté ! Trois millions d'hommes assez morts à tout sentiment de liberté pour se soumettre volontairement à devenir esclaves, auraient été des instruments propres à faire des esclaves du reste. L'honorable membre a dit encore, car il est riche en paroles acerbes, que l'Amérique est ingrate : il a exalté jusqu'aux cieux sa honté envers elle; mais cette bonté, à tout prendre, n'avait-elle pas pour premier objet l'avantage de l'Angleterre? Comment donc l'Amérique est-elle ingrate? Ne nous rend-elle pas bon compte d'elle-même? Les profits que retire la Grande-Bretagne de son commerce d'Amérique sont de deux millions sterling par an. Voilà quel a été l'aliment de vos triomphes dans tout le cours de la dernière guerre. Les terres qui, soixante-dix ans auparavant, rapportaient 2,000 livres de rente, en rapportent 3,000 aujourd'hui, et c'est à l'Amérique que nous en sommes redevables. C'est le prix qu'elle vous paie pour votre protection; et je ne parle pas même ici de l'accroissement de la population des colonies, de l'affluence des nouveaux habitants qui s'y rendent de tous les points de l'Europe, et du développement ultérieur du commerce américain, s'il est régi par de sages lois.

Et il faudrait encore écouter les discours d'un publicain, qui vient se vanter de vouloir ériger en signe de droit, qui n'existe pas, quelques misérables sommes qui entrent dans le trésor royal! Il se plaint d'avoir été maltraité dans les papiers publics! Je n'ai rien à lui dire à ce sujet, sinon que c'est un malheur commun à tous ceux qui se sont élevés en grade ou qui prennent part à la gestion de la chose publique. Il prétend, en outre, que lorsqu'il a proposé pour la première fois cet impôt du timbre, personne ne s'est levé pour le combattre. Mais qui ne sait combien est grande la retenue de cette chambre, lorsqu'il s'agit de contredire un ministre? Si ces honorables membres ne parviennent pas cependant à s'en dépouiller, je crois bien que les peuples les dépouilleront d'une grande partie du respect et de

la confiance qu'ils leur ont accordés. On parle beaucoup, et peut-être plus qu'il ne serait convenable, de la force et de la puissance de l'Amérique. Mais dans une cause juste, pour la défense d'un droit légitime, l'Angleterre a des moyens plus que suffisants pour réduire l'Amérique à l'obéissance. Toutefois, quand il s'agit d'opérer une injustice évidente, je suis le premier à m'y opposer, à élever mes mains et ma voix pour qu'elle ne s'accomplisse pas. Dans un tel cas, le succès serait déplorable et la victoire périlleuse. Si l'Amérique devait tomber, elle tomberait comme l'homme fort; elle embrasserait et ferait écrouler les colonnes de l'Etat, elle entraînerait avec elle la constitution même. Voilà donc quelle est la paix que vous nous vantez! Ce n'est pas dans le fourreau, mais dans les entrailles de vos compatriotes que vous voulez enfoncer vos épées! Allezvous vous précipiter dans les discordes civiles, maintenant que toute la maison de Bourbon s'est liguée contre vous? Déjà la France trouble vos pêcheries à Terre-Neuve; déjà elle entrave votre traite des noirs en Afrique; déjà elle retient les biens de vos sujets du Canada au mépris des traités; déjà l'Espagne refuse le rachat des Manilles; déjà leur valeureux conquérant est traité d'infâme traître, de détestable spoliateur. Assurément les Américains ont tort! Ils se sont écartés des devoirs de la prudence et de la modération. Mais vous, par vos injustices, n'aviez-vous pas égaré leur raison? Vos cœurs trouveront-ils la force de les punir pour des égarements qui sont votre ouvrage? Non, sans doute. Que l'Angleterre, comme la plus forte, comme il convient à une mère, soit aujourd'hui la première à user de bénignité et d'indulgence. Excusez leurs erreurs, sachez honorer leurs vertus.

Pour conclure définitivement, je déclare que j'estime plus conforme à notre dignité, plus utile à notre liberté, et en tout plus sûr pour ce royaume, que le bill du timbre soit absolument et immédiatement révoqué. J'opine, en outre, pour qu'il soit déclaré en même temps que l'autorité de la Grande-Bretagne sur

les colonies est souveraine, et qu'elle peut s'étendre à tous les objets quelconques de législation. Statuons, enfin, que nous pouvons régler leur commerce, limiter leurs manufactures, et exercer sur eux nos droits de toute nature, hors celui d'arracher l'argent de leurs mains sans leur consentement.

TRAITÉ D'AMITIÉ ET DE COMMERCE CONCLU ENTRE LE ROI DE FRANCE LOUIS XVI ET LES ÉTATS-UNIS, LE 6 FÉVRIER 1778.

LOUIS, PAR LA GRACE DE DIEU, ROI DE FRANCE ET DE NAVARRE, à tous ceux qui ces présentes Lettres verront; salut. Comme notre très-cher et bien-aimé le sieur Conrad-Alexandre Gérard, syndic royal de la ville de Strasbourg et secrétaire de notre conseil d'Etat, aurait, en vertu des pleins pouvoirs que nous lui avions donnés, conclu, arrêté et signé le 6 février de la présente année 1778, avec les sieurs BENJAMIN FRANKLIN, SILAS DEANE et ARTHUR LEE, Députés du Congrès général des Etats-Unis de l'Amérique septentrionale, également munis de pleins pouvoirs en bonne forme, un Traité d'Amitié et de Commerce dont la teneur s'ensuit:

LE ROI Très-Chrétien et les Treize Etats-Unis de l'Amérique septentrionale; Savoir, New-Hampshire, la baie de Massachusset, Rhode-Island, Connecticut, New-York, New-Jersey, Pennsylvanie, les Comtés de New-Castle, de Kent et de Sussex sur la Delaware, Maryland, Virginie, Caroline septentrionale, Caroline méridionale et Géorgie, voulant établir d'une manière équitable et permanente les règles qui devront être suivies relativement à la correspondance et au commerce que les deux parties désirent d'établir entre les deux pays, Etats et sujets respectifs; Sa Majesté Très-Chrétienne et lesdits Etats-Unis ont jugé ne pouvoir mieux atteindre à ce but qu'en prenant pour base de leur arrangement l'égalité et la réciprocité la plus

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