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siane; la Nouvelle-Orléans fut fondée en 1718 et Vincennes en 1735.

Les persécutions que les protestants avaient à subir en France favorisèrent activement l'émigration en Amérique, surtout au dix-septième siècle. Quand la Rochelle eut été prise par Richelieu, l'Amérique anglaise offrit un asile à beaucoup de calvinistes de l'ouest de la France. Après les Hollandais, c'étaient les Français qui, au milieu du dix-septième siècle, formaient, dans l'État de New-York, la partie de la population la plus importante par le nombre et la richesse. En 1680, l'arrivée de protestants français marque le premier accroissement notable de la population de Charlestown, qui devint la plus riche et la plus peuplée des colonies, et eut même des rues entières habitées par les réfugiés français. En Pennsylvanie accoururent surtout les protestants qui, après la révocation de l'Edit de Nantes (1685), avaient cherché un refuge en Angleterre et avaient été obligés par l'intolérance de Jacques II de quitter ce royaume. Mais, c'est la Caroline du Sud qui en recueillit le plus grand nombre : elle devint, comme disaient les Américains, « la maison des huguenots » (the home of the huguenots) dans le Nouveau Monde, et en effet, c'était là que les populations du sud de la France préféraient se fixer, parce qu'elles y trouvaient le climat le plus chaud.

L'influence des protestants français se fit heureusement sentir en Amérique : ils se mirent à défricher les terres de la Virginie, du Massachusetts, de l'État de

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New-York; ils introduisirent dans la Caroline des cultures nouvelles, donnèrent un certain développement au commerce de Charlestown et créèrent à New-Bordeaux des manufactures de laine et de soie. « Les noms des Français émigrés, dit un des principaux membres de l'Église épiscopale aux États-Unis, paraissent avec distinction dans les grands corps de l'État, sur les siéges de nos tribunaux. » — « Une politesse et une élégance de mœurs bien supérieures à celles des habitants d'origine anglaise, une moralité sévère, la charité la plus inaltérable, telles furent les qualités par lesquelles les réfugiés s'imposèrent à l'estime de leurs concitoyens. Aux manières distinguées qu'ils avaient apportées de leur ancienne patrie et qu'ils s'efforcèrent de communiquer aux Américains, ils joignaient cette rigidité de principes et de conduite dont leurs ancêtres persécutés avaient donné l'exemple en France avant la révocation 1. >>

1 Weiss, Histoire des réfugiés protestants de France, t. I.

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CHAPITRE VI

Frobisher reprend les plans de Cabot et arrive à la baie de Baffin. Sir Francis Drake passe par le détroit de Magellan; il explore les côtes de l'océan Pacifique jusqu'à la baie de San-Francisco. — Sir Humphrey Gilbert crée quelques établissements dans l'île de Terre-Neuve. - Sir Walter Raleigh fonde une colonie dans l'île de Ransoke. Il revient en Angleterre où il introduit l'usage du tabac et de la pomme de terre. Il organise une seconde expédition; son entreprise échoue complétement. Formation des Compagnies de Plymouth et de Londres; résultats différents qu'elles obtinrent dans leurs essais de colonisation.

Nous devons d'abord remarquer qu'à cette epoque le nom d'Amérique du Nord était à peine employé. D'après les cartes faites de 1530 à 1560 par différents navigateurs qui avaient exploré les côtes du Nouveau Monde, nous voyons que le nom d'Amérique fut, dès l'origine, donné à l'Amérique du Sud. Ce fait est d'ailleurs facile à expliquer, car c'est cette partie du.continent qu'Améric Vespuce visita et décrivit dans ses relations de voyages, la prenant pour une île.

Plus tard, lorsque les Espagnols vinrent s'établir dans l'Amérique du Nord, ils l'appelèrent « Floride; » les Français lui donnèrent le nom de Canada ou Nouvelle-France, et ces deux nations s'en disputèrent la possession, chacune des deux ayant, par ses conquêtes, des droits à peu près égaux.

Pendant ces débats et ces luttes, les Anglais n'avaient pas oublié que Jean Cabot et son fils Sébastien

avaient, les premiers, mis le pied sur le continent américain. Sir Walter Raleigh et quelques hommes de courage voulurent entreprendre de coloniser pour le compte de l'Angleterre les terres découvertes par ces navigateurs.

Les Anglais avaient toujours revendiqué leurs droits à la possession de tout le territoire compris entre le Canada et la Floride; ils l'avaient nommé « Virginie » pour plaire à leur reine Élisabeth, qui aimait à être appelée la reine vierge. Mais, jusque vers l'année 1575, ils ne semblèrent pas vouloir s'occuper activement d'une conquête que les susceptibilités de nations rivales pouvaient rendre périlleuse.

Frobisher fut le premier à inaugurer une nouvelle ère de voyages en reprenant les plans de Cabot. Il se mit à la recherche de la route des Indes par le nordouest, mais, arrêté par les glaces, dans la baie de Baffin, il déclara toutes les terres qu'il avait devant lui apanage de la couronne d'Angleterre, puis revint dans son pays.

Sir Francis Drake fit plusieurs expéditions au Nouveau Monde. Se trouvant dans l'isthme de Panama, il grimpa au haut d'un arbre très-élevé d'où il aperçut l'immensité de l'océan Pacifique. Il revint en Angleterre où il arma quelques navires, puis, traversant le détroit de Magellan, il remonta toutes les côtes de l'Amérique du Sud et arriva dans la baie de San-Francisco. Après avoir fait quelques réparations à son navire, il se remit en route et, passant par le cap de

Bonne-Espérance, retourna en Angleterre, ayant ainsi fait le tour du Monde.

Sir Humphrey Gilbert ne chercha point à faire de nouvelles découvertes. Connaissant, par les rapports qui avaient été publiés, les ressources du continent américain, il pensait qu'il était préférable, au lieu de courir après des épices et de l'or introuvables, de former sur ces nouvelles terres des colonies permanentes. Il transporta quelques compagnies d'émigrants dans l'île de Terre-Neuve, où elles s'établirent, puis il entreprit de retourner en Angleterre dans une barque ne mesurant pas dix tonnes. A moitié chemin, il fut surpris par une tempête épouvantable qui détruisit son embarcation; ni lui, ni aucun des marins qui l'accompagnaient ne survécurent à cette catastrophe.

Quoique le roi d'Angleterre Henri VII eût remis à Jean Cabot une commission royale pour les découvertes faites par lui sur les côtes de l'Amérique du Nord, il n'avait jamais songé à exercer effectivement sa souveraineté. Un temps considérable se passa avant que l'Angleterre ne fit valoir ses titres c'est lorsque le pouvoir de cette puissance se fut agrandi par le commerce et que sa jalousie fut excitée par les richesses que l'Espagne tirait de ses colonies transatlantiques, c'est alors seulement, sous le règne d'Élisabeth, que sir Walter Raleigh' adopta les vues de son frère de lait Gilbert, et voulut continuer son projet.

1 Il importe de ne pas laisser passer, sans en esquisser les principaux traits, la figure originale de ce « grand pasteur de l'Océan. »

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