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épisodes coupent agréablement l'uniformité du récit, amoenitas intertexta fastidio narrationum medetur; puis il ajoute : In omnibus verò Georgicorum libris, hoc idem summa cum elegantia fecit (Virgilius). Nam post præcepta, quæ natura res dura est, ut legentis animum vel auditum novaret, singulos libros acciti extrinsecus argumenti interpositione conclusit: primum de signis tempestatum, de laudatione rusticæ vitæ secundum, et tertius desinit in pestilentiam pecorum; quarti finis est de Orpheo et Aristeo non otiosa narratio. En effet, rien n'est plus beau dans le premier chant que les vers qui le terminent, à commencer aux signes qui annoncent l'orage. Dans le second, après la belle description de l'Italie, l'éloge de la vie champêtre est le morceau le plus saillant. Dans le troisième, la description de la peste peut rivaliser avec les beaux vers de Lucrèce sur le même sujet; mais on Ꭹ admire encore la description du cheval et des courses de chevaux, rendue avec beaucoup de verve. L'hyver de la Scythie y est aussi tellement peint, qu'on frissonne en le lisant. Dans le quatrième, après le tableau enchanteur du bonheur dont jouit le vieillard sicilien près de Tarente, on admire le riche et touchant épisode d'Aristée, qui seul vaut un poëme, et que quelques-uns regardent comme supérieur à tout ce qui nous reste de la poésie ancienne.

Arrivons à l'Énéide : le second livre, le sac de Troie; le quatrième, les amours de Didon; le si

xième, la descente d'Énée aux Enfers, sont trois grands morceaux regardés universellement comme les plus finis, les plus complétement beaux que l'épopée ait produits chez aucune nation, et qui par conséquent seront à jamais le modèle et le désespoir des poëtes épiques. Voltaire dit que « Virgile n'avoit voulu réciter à Auguste que le premier, le second, le quatrième et le sixième livres de l'Énéide, qui sont effectivement la plus belle partie de ce poëme. Il n'est point donné aux hommes d'être parfaits, ajoute-t-il; Virgile a épuisé tout ce que l'imagination a de plus grand dans la descente d'Énée aux Enfers; il dit tout au cœur dans les amours de Didon; la terreur et la compassion ne peuvent aller plus loin que dans la description de la ruine de Troie. » M. Schoell, parlant de l'Énéide dans son Histoire de la Littérature romaine, tome 1.er, pag. 235, émet la même opinion : « Le second livre surtout, dit-il, est un chef-d'œuvre, et, dans toute l'antiquité, il n'existe rien qui puisse être comparé au quatrième; le sixième leur est peu inférieur. » Les autres morceaux les plus brillans du poëme ceux où étincellent le plus de beautés en tous genres sont les suivans: le discours de Junon, et la tempête soulevée par Eole et se calmant à la voix de Neptune (livre 1.er), l'épisode d'Andromaque (livre ), les jeux célébrés en Sicile ( livre v), la cour d'Evandre, l'épisode de Cacus et le bouclier d'Énée (livre vi), l'épisode d'Euryale et Nisus (livre 1x), le conseil des Dieux ( livre x ),

les funérailles de Pallas et les harangues de Drancès et de Turnus (livre x1), enfin, le combat d'Énée et de Turnus (livre x11).

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Si l'on désire savoir tout ce que Virgile a emprunté à Théocrite, à Hésiode, à Homère et à plusieurs de ses contemporains, il faut consulter les Saturnales de Macrobe, et lire d'abord les chapitres du ve. livre, depuis le 2. jusqu'au 22.o, mais plus particulièrement les trois premiers chapitres du vi. livre. Quant aux imitations de Théocrite, les détails les plus circonstanciés se trouvent, avec texte et traduction, dans les Bucoliques de Virgile, trad. par M. Firmin Didot, Paris, 1806, in-8°.

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FR. MAR. AROUET DE VOLTAIRE (V. tom. 1, pag. 285), brillant et fécond génie dont les nombreux ouvrages se réduiroient à bien moins de volumes, si l'on en retranchoit tout ce que la religion, la morale et la politique y ont trouvé de répréhensible, et tout ce que l'autorité a frappé du sceau de la réprobation. Nous avons exposé ailleurs (tom. 1, pag. 296311) les jugemens portés sur ce célèbre écrivain nous nous contenterons ici d'indiquer ceux de ses ouvrages qui ont toujours passé pour les meilleurs. Commençons par son Théatre, qui est ( quant à la majorité de ses tragédies) son plus beau titre de gloire : Mérope et Zaïre nous paroissent les deux pièces les plus intéressantes et les plus attendrissantes qui soient au théâtre. La première surtout est la plus finie qui soit sortie de la plume de Voltaire.

Mahomet est la pièce que l'auteur préféroit à toutes les autres ; la raison s'en devine aisément. Il y a une grande force morale et dramatique. Malgré ses défauts, on s'accorde à la placer parmi les plus belles et les plus terribles productions de la scène française. Adélaïde Du Guesclin peut figurer avec les meilleures pièces de l'auteur. Son dénouement est l'un des plus beaux du théâtre. Alzire est remarquable par le mérite de la versification ; le troisième acte est de toute beauté. Dans Brutus et dans la mort de César, on retrouve ces pensées fortes, ces maximes romaines que Corneille a exprimées avec tant d'énergie. Tancrède est du plus grand effet ; c'est l'une des pièces dont, selon La Harpe, la contexture est le plus travaillée. Viennent ensuite OEdipe, Oreste, Sémiramis dont le quatrième acte est si tragique; puis l'Orphelin de la Chine.

La Henriade est la seule épopée dont s'honore la France; et à ce titre elle peut passer pour le plus grand ouvrage du siècle, malgré ses défauts; car elle en a. On a remarqué avec raison que le poëme pèche contre l'unité d'objet, que les conceptions en sont petites, que la richesse d'invention y manque, que le merveilleux y est foible, qu'Henri IV n'y joue qu'un rôle secondaire dans les premiers chants, et qu'en général les héros y sont petits; mais en revanche quel style enchanteur! quel coloris brillant! quelle versification aisée! On peut distinguer dans la Henriade les passages suivans : le tableau de l'Angleterre, (ch. 1); la mort de Coligny, ( ch. 11 );

le caractère de Guise, la bataille de Coutras, la mort de Guise et le caractère de Mayenne, (ch. 111); le tableau de Rome, (ch. 1v); le départ de Jacques Clément pour aller assassiner Henri III, (ch.v); l'attaque des faubourgs de Paris, (ch. v1); l'esquisse du siècle de Louis XIV, (ch. ví); la bataille d'Ivry et l'épisode de Dailly, ( ch. vIII ); la description du temple de l'Amour, ( ch. 1x ) ; enfin le tableau de la famine, ( ch. x ).

Le Temple du goût est une pièce remplie de vivacité, de variété et d'agrément. Voltaire y juge, quelquefois un peu légèrement, certains auteurs; il indisposa beaucoup de monde ; mais le tour du style est si aimable et en même temps si piquant, qu'on relit toujours avec plaisir ce petit poëme, à part cependant la tirade où il est question des beaux arts, qui commence par, Près de là dans un cabinet, et qui finit par, le coloris de la nature. A coup sûr on n'y trouvera pas le coloris de la poésie, surtout ce coloris si vif, si brillant et si ordinaire chez ce grand écrivain. Quelqu'un a appelé cette tirade de la prose carrée.

Un choix des Poésies fugitives de Voltaire, dégagé de toute personnalité et de ce qui peut blesser la religion et les mœurs, présenteroit certainement ce qu'il y a de plus ingénieux et de plus délicat dans notre langue. L'épître aux mánes de M. de Genonville, et celle sur la mort de Mlle. Lecouvreur, sont deux morceaux remplis de charmes, et où la douleur,

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