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mieux. D'ailleurs, Juvénal a visiblement imité un passage du Trinummus de Plaute, où cette circonstance n'est point oubliée :

Quæ neque futura, neque facta sunt, tamen sciunt.

83. C'est le Niphates, etc., v. 409. Niphatès, fleuve d'Arménie, du même nom que le mont Niphatès.

84. Qu'elle se rend aux bains, etc., v. 419. Les bains des femmes étaient séparés de ceux des hommes. Dans l'origine, le mélange des deux sexes y était sévèrement défendu : mais les temples et les bains eurent le même sort; ils furent également souillés par la débauche. Juvénal dit (sat. Ix, v. 24) qu'aucun temple n'était à couvert de la prostitution : Quo non prostat femina templo ?

85. L'adroit eunuque... sait lui faire éprouver, etc., v. 422. Par le mot exclamare, l'auteur, selon H. Valois, désigne le bruit que fait la main du baigneur en passant sur les endroits du corps qui forment une petite cavité; mais cristæ, qu'il est impossible de rendre en français, se refuse à cette explication. J'ai essayé de me rapprocher du texte, dont le traducteur s'était trop écarté.

J. P.

86. L'amphore que l'on met à ses pieds, etc., v. 426. Juvénal dit hyperboliquement que cette cruche ou broc, appelé œnophore, contenait une urne dont la capacité pouvait recevoir, selon Grangæus, dix-huit pintes, mesure de Paris. Quant au setier, il contenait douze cyathes; et celui-ci était un petit gobelet avec lequel on mesurait le vin ou l'eau que l'on versait dans des tasses appelées pocula.

87. Ou bien est reçu dans un large bassin d'où s'exhale l'odeur du Falerne, etc., v. 43o. Grangaus et Britannicus écrivent aurata Falerno pelvis olet. J'ai préféré aut lata à aurata. Quand cette femme ne vomissait pas par terre, elle vomissait dans un bassin. La disjonctive aut est ici nécessaire.

88. Faisant le parallèle des poètes, etc., v. 436. BOILEAU,

sat. 10:

Dans la balance met Aristote et Cotin,

Et, d'une main encor plus fine et plus habile,

Pèse sans passion Chapelain et Virgile.... J. P.

89. Elle suffira désormais pour secourir la lune éclipsée, v. 443. Les anciens croyaient que les magiciennes, et surtout celles de Thessalie, avaient le pouvoir, par leurs enchantemens, d'attirer la lune sur la terre; c'est pourquoi l'on faisait un grand bruit avec des chaudrons et d'autres instrumens pour la faire remonter à sa place. Les Romains entre autres suivaient cet usage, et allumaient des torches et des flambeaux qu'ils élevaient vers le ciel pour rappeler la lumière de l'astre éclipsé.

90. Il est encore un terme où l'on doit s'arrêter, v. 444. Ce vers,

Imponit finem sapiens et rebus honestis,

est en général très-mal expliqué: on n'a pas senti qu'il avait le même sens que ces mots d'Horace: Est modus in rebus, etc. Je demande à ceux qui l'expliquent ainsi : « Elle définit l'honnête, elle en marque le but, » je leur demande à quoi se rapporte nam qui suit immédiatement. Au reste, c'est ici que commence le portrait de la savante : le précédent est celui de la bavarde.

91. Portez une tunique retroussée ; allez immoler un porc à Silvain, et vous baigner pour un quart d'as, v. 446. Les hommes portaient la tunique; mais les femmes utebantur stola talari. Silvain était le génie des hommes, comme Junon celui des femmes. Celles-ci ne fréquentaient pas les bains publics. Le prix qu'il fallait payer pour entrer aux bains était très-modique, ne montant qu'à la quatrième partie d'un as, nommé quadrans ; ce qui valait à peu près un liard de notre monnoie. Il paraît qu'il y avait des bains réservés pour les riches, et où ils payaient selon leurs moyens. Voyez la note de Ferrarius, dans l'édition d'Henninius, page 919.

92. A décocher le savant enthymème, etc., v. 449. L'enthymème est un syllogisme parfait dans l'esprit, mais imparfait dans l'expression, parce qu'on y supprime quelqu'une des propositions, comme trop claire et trop connue, et comme étant facilement

suppléée par l'intelligence de ceux à qui l'on parle. Ce vers de la Médée d'Ovide contient un enthymème très-élégant :

Servare potui, perdere an possim rogas?

« J'ai pu le conserver, vous demandez si je peux le perdre ? »

93. Qu'elle ne comprenne pas tout ce qu'elle lit, v. 451. Molière, Femmes savantes, act. 2, scèn. 7:

Nos pères sur ce point étaient gens très-sensés,

Qui disaient qu'une femme en sait toujours assez,
Quand la capacité de son esprit se hausse

A connaître un pourpoint d'avec un haut de chausse.... J. P.

94. Palémon, v. 452. Grammairien célèbre du temps de Tibère.

J. P.

95. Qu'un mari puisse faire impunément un solécisme, v. 456. Chrysale, dans les Femmes savantes :

Le moindre solécisme en parlant vous irrite;

Mais vous en faites, vous, d'étranges en conduite.... J. P.

96. Des essences employées autrefois par Poppée, v. 462. L'auteur donne à ces essences le nom de celle qui, sans doute, en inventa l'usage. J. P.

Poppée, seconde femme de Néron; elle entra dans le lit de ce prince en qualité de légitime épouse, après avoir été sa concubine: elle le gouverna quelque temps par ses artifices et sa beauté; mais étant grosse, elle reçut de ce monstre un coup de pied dont elle mourut l'an 65 de Jésus-Christ.

97. Graissé de pommades où vont se coller les lèvres du mari, v. 463. BOILEAU, sat. 10, v. 196:

Si tu veux posséder ta Lucrèce à ton tour,

Attends, discret mari, que la belle en cornette,

Le soir ait étalé son teint sur la toilette,

Et dans quatre mouchoirs de sa beauté salis

Envoie au blanchisseur ses roses et ses lis.... J. P.

98. Mais a-t-elle un rendez-vous, etc., v. 464. Ces vers ont

été déplacés par Dusaulx. J'ai rétabli l'ordre adopté généralement, puisque ni la liaison des idées ni les manuscrits n'autorisent cette transposition. Juvénal peint la coquette chez elle, le visage empâté et couvert de pommades: elle se lavera, dit-il, pour aller voir son amant. Puis il revient à la peinture commencée; elle se découvre enfin le visage, etc. BOILEAU, sat. 10:

Ce n'est que pour toi seul qu'elle est fière et chagrine,
Aux autres, elle est douce, agréable et badine;
C'est pour eux qu'elle étale et l'or et le brocart,

Que chez toi se prodigue et le rouge et le fard.... J. P.

99. Considère l'or et le dessin d'une robe nouvelle, v. 482. Il s'agit ici, ou des robes phrygiennes travaillées (selon Pline, liv. v111, chap. 48) par des ouvriers appelés Phrygiones, ou des robes attaliques, fabriquées originairement chez Attalus, qui régnait en Asie, et dans lesquelles il entrait aussi de l'or. Ce faste dans les habits ne se montra d'abord que sur les robes des triomphateurs; mais on sait quels furent les progrès du luxe sous les empereurs romains. On voit dans Claudien, et surtout dans Corippus (liv. 1, note 15) de quelle magnificence étaient les robes triomphales à fond d'or, sur lesquelles on représentait des personnages faits à l'aiguille :

Illic Barbaricas flexa cervice phalanges,
Occisos reges, subjectasque ordine gentes,
Pictor acu tenui multa formaverat arte.

100. Il faut se contenter de cette justice, v. 485. M. Achaintre pense que cognitione peracta se rattache pour le sens à longi relegit transversa diurni, et propose de traduire : Encore n'est-ce qu'après avoir achevé sa lecture. Je vois quelque difficulté à lier cette version avec donec lassis cædentibus. Peut-être n'a-t-on pas assez senti ce qu'il y a de piquant dans ce dernier trait du tableau, cognitione peracta. Cognitio signifie, non pas le supplice qui suit le jugement, mais l'instruction même du jugement. Une femme en colère accuse ses esclaves de négligence: au lieu d'écouter leur justification, les fait fustiger, et, quand le bras des bourreaux est fatigué, elle les renvoie ; c'est ainsi qu'elle instruit l'affaire, et les convaine de leurs torts. J. P.

elle

101. Séjour non moins cruel que le palais des tyrans de Sicile ! v. 486. Phalaris et Denys le Tyran. BOILEAU, sat. 10, v. 683:

Et font de leur maison, digne de Phalaris,

Un séjour de douleurs, de larmes et de cris.... J. P.

102. Dans le temple de la complaisante Isis, v. 489. Isis, nom propre d'une divinité des Égyptiens, et dont le culte a été adopté par presque tous les peuples de l'antiquité payenne. Ses fêtes s'in– troduisirent dans Rome avec celles des autres divinités étrangères. Il s'y glissa tant d'abus, que la république fut obligée de les défendre, et d'abattre les temples d'Isis sous le consulat de Pison et de Gabinius. Mais Auguste les fit rétablir, et les mystères de la déesse devinrent de nouveau ceux de la galanterie, de l'amour et de la débauche.

103. Une malheureuse Psécas, etc., v. 491. Nom donné aux jeunes esclaves chargées de verser les essences sur la coiffure, du mot grec exálɛtv, arroser.

J. P.

104. L'édifice de sa chevelure a tant d'étages et de compartimens, v. 502. BOILEAU, sat. 10:

Et qu'une main savante, avec tant d'artifice,

Bâtit de ses cheveux l'élégant édifice....... J. P.

Les pierres gravées et les médailles nous offrent les variations de la coiffure des femmes tant chez les Grecs que chez les Romains. On voit par les portraits du siècle de Louis XIV que la manière dont elles arrangeaient leurs cheveux avait de grands rapports avec l'édifice exhaussé dont parle Juvénal.

Les femmes d'Athènes, dit 'Lucien, faisaient au contraire descendre leurs boucles de cheveux jusqu'au point le plus élevé de leurs sourcils, de sorte que la moindre partie du front restait à découvert. C'est ce qui s'est renouvelé chez nous à différentes époques, surtout en dernier lieu, et particulièrement en 1792. Au reste, les causes et les vicissitudes de la mode, quel qu'en soit l'objet, sont incalculables.

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