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pas ce maréchal de Noailles, cet Urbain Le Peletier, maître des requêtes, ce Thomas Morand, conseiller au Parlement, ce Jean Thierry, sculpteur, dont l'artiste a retracé les visages avec un sens des physionomies si subtil et peint avec tant de largeur et de magnificence les costumes. Le second salon est non moins riche. Citons le magistral Dangeau en vert, violet et or, par Rigaud; le Duc de la Vrillière, par Van Loo; deux portraits de Dauphine, par Nattier; l'infante Isabelle, par le même peintre; Un conseil de Régence à Vincennes (vers 1715, mauvaise peinture, mais curieux tableau); Philippe V et Elisabeth Farnèse, deux portraits de Van Loo, avec l'esquisse, par le même, de son grand tableau du Musée de Madrid. Enfin, dans les angles, et complétant le côté ameublement, une cheminée aux magnifiques bronzes de Caffieri, au-dessus de laquelle on voit la reproduction, en tapisserie des Gobelins, du portrait en pied de Louis XV en costume de cérémonie, exécuté vers 1760 par Van Loo. Tout près de là, le dernier portrait du même roi, celui que le jeune Drouais peignit en 1773, et les bustes en marbre de Voltaire, par Pigalle, et de Diderot, par Houdon.

m On se souvient qu'un nommé Parthénis, arrêté à Genève (1), pour vols dans différents musées, condamné l'année dernière à sept ans de prison, avait été trouvé en possession de peintures volées au Musée de Longchamps, à Marseille. Remis aux autorités françaises, Parthénis a été condamné le 24 mai dernier à dix ans de travaux forcés, par les assises des Bouches-du-Rhône. Il subira tout d'abord sa peine à Genève.

~ L'Association pour la restauration du château de Chillon (Suisse) a tenu, après plusieurs années de silence, une importante séance. De sérieux travaux de restauration vont être entrepris. Un relevé exact et complet du château a été commencé par M. l'architecte Naef, et plusieurs salles ont été débarrassées des adjonctions modernes qui y avaient été faites. On restaurera, en premier lieu, les salles dites de Justice et des Chevaliers, puis celles du Duc et de la Duchesse. Dans celle du Duc, on a retrouvé d'intéressantes peintures murales, que M. Naef relève en ce moment. Les salles restaurées recevront des meubles et des objets anciens, et le château deviendra ainsi un véritable musée. Les travaux de M. le professeur Rahn et de M. Naef, ont enfin amené les autorités et le public à se préoccuper du remarquable monument qu'est Chillon, il faut espérer toutefois qu'on ne le restaurera pas trop.

~ Un étudiant de la Faculté des Letrres de Montpellier, M. J. Calmettes, vient de retrouver à Paris, aux Archives Nationales, au cours de recherches relatives aux rapports diplomatiques de la France et de l'Aragon sous Louis XI, l'original du fameux traité de Bayonne de 1462, qui termina la campagne diplomatique poursuivie entre les

(1) Voy. la Correspondance hist. et arch., 1894, p. 319.

deux couronnes. A propos de ce traité, les historiens antérieurs avaient commis nombre de confusions et d'erreurs, et le texte même de la convention, mal publié et mal connu jusqu'ici, a prêté aux opinions les plus singulières. M. Calmettes publiera prochainement, avec un commentaire critique, le texte de cet important document. Ouvrages nouveaux :

~ Mémoires de Barras, membre du Directoire, publiés avec une introduction générale, des préfaces et des appendices, par Georges Duruy. Paris, Hachette, 1895, t. I: ancien régime, révolution; LXXXIII — 372 pp.; t. II; le Directoire jusqu'au 18 fructidor, xvı — 543 pp. in-8. La mise au jour des Mémoires sur la Révolution et la première partie de notre siècle, si fréquente depuis quelques années, est, pour la plupart d'entre eux, subordonnée à des questions de convenances fort légitimes; leurs éditeurs doivent attendre que les personnages qui s'y trouvent nommés, et souvent peu à leur avantage, appartiennent tout à fait à l'histoire. Ce n'est pas le sentiment qui a retardé M. Georges Duruy dans la publication des deux premiers tomes des Mémoires de Barras. Devenu possesseur du manuscrit complet par son alliance avec la famille du précédent détenteur, il a longtemps balancé, nous dit-il (t. I, Introduction, p. xx et ss.) avant de se décider à l'imprimer, non pour la raison que l'on vient de dire, ni encore moins à cause du peu d'intérêt de l'œuvre, mais parce que Napoléon Ier et Joséphine y Sont trop décriés, et que M. Duruy est « un admirateur de Napoléon ». Aussi a-t-il renoncé à le remettre à l'un de nos grands dépôts, parce qu'un ennemi de Napoléon aurait pu en extraire tout le venin, sans dire au lecteur qu'il est inspiré par la rancune et l'envie (c'est peu compter sur la sagacité du lecteur), et avait-il même eu le projet de détruire purement et simplement tous ces papiers. Sachons gré à M. Duruy de ne pas l'avoir fait et de nous exposer avec tant de sincérité ses états d'âme, puisqu'ils aboutissent finalement à une fort importante publication.

D'autre part, Barras historien, Barras mémorialiste, n'y avait-il pas là de quoi surprendre et déconcerter ceux qui connaissent la vie de l'ex-directeur ? Là-dessus encore, M. Duruy nous renseigne franchement; ces Mémoires ont été rédigés, sur les notes de Barras et à l'aide des documents qu'il emporta dans sa retraite, par son exécuteur testamentaire, M. Rousselin de Saint-Albin. A plusieurs reprises, M. Duruy met en parallèle les deux leçons et il est facile de juger combien elles diffèrent; on pourraît presque dire que nous sommes en présence d'une biographie de Barras, rédigée - comme si c'était lui qui parle - par un historien bien documenté.

Faut-il s'en plaindre? Non certes, car l'ouvrage est d'une lecture fort attrayante et même amusante, surtout lorsqu'on arrive à la période du Directoire.

En revanche, je ne pardonne pas à Barras les inexactitudes de son récit autographe de la prise de la Bastille; il dit que les députés envoyés de l'Hôtel de Ville en parlementaires furent tués par la garnison; il parle de « 10.000 hommes qui étaient dans le fort » (t. I, 329-330); rien de tout cela n'est vrai. Au reste, ce n'est pas une Histoire de la Révolution qu'on a prétendu nous donner, mais de précieux matériaux pour la contrôler, pour la compléter, et la suite en est impatiemment attendue. F. B.

- Spont (Alfred). Semblançay (?-1527). La Bourgeoisie financière au début du XVIe siècle. Paris, Hachette, 1895 in-8°; x-324 pp. Ce volume est une thèse de doctorat ès-lettres L'imprimatur que lui a donné la Faculté des lettres nous dispense donc de tout autre éloge. M. Spont, qui fut d'ailleurs un brillant élève de l'École des Chartes, y a apporté toute la méthode d'un esprit habitué de longue date à se reconnaître dans l'histoire si embrouillée de l'ancienne comptabilité publique. Peut-être y trouvera-t-on une légère sécheresse de style, volontaire sans doute; et au surplus l'enjouement n'est guère compatible avec l'apurement des comptes de ces grands concussionnaires comme en connaissent tous les régimes. Le livre est accompagné d'héliogravures (d'après les clichés de feu Palustre) qui constituent une heureuse innovation, dont l'usage devrait se répandre pour des travaux de ce genre. F. B.

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Société nationale des Antiquaires de France. Séance du 24 avril 1895. — M. Moivat complète l'un des noms de Carausius donné par le milliaire de Carlisle sous la forme abrégée Maus. Une monnaie gauloise a pour légende Mausaiios, nom qu'on retrouve dans la forme dérivée Mausiacum, aujourd'hui Mozat (Puy-de-Rhône). — M. Prou lit, au nom de M. Parcinet, une note sur la généalogie de Geoffroy de Lusignan, dit la Grand'Dent. — M. Lamblin communique une note relative à des chapiteaux de l'église Saint-Denis d'Arcueil, datant du XIII° siècle. M. Pasquier communique une charte fausse datant du x1° siècle, et fabriquée à Urgel pour établir que Charlemagne et Louis le Débonnaire étaient les bienfaiteurs de la vallée d'Andorre. Séance du 1er mai. M. Durrieu fait une communication sur les signatures autographes des rois et des princes français à la fin du xive siècle et pendant les premières années du xv. Il insiste sur l'importance qu'il faut attacher au dessin du paragraphe, comme distinctive et signe d'authenticité. M. Héron de Villefosse communique à la Société, de la part de M. Érige, deux monnaies puniques trouvées à Monte-Carlo. Séance du 8 mai. — M. Prou entretient la Société des fouilles récemment opérées sur l'emplacement de l'ancienne église de Saint-Pierrele-Vif, à Sens. - M. Ulysse Robert fait une communication ayant pour objet de définir les particularités qui distinguent spécialement les manuscrits rémois du xe siècle. M. Durrieu ajoute qu'il a déjà

proposé de considérer comme une production de l'école rémoise le fameux psautier d'Utrech. Séance du 15 mai. M. Ulysse Robert fait une communication sur des provincialisnes ou des idiotismes qu'il a relevés dans la traduction en vers du De re militari de Végèce, par Jean Priorat, de Besancon, mort vers 1290. M. Prou donne lecture d'un mémoire de M. le chanoine Lucot sur la découverte d'anciens tombeaux dans la cathédrale de Châlonssur-Marne. - Séance du 5 juin. — M. Durrieu signale deux manuscrits de la Bibliothèque nationale qui ont été exécutés à Florence, dans l'atelier du célèbre libraire Vespasiano de Bisticci, pour être offerts par le cardinal Jouffroy, évêque d'Albi, au roi Louis XI. - Séance du 19 juin. — M. le général Pottier communique les photographies de deux mosaïques découvertes au Mas Foulc, près de Saint-Cosme. M. l'abbé Bouillet, à propos d'une communication antérieure de M. Gaidoz, fait remarquer que les représentations de Samson déchirant le lion ne semblent pas dériver du type de Mithra.

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M. Demange vient de publier à Nancy une brochure, avec planches, sur Les vitraux de l'église de Blénod-les-Toul, dont il est curé. On y apprend que le Ministère de l'Instruction publique et des Beaux-Arts lui a alloué, pour leur restauration, « une subvention de 7,500 francs » et que « la présente étude a eu pour but principal d'aider l'artiste », qui « rendra à toutes ces verrières leur aspect primitif ». Comme l'auteur a eu la gracieuseté de me citer plusieurs fois, je crois répondre à ses intentions en lui signalant quelques inexactitudes qui pourraient induire en erreur le peintre-verrier.

On lit page 18: « Le personnage nimbé représenté ici est S. Sébastien. Il n'est vêtu que d'un manteau rouge qui ne cache ni ses pieds ni ses bras. Le saint devait être lié à l'arbre qui se voit derrière lui. Il n'est plus possible de le contester à cause des rajustements faits à cet endroit. Un lion peint en jaune est à ses pieds ».

Aidé du dessin, dont je n'ai pas à constater l'exactitude, je reconnais sans peine, à cette place, non pas S. Sébastien, car il n'y a là aucune de ses caractéristiques, mais S. Jérôme, dont l'identification est certaine, grâce à des attributs multiples qui, réunis, ne conviennent qu'à lui. L'illustre prêtre et docteur est dans un désert suffisamment caractérisé par des rochers et un grand arbre feuillu. Il est agenouillé, car il prie: de la main droite il se frappe la poitrine avec un caillou et de la gauche tient la hampe d'une croix dont la partie supérieure a disparu; à côté je crois voir un livre fermé. Son lion est à ses pieds. J'ai assez longuement disserté de toute cette iconographie dans la Revue de l'Art chrétien, à propos du Culte des docteurs de l'église à Rome, ainsi que dans le tome IX de mes (Euvres

complètes, à l'occasion d'une peinture murale à Tulle, pour n'avoir pas besoin de revenir ici sur ce sujet.

Je renverrai également au tome VI pour la Messe de S. Grégoire, où je tiens à relever quelques particularitées.

Pages 22-25. « S. Grégoire célèbre la messe... Il porte la tonsure monacale ». Pourquoi pas tout simplement cléricale?

<«< Sa chasuble... est ornée de deux bandes de drap d'or assez étroites, qui se coupent sur les épaules et forment la croix ». Ces bandes sont des orfrois de passementerie.

« Un coussin rouge est appuyé contre le retable ». C'est un corporalier rectangulaire, muni de houppes vertes aux quatre coins.

« Une sorte de niche en orfèvrerie richement travaillée clôt le fond du tableau ; on y aperçoit à gauche un petit personnage en pied, qui doit être la sainte Vierge... On ne peut plus voir le saint Jean de l'autre côté ». Cette prétendue « niche » est un retable, dont la partie supérieure est trilobée. Comme d'habitude, il représente la crucifixion, avec la Vierge à droite (la droite du Christ) et saint-Jean à gauche : de l'évangéliste il reste encore la tête et le crucifix est masqué par l'apparition.

« Un cardinal, vêtu du manteau rouge », c'est-à-dire de la cappa, dont le chaperon coiffe sa tête, sous le chapeau rouge.

« Une lampe ou couronne descend de la voûte » : ni l'un ni l'autre, mais un pavillon d'étoffe verte, par respect pour l'autel où se fait la fonction. (1)

M. Demange a aussi publié une brochure intitulée: Une curieuse statue de Sainte-Anne, qu'il date du xve siècle ». La phototypie me permet de l'attribuer plus sûrement à la fin du xe siècle. C'est, à ma connaissance, le plus ancien exemple de cette iconographie spéciale Sainte-Anne porte sur le bras gauche la Sainte Vierge qui allaite l'enfant Jésus.

X. BARBIER DE MONTAULT.

Périodiques :

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Bulletin de la Société des Sciences historiques et naturelles de l'Yonne. 1894, 48 vol. Ch. Demay, La juridiction consulaire d'Auxerre (1564-1790), p. 153 à 205. H. Monceaux, Les Le Rouge de Châblis, (1470-1531) p. 225 à 341.

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Le Manuscrit, 1895, no 3. — P. Durrieu, Manuscrits de

(1) Ailleurs, on trouve « lobes ogivales » (p. 18), quoique lobe soit du masculin; p. 27: « Sainte Catherine enfonce une épée dans une tête de païen », ce païen est son persécuteur Maxence; p. 25: « une pélerine d'hermine de petit gris », bien que l'hermine et le petit-gris soient deux fourrures absolument distinctes, exemple dans les chapitres des basiliques de Rome.

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