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~ M. le vicomte de Grouchy, à qui les revues d'érudition, et la nôtre en particulier, sont redevables de si intéressantes communications, vient d'en donner une des plus curieuses à la Revue Britannique (no de juillet); c'est la relation de l'assassinat de Paul Ier, empereur de Russie, le 11 mars 1801, d'après les mémoires du comte de Langeron conservés aux archives des Affaires étrangères (Russie, 21). ~ M. Louis Legrand a donné lecture à l'Académie des sciences morales et politiques d'un mémoire sur la « prise de la flotte batave, en 1795, par un parti de cavalerie de l'armée de Pichegru ».

Cette opération de guerre est citée par l'auteur comme un exemple de la ténacité des légendes historiques les moins fondées. Il résulte de nombreux documents cités par M. Legrand que, le 23 janvier 1795, lorsque les troupes françaises se présentèrent au Helder, elles furent reçues de bonne grâce à bord des bâtiments hollandais qui leur furent remis sans coup férir. Les commandants de ces bâtiments avaient reçu l'ordre officiel de s'abstenir de toute résistance et se conformèrent à leurs instructions. L'auteur fait observer, en terminant, que nos annales militaires sont assez riches en exploits authentiques pour qu'on ne persiste pas à y adjoindre des faits d'armes controuvés ou exagérés, et que, en fait de héros à admirer, nous pouvons nous contenter de ces grenadiers de l'armée du Nord qui prenaient des villes en se traînant à genoux sur la glace.

~ Le numéro de juillet de la Revue d'Histoire littéraire contient un important article de M. Paul Bonnefon, sur la Bibliothèque de Montaigne.

L'auteur décrit le milieu matériel où se trouvait Montaigne: d'abord le cabinet de travail où le philosophe avait fait peindre sur les solives du plafond des devises grecques et latines en accord avec son scepticisme. Puis, M. Bonnefon étudie les 76 volumes qui nous sont parvenus avec la signature de Montaigne : celui-ci «< avait l'habitude d'apposer sa signature sur le frontispice de tous les ouvrages qui lui appartenaient... Quelques-uns d'entre eux avaient aussi sur leurs marges des annotations manuscrites ». Ces annotations étaient quelquefois des résumés ou des impressions de lectures, d'autres fois des devises. C'est au cours de l'examen de ces volumes que M. Bonnefon a relevé sur un Ausone (Alde, Venise, 1517), sur les Dialoghi di amore de Léon Hébreu (Alde, Venise, 1549) et sur un Pétrarque (Guillaume Rouillé, Lyon, 1550) la maxime italienne: Mentre si puó ou : Mentre pui, que n'avait signalée jusqu'ici aucun des commentateurs de Montaigne. Seul, Sainte-Beuve, avait déjà mis en lumière le mot de Socrat e ainsi traduit dans les Essais: « Selon qu'on peult » et dont la tradu ction italienne est: Mentre si puó. G. D.

Le numéro de l'Illustration du 27 juillet contient un article de M. H. Chassing, sur le Palais des Papes à Avignon. L'auteur

signale les dégradations causées par les troupes d'infanterie qui y sont casernées et émet le vœu d'une restauration complète de cet admirable monument. Nous avons déjà parlé, dans la Correspondance (1894, pp. 149-150), de ce projet, dont la guerre de 1870 a retardé l'exécution. On sait que la chapelle du Palais, restaurée de 1879 à 1882 par M. Revoil, contient actuellement les archives départementales de la Vaucluse.

Nous apprenons qu'un Congrès de linguistique romane se tiendra en août 1896 à Bucharest.

~ Le 20 juillet, a eu lieu à Bruxelles l'ouverture de l'exposition des enseignes artistiques organisée par l'Euvre de l'art appliqué à la rue. L'exposition comprend une section rétrospective. Tous les possesseurs de belles enseignes anciennes ont été invités à y prendre part. Les organisateurs ont réuni des enseignes conservées dans les musées communaux de la Belgique, et celles du vieil Anvers. L'expcsition sera transférée à Anvers après Bruxelles.

Le souci qu'ont nos voisins de remédier à la monotonie d'aspect des villes modernes va se manifester encore d'une autre manière : la commune de Saint-Gilles, un faubourg de Bruxelles, organise un concours pour les constructions les plus artistiques qui seront élevées avant le 31 décembre 1898 sur une de ses nouvelles places. Tous les styles seront admis.

Dernières acquisitions.

mm Musées de province. LOGNE Portrait de M. de Monnecove, (don de ce dernier).

BouCALAIS :

un tableau les Quêteuses de l'asile des vieux matelots à Berck-sur-Mer, par F. Tattegrain. MONTPELLIER : Une toile de G. Rochegrosse, et les Lutteurs, de Friant.- Manufacture de SÈVRES : Une collection de pièces de céramique des fabriques italiennes de la décadence: Bassano, Lodi, Savone, etc. (don de Mme la marquise Arconati-Visconti).

~ Musée de Cluny. Ce musée vient d'acquérir un précieux reliquaire français du xII° siècle, qui avait été transporté en Espagne. Cette pièce d'orfévrerie, qui contenait jadis les ossements de sainte Valérie, vierge et martyre, fille d'un proconsul romain résidant à Limoges du temps de l'empereur Claude, et patronne de cette ville, est décorée d'émaux bleus limousins, où est représenté le martyre de la sainte.

On vient d'installer dans la grande salle des étoles une vitrine contenant d'anciens bonnets de femmes et d'enfants, richement brodés et pailletés, représentant les modes de diverses contrées d'Europe.

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~ Exposition rétrospective d'Angers. Il y a bientôt trois mois que l'Exposition nationale d'Angers a ouvert ses portes. Les Beaux-Arts y occupent une place très importante, au milieu des merveilles de l'industrie et de l'horticulture, et il nous est impossible de passer sous silence les richesses de la section d'Art rétrospectif.

Ce mot richesses ne paraîtra pas exagéré, si l'on songe que cette seule section est assurée pour une somme de 900,000 francs. C'est un véritable musée qu'ont créé là en quelques semaines les membres de ia commission technique, sous la présidence de M. Auguste Michel, conservateur-adjoint du Musée d'archéologie d'Angers, assisté de MM. Louis et Paul de Farcy, Huault-Dupuis, comte Lair de Blou, etc., et, à ce point de vue, le catalogue (1) rédigé par leurs soins est instructif: 263 exposants ont envoyé plus de 1,400 objets, qu'il a fallu répartir en 56 catégories, et classer dans chaque série en suivant, autant que l'ont rendu possible les exigences du local, l'ordre chronologique. Qu'il nous soit permis de signaler les envois les plus remarquables:

Les collections préhistoriques de M. l'abbé Brung, curé de Chaumussay (Indre-et-Loire): Spécimens de l'atelier du Grand-Pressigny, de M. Paul de Farcy, et de M. Jules Poullain. L'orfévrerie et l'émaillerie religieuses sont riches en châsses, ostensoirs, pyxides, crosses, etc., appartenant aux églises de l'Anjou, de la Mayenne et des départements voisins, à MM. Auguste Michel et Louis de Farcy. A ce dernier revient l'honneur d'une remarquable collection de broderies et de dentelles anciennes qui forme l'un des morceaux les plus importants de l'exposition, Nous signalons également les dentelles de M. Dupont-Auberville (série de points d'Alençon), et ses soies Empire. Parmi les tapisseries, celles de la cathédrale d'Angers, de M. Louis de Farcy, du prince de Broglie, député de la Mayenne, de Mme Famin et de M. Déan de Saint-Martin sont particulièrement remarquables. Celle du siège de Tunis par Charles-Quint, appartenant au comte de Contades de Montgeoffroy, est d'un prix inestimable, ainsi que les tapisseries des Gobelins envoyées par le garde-meuble de l'État. Le marquis de Villoutreys a exposé la fine fleur de ses reliures, et le prince de la Tour d'Auvergne-Lauraguais une collection d'objets divers, où figure un missel d'une valeur de 30,000 francs, et une bande de points de Venise ayant appartenu, dit-on, à Blanche de Castille. La vitrine des ivoires, celle des éventails, et celles des faïences renferment des pièces de premier ordre, notamment les faïences du comte Lair. Mais il nous faudrait reproduire les deux tiers du catalogue pour énumérer les raretés accumulées dans un espace malheureusement trop restreint, et nous ne pouvons que féliciter les Angevins d'avoir fait une exposition comme on en voit peu en province.

A. P.

(1) Germain et Grassin, impr., Angers.

In-12.

Ouvrages nouveaux :

Cougny (G.). L'Art moderne, la Renaissance. Italie, France, Allemagne, Pays-Bas, Espagne. Paris, Firmin-Didot et Cie, 1895, in-12, 346 pp.

Ce volume comprend un choix de lectures sur l'histoire de l'art, l'esthétique et l'archéologie. M. G. Cougny a réuni des articles et des chapitres d'ouvrages dus aux critiques d'art les plus autorisés. Nous citerons, entre autres, les articles sur le Moyen-Age et la Renaissance, sur Cimabue et Giotto, par Ch. Blanc; Brunellesco, Donatello et Lucca della Robbia, par Eug. Müntz; l'école ombrienne, par A. Gruyer; la gravure par Delaborde; Léonard de Vinci, par P. Mantz; Benvenuto Cellini, par Eug. Plon; l'évolution de l'architecture française et les styles de la Renaissance, par L. Palustre; Chambord, par Viollet-le-Duc; Saint-Eustache, par F. de Guilhermy; Bernard Palissy, par Anatole France; le meuble, par A. de Champeaux. De nombreuses gravures illustrent ces lectures variées.

Laussedat (Colonel A.). Le Conservatoire des Arts et Métiers. Publication de la France artistique et monumentale. Paris, s. d. [1895] grand in-8; 24 pp. avec planches.

De cette excellente monographie, éditée avec le luxe qu'apporte à toutes ses publications la direction de la France artistique et monumentale, nous n'avons à retenir ici que ce qui touche à l'archéologie. M. le colonel Laussedat a parfaitement décrit l'histoire et l'état actuel des anciens bâtiments du prieuré de Saint-Martin-des-Champs, mis par la Convention au service du Conservatoire; il émet le vœu, auquel s'associeront de grand cœur tous les archéologues, de voir dégagée et mise en pleine lumière l'église du prieuré, que d'affreuses masures cachent à la vue, du côté de la rue Réaumur. Nous n'avons plus tant d'églises romanes à Paris, qu'il faille les laisser ainsi dissimulées derrière des constructions fort inutiles; le moment est opportun de réclamer en faveur de ce bel édifice, alors que les démolisseurs sont encore à quelques pas de là, dans cette même rue Réaumur. L'art, et l'intérêt du Conservatoire dont M. Laussedat est le si vigilant gardien, y gagneront autant l'un que l'autre. B.

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Martin (Louis). Le maréchal Canrobert. Paris, Lavauzelle, 1895, in-8, 340 pp.

Il n'est pas dans nos habitudes de présenter à nos lecteurs des ouvrages appartenant d'aussi près à l'histoire contemporaine; mais on nous permettra cette exception pour celui-ci qui se recommande autant par la sobriété de son style que par la sûreté de ses informations, et l'on peut dire, au surplus, que Canrobert appartient depuis longtemps à l'histoire. Grâce à ses fonctions au Ministère de la Guerre, M. Martin a pu consulter de fort précieux documents des Archives administratives et historiques de cet établissement, et il l'a

fait en toute conscience. Son livre devra être consulté par quiconque aura à s'occuper des campagnes d'Algérie, de Crimée, et aussi de nos derniers désastres. Les historiens du coup d'État y trouveront moins à prendre l'auteur a peu insisté sur cette page, obscurcie par une tache, de la vie de son héros... Hâtons-nous de dire que le volume se termine par une suite de textes qui offrent, au point de vue militaire, le plus vif intérêt. B. Le marquisat de Plancy et ses seigneurs. Arcis-sur-Aube, 1895, in-8°, 348 pp.

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Plancy (Baron G. de).

En se consacrant à l'histoire du château et du domaine dont il est maintenant le possesseur, M. le baron de Plancy a noblement employé son temps et ses soins. Si beaucoup de monographies de châteaux ne sont qu'un prétexte à exhibition de titres nobiliaires et une satisfaction donnée à la vanité, on n'en saurait dire autant de cette étude complète, impartiale, documentée. La terre de Plancy la méritait. Située dans une tranquille vallée de l'Aube (arrondissement d'Arcis), son origine est reculée; elle n'a pas joué dans l'histoire féodale, ni même depuis, un tout premier rôle; mais ses propriétaires ont tous eu un nom célèbre; ce furent, avant la famille actuelle, les de la Croix, les Guénégaud, les Godard d'Aucourt. Danton était du pays, et sur le rôle qu'il y joua pendant la Révolution, le présent volume fournit de bien curieux détails, dont beaucoup sont inédits. Nous voudrions en louer la forme autant que le fond; les belles et nombreuses photogravures qui l'ornent, le choix du papier, tout cela appartient encore à l'auteur, mais le caractère typographique et le tirage sont le propre de l'imprimeur : il n'a droit à aucun éloge, bien au contraire. B.

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Tourneux (Maurice). Procès-verbaux de la Commune (10 août 1792-1er juin 1793). Extraits en partie inédits, publiés d'après un manuscrit des Archives Nationales. Publication de la Société de l'Histoire de la Révolution française; Paris, 1894, in-8°, vIII-203 pp.

Les registres originaux des procès-verbaux de la Commune ont péri avec toutes nos archives municipales dans le déplorable incendie du 24 mai 1871; mais des copies plus ou moins fidèles, plus ou moins complètes, en avaient été prises et ont été publiées partiellement par Barrière, puis par Buchez et Roux. Le texte que nous donne M. Tourneux a une autre origine; il se trouve aux Archives Nationales parmi les papiers de Chaumette (T. 604-605), et plusieurs fragments en étaient encore inédits. La valeur de la découverte est d'autant plus grande qu'elle se rapporte à cette période, émouvante entre toutes, de la Révolution, qui commence au 10 août. Ce sont donc d'utiles matériaux, que M. S. Lacroix sera heureux de mettre à profit lorsqu'il en sera là de sa savante édition des Actes de la Commune. Le nom seul de M. Tourneux est un suffisant gage de l'établissement du texte et de la rigueur des notes.

B.

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