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dernier qu'il faut restituer deux magnifiques manuscrits, les Grandes Heures et les Petites Heures du duc de Berry, que M. Durrieux a attribuées aussi, avec quelques autres critiques, à Beauneveu. Enfin, M. de Lasteyrie donne des renseignements sur cinq miniatures évidemment de la même école, que Curmer avait jadis reproduites et dont on avait depuis perdu la trace: elles viennent d'être acquises par M. Maciet. — Séance du 10 avril. – M. Müntz fait une communication sur la tiare des papes du XIIe au XIVe siècle. La forme en a constamment varié. Tour à tour conique, puis renflée vers le milieu, finalement écrasée dans le haut, tour à tour surmontée d'une grosse pierre précieuse formant bouton ou d'un globe supportant une croix, la tiare a souvent servi de thème aux fantaisies des joailliers. Les modifications introduites lors de l'établissement de la papauté à Avignon consistent principalement dans la substitution des motifs gothiques aux motifs romans auparavant en usage. Flottante jusqu'au pontificat de Benoît XII (1338-1342), la tiare s'enrichit, finalement, sous ce pape, de trois couronnes distinctes, nettement superposées. Séance du 19 avril. M. Lemoine fait une communication sur une chronique inédite de Saint-Denis qu'il a récemment découverte dans un manuscrit de la Bibliothèque nationale. Cette chronique, qui embrasse près d'un siècle, est l'œuvre de plusieurs religieux de l'abbaye, dont l'un, Richard Lescot, qui s'y nomme à la date de 1329, composa, en 1358, contre les prétentions au trône de Charles le Mauvais, roi de Navarre, un traité où, pour la première fois, la loi salique est présentée comme un argument en faveur des Valois. Cette chronique, de 1268 à 1340, est un remaniement important du texte de Guillaume de Nangis et de ses continuateurs, et semble avoir servi de base à la rédaction des Grandes Chroniques de France. De 1340 à 1364, elle est la seule chronique latine de Saint-Denis que nous possédions. Cette dernière partie présente un autre intérêt : elle est, de 1356 à 1364, une des sources principales de la Chronique de Du Guesclin par Cavelier et permet de faire dans l'œuvre jusqu'ici énigmatique du trouvère picard, le départ entre la partie historique et la partie légendaire. Séance du 10 mai. M. Bertrand annonce que M. Noblemaire a déposé au musée de Saint-Germain-en-Laye la seconde patère trouvée près d'Aigueblanche. Les fouilles continuent près de Saint-Paul-Trois-Châteaux, où l'on vient de découvrir un très remarquable lampadaire de bronze. - Séance du 17 mai. — M. d'Arbois de Jubainville fait une communication sur les titres distinctifs des rois barbares. Jamais le titre de VIR inluster n'a été porté par les rois mérovingiens : c'est un titre des fonctionnaires les sujets; quant à eux, ils s'intitulaient DOMINUSs, comme les empereurs romains. Séance du 28 juin.— M. Héron de Villefosse présente à l'Académie les photographies du merveillenx trésor d'argenterie romaine découvert à Bosco Reale, près de Pompéi. Séance du 5 juillet. — Le P. Delattre

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écrit de Saint-Louis-de-Carthage qu'au cours de ses fouilles dans la nécropole punique du terrain Douimès, il vient de trouver deux pièces importantes : un disque de terre cuite sur lequel est reprèsenté, moulé en relief, un guerrier monté sur un cheval au galop, et un masque de terre cuite. — Séance du 12 juillet. — M. Philippe Berger lit un mémoire sur les fouilles faites par M. E. Gautier pour déterminer l'emplacement de l'ancienne Radès. Il entretient ensuite l'Académie d'une inscription latine trouvée à Maktar (Tunisie). M. Héron de Villefosse entretient l'Académie des nouvelles découvertes faites à Carthage. - Séance du 19 juillet. — M. Noël Valois fait une lecture sur l'origine du titre de roi très chrétien attribué aux rois de France. Les uns ne le font dater que du règne de Louis XI; les autres le font remonter au baptême de Clovis. La vérité se trouve entre ces deux opinions extrêmes. En tant que titre héréditaire exclusivement reservé aux rois de France, cette formule remonte à la fin du xive siècle, probablement aux dernières années du règne de Charles V. Mais, bien plus anciennement, ce même titre a été décerné par l'Église aux souverains de la France comme un éloge individuel. Ce fait est particulièrement fréquent sous Pépin le Bref et sous Charlemagne, puis sous Louis le Jeune et sous Philippe-Auguste. - Séance du 26 juillet. - M. Müntz remarque qu'une exposition récemment organisée à Berlin et une savante monographie publiée par le Dr Lessing ont appelé l'attention sur les épées d'honneur ou épées bénites, autrefois distribuées par les papes. On a vu reparaître à cette occasion l'épée qui fut offerte, en 1460, par Pie II au marquis Albert-Achille de Brandebourg et qui sert, de nos jours encore, au couronnement des rois de Prusse. M. Müntz montre que, dès le règne d'Urbain V (1365), l'épée était solennellement remise chaque année, le jour de Noël, à quelque prince ou grand seigneur ayant bien mérité de la papauté. M. Müntz a retrouvé une vingtaine de ces épées, dispersées dans les musées publics ou les collections particulières de l'Italie, de l'Espagne, de l'Allemagne, de l'Autriche et de l'Angleterre. Une lame aux armoiries de Léon X a figuré, en 1889, à l'exposition militaire de l'esplanade des Invalides. Les archives du Vatican font connaître les noms des orfèvres qui ont exécuté les armes distribuées pendant la première moitié du xvre siècle. M. Müntz a pu ainsi établir que les épées d'Édimbourg, du musée de Vienne et de la Bibliothèque de Zurich, sont sorties de l'atelier d'un artiste de Sutri, Dominicus, attaché à la cour de Jules II comme orfèvre pontifical. Sous Léon X, un autre orfèvre, Sanctus Cole, eut le monopole des commandes. Paul III s'adressait de préférence au romain Franciscus de Valentinis L'épée d'honneur et le chapeau ducal ont été donnés pour la derniére fois en 1825, et c'est un prince français, le duc d'Angoulême, qui en a été le dernier titulaire. M. Léopold Delisle communique une notice sur un manuscrit de la Bibliothèque de Saint-Marc de Venise,

qui passe pour renfermer la Chronique de Gérard de Frachet. Mais la chronique contenue dans ce manuscrit est, en réalité, l'œuvre d'un dominicain de Parme, qui l'a rédigée vers 1320. Ce n'est qu'un abrégé de l'histoire de Tholémée de Lucques, dépourvu de valeur. Toutefois, les notes marginales et la continuation que l'auteur a ajoutées présentent de l'intérêt pour l'histoire de la ville de Parme. Le manuscrit de Venise est original: beaucoup de morceaux y sont écrits de la main de l'auteur. M. Victor Waille communique dix

sept photographies et dessins résumant les résultats obtenus dans les fouilles faites à Cherchell.

Ouvrages nouveaux :

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La monstrance eucha

~ Barbier de Montault (Mgr X.) ristique de Mirebeau (Vienne), in-4°, 13 pp. (Extr. de la Revue de l'Art chrétien, 1895, 3e livr.).

Fragment de monstrance du xve siècle appartenant à M. Fortin, à Mirebeau.

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Inventaire du mobilier de Messire Antoine-François La Fauche, en 1743. [Evreux, Odieuvre], in-8°, 10 pp.

A.-F. La Fauche, maître des Comptes, à Paris.

~ Les vases eucharistiques exposés à Tulle. Tulle, Crauffon, in-8°, 7 PP.

Pyxides des x et xive siècles; ciboire du xvIIe siècle; suspension de l'église de Laguenne (Corrèze), xII° siècle; ostensoir d'Ourliac-de-Bar (Corrèze), xive siècle.

~ Germain (L.) Recherche sur l'époque de deux chartes du cartulaire d'Orval, à propos de Gilles de Cons. Nancy, Sidot, 1895, in-8°, 11 pp.

Chartes du commencement du XIe siècle.

~~ Dumoulin (Maurice). A travers les vieux livres. Esquisse de Bibliographie. Roanne, P. Roustan, 1895, 42 pp in-4o, 3 planches. Extrait du Roannais illustré, 7o série.

L'auteur de cette très intéressante étude, M. Maurice Dumoulin, n'est pas inconnu pour les lecteurs de la Correspondance. Bien qu'étranger au Forez, il y a conquis ses lettres de grande naturalité par ses études sur ce pays. M. Dumoulin, par amour des livres et pour trouver un plus vaste champ à ses recherches, accepta, il y a quelques années, le poste de conservateur de la bibliothèque de Roanne, qui était alors dans un état de délabrement absolu. Ce dépôt qui contenait alors 30.000 volumes provenant en majeure partie des couvents suivants: Capucins et Bénédictins de Charlieu, Capucins et

Jésuites de Roanne, Oratoire de Montbrison, n'avait pour ainsi dire pas de catalogue ni d'inventaire. Mettre un peu d'ordre dans ce chaos ne fut pas une petite affaire surtout si l'on considère qu'à son titre M. Dumoulin joint des fonctions universitaires. Enfin, à l'heure actuelle, non seulement les catalogues sont à jour et la Bibliothèque en état, mais encore son conservateur a su faire l'inventaire descriptif des livres de son dépôt, curieux soit par leur reliure, soit par des notes manuscrites y incluses, soit enfin par quelque autre raison. Ce sont ces notes que M. Dumoulin a rédigées et que publie le Roannais illustré.

L'auteur divise son étude en cinq parties: 1o: les marques de propriété manuelles; 2°: les reliures, les armoiries, les ex-libris; 3°: le prix des volumes et leur origine; 4°: livres précieux ou propriétaires célèbres, et 5°: inscriptions diverses. Dans le premier chapitre M. Dumoulin énumère les notes mises sur les gardes des livres par leurs propriétaires: ces inscriptions sont presque toujours les mêmes, à Roanne comme partout ailleurs; nom, date d'acquisition, soit une formule pieuse quelconque, soit adjuration de le rendre en cas de perte. Seule cette dernière formule est souvent assez curieuse: Un prêtre, curé de Chandon en 1579, écrit sur la garde d'un De elegantiis linguæ latinæ de Laurent Valla:

Ce presant livre est a moy Loys Butet, qui le trouvera le me rende et je payerai le vin.

Un Ovide (Gryphe 1536) porte de la main de Michel de Monchanin (XVIIe siècle) cinq vers macaroniques où il dit à celui qui aura trouvé ce livre:

Reddere le doibz par droicture
Accipiendo du bon vin

Cette promesse de récompense est assez drôle. Il est un point sur lequel je ne partage pas l'avis de l'auteur. M. Dumoulin dit que l'inscription: Ex libris et peculis Nicolao Petri Cerreandi et amicorum, « semble désigner un livre ayant appartenu à une association ». Je ne partage pas cette manière de voir : je ne crois pas que la formule ex peculis soit autre chose qu'une redondance de ex. libris, et que, synonyme de sumptibus, elle exprime une association formée pour acheter un livre et le posséder en commun. - Ce Pierre Cerreand amplifie simplement la devise de ses contemporains de Grolier et de tant d'autres bibliophiles de cette époque.

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Le second chapitre traite des marques de possession du livre non manuscrites, empreintes d'armoiries, ex libris gravés.

Les armoiries sont intéressantes, parce que ce sont celles de familles foréziennes ou lyonnaises que Guigard n'a pas connues. Le travail de M. Dumoulin est donc, à ce point de vue, un utile complément à

l'Armorial du Bibliophile. Malheureusement quelques-unes de ces armoiries n'ont pu être identifiées, ou ne l'ont été que d'une façon qui laisse subsister des doutes.

Le troisième chapitre est la charpente d'un travail beaucoup plus long, entrepris par M. Dumoulin : le prix des volumes. Le projet était colossal et l'auteur n'avait pas les loisirs nécessaires pour le mener à bonne fin. Du fruit de ses recherches locales est sorti ce chapitre où est mentionné le prix des volumes de la Bibliothèque de Roanne, quand les propriétaires ont jugé bon de nous le faire savoir. Là aussi on trouve des dédicaces, des envois.

Le quatrième chapitre est peut-être le plus intéressant: là sont énumérés les livres ayant appartenu à des bibliothèques célèbres ou à de grands personnages tels que Catherine et Marie de Médicis, duc d'Angoulême (le fils de Charles IX), Claude d'Urfé, un Rostaing, le libraire Charles L'Angelier. Enfin M. Dumoulin mentionne les livres ayant appartenu à des familles foréziennes, les Coton, les La Mure, ou encore aux jurisconsultes Dumoulin et Papon.

Enfin, dans la cinquième partie, M. Maurice Dumoulin nous fait connaître les annotations manuscrites qu'il a trouvées : « Longtemps, << par leur rareté, leur transmission héréditaire, les livres furent des << confidents, reçurent des inscriptions de toute nature: généalogies, << recettes, brouillons de lettres, remarques météorologiques. » Et l'auteur édite quelques-uns des textes ainsi exhumés. L'un est l'abrégé du Livre de Raison (disparu) de la famille Paparin, un autre est l'actc de naissance de Jean de La Mure, un membre de cette illustre famille, un troisième donne d'intéressants détails sur Ambierle (1) au xvi siècle, encore un autre sur Beaune. Un exemplaire de l'Histoire de la Ville de Lyon de J. de St-Aubin, Lyon, 1666, contient le récit d'un épouvantable accident arrivé à la Guillotière en 1711. D'autres volumes contiennent les uns des pièces de vers, d'autres des pensées pieuses qui sont intéressantes par les signataires de ces notes.

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En somme, M. Maurice Dumoulin a fait là œuvre de vulgarisateur: il a fait connaître son opulent dépôt et en a décrit amoureusement les richesses. L'exécution typographique est irréprochable. M. Dumoulin n'a pas été moins exigeant pour la décoration extérieure de son travail : il a fait précéder chacune des divisions de son travail de lettres ornées, copiées spécialement sur les manuscrits de sa bibliothèque et qui sont autant à l'honneur de celui qui les a choisies que de celui qui les a dessinées. Les planches hors texte où sont reproduits ex-libris, armoiries et reliures, ne sont pas faites pour déparer cette très intéressante notice. GASTON DUVAL.

Hugues (A.). Le département de Seine-et-Marne (1800-1895), d'après les documents officiels, notamment les délibérations du

(1) Arrondissement de Roanne, canton de Saint-Haonne-le-Châtel.

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