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Après ces questions d'origine, il est difficile de s'arrêter à l'étude faite des kourganes et des gorodisches. Ces tombes postérieures à notre ère intéressent exclusivement les Russes. Il n'en est pas de même de la question des Goths, si brillamment étudiée par le baron de Baye et par M. Onspensky. L'origine orientale de l'orfévrerie qu'ils répandaient autour d'eux est confirmée par celle des grenats qui venaient de Syrian dans l'ancien royaume de Pegu. Les abeilles d'or du tombeau de Childéric étaient jusqu'ici des spécimens uniques; M. de Baye a retrouvé leurs analogues en or ou en argent en Transylvanie, où les Visigoths, puis les Gépides, peuple de même origine, ont séjourné un siècle. Ce genre de bijoux, postérieur au départ des Romains, antérieur à l'arrivée des Avares et des Bulgares, appartient donc aux Visigoths ou à leurs frères les Gépides.

Les publications de cette nature peuvent seules nous faire connaître les progrès de l'archéologie à l'étranger et on ne saurait trop remercier le baron de Baye pour celle dont nous lùi sommes redevables aujourd'hui.

F. DE VILLENOISY.

DOCUMENT

RELATIF AUX TRAVAUX DU CHATEAU DE PLESSIS-LEZ-TOURS
OU D'AMBOISE VERS 1470.

Jean Briçonnet à Jean Bourré, maître des Comptes.

(Tours, 28 janvier) vers 1470.

Monsieur, vous m'avez dit que je seray assigné sur le premier bail de 4,000 francs, c'est assavoir à Rains, 2,000 et en Normandie, de 2,000; il seroit bon de lever les decharges afin d'y envoier. Encore est deu en Normandie, de l'année passée, plus de 1,400 livres. Si je savoye que je peusse avoir lesdites descharges, j'envoiroye par delà mes quictances, affin de faire dilligence, car incontinant que on commancera à besoigner, il fauldra avoir l'argent ou poing. Je n'obliray à faire faire le mur en tele manière que l'en yra ès caves, ainsi que m'avez dit.

Je essaieray, si je puis, aux maçons de leur bailler en ploc le

portal, le corps de maison qui sera dessus et la tour, que je feray faire plus grosse que les autres afin d'estre hors du taisage. Mais avant que la bailler, je dem[ene]reray la besoigne, si je puis, en tele manière qu'elle sera bien. Car en ladicte tour, conviant qu'il y ait retraictz et viz, laquelle viz conviandra, quant se viendra au premier estaige, qu'elle sorte dehors sur corbeaulx, en tele manière que l'en entreira sur le portal et en ladicte tour et que une chambre ne soit subjecte à l'autre. Si vous estez près, je vous envoiray le devis et ce que tout coustera, ou moy mesmes le vous porteray.

Monsieur, si vous plaisoit escrire au maistre des euvres d'Amboise afin qu'il alast à Langès veoir la pierre, et qu'il vous escrivist ce qu'il trouveroit, j'en marchanderoye plus hardiment, et les maçons prandroient la besoigne plus seurement.

Il y a à Chinon ung bien bon ouvrier qui a fait la maison de M. le grant escuier, qui demeure en la ville; c'estoit ung marchant, nommé Jehan Marchal, qui a besoigné à Langès, qui vous parlera bien de ladicte pierre. Je luy escripz qu'il vieigne parler à moy pour savoir quel marché il vouldroit faire dudit portal et tour, il est très bon ouvrier.

(Bibl. Nat., ms. fr. 6,602, fol. 111.)

(Document communiqué par M. A. SPONT.)

DOCUMENT

RELATIF A UN POURPOINT DE CHARLES VIII (1)

(16 janvier 1499.)

L'or du prepoint, comprins le veloux, 12 marcs, 3 onces 2 gros, 18 grains, et autant de veloux qu'il y a oudit prepoint, poisant 1 marc, 5 onces, 2 gros et demy, 16 grains. Ainsi reste que poise nectement l'or, 10 marcs, 3 onces, I gros et demy, 2 grains, qui vallent..... escuz au soleil, 748 escuz et demy, et 2 grains, à 2 deniers, 16 grains pour escu.

Et fault deffalquer de ladicte somme 3 escuz pour chacun 100 escuz pour l'empirance de l'or, qui se monte 22 escuz et

(1) Jean du Bois est trésorier des menus plaisirs de Charles VIII.

demy soleil. Surquiz leur fault compter et allouer l'argent qu'ilz disent avoir mis pour ladicte empirance, montant 2 onces et demye, qui vallent environ 2 escuz. Ainsi reste que monte ladicte empirance 22 escuz et demy soleil.

Somme pour ledit prepoint, 728 escuz, 2 grains. Plus les cloux qui restent à couldre audit prepoint, qui montent I once, 2 gros et demy vallent 12 escuz.soleil.

SOMME TOTALE que poise tout l'or dudit prepoint :

740 escuz soleil, et 2 grains..

Laquelle somme Charles Faulcon et Pierre Faulcon, son filz, confessent avoir receue de maistre Jehan du Bois, en la présence de Robin Rousseau, orfèvre suivant la court, qui a fait le compte cy dessus, escript en leur presence, le 16o jour de janvier 1498.

Plus, leur fault rabatre 3 escuz soleil pour du fil de léton qu'ilz disent avoir mis en aucuns cordons dudit prepoint. Item, ont confessé avoir receu trois aulnes de veloux cramoisy. Fait comme déssus,

(Bibl. Nat., ms. fr. 20,877, fol. 46.)

BOURDIN.

(Document communiqué par M. A. SPONT.)

LA PRAGMATIQUE SANCTION DE 1438

ET ALAIN DE COËTIVY.

La lutte entre Charles VII et Eugène IV, l'un défendant la Pragmatique Sanction, l'autre revendiquant les immunités du Saint Siège, n'est pas encore bien connue. Voici un nouveau document qui jettera un peu de jour sur cette importante question.

1

Eugène IV, on le sait, refusa de reconnaître la Pragmatique Sanction de 1438. Plusieurs bulles adressées à Charles VII-en demandaient le retrait pur et simple. Elles n'eurent aucun effet.

Les ambassadeurs français envoyés au concile de Florence se turent sur les affaires de France et traitèrent uniquement de la politique générale de la Chrétienté. Ces ambassadeurs étaient

Pierre de Versailles, évêque de Meaux, Alain de Coëtivy, évêque d'Avignon, Robert Ciboule, docteur en théologie. Ce fut Pierre de Versailles qui prit la parole et qui, au consistoire du 16 décembre 1441, réclama la réunion d'un nouveau concile et la répression des menées des Pères de Bâle (1).

Alain de Coëtivy se tut. Pourquoi? C'était un homme intelligent pourtant, aux conceptions sûres et puissantes : « magno ingenio virum et animo securo et potenti », dit de lui Pie II (2), et Pie II se connaissait en hommes. Mais Alain se trouvait dans une fausse position.

Honoré de la confiance du roi, nommé premier président de la Chambre des comptes (décembre 1441) (3), gratifié comme évêque de Dol de la seigneurie de Saint-Samson-sur-Risle que Charles VII venait de lui donner (4), Alain de Coëtivy n'en était pas moins fort attaché au pape.

Représentant du Saint-Siège dans le Comtat-Venaissin, évêque d'Avignon, il s'acquittait avec zèle de ses fonctions. De ses deniers, il restaurait le Palais des papes (5). Conjointement avec Zénon, évêque de Bayeux, il faisait exécuter l'édit synodal Moyses », porté contre les schismatiques de Provence, Dauphiné et Guyenne, « qui s'efforçaient de déchirer la tunique du Christ (6) ». Il faut peut-être entendre par cette phrase du Gallia la mission que Eugène IV avait confiée à l'évêque d'Avignon et à Robert Roger, chapelain pontifical et prévôt d'Aix, savoir : la censure et la punition de tous les fauteurs de l'antipape Félix V en Languedoc, Dauphiné, Viennois, Comtat-Venaissin, Lyonnais, Berry et Provence (27 décembre 1440) (7). Le 12 octobre 1441, au moment de partir en ambassade pour le concile, Alain tenait encore un synode diocésain à Avignon (8).

Eugène IV comprit de quel secours lui serait l'influence de l'ambassadeur français auprès de Charles VII. On pouvait en faire une sorte de courtier entre la Royauté et l'Eglise.

(1) De Beaucourt, Histoire de Charles VII, III, 377.

(2) Cf. A. Canron, Inscriptions avignonaises à Rome et en Italie, dans les Mémoires et Comptes-rendus de la Société scientifique et littéraire d'Alais: tome XII, année 1880. Alais 1881, 8°, pages 123-124.

(3) De Beaucourt, Histoire de Charles VII, III, 465.

(4) Bibliothèque Nationale, Ms. français 20882, p. 82.

(5) Gallia Christiana, I, col. 828.

(6) Ibid. I col. 828.

(7) Archivio Secreto du Vatican, reg, 375, fol, CLXXXXVII, (8) A. Canron, o. c. 124.

Alain reçut formellement la promesse du chapeau cardinalice, s'il voulait s'employer, lui, ses parents et amis (Prégent de Coëtivy amiral de France, son frère, les Du Chastel et de Carné, ses cousins, etc.) à faire révoquer la Pragmatique Sanction. Il se fit fort de l'obtenir, semble-t-il, car Eugène IV dira plus tard : on nous donnait l'espérance certaine que l'Église romaine rentrerait dans l'intégrité de ses droits (1).

Quand commença-t-il sa campagne diplomatique? Pas avant l'été de 1442 car il n'était pas encore revenu à la Cour de Charles VII en mars 1442, où le secrétaire royal Étienne Petit reçoit de lui deux blancs-seings valables pour une quittance de livres 400 (2), ni le 5 juillet suivant, où il se fait accorder un délai pour prêter hommage, à cause du « péril et dangier des chemins (3). »

Sur ces entrefaites, une ambassade pontificale arriva en France, avec mission de solliciter la révocation de la Pragmatique. L'évêque de Brescia, son chef, avait l'ordre de gagner les bonnes grâces de Charles d'Anjou, de Regnault de Chartres, cardinal de Reims, de Geoffroy Vassal, archevêque de Vienne, et de maître Pierre Beschebien, physicien du roi (11 mai 1442) (4). D'Alain de Coëtivy, il n'est point question, soit qu'on jugeât superflu d'en parler, soit que l'évêque d'Avignon restât l'agent secret du pape. Eugène IV en effet ne cessait de correspondre avec lui, lui réitérant sa promesse : dans un consistoire tenu à Sienne, il parla même ouvertement de l'élever à la dignité cardinalice (1443) (5).

Mais enfin, il fallut se rendre devant l'évidence. Depuis de longs mois, le nonce apostolique, l'évêque de Brescia, était en France et loin d'obtenir le retrait complet de la Pragmatique prédit par Alain de Coëtivy, Eugène IV fut forcé de proposer un palliatif, un Concordat.

De cet échec, il s'affligea beaucoup : il l'attribua à Alain de Coëtivy et s'en souvint toute sa vie. Dans un consistoire de 1444 ou 1445, quelques cardinaux ayant rappelé qu'on avait promis

(1) « Ad ejusdem ecclesie integritatem reduci valeret, prout de hoc nobis spes certa dabatur. » (Cf le document ci-après).

(2) Bibl. nation. ms, franç. 20879, pièces 80, 81.

(3) Bibl. nation. ms, franç. 20882, pièce 82.

(4) De Beaucourt, Hist. de Charles VII, III, 378.

(5) Cf le document ci-après. Eugène IV résida à Sienne durant les remiers mois de 1443. (Raynaldi, Annales Eccles., anno 1443).

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