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préparait à partir pour Melun, quand une nouvelle lettre de son ami lui annonça que des émissaires et des troupes ayant été envoyés dans cette ville par les jacobins pour y faire des arrestations, il l'engageait fortement à différer son voyage, qu'il ne pouvait alors entreprendre sans courir les plus grands risques. Il semble que la fatalité entraînait Bailly à sa perte, car il trompa son caractère naturellement faible, en négligeant l'avis de son ami, et il partit pour Melun. Il était à peine arrivé aux portes de cette ville, qu'un soldat de l'armée révolutionnaire, qui l'avait reconnu, ameuta autour de lui une populace effrénée. On le conduisit à la municipalité. Le maire, qui trouvait illégale l'arrestation de Bailly, voulait le mettre en liberté, mais il fut contraint de le retenir prisonnier. Transféré peu après à Paris, Bailly fut mis en jugement le 10 novembre 1793; les griefs portés contre lui reposaient principalement sur les événemens du Champ-de-Mars, où il avait été contraint de faire respecter la loi qu'il avait sanctionnée et jurée, comme maire et comme président de l'assemblée. On lui imputait aussi des intelligences avec la famille royale, inculpation motivée par les réponses qu'il avait faites comme témoin dans le procès de la reine. Il avait déclaré avec sa franchise ordinaire que les accusations portées contre cette princesse étaient entièrement fausses, et en cela il s'était conduit comme un Français, et comme un honnête homme. Il fut condamné à mort. Le 12 novembre, jour fixé pour son exécu

tion, on l'amena sur la place de la Révolution; le drapeau rouge qu'il avait fait arborer lors des événemens du Champ-de-Mars, fut mis derrière la charrette; une troupe de forcenés la suivait, accablant d'injures et couvrant de boue l'infortuné Bailly, dont les membres déjà glacés par l'âge, souffraient horriblement d'une pluie froide qui n'avait pas cessé de tomber pendant tout le fatal trajet; arrivé au lieu indiqué, le sinistre cortége annonça, par des cris tumultueux, qu'il voulait que le condamné expirât sur ce même Champ-de-Mars, où il avait fait exécuter la loi contre la rébellion. Quelle horrible représaille! L'échafaud fut démonté. Le drapeau fut brûlé et agité tout enflammé sur la figure du malheureux Bailly, qui, accablé par tant de barbarie, perdit connaissance. Lorsqu'il revint à lui, il regarda fixement l'échafaud, et pria ses bourreaux d'un ton ferme de terminer ses souffrances. Comme ses membres continuaient à être agités d'un tremblement causé par la pluie et par l'extrême rigueur du froid: a Tu trembles, Bailly? lui dit un » d'entre eux. Oui, mais c'est » de froid,» répondit avec dignité le vieillard. On croit lire la vie d'un des plus grands hommes de Plutarque! Au moment de l'exécution, la cruauté des misérables qui l'entouraient prolongea encore son supplice; ils prétendirent alors que le sang d'un tel coupable ne devait pas souiller le champ de la fédération des Français, et forcèrent le bourreau à démonter encore l'échafaud, qui fut dressé au milieu d'un amas de boue et

de fumier. Le trop infortuné Bailly monta sur cet échafaud avec un courage héroïque, et sans qu'on aperçût sur son visage la moindre altération. Dans une grande solennité, en présence des grands corps de l'état, un de nos collaborateurs, M. Arnault, traça ainsi le portrait moral de ce magistrat, qui appartenait aux trois académies. « Tu as les regrets de toutes les trois, >> modeste et malheureux Bailly! »toi, qui réunissais à la science » d'Aristote l'éloquence de Platon, » le stoïcisme de Zénon, la sim»plicité de Socrate! d'un œil éga»lement tranquille tu envisageas » les dignités, où l'estime natio»nale t'a porté, et l'échafaud, où » te traîna la fureur populaire. Au milieu des atrocités, ta mort pa»rut atroce. Elle fut une époque » de deuil pour les sciences, les » lettres et la vertu. Elle appelle>> ra l'horreur sur tes bourreaux, » l'admiration sur leur victime, "tant que ma patrie ne sera pas redevenue la proie de l'ignorance et de la férocité. » Bailly était d'une taille élevée, et avait de grands traits; sa physionomie grave et mélancolique portait l'empreinte de l'habitude méditative, et de la constante direction d'un esprit austère. Il ne manque rien à l'histoire du vertueux Bailly, pas même la pauvreté. Sa veuve, restée dans l'indigence, dut à M. Pastoret le secours d'une pension qui ne lui fut payée pour la première fois, qu'à cette fameuse époque du 18 brumaire qui consola tant de douleurs privées. MTM. Bailly, morte en 1800, n'en jouit que pendant quelques mois. On a de son mari : · 1o Essai sur la

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théorie des satellites de Jupiter, auquel sont jointes les tables de Jupiter, par Jeaurat, in-4°, 1766; 2° Histoire de l'astronomie ancienne, depuis son origine jusqu'à l'établissement d'Alexandrie, in-4°, 1775; 3° Eloges de Charles V, de Molière, de Corneille, de l'abbé Lacaille, et de Leibnitz, in-8°, 1770; 4° Lettres sur l'origine des sciences et sur celles des peuples d'Asie, in-8°, 1770; 5° Lettres sur l'Atlantide de Platon, in-8°, 1779; 6° Histoire de l'astronomie moderne, 3 vol. in4°, 1778 et 1783 : il existe un abrégé de ce dernier ouvrage, fait par Victor Comeyras, sous le titre d'Histoire de l'astronomie ancienne et moderne, 2 vol. in-8° 1806; M. Voiron est auteur d'une Histoire de l'astronomie, depuis 1781 jusqu'à 1811, pour servir de suite à l'histoire de l'astronomie, de Bailly, Paris, in-4°, 1811; Lalande avait publié auparavant une Histoire abrégée de l'astronomie, de 1781 à 1802, cette production est jointe à la Bibliographie astronomique du même auteur; Histoire de l'astronomie indienne et orientale, in-4°, 1787; 8° Discours de réception à l'académie française, in-4°, 1784; 9° Rapport des commissaires chargés par l'académie des sciences de l'examen du magnétisme animal, in-4°, 1784; 10° Rapport secret sur le mesmérisme (il fait partie du Conservateur de M. François de Neuchateau, 2 vol. in-8°, an 8); 11° Rapport des commissaires chargés par l'académie des sciences de l'examen du projet d'un nouvel Hôtel-Dieu, in-4o, 1787; 12° Procès-verbal des séán

faite à Paris, a été le sujet d'un procès, et a fini par être longtemps défendue dans les séminaires sous le règne de Napoléon, comme étant imbue des principes de Loyola; 4° Principes de la foi catholique, qu'il publia en Suisse.

BAJOT, né à Paris en 1775, chef du bureau des lois au ministère de la marine et des colonies, et sous-commissaire de la marine, a publié, en 1801 (an 9), Revue de la marine française, depuis son origine jusqu'à nos jours; en 1804, in-8°, Répertoire de l'administrateur de la marine; en 1806, in-8°, Éloge de la paume et de ses avantages sous le rapport de la santé; en 1810,in-8°, Discours couronné par l'académie de la Rochelle, sur les questions suivantes qu'elle avait mises au concours Quel est le genre d'éducation le plus propre à former un administrateur? Jusqu'à quel degré les sciences et les lettres lui sont-elles nécessaires? Quel secours l'administrateur et l'homme de lettres peuvent-ils et doivent-ils se prêter? M. Bajot a fourni des articles aux quatre derniers volumes du Recueil des lois de la marine et des colonies, et a continué ce travail dans l'ouvrage périodique intitulé: Annales de la marine et des colonies.

BAJOT, maréchal-de-camp, président du collége électoral de l'arrondissement de Castel-Sarrazin en 1810; chevalier de SaintLouis, en juillet 1814.

BAKER (ANTOINE-JEAN), ambassadeur de S. M. britannique près des Etats-Unis, rendit publique, vers le mois de décembre 1815, une déclaration portant que par

suite de la convention faite avec les puissances alliées, il avait été décidé entre elles qu'aucun vaisseau, à l'exception de ceux de la compagnie des Indes-Orientales, n'aurait la faculté de jeter l'ancre à l'île Sainte-Hélène, résidence actuelle de Napoléon ; que de cette clause résultait la nullité de l'article 3 du traité, qui permet de mouiller dans ce port pour y faire des provisions; qu'ainsi les Etats-Unis d'Amérique étaient invités à se conformer aux conditions de ce nouveau traité.

BAKEWELL (ROBERT), fermier anglais, né en 1726, à Dishley, dans le Leicestershire, s'est particulièrement occupé d'améliorer la manière d'élever les bestiaux. Les notions qu'il recueillit à cet égard dans ses voyages en Irlande, en Angleterre et en Hollande, eurent des résultats véritablement extraordinaires un seul de ses béliers lui rapporta, en un an, pendant la fécondation, la valeur de 1200 guinées (24,000 fr.). Le troupeau de Dishley s'est toujours fait remarquer par des qualités qui lui sont particulières, telles, entre autres, qu'une grande délicatesse dans les os et dans la chair, l'extrême légèreté des intestins, etc. L'ouvrage anglais Domestical Encyclop., tom. I, 1802, donne la méthode d'engrais employé par Bakewell, qui mourut en 1795.

BAKKER (PIETER-HUYSINGA), poète hollandais, né à Amsterdam en 1715, a donné plusieurs ouvrages estimés, et notamment un poème sur l'inondation de 1740. Ses œuvres mêlées ont été rassemblées en huit volumes in-8°, et ses satires contre les Anglais, im

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primées en volume in-4°. On remarque, dans ces dernières, beaucoup de véhémence et un style soutenu. Il est aussi auteur d'une traduction en hollandais des Poésies latines de Hight, sur le printemps. Comme membre de l'académie de Leyde, il a fait insérer dans le cinquante- unième volume des Mémoires de cette société, une Dissertation très-estimée sur la poésie hollandaise. Bakker mourut à Amsterdam le 22 octobre 1801. Il était ami et parent du célèbre Wagenaer, historiographe d'Amsterdam, sur lequel il a laissé une notice biographique.

BALARD (MADAME D'ALBI), est auteur d'un poème anonyme ayant pour titre l'Amour maternel, 1810, in-18, et d'une ode sur la Restauration du trône de France, in-8°.

BALBATRE (CLAUDE), organiste célèbre, naquit à Dijon le 8 décembre 1729, reçut les premières notions de musique de son oncle, organiste dans cette ville. Ce parent étant mort, Balbatre lui succéda, et prit des leçons de Rameau, son compatriote, avec le quel il était intimement lié. Étant venu à Paris quelque temps après, il y étudia encore son art pendant plusieurs années, et se it entendre au concert spirituel, en 1755. Le genre de concerto qu'il exécuta sur l'orgue, et dont il était l'inventeur, obtint le plus brillant succès. Nommé, peu après, organiste de l'église de Saint-Roch, il y attira, par ses Noëls, un si grand nombre d'auditeurs, que l'archevêque de Paris fut obligé de lui défendre de

T. II.

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toucher l'orgue à certains jours de fête. Balbatre, dont la réputation s'était constamment soutenue, mourut à Paris, le 9 avril 1799; il était âgé de 70 ans et n'avait jamais été malade. Il a. laissé des compositions pour le clavecin, qui sont très-estimées. On se plaisait à observer l'extrême mobilité de son doigté et la grâce de son jeu, quand il exécutait ses variations sur l'hymne des Marseillais et sur la bataille de Fleurus. Balbatre a perfectionné plusieurs instrumens, et notamment le forté-piano et le clavecin.

BALBE (PROSPER, COMTE DE). Envoyé du roi de Sardaigne près la république française, il parut, en 1796, au corps - législatif, et prononça un discours dans lequel il priait l'assemblée d'être persuadée de l'amitié que portait à la France le roi de Sardaigne, et d'excuser les hostilités qui avaient eu lieu, en ce qu'elles avaient été commandées par la seule force des circonstances. Le directoire lui accorda peu après une audience publique. Le roi de Sardaigne, contre lequel les Piémontais s'étaient révoltés, chargea M. de Balbe d'annoncer au directoire les tentatives qui avaient été faites pour le chasser de sa capitale, et de le prévenir qu'il était disposé à abdiquer la couronsi un second mouvement avait lieu. Quand le roi de Sardaigne fut détrôné par les Français, M. de Balbe se retira en Espagne jusqu'après le 18 brumaire, qu'il rentra dans son pays, où il fut nommé ministre des finances du gouvernement provisoire du

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Piémont. L'académie des sciences de Turin ayant été rétablie, en 1816, M. de Balbe en fut nommé président; il s'occupa alors de travaux littéraires, et donna ses loisirs à l'étude. Il est auteur de plusieurs opuscules et de mémoires historiques assez estimés.

BALBI (JACQUES-FRANÇOIS-MARIE, MARQUIS DE PIOVERA, COMTE DE), Génois de la famille des doges de ce nom, fut, en 1792, membre du petit-conseil de la république de Gênes. Chargé, la même année, de communiquer à la cour de Vienne les alarmes que donnait à sa patrie la révolution française, il rapporta l'assurance du vif intérêt que prenait l'Autriche à la république, et la promesse de ses secours aussitôt que les circonstances l'exigeraient. Peu de temps après, M. Drak ayant engagé l'état de Gênes à entrer, à l'exemple du roi de Sardaigne, dans la coalition contre la France, M. de Balbi, sans adopter entièrement les vues du ministre anglais, vota pour qu'on gardât une neutralité armée avec cette nation; il ne fut pas longtemps à s'apercevoir que son opinion avait beaucoup déplu aux partisans que les Français s'étaient faits à Gênes. Lors de l'élection des trente magistrats appelés viri probi, l'usage était de réélire les membres de l'année précédente. M. de Balbi fut le seul d'entre eux qui ne fut point réélu; alors, prévoyant l'envahissement du territoire génois par l'armée française, et ne voulant pas en être témoin, il voyagea dans différentes contrées, et bientôt vint se fixer à Paris. La république ligu

rienne établie, M. de Balbi fut déclaré émigré ; on séquestra ses biens, et ils furent mis en vente; mais l'attachement qu'on lui portait était encore si profond, si géné. ral, qu'on ne trouva personne qui voulut acheter ses biens-fonds. Quelques partisans de la révolution génoise, ennemis personnels. de M. de Balbi, découvrirent le lieu de sa retraite, dénoncèrent cet honorable citoyen au gouvernement français, et parvinrent à le faire emprisonner à Sainte-Pélagie. Quoique le gouvernement l'eût fait mettre en liberté quelque temps après, il le considérait toujours comme dévoué aux intérêts britanniques. M. de Balbi crut devoir s'éloigner, et retourner en Italie, où il parvint à se faire rendie une grande partie de sa fortune. Lorsque la France fut pacifiée, et que le gouvernement eut cessé toute surveillance à son égard, il il revint habiter Paris. Menacé récemment, par le gouvernement piémontais, de perdre ses propriétés paternelles, s'il ne rentrait pas dans son pays, M. de Balbi s'est vu obligé de vendre celles qu'il avait en France, notaminent près de Versailles, et de renoncer à la résidence qu'il avait choisie.

BALCARRAS (ALEXANDRE LINDSAY, COMTE DE ), homme d'un sang très-noble sans doute, mais qui s'est toujours opposé à la liberté de ses semblables, en Europe par ses intrigues, en Amérique par ses armes, en Afrique par les moyens combinés du bambou et des bloody-hounds (chiens de sang). Ce n'est pas sans frémir que l'on se détermine à tracer une vie consa- || crée tout entière à étouffer la li

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