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Mine la marquise d'Entragues, nièce de l'abbé de Menguy; elle est bossue et sœur de me de Changy, mère de Mme la présidente Turgot.

Il y a ici peu de grands couverts, seulement le dimanche et les jours que le Roi chasse le chevreuil.

Du 15. — Madame Louise a obtenu pour Mme l'abbesse de RoyalLieu (Soulanges) la même pension qu'avoit feu Mme de Grimaldi, abbesse du même couvent. Cette communauté est composée de onze religieuses de la maison; il y en a outre cela sept de Marienval, et deux d'Issy près de Paris.

Mgr le Dauphin retourne aujourd'hui à Versailles.

Tous les ministres étrangers sont à Compiègne, excepté M. de Rewentlaw, envoyé de Danemark, qui a été dangereusement malade. Du 16. — On dit, mais c'est encore un secret à la Cour, que le Parlement sera réuni à Paris.

La Reine a dîné aujourd'hui aux Carmélites.

Du 17. --- On prétend que les pourvoyeurs du Roi lui ayant donné des perdreaux, il en a envoyé les plumes à M. le duc de la Vallière. pour lui faire voir qu'il est bien singulier qu'il ne lui en ait point encore donné de sa capitainerie.

Je vois que le cavagnole de Mme la Dauphine à Versailles se soutient fort bien, mais il ne peut se comparer à ceux de Mme la maréchale de Duras; elle a pris des eaux de Vichy deux ou trois jours, et pendant ce temps-là, elle a eu des cavagnoles à soixante-douze tableaux; on eut la curiosité avant-hier de compter ce qu'il y avoit d'argent sur la table, on y trouva 40,000 livres; il est vrai que la maréchale avoit mis pour sa part 750 louis. Nous n'avons encore rien vu d'aussi beau.

Du 18. Le nouvel envoyé de Prusse (Kniphausen) eut hier sa première audience.

La Reine, pendant son dîner, a envoyé tous les étrangers voir sa terrasse et son bosquet; les archevêques de Narbonne et de Toulouse y étoient aussi, ce qui leur a fait grand plaisir.

M. le prince de Conty travailla hier avec le Roi et ensuite M. d'Argenson.

Il y aura demain conseil de dépêches.

M. le premier président alla hier diner à Premontré. Voici ce qu'il a dit en arrivant à Soissons qu'il avoit reçu une lettre de la main

un brevet de retenue à payer qui est de 15 ou 16,000 livres; mais M. de Fougères a ses terres dans cette province, où il a même fait bâtir; c'est ce qui rend cet arrangement fort agréable pour lui. (Note du duc de Luynes.

cultés entre eux pour des sujets peu importants; mais tout sert d'occasion de dispute lorsque les caractères ne se conviennent pas. Cette année, M. de Chaulnes, d'une part, et M. d'Aligre, de l'autre, ont été nommés commissaires pour l'élection de deux abbesses, l'une à Étrun, l'autre à Blangis. M. de Chaulnes avoit avec lui deux secrétaires, dont l'un est secrétaire du commandant de la province, est payé par le Roi et contresigne les ordres; l'autre est secrétaire particulier de M. de Chaulnes. Il y a eu deux grands repas de cérémonie, l'un à Etrun et l'autre à Blangis. M. d'Aligre, avant qu'on se mit à table, à Etrun, demanda à M. de Chaulnes si son usage étoit de faire manger ses secrétaires avec lui; M. de Chaulnes lui répondit qu'il ne faisoit pas manger son secrétaire particulier, mais seulement celui qui étoit payé par le Roi M. d'Aligre prétendit de ce moment que son secrétaire à lui, comme intendant, devoit aussi manger à la même table; M. de Chaulnes soutint le contraire. Je ne sais pas précisément ce qui arriva à cette première scène, mais elle se renouvela à Blangis; on proposa par arrangement de faire manger les deux secrétaires à une table séparée, mais cet accommodement ne fut pas accepté ; les deux secrétaires se mirent à table. M. de Chaulnes ordonna à celui de l'intendant de sortir de table; l'intendant lui ordonna de rester, et il y resta en effet. On peut juger que cela fit une scène au sortir de table; chacune des deux parties en explique les circonstances de la manière la plus favorable pour elle. M. d'Aligre vint à Compiègne avant M. de Chaulnes, et y parla très-haut et trèsfortement; M. de Chaulnes, s'y est rendu depuis. Ils avoient déjà écrit tous deux, et je crois qu'on n'a encore rien décidé. Ce qui est vraisemblable, c'est qu'il y aura quelques arrangements pour donner une autre intendance à M. d'Aligre. On trouvera ci-après une lettre de M. de Chaulnes à un de ses amis sur cette affaire.

Lettre de M. le duc de Chaulnes, du 18 juillet 1754, écrite à un de ses amis à Abbeville.

Je n'ai pas pu, mon cher, vous mander ni même vous faire écrire le détail de ce qui s'est passé, parce qu'en vérité, ni ceux qui sont avec moi, ni moi n'avons eu un moment depuis que ma tournée est commencée. La scène d'Etrun a été suivie d'une autre à Blangis, qui a été encore plus forte, et toutes les deux sont d'une extravagance qui ne peut se rendre. La forme a emporté le fond, qui étoit très-peu considérable. Je ne puis vous dire autre chose dans ce moment-ci, si ce n'est en général que la prétention d'égalité entre l'intendant et le gouverneur commandant dans la province, que M. d'Aligre a voulu établir et soutenir par un éclat qu'il avoit prémédité et que je n'ai pas souffert, en a été le sujet; que sa conduite, en s'éloignant de toute espèce de règle et de bornes, a été poussée à un point que personne n'auroit pu imaginer, encore bien moins prévoir, et que j'en ai rendu compte à la Cour qui en décidera. Je n'ai pas le temps de vous en dire davantage; j'en réserve les détails à des moments plus libres ou quand je pourrai vous revoir (1).

Du 29. Me la Dauphine, à Versailles, soupoit avec des dames en public de temps en temps depuis le départ de la Cour pour Compiègne; ces dames n'y souperont plus qu'aujourd'hui jusqu'au retour de la Reine, qui devoit être le 3 et qui ne sera que le 5.

M. Rouillé, qui avoit la marine, vient d'être nommé ministre des affaires étrangères, et M. de Machault, qui est garde des sceaux, contrôleur général et grand trésorier de l'Ordre, est nommé ministre de la marine et prévôt de l'Ordre; il vend à M. Rouillé sa charge de trésorier de l'Ordre 300,000 livres et 100,000 livres de pot-de-vin. Celle de contrôleur général des finances est donnée à M. de Séchelles, intendant de Lille. M. de Beaumont, son neveu, intendant de Besançon, passe à Lille. M. le garde

(1) J'ajouterai une apostille extraite d'une lettre de Compiègne : Les gens de même espèce que M. de Chaulnes et dans le même cas croient qu'il doit être soutenu, et qu'on ne doit pas donner tort au supérieur devant l'inférieur. (Note du duc de Luynes.) •

T. XIII

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des sceaux qui étoit contrôleur général, comme il vient d'être dit, lorsqu'on lui donna les sceaux, supplia le Roi de lui permettre alors de ne point prendre les appointements de la charge de garde des sceaux, qui sont d'environ 80,000 livres, ceux de la place de contrôleur général et les droits du sceau étant des objets trop considérables pour qu'il pût désirer rien de plus; cette permission lui fut accordée. Dans cette occasion, où il quitte la place de contrôleur général, le Roi lui a rendu les appointements de garde des sceaux.

Les lettres de rappel du Parlement sont envoyées pour rentrer entre le 20 août et le 1" septembre. On lui mandera de la part du Roi le lieu que chaque membre habitera pendant cet intervalle, et en arrivant à Paris tout ce corps y recevra les ordres du Roi.

On a reçu des nouvelles d'Espagne qui apprennent la disgrâce de M. de la Ensenada premier ministre; il a été arrêté et conduit à Grenade; il a cette ville pour prison. Il avoit la guerre, la marine, les finances et les Indes. C'est M. d'Huescar, que nous avons vu ici, qui a été le principal auteur de cette disgrâce. L'homme de confiance de M. de la Ensenada a été conduit à Valladolid; M. Wal, secrétaire d'État des affaires étrangères, a eu le département des Indes; M. de Leslava, capitaine général et directeur général de l'infanterie, qui a défendu Carthagène, a été fait ministre de la guerre; un chef d'escadre qui étoit intendant de marine à Cadix a eu le département de la marine, et le marquis de Ville-Peroso, premier écuyer de la Reine, a eu les finances.

M. le président va demain aux Brières; il verra en passant M. le chancelier à Compiègne.

Du 30, a Compiègne.

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M. de Séchelles logera à Versailles où logeoit M. de Machault. M. de Machault aura le logement de M. Rouillé et M. Rouillé celui de M. de Saint-Contest.

Du 31.

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Mme de Luynes a présenté aujourd'hui M. le marquis de Giron, fils de M. de Buron, homme de qualité et fort riche;

M. de Giron a vingt-huit ans et est aveugle; on dit qu'il va se marier. M. de Séchelles est chargé de la fin de l'affaire entre M. de Chaulnes et M. d'Aligre.

AOUT.

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Dou

Rétractation de l'abbé de Prades. Retour de la Cour à Versailles. leur du duc de Penthièvre. Affaire de Mme de Rannes. Nouvelles diverses. Morts. Naissance du duc de Berry. Feu d'artifice à Versailles. Morts. On dit la messe pour la première fois à Saint-Louis de Versailles. Règles relatives aux enfants de France. - Révérences à la famille royale. · Scrutin de la Ville. Renouvellement des difficultés pour la place derrière le fauteuil du Roi. Le journal du duc de Luynes consulté pour la solution de ces difficultés. Église de Saint-Louis à Versailles. Médecin de la Bastille. Le Te Deum pour les enfants de France. - Apanage du duc d'Orléans. — Logements.-M. Bignon nommé grand maître de l'Ordre. Gouverneur des pages de la Reine.

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et pensions. tion de Paris contre la nourrice du duc de Berry. Menin et dames nommés. Mort de la maréchale de Tonnerre. Anecdote sur M. de Pons. Te Deum à Paris. - Illuminations et feu d'artifice à Paris. Illumination de la maison du président Hénault.

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Mme de Boursac soupa hier avec la Reine, grâce demandée par M. l'évêque de Noyon.

Du 2. M. de Boynes a l'intendance d'Amiens. M. de Moras, gendre de M. de Séchelles, lui est adjoint dans les finances (1).

Du lundi 5, Dampierre. J'ai parlé en détail de la thèse de l'abbé de Prades soutenue en Sorbonne en 1751, et condamnée par la Sorbonne et par M. l'archevêque ; l'abbé de Prades se retira ensuite à Berlin. L'abbé de Prades a écrit différentes lettres pour se justifier; bien loin d'y réussir, ces lettres ont causé de nouveaux scandales; enfin ayant fait des réflexions, il s'est déterminé à donner une rétractation pure et simple; il l'a d'abord adressée à son évêque, M. l'évèque de Montauban, et ensuite à

(1) Ce n'est qu'une expectative; il n'y a point de place vacante; mais l'arrangement est fait pour qu'il ait la survivance de M. de Baudry. En attendant, M. de Moras aura l'exercice de la charge. (Note du manuscrit.)

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