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ni bien fait ni d'une jolie figure, et qui a le cordon rouge de l'ordre de Saint-Hubert de l'électeur palatin, est l'aîné du prince de Salm.

J'appris hier qu'il y a eu un jugement sur l'affaire des princes du sang contre M. de Soubise. Les princes du sang avoient eu quelques soupçons que le Roi vouloit décider cette affaire, et M. le prince de Conty présenta hier ou avant-hier, à Bellevue, un mémoire au Roi pour supplier S. M. de vouloir bien leur donner le temps de faire les recherches nécessaires. Ce mémoire n'a eu aucun effet, et il a été décidé que la protestation des princes du sang seroit supprimée, par conséquent leurs signatures au contrat de mariage deviennent malgré eux un consentement.

Je n'ai point encore parlé du nouveau dais du SaintSacrement qui a paru le jour du Saint-Sacrement pour la première fois ici à la paroisse Notre-Dame. Ce dais est de velours cramoisi brodé d'or, bombé par-dessus. La broderie est très-magnifique; il y a dans le milieu de chacune des quatre pentes un des sujets de l'Écriture sainte brodé en soie et parfaitement bien exécuté; je crois que c'est de l'ouvrage de la Savonnerie. Sur le devant, c'est l'offrande faite à Abraham par Melchisedech; derrière, c'est le repas de la cène; ceux des grands côtés, c'est la manne dans le désert, et sur l'autre les disciples d'Emmaüs. Les six bâtons pour porter le dais sont de vermeil doré comme les crosses des évêques. On prétend que ce dais coûte 90,000 livres, et qu'il est fait aux dépens de la fabrique, excepté 14,000 livres que le Roi a données.

Du mercredi 4, Versailles. Mgr le Dauphin alla avanthier à Paris pour poser la première pierre au bâtiment que l'on fait à Panthemont. Mr le Dauphin n'avoit que deux carrosses; il n'étoit suivi que par M. le maréchal de Richelieu et trois de ses menins; il y avoit 40 gardes du corps tant à Paris qu'à sa suite (1), et à l'abbaye il y

(1) Il y en avoit 24 à la suite de Mer le Dauphin, outre ceux qui étoient

avoit deux compagnies l'une des gardes françoises et l'autre des gardes suisses. Mgr le Dauphin passa, en allant et en revenant, par le Cours, le quai des Tuileries, le PontRoyal et la rue du Bac. Il fut reçu à son arrivée par M. le prévôt des marchands, M. Berryer, lieutenant de police, et l'intendant M. de Sauvigny. Mgr le Dauphin arriva à cinq heures; la cérémonie dura environ trois quarts d'heure. J'ai déjà parlé de cette cérémonie à l'occasion de la première pierre posée pour le Roi à la nouvelle église paroisse Saint-Louis à Versailles. Ce fut le prince Constantin qui officia à cette cérémonie, assisté du curé de SaintSulpice. On m'a dit que Mer le Dauphin avoit donné 30 louis dans une bourse pour les ouvriers, et que le Roi donnoit 20,000 livres (1) à la maison, mais je ne suis pas encore assez instruit des détails. C'est une sœur de Mme la princesse de Montauban (Mézières) qui est abbesse de cette abbaye; il y a environ vingt religieuses. Elles ont déjà fait construire depuis peu un bâtiment nouveau où il y a un assez joli logement pour l'abbesse et des cellules fort propres pour quelques religieuses. Tous les lits des cellules sont dans des niches, ce qui forme de chaque côté un cabinet, qui est plutôt une grande armoire. De Panthemont, Ma le Dauphin alla à pied aux Carmélites voir la fille de Me d'Havré, qui y est religieuse, et Mme de Ru

pour la garniture à l'abbaye; il y avoit outre cela huit des Cent-Suisses. Ces huit Cent-Suisses marchèrent devant, et les gardes du corps derrière. Lorsque M. le Dauphin alla aux Carmélites, il ne voulut point que personne entråt dans cette maison religieuse. J'ai marqué qu'il avoit passé par le pont Royal; on me mande que c'est par le pont Neuf. (Note du duc de Luynes.) (1) Les 30 louis ont été promis, mais non donnés; je ne suis pas sûr des 20,000 livres. (Note du duc de Luynes.)

Il n'est nullement question, à ce qu'il me paroit, des 20,000 livres, ni je crois même des 30 louis; je crois qu'on donnera 100 louis pour tout. M. de Richelieu s'est informé de ce qui avoit été fait pour la première pierre du bâtiment des enfants trouvés lorsque Mme de Luynes alla la poser au nom de la Reine en 1746; elle fit alors donner 100 louis. Mme de Luynes me mande que cet exemple sera suivi, mais on ne sait pas quand ce payement se fera. (Addition du duc de Luynes, datée du 14 juillet.)

pelmonde; il n'étoit accompagné que par ceux qui l'avoient suivi et par les gardes du corps; il y avoit une grande foule de peuple à qui ce petit voyage à pied parut faire grand plaisir ; on cria beaucoup vive le Roi et Mgr le Dauphin. L'origine des religieuses de Panthemont est de 1217. C'étoient des Bernardines qui furent fondées dans le diocèse de Beauvais par Dreux, évêque de cette ville, au bord de la rivière d'Avalon. Les fréquents débordements de cette rivière les obligèrent en 1646 de se retirer à Beauvais. La maison qu'elles occupoient étant trop petite pour elles, elles vinrent s'établir à Paris en vertu de lettres patentes obtenues en 1672 dans le lieu où elles sont aujourd'hui. Cet emplacement étoit occupé alors par les filles du Verbe Incarné, monastère qui avoit été composé de huit hospices différents, établis les uns sans permission, les autres par des lettres patentes non vérifiées, et tous supprimés par arrêt du Parlement. On transféra les filles du Verbe Incarné dans une maison située au Puits l'Hermite, dans le faubourg Saint-Marceau, destinée aux religieuses qui n'étoient pas fondées. Cette maison, qu'on a nommée de la Crèche, est occupée présentement par la communauté de Saint-François de Sales. Ce furent les directeurs de l'hôpital général qui firent transférer au faubourg Saint-Marceau les filles du Verbe Incarné pour vendre leur maison aux religieuses de Panthemont.

M. le comte d'Egmont mourut hier à sept heures du matin; il n'avoit que trente-deux ans; il étoit né le 5 novembre 1720; il avoit épousé le 22 mai 1740 Mile de Villars (1) dont il a eu un garçon mort à l'âge d'un an ou envi

(1) Mme la comtesse d'Egmont la jeune reste avec environ 35,000 livres de rente, savoir 12,000 livres de douaire, on stipule 20,000 livres qu'elle a en mariage et qui lui sont bien payées, et 60,000 livres qu'elle a mis dans la communauté et qui lui seront renboursées, ou on lui en fera la rente. Elle a outre cela 20,000 livres à prendre dans la communauté, en bijoux ou pierreries; elle y prend aussi un carrosse et six chevaux. Sa toilette est à elle; elle loge actuellement chez son père, où elle a son cuisinier. Mme la maré

ron. Il étoit brigadier des armées du Roi de 1747. Il y avoit environ six semaines qu'il étoit malade; cette maladie avoit commencé par une colique violente qu'on avoit cru être une indigestion. On prétend qu'il s'étoit mal conduit dans cette maladie; et effectivement il n'avoit pas observé le régime nécessaire en pareil cas, mais s'étant mis entre les mains de Vernage, il avoit été fort bien traité; il avoit même paru guéri, mais les accidents revinrent. On découvrit une tumeur fort considérable à côté du foie et tous les remèdes qu'on avoit imaginés pour sa guérison ont été absolument inutiles. On prétend que la cause de sa maladie est un accident qui lui arriva ; il y avoit quelque temps qu'il s'amusoit à faire des armes chez lui; cet exercice singulier à son age ne paroissoit pas dangereux, mais il y reçut un coup de fleuret qui porta bas et donna dans un endroit délicat. Il survint aussitôt une enflure qui augmenta en peu de temps; il avoit toute confiance à un chirurgien qui avoit été à feu M. le Duc, qui se nomme Cassin; il l'envoya querir aussitôt; Cassin lui dit que le mal étoit sérieux et qu'il étoit bien important de prendre garde aux remèdes qu'on y feroit; qu'il comprenoit bien qu'il ne voudroit pas s'en rapporter à lui, qu'il auroit recours à

chaie n'a pas voulu qu'elle fût ni logée ni nourrie chez elle; ceci n'est que pour le premier moment. Elle compte prendre une maison, mais elle n'a point de meubles, ce qui est une dépense.

Il s'est trouvé environ 150,000 livres de dettes à la mort de M. d'Egmont, presque toutes exigibles. Le comte d'Egmont d'aujourd'hui jouira présente. ment de 12,000 livres de rente au moins, dont la plus grande partie substituée; mais tout le mobilier appartient à Mme d'Egmont la mère, ce qui comprend non-seulement les meubles mais encore les revenus échus, ce qui retarde la puissance de M. d'Egmont; mais pour faciliter les affaires, Mme d'Egmont consentira vraisemblablement à une rente pour ces sommes; elle a donné un pareil consentement à feu M. son fils pour des sommes que feu M. d'Egmont le père avoit prises sur le revenu de ses terres à elle dans le comtat dans le temps qu'il partit pour ses terres dans le royaume de Naples. Mme d'Egmont, sur ce qu'elle profite dans sa succession, est obligée de payer partie à proportion des charges et droits à cause de l'ouverture de la succession. Elle aura 75 ou 80,000 livres de rente à elle. (Note du duc de Luynes.)

tout ce qu'il y avoit de plus fameux dans la chirurgie, mais qu'il devoit à l'attachement qu'il avoit pour lui de l'avertir que l'usage ordinaire en pareil cas étoit d'appliquer un emplâtre de mercure, que ce remède guérissoit sur-le-champ la partie affligée, mais que s'il en faisoit usage il croyoit pouvoir l'assurer qu'il se formeroit un abcès dans les reins et que dans trois mois il ne seroit pas en vie. Ce conseil étoit sage, mais il ne fut pas suivi, et l'événement n'a que trop fait voir combien il étoit nécessaire d'y faire plus d'attention. Les souffrances des derniers moments ont été très-violentes et la présence d'esprit a été conservée presque jusqu'à la fin. Les devoirs essentiels de la religion ont été remplis; M. d'Egmont a reçu ses sacrements et a paru souffrir avec beaucoup de fermeté, de patience et de résignation. Il étoit valeureux naturellement, noble et généreux, ne connoissant point l'intérêt et fort aimé dans toute sa maison. La vie qu'il avoit menée étoit particulière; il s'étoit livré à la mauvaise compagnie jusqu'au point d'être embarrassé dans la bonne; cette façon de vivre a fait grand tort à sa réputation et à sa santé.

Du jeudi 5, Versailles. - Le corps de M. le comte d'Egmont fut ouvert hier, et Cassin a demandé que l'on ouvrit l'endroit où le coup avoit été porté ; on y a trouvé le principe du mal, et au lieu d'une tumeur au foie qu'on avoit sentie, il s'est trouvé un abcès dans les reins.

M. d'Egmont a fait un testament dans lequel il y a quelques legs particuliers: à Cassin son chirurgien, à son intendant, à un avocat nommé Bussy en qui il avoit confiance; il laisse à mon fils quatre tableaux à choisir dans tous ceux qu'il avoit, et à Mme de Chevreuse, sa sœur, à choisir dans tous ses diamants et bijoux jusqu'à concurrence de 12,000 livres. M. de Pignatelli resté seul des trois frères prend le nom d'Egmont et hérite de la grandesse. On ne connoit point précisément l'origine de cette grandesse; on la croit créée en 1520; elle ne subsista

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