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crachoit le sang. J'ai marqué ci-dessus la mort de son mari qui étoit chevalier de l'Ordre.

Je ne sais si j'ai marqué la mort de M. de Villemur, fermier général, frère de Mme de Saint-Séverin. Sa place a été donnée à M. de Chalut, trésorier de la maison de Me la Dauphine. M. de Chalut avoit déjà eu une place de fermier général à la mort de M. Camuset, mais cette place n'étoit que pour moitié, on en avoit ôté la moitié à M. Camuset pour la donner à M. de Tournehem; à la mort de M. de Tournehem cette moitié a été donnée à un autre qu'on m'a nommé et que j'ai oublié ; elle est pour lui, sa femme et ses enfants à perpétuité.

Comme l'exercice des fermiers généraux ne commence qu'au mois d'octobre, et qu'il faut un arrêt du conseil, on a conseillé à M. Chalut de ne pas se presser de demander cet arrêt et d'attendre les événements. M. de Villemur étant mort, M. Chalut a aujourd'hui une place. entière, au lieu qu'il n'en auroit eu que la moitié d'une.

Il y a longtemps qu'on parle de l'établissement d'une chambre pour juger; cet établissement est enfin décidé. Cette chambre sera composée de 20 maîtres des requêtes et de 8 conseillers d'État, c'est M. de Brou qui y préside; elle jugera les affaires civiles et criminelles.

J'ai appris depuis que l'on prépare les Grands Augustins où cette chambre s'assemblera.

Du lundi 17, Dampierre. On attend à tous moments des nouvelles de la promotion de cardinaux que le Pape doit faire. Cette promotion du Pape précède toujours celle qu'il fait pour les Couronnes, et il est de règle que dans la promotion du Pape, le gouverneur de Rome, le dataire et le maître de chambre, s'ils ne sont pas déjà cardinaux, obtiennent toujours cette dignité. On peut juger qu'on ne donne ces trois places qu'à des sujets dignes d'être faits cardinaux.

Du mercredi 19, Dampierre. — J'ai parlé dans le temps du procès de M. Klinglin, prêteur royal de Strasbourg,

et des discours tenus sur cette affaire. On sait que les accusations ont tombé non-seulement sur M. Klinglin père, mais aussi sur son fils, reçu en survivance de prêteur royal; ils ont été accusés l'un et l'autre de concussions, c'est-à-dire d'avoir exigé par force et violence des droits. qui ne leur étoient pas dus. On prétendoit qu'eux ou au moins que Daudet, gendre et agent du S' Klinglin père, avoit employé pour sa justification des propos peu mesurés et sans fondement. Il fut décidé que l'affaire seroit jugée par le parlement de Grenoble. MM. Klinglin étoient l'un et l'autre en prison; il fut envoyé des commissaires et fait des informations. Le S' Klinglin père est mort en prison pendant le cours des procédures; son fils, dont la femme est morte aussi pendant le procès, s'est occupée à justifier la mémoire de son père et sa propre réputation; il vient de faire imprimer un mémoire de 115 pages in-4°; il est écrit en bons termes, avec esprit, beaucoup de sagesse et de circonspection. Il prouve d'une manière qui paroit sans réplique que les accusations intentées. contre son père et lui sont l'effet d'une cabale qui se formoit depuis longtemps. Ce mémoire n'est pas ennuyeux malgré sa longueur. J'ai appris qu'il a fait impression et que le S' Klinglin a gagné son procès.

Je joins ici copie du jugement rendu au rapport de M. du Colombier le 18 septembre.

La Cour a déchargé ledit S Klinglin des accusations contre lui intentées, et en conséquence l'a mis hors de cour et de procès, sauf à lui à se pourvoir pour ses dépens, dommages et intérêts ainsi et contre qui il verra à faire; et en ce qui concerne ledit Daudet l'a mis hors de cour et de procès sans dépens. Ordonne que les portes des prisons de l'arsenal de cette ville où ils sont détenus, leur seront ouvertes à l'exhibition du présent arrêt.

Du vendredi 21, Versailles. On a appris aujourd'hui la mort de M. le chevalier de Montaigu; il avoit désiré d'aller à Paris croyant d'être mieux, il n'y a vécu que deux jours. Il étoit malade depuis longtemps de la poi

trine. Les chirurgiens ayant jugé qu'il avoit un abcès qui pourroit se vider en lui faisant l'opération de l'empyème, il se détermina à cette opération qui lui fut faite ici par M. Loustonneau, chirurgien de Mesdames; le succès de cette opération avoit donné quelque peu d'espérances quoiqu'on n'ait jamais été rassuré entièrement sur son état. M. le chevalier de Montaigu avoit été gentilhomme de la manche de M le Dauphin et depuis menin; il avoit environ cinquante-cinq ans; il étoit frère cadet de M. de Montaigu, ci-devant ambassadeur du Roi à Venise (1). Du samedi 22, Versailles. M. de Nivernois vient de nous dire que le gratis pour les bulles de mon frère est accordé. On dit que ce mot de gratis signifie la totalité des droits, cependant outre les 7,000 livres qu'il faut toujours payer pour les frais de l'expédition, il y a encore d'autres droits qui sont, je crois, pour les officiers de la daterie; je ne sais pas à combien va ce restant.

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Hier M. le chancelier présenta les huit conseillers d'État et les vingt maîtres des requêtes qui composent la commission; ils doivent commencer leur première assemblée lundi prochain. Le Roi les reçut dans son cabinet; l'audience fut fort courte. On prétend qu'ils avoient l'air assez triste; ce qui est certain c'est que Messieurs les conseillers d'État ont été peu satisfaits de ce que M. Gilbert de Voisins a refusé d'être à la tête de cette commission. Sur la proposition qui en fut faite à M. Gilbert, il allégua des raisons personnelles pour en être dispensé ; on a jugé depuis que si l'on consultoit chacun de ceux que l'on jugeoit à propos de mettre dans cette commission, ils auroient aussi des raisons particulières, et on a pris le parti de déclarer à ces Messieurs la volonté du Roi. C'est ce parti qui donne lieu à ces Messieurs de se

(1) Le roi de Pologne alla voir le Roi avant-hier; et le Roi, quoiqu'il ait pris les eaux comme hier, a été cette après-dinée rendre la visite au roi de Pologne. (Note du duc de Luynes, datée du 21.)

plaindre de ce que le même ordre n'ait pas été donné à M. Gilbert (1).

Du dimanche 23, Versailles.

Je ne sais si j'ai mar

qué que le Roi a pris des eaux pendant trois jours et par conséquent chaque jour a diné dans sa chambre. Hier mon frère étoit au diner du Roi; S. M. l'appela et lui demanda s'il savoit que le Pape lui accordoit le gratis de ses bulles pour l'archevêché de Sens; mon frère dit au Roi qu'il avoit été vendredi à six heures du soir chez M. de Saint-Contest, qui n'avoit point encore reçu de lettre de Rome. Le Roi apprit cette nouvelle du gratis avant-hier au soir par M. le duc de Nivernois qui avoit reçu une lettre de M. de la Bruère, son secrétaire d'ambassade, qui est resté chargé des affaires à Rome. La nouvelle du gratis est dans une apostille au bas de la lettre; apparemment qu'elle n'étoit pas encore publique à Rome. M. de Nivernois a montré cette apostille à mon frère. Il y est dit que le Pape a lu avec grand plaisir la lettre de recommandation que lui a écrite Mme la Dauphine, qu'il en a été fort touché et qu'il a dit sur-lechamp au cardinal Valenti de lui présenter un mémorial au bas duquel il mettroit le gratis. Ce gratis est une grande grâce; elle n'exclut pas cependant tout payement; il y a, comme je dois l'avoir dit, des droits pour l'expédition des bulles qui se montent à 7,000 livres sur lesquelles on ne fait jamais de remise; il y a encore plusieurs autres droits que l'on ne remet pas; mais le total de ce qui reste à payer dans le cas d'un gratis est toujours bien peu considérable en comparaison du prix ordinaire pour les bulles. La taxe pour les bulles s'estime

(1) J'ai appris depuis que la commission n'est établie que pour jusqu'à la Saint-Martin, pour faire seulement ce qu'auroit fait la chambre des vacations. Dans la première assemblée elle enregistrera la déclaration du Roi, et ensuite on arrangera les heures et les temps des assemblées pour procéder au jugement des affaires. (Note du duc de Luynes.)

en florins, mais ce sont des florins d'or, monnoie idéale comme la livre tournois en France et la livre sterling en Angleterre. Cette monnoie a deux prix différents par rapport à la nôtre; lorsqu'il s'agit de bulles pour des bénéfices dans les pays d'obédience, comme par exemple dans les Trois-Évèchés, le florin est estimé environ 18 livres, et pour les autres pays il n'est que de 9 à 10 livres. Il y a encore après la grâce du gratis plusieurs formalités à remplir pour les bulles; il faut deux consistoires, l'un où l'on propose au Pape tels et tels sujets pour tels et tels bénéfices, et l'autre où il est censé que le Pape a agréé la proposition, et les évêchés sont préconisés. C'est un cardinal qui fait la demande et la préconisation. Quelquefois c'est le Pape lui-même, et en ce cas il ne faut qu'un consistoire, mais alors le droit à payer à la cour de Rome est du double; mais ce n'est qu'une formalité, car le Pape en remet toujours la moitié. Par rapport à la France, il n'y a qu'un seul cas où il ne soit rien payé, pas même pour des expéditions; c'est lorsque le Roi fait lui-même la demande d'une grâce au Pape, par exemple pour des dispenses; cette demande se fait par une lettre du secrétaire d'État que le Roi signe. Au mariage de M. le duc de Chartres avec Mile de Conty, le Roi demanda luimême la dispense; elle fut accordée sans aucuns frais. C'est au Roi à qui j'ai entendu conter presque tous ces détails.

Le parlement de Rouen reste toujours assemblé, et on n'en parle plus dans ce moment.

J'ai marqué ci-dessus la mort de M. de Montaigu et l'opération qui lui avoit été faite de l'empyème. On avoit entretenu l'ouverture de la plaie pour y pouvoir introduire avec un instrument convenable les injections nécessaires; ces injections ont toujours été continuées sans accident. Environ quinze jours avant sa mort le chirurgien qui faisoit ces injections s'aperçut après l'injection faite qu'une partie de l'instrument dont il s'étoit servi étoit

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