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n'y a pas d'autre forme. Le Roi fait avertir et entrer au conseil celui à qui il accorde cette grâce (1).

J'aurois du marquer plus tôt que les États de Provence ont donné 700,000 livres de don gratuit.

Du 14.

Il y a eu assemblée des chambres sur la dénonciation d'un refus de sacrement par M. le curé de Sainte-Marguerite, faubourg Saint-Antoine, à Milady Perth, sa paroissienne.

On prétend qu'elle a refusé de déclarer avoir été confessée par un prêtre approuvé. Messieurs du Parlement ont ordonné une information dans laquelle la malade sera entendue et, si besoin est, répétée dans sa déposition. Les chambres se rassembleront à cinq heures. M. le curé de Sainte-Marguerite est mandé pour s'y trouver et rendre compte de sa conduite.

Du 14 au soir.

Le curé de Sainte-Marguerite décrété de prise de corps; injonction au vicaire et autres prêtres de la paroisse et successivement de procurer à la malade les secours spirituels.

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Du mercredi 15. - Sur l'information faite au sujet du refus de sacrements à milady Perth par les curé et porteDieu de la paroisse Sainte-Marguerite, faubourg SaintAntoine, les chambres assemblées ont décrété de prise de corps le porte-Dieu de ladite paroisse pour sa persévérance dans son refus, et avoir dit qu'il a des ordres de l'archevêque de Paris d'exiger la soumission à la Constitution et les billets de confession préalablement à l'administration des sacrements aux malades; qu'il ne connoît que lesdits ordres; et que son respect pour l'archevêque est tel, qu'il se feroit couper le col pour lui; qu'à l'égard de la dernière déclaration du Roi, elle mérite explication.

(1) Le Roi a envoyé avertir M. de Séchelles, qui a cru que c'étoit pour recevoir quelque ordre de Sa Majesté. M. de Séchelles a voulu se retirer dans le temps que le conseil d'Etat alloit commencer. Le Roi lui a dit de rester et de s'asseoir; il a dit en même temps à M. de Puisieux, M. de Saint-Florentin et Rouillé de se reculer, parce que M. de Séchelles est plus ancien conseiller d'Etat qu'eux, et c'est toujours cette ancienneté qui règle la séance en pareil cas. (Addition du duc de Luynes.

Les chambres ont donné arrêt portant que les récollements (1) vaudroient confrontation sur la contumace contre Brunet et Meuriset, vicaires de Saint-Étienne du Mont, décrétés de prise de corps précédemment.

Du jeudi 16. — J'ai oublié de parler de la mort de M. Royer, mort le 11 à Paris presque subitement; il étoit maître de musique de la chambre et des Enfants de France. Il avoit la direction de l'Opéra ; c'étoit un homme très-savant et qui avoit infiniment le goût du chant.

Il y a environ quinze jours qu'un Anglois nommé milord Montfort se tua d'un coup de pistolet à Londres. Il étoit jeune, riche et n'avoit aucun sujet de chagrin, mais il s'ennuyoit de vivre. C'est une maladie assez commune en Angleterre et surtout dans cette saison. Il envoya querir un notaire, fit son testament, fit passer le notaire dans son cabinet, et pendant ce temps il se tira un coup de pistolet dans la tête. Cette maladie s'appelle le spleen.

Dimanche 12, il arriva ici un accident sur la pièce des Suisses; cinq jeunes enfants de la ville s'avisèrent de vouloir danser sur la glace; il avoit commencé à dégeler, la glace cassa sous eux, ils tombèrent tous cinq dans l'eau. Deux furent noyés sur-le-champ; on retira les trois autres mais ils sont morts depuis.

J'ai marqué ci-dessus la retraite de M. l'abbé de Laville, du bureau des affaires étrangères; il ne songeoit nullement à y rentrer. Il n'a point de bien, mais il a deux abbayes dont une de 12,000 livres de rentes dont il ne jouit point actuellement à cause qu'il y a 40 ou 50,000 livres de réparations à y faire. Il menoit une vie douce et tran

(1) Procédure que l'on fait dans un procès criminel, lorsque l'on relit à un témoin la déposition qu'il avoit faite auparavant, pour voir s'il y veut persister, y ajouter ou diminuer. Le récollement se fait avant la confrontation. Un témoin ne peut plus varier après qu'on a fait le récollement, autrement il est puni comme faux témoin.

quille; il s'étoit retiré fort peu de temps après que M. de Puisieux, qui lui marquoit beaucoup d'estime et de confiance, eût demandé la permission de se retirer, feu M. de Saint-Contest avoit donné le bureau de M. l'abbé de Laville à M. de la Chapelle. M. Rouillé ayant eu le département des affaires étrangères et connoissant tout le mérite de M. l'abbé de Laville, en parla au Roi, qui lui ordonna de savoir ce qu'il demanderoit pour y rentrer; M. Rouillé fit parler par différentes personnes à M. l'abbé de Laville, qui répondit toujours que si M. Rouillé avoit quelque chose à lui ordonner, il étoit prêt à se rendre chez lui. M. Rouillé lui dit la volonté du Roi et lui demanda quelles étoient les conditions qu'il souhaitoit; M. l'abbé de Laville répondit qu'il étoit très-content de son sort, que le plus grand plaisir qu'on pouvoit lui faire étoit de le laisser dans son état, mais qu'il ne savoit qu'obéir toutes les fois que le Roi ordonnoit; qu'à l'égard des conditions il n'en avoit aucunes à proposer, que tout ce qu'il demandoit étoit que M. de la Chapelle fût bien traité. M. de la Chapelle a eu en effet une pension de 5,000 livres (1), et M. l'abbé de Laville est rentré dans les affaires étrangères. Les appointements ordinaires sont de 10,000 livres, sur quoi il faut payer non pas les commis, mais les frais de bureau, et le bois et la lumière. On a augmenté cette somme, et on donne 12,000 livres à M. l'abbé de Laville.

On apprit il y a environ huit jours la mort de M. des Alleurs; il est mort à Constantinople; il avoit environ cinquante-cinq ans. On prétend que c'est une ambassade fort utile que celle de Constantinople et qu'on peut, quand on y demeure plusieurs années, y gagner beaucoup en ne prenant que ce qui est dû légitimement. Cependant les affaires de M. des Alleurs sont en très-mauvais état,

(1) Ce qui est une récompense honnête n'ayant eu le bureau que trois ans. (Note du duc de Luynes.)

et il doit 4 ou 500,000 livres. Il vivoit très-honorablement et s'étoit fait aimer et estimer infiniment à cette cour où il est très-important d'avoir un homme d'esprit et qui se conduise bien. Il paroît qu'on le regrette beaucoup ici, et j'ai entendu dire à M. de Puisieux que pendant qu'il avoit les affaires étrangères, M. des Alleurs lui avoit écrit dans une circonstance très-délicate et embarrassante, et qu'ayant été obligé de prendre son parti avant que d'avoir pu recevoir de réponse, il s'étoit trouvé avoir fait de lui-même ce que M. de Puisieux lui mandoit de faire. M. des Alleurs laisse trois enfants, deux filles en couvent à Paris, et un petit garçon de trois ans, qui est à Constantinople. Il avoit été ambassadeur du Roi auprès du roi de Pologne qu'il avoit suivi à Varsovie; il y avoit épousé la fille du prince Lubomirski, grand porte-épée de la couronne de Pologne que nous avons vu ici avec M. Bielinski au mariage de Mme la Dauphine.

Je n'ai point encore parlé de la lettre des évêques de Languedoc au Roi, ni de celle de M. de Carcassonne. Je n'ai vu ni l'un ni l'autre, mais je sais que dans celle des évêques de Languedoc il est question du rappel de M. l'archevêque de Paris. Cette lettre est signée de tous les évêques, excepté de M. de Carcassonne (Bezons ) qui en a écrit une; je ne sais si c'est au Roi ou à M. de SaintFlorentin, mais on ne la montre point.

J'ai marqué les nouvelles du Parlement du 9; on a prétendu qu'elles n'étoient point exactes; M. le contrôleur général disoit avoir été instruit par M. le premier président de ce qui s'étoit passé et que le mot relativement aux évêques n'étoit point dans l'arrêté, que même il n'y avoit point eu d'arrêté ce jour-là. M. le chancelier disoit la même chose. J'ai voulu m'informer encore plus exactement. Il est vrai qu'il y a eu grande division dans le Parlement; l'avis qui a passé n'a été que de 59 voix contre 58, et on a même engagé un des conseillers de l'avis contraire de se retirer; mais enfin l'arrêté a passé; il se

peut bien faire qu'il n'ait pas été mis sur le registre, mais le fait n'est pas moins vrai (1).

On apprit il y a trois jours la mort de Mme la présidente de Lourailles, âgée d'environ soixante ans (2). Elle avoit un visage fort agréable; elle laisse plusieurs enfants. Elle étoit soeur de Mme la marquise de Flavacourt. Leur nom est Bernières. Le fils aîné de Mme de Lourailles a épousé une Mile de Torcy.

La fille de Mme d'Herbouville mourut le 12 à Paris d'une indigestion, après avoir été saignée; elle avoit six à sept ans; elle étoit fort jolie. Mme d'Herbouville est fille de Me de Cambis (Gruyn).

M. le comte de Lauraguais épousa, le 11, Me d'Isenghein. La noce s'est faite chez M. d'Isenghein. Ils étoient quatre-vingt cinq à table (3).

L'on a ordonné que les procédures sur l'affaire de Troyes et les deux derniers récits de M. le premier président seroient communiqués aux gens du Roi pour donner leurs conclusions lundi. On les charge également d'en prendre le même jour sur un mandement de l'évêque de Troyes et une autre ordonnance de l'évèque d'Orléans pour renouveler le pouvoir des confesseurs et expliquer les cas réservés.

Milady Perth a été administrée hier par M. l'abbé Coquelin. Ce prêtre est interdit depuis plusieurs années, non-seulement pour sa doctrine mais pour ses mœurs. Il est si connu dans la paroisse pour avoir mérité cette in

(1) Il y a eu même des propos peu agréables pour le premier président; on a prétendu qu'il avoit été au delà de la commission dont il étoit chargé; et en tout les esprits outrés de cette compagnie ne sont pas contents de lui. (Note du duc de Luynes.)

(2) Elle est morte à Rouen, son mari est président de ce Parlement. (Note du duc de Luynes.)

(3) Le Roi a accordé les honneurs du Louvre à M. le comte de Lauraguais à l'occasion de son mariage. C'est par un brevet pareil à celui qu'eut M. de Forcalquier pendant la vie de M. le maréchal de Brancas son père. (Note du duc de Luynes.)

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