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cars (Berwick) est morte; elle étoit fort riche; elle s'appeloit Verthamon de la Ville-aux-Clercs, du même nom que le premier président de la Cour des aides; elle avoit environ soixante-dix ans.

M. le cardinal de la Rochefoucauld eut hier une longue audience du Roi, qui lui marqua beaucoup de bonté.

La Sorbonne a présenté un mémoire au Roi; elle réclame contre tout ce qu'a fait le Parlement vis-à-vis d'elle; cela devient vif.

M. de Rambures est mort; il avoit cinquante-sept ans ; il étoit fort riche, le nom de sa mère étoit de Mesmes; sa femme est Vérac; elle est fort riche. M. de Rambures avoit hérité de tous les biens de la maison de Rambures, à la mort de Mme de Caderousse et de Mme de Polignac. Le nom de Rambures est Fontenilles. Il a une fille qui vient d'épouser M. de Ligny, une autre fille à marier, et un garçon qui a environ dix à douze ans. Il étoit frère de M. l'évêque de Meaux, premier aumônier de Mme Adélaïde. Il étoit fort incommodé de la goutte depuis longtemps. Il venoit fort peu à la Cour.

M. de Lowendal est mort il y a trois jours; il avoit cinquante ans; il étoit maréchal de France, chevalier de l'Ordre et colonel d'un régiment d'infanterie allemande de son nom. Son père étoit grand-maréchal et ministre du feu roi de Pologne, électeur de Saxe. Son grand-père étoit maréchal général des armées en Danemark, et fils naturel de Frédéric III, roi de Danemark. M. de Lowendal a reçu tous ses sacrements avec beaucoup de piété. C'est M. le curé de Saint-Sulpice qui l'a assisté à la mort et qui lui a représenté qu'il pouvoit y avoir quelque difficulté par rapport à la légitimité de son mariage. M. de Lowendal, ne voulant manquer à aucune règle de l'Église, a renouvelé son mariage dans ses derniers moments. Il laisse ses affaires en mauvais état; il avoit acheté une terre près d'Orléans, nommée la Ferté, 600,000 livres ; il n'en a pu payer que le quart; vraisemblablement on

sera obligé de la vendre. Il avoit un revenu considérable, mais des bienfaits du Roi, et il faisoit une très-grande dépense.

JUIN.

Audience du Roi aux députés de l'assemblée du Clergé. — Détails de cérémonial. - La Reine à Saint-Cyr. — Procès du maréchal de Belle-Isle contre ses vassaux. — Refus de sacrements; sermon scandaleux. — L'assemblée du Clergé accorde le don gratuit. — Revue de la maison du Roi. — Le guet des gardes du corps. → Présentations. Le marquis de la Ferté. - Ce qu'on appelle des plaisirs dans les gardes du corps. — Détails sur les gardes du corps. — Pension de retraite non demandée. — Emprunts du clergé. Réduction de l'intérêt à 4 p. 100. Taux de l'intérêt hors de France. Mort de M. de Polignac et de l'évêque de Marseille. - Considération étrange en vertu de laquelle on destine souvent à l'église les enfants. — Nouvelles du Parlement. Ce que le clergé a donné au Roi depuis 1700. — Refus de sacrements. La maison de Conflans. L'assemblée du Clergé, Mariages. — Morts. — École des chevau-légers. — Baptême d'une cloche. - Consommation du bois et du charbon à Paris. — Arrêts du Parlement. — Grande quantité de canons et de mortiers en France. - Mariages et successions; nouvelles diverses de la Cour. — Culture des fruils. — Évêché donné. - Abbaye donnée à l'abbé de Bernis. — Retraite d'un chef de brigade et brigades données. - Audiences. - Le traitement à dîner. — Intendance de Rouen donnée. — L'emprunt du Clergé. — Présentations et révérences. Mort de l'évêque de Dijon. — La quadrature du cercle. — Déplacements continuels du Roi. — Bouchardon fait le modèle en terre de la tête du Roi. — Départ de l'ambassadeur de Sardaigne à propos de l'affaire de Mandrin. — Mariage de M. de Tessé. — Mort et croissance extraordinaire. — Dupleix à Paris. — Nouvelles du Parlement. Évêchés donnés.

Du dimanche 1er, Dampierre.-M. le duc de Penthièvre s'est démis purement et simplement de sa charge de grand veneur, en faveur de M. le prince de Lamballe, son fils; il a remercié le Roi ce matin.

Voilà la copie d'une lettre que je reçois de Versailles d'aujourd'hui :

Le Roi a donné aujourd'hui audience au Clergé dans sa chambre du balustre. J'ai mis des huissiers de la chambre dans l'œil-de-bœuf et ceux de l'antichambre dans l'antichambre, deux huissiers de la chambre à la porte de la chambre où je n'ai laissé entrer que tous les

gens connus. Le Roi étoit dans son fauteuil, le dos à la cheminée, son capitaine des gardes et son premier gentilhomme de la chambre. derrière son fauteuil. On a ouvert les deux battants de toutes les portes quand le Clergé a passé, même à la chambre du Roi. S. M. a toujours resté assise et n'a mis son chapeau qu'un moment avant que M. le cardinal de la Rochefoucauld commençât sa harangue. Le Roi a répondu son chapeau sur la tête, toujours assis. La réponse faite, M. le cardinal de la Rochefoucauld s'est approché du fauteuil, a présenté et nommé les députés ; quand ils se sont retirés, le Roi a ôté son chapeau. S. M. est venue tout droit de la messe par le grand appartement se mettre dans son fauteuil. Quand le Clergé est venu chez Mgr le Dauphin faire sa harangue, les huissiers ont ouvert tous les battants. Mgr le Dauphin les a reçus debout, et s'est assis dans son fauteuil quand la moitié a été entrée; il a mis son chapeau, a écouté la harangue et a répondu le chapeau sur la tête et assis. Quand ils se sont retirés, il a ôté son chapeau à la troisième révérence. Il n'y avoit derrière son fauteuil que le premier gentilhomme de la chambre.

Du lundi 2, Dampierre. -On trouvera ci-après la copie d'une lettre que je viens de recevoir de Versailles, datée d'aujourd'hui.

Nous avons été reçus hier, mon cher frère (1), avec les honneurs accoutumés, et selon le cérémonial écrit dans tous les procès-verbaux imprimés de nos assemblées. M. le Cardinal a parlé avec force, dignité, modération, sagesse et sentiment; il a bien prononcé son discours et de façon à être entendu de tout le monde. Les harangues à la Reine, à Mar le Dauphin et à Mme la Dauphine ne le cèdent en rien à celle du Roi; il a eu un applaudissement général. Le Roi a été ému et touché. S. M. nous a reçus avec toutes sortes de marques de bonté; sa réponse n'avoit été entendue que de M. le Cardinal; le Roi s'en est douté; en rentrant dans son cabinet, il a dit à M. de Saint-Florentin : « J'ai parlé trop bas, ils ne m'ont point entendu ; je vais vous dicter ma réponse, écrivez-la, et vous la remettrez par écrit au Cardinal, afin que le Clergé puisse la voir. »

Les termes de cette réponse sont à peu près ce que je vais marquer, mais je tâcherai d'en avoir une copie.

J'ai toujours compté sur la fidélité et sur l'attachement du Clergé de mon royaume pour ma personne. Je recevrai volontiers les représentations qu'il voudra me faire et qui seront sûrement accompagnées

(1) Cette lettre est, par conséquent, de l'archevêque de Sens.

de prudence, de modération et de sagesse. Vous pouvez l'assurer de ma bienveillance et que je lui accorderai toute ma protection. »

Du mardi 3, Dampierre. -Dès le lendemain que le Roi fut parti pour Marly on commença à démeubler le cabinet du conseil et on a travaillé aussitôt à exécuter le projet de joindre ce cabinet avec celui qu'on appelle des Perruques, parce que c'étoit là que le Roi avoit coutume de se poudrer. Les entrées de la chambre n'entroient point dans ce dernier cabinet. La cheminée placée dans le mur de refend qui séparoit ces deux cabinets va être portée dans le gros mur qui sépare de la grande galerie; elle sera vis-à-vis les fenêtres qui donnent sur la cour de marbre, et la grande glace qui étoit dans cette place, du côté de la grande galerie, sera portée dans le cabinet des Perruques et se trouvera en face du mur qui sépare le cabinet du conseil d'avec la chambre à balustre.

J'ai déjà parlé dans mon journal des différentes entrées de chez le Roi. Les entrées de la chambre entrent au lever immédiatement avant que tout le monde entre; elles entrent dans le cabinet du conseil toute la matinée; elles y entrent aussi l'après-dînée au débotté, aussi avant que tout le monde entre; elles entrent aussi dans ce cabinet quand le Roi revient de vêpres ou du salut; mais après cela elles n'entrent plus, et au coucher elles n'ont aucune distinction. Le changement de l'appartement intérieur du Roi dans ce moment a donné occasion à des contestations. J'ai prié M. de Gesvres de vouloir bien m'en mander le détail; on le trouvera ci-après.

Le Roi faisant travailler à son grand appartement a couché dans la pièce où est la grande pendule (1). Après sa chambre à coucher, il

(1) La pendule faite par Passement; « elle est, dit le duc de Luynes, tome XIII, page 141, dans le cabinet du Roi, par delà sa chambre à coucher. Cette pièce porte aujourd'hui le nom de salon des pendules et celle à la suite le nom de cabinet des chasses. (Notice du musée impérial de Versailles, par Eud. Soulié, 1860, in-12, IIe partie, page 207.)

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y a un carré qu'on appelle le cabinet des chiens, qui a tenu lieu d'œilde-bœuf; j'y ai mis, après que la garde-robe a été entrée dans la chambre du Roi, un huissier pour le garder, car avant cela les garcons le gardent. Il n'y entre que les grandes entrées et le service de la garde-robe. Quand l'huissier de la chambre est à cette pièce, les entrées de la chambre et le service de la chambre y entrent; mais les courtisans restent sur l'escalier ou dans la cour de marbre.

Après le lever du Roi, les huissiers de la chambre du Roi vont garder la salle du trône (1), qui devient chambre du Roi, et l'huissier du cabinet s'empare de la porte de cette pièce où le Roi couche, et alors cette pièce devient cabinet du conseil, où les personnes qui ont les entrées du cabinet du conseil entrent. Quand le Roi sort de son arrière-cabinet, alors tout le monde sort de cette pièce, qui devient cabinet des Perruques. Quand le Roi est poudré et accommodé, il entre dans l'intérieur; alors cela redevient cabinet du conseil, et ceux qui ont attendu dans la pièce des chiens restent dans cette pièce où le Roi couche, laquelle change à tout moment de dénomination. Quand le Roi va à la messe le matin, les grandes entrées et tout son service font le tour et vont l'attendre dans le trône; le Roi passe un petit corridor intérieur où il y a une porte qui donne dans la pièce du trône. Il n'y a que le grand chambellan, le premier gentilhomme de la chambre et le capitaine des gardes qui ont l'honneur de le suivre et les princes du sang qui s'y trouvent.

On présente tous ceux qui veulent être présentés dans la salle dú trône; on ne présente pas dans la chambre où le Roi couche. Quand le Roi soupe dans les cabinets, il donne l'ordre dans la pièce des chiens. Quand S. M. soupe au grand couvert, il passe par le petit corridor intérieur; il donne l'ordre dans le trône et va par la galerie chez la Reine; un huissier de la chambre marche avec deux flambeaux d'huissier devant le Roi, depuis la chambre où il couche jusques chez la Reine, passant par le corridor et le ramenant de même. Les personnes qui ont l'honneur de suivre le Roi ne passent dans le corridor qu'à sa suite; la porte est toujours fermée à double tour quand le Roi y a passé. Quand la Reine vient le matin chez le Roi, elle passe par cette porte; aussitôt qu'on l'a averti, le premier valet de chambre va ouvrir la porte; la Reine s'en retourne comme elle est venue sans personne à sa suite, un premier valet de chambre porte sa queue. Mgr le Dauphin passe par les cours quand il vient au lever du Roi. Mesdames ont suivi le Roi un jour en revenant de la messe, ont passé par le corridor à sa suite, leurs dames d'honneur les

(1) Ou salon d'Apollon, contigu au salon de la Guerre.

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