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qui est de même maison que lui, n'est pas d'un esprit supérieur; elle n'a ni charge ni place à la cour. La piété et les bonnes œuvres ont mis une liaison très-grande entre M. de Sassenage et Mmes de Villars et d'Armagnac, toutes deux filles de M. le maréchal de Noailles, et toutes deux dans la piété et les bonnes œuvres. On vouloit mettre de fort honnêtes gens auprès de Mar le Dauphin. M. de Sassenage fut choisi par l'estime qu'on avoit pour lui et comme un homme d'une grande naissance. Il plut à Ma le Dauphin à ces deux titres, et outre cela il a quelques talents; il sait bien la musique, il a de la voix, il joue de la flûte, il est doux dans la société, il joue bien tous les jeux de commerce. M. de la Fare, qui est mort maréchal de France, fut nommé chevalier d'honneur de la première Dauphine et ensuite de la seconde ; il aimoit sa liberté ; il avoit beaucoup d'amis avec lesquels il ne pouvoit vivre autant qu'il désiroit, étant gêné par les assujettissements de sa charge. Il vouloit avoir quelqu'un qui l'aidât, il jeta les yeux sur M. de Sassenage; il obtint pour lui la survivance de sa charge. M. de Sassenage avoit déjà été nommé chevalier de l'Ordre avant que d'être chevalier d'honneur. M. de Sassenage a eu plusieurs enfants; il n'a pu élever aucun garçon; il lui reste cinq filles. La protection et les bontés de Mgr le Dauphin et de Mme la Dauphine, jointes aux autres raisons ci-dessus expliquées, ont fait l'arrangement de la famille de M. de Sassenage. Il a marié l'aînée à M. le comte de Maugiron, homme de condition de Dauphiné; je ne sais si cette fille a eu des enfants. M. de Maugiron a du bien et un régiment; je crois même qu'il a eu celui de son beau-père. Me de Maugiron a une figure qui n'est ni bien ni mal; elle est née à Paris et est allée dès l'âge de sept à huit ans en Dauphiné, d'où elle n'est revenue que pour se marier. La seconde, qui est grande, mais laide et prodigieusement louche, a épousé M. de Talaru, fils de M. de Chalmazel, premier maître d'hôtel de la Reine et reçu en survivance de cette

charge. M. de Talaru est un fort honnête homme qui vit très-bien avec sa femme; ils ont une fille. Il reste trois filles dont l'une est religieuse en Dauphiné. Celle qui épouse M. de Bérenger est l'aînée des trois. Celui qui se marie n'est pas d'une figure fort agréable, il y a quelque chose à redire à ses yeux. »

Du jeudi, 25 décembre. — J'ai toujours oublié de marquer ce qui arriva à M. du Barailh, vice-amiral, quelques jours avant le départ pour Fontainebleau. Mme de Pompadour étoit venue à la toilette de la Reine et l'avoit suivie à la messe. Au retour, elle aperçut dans la galerie M. du Barailh; elle l'appela et lui dit que le Roi étoit extrêmement content des nouvelles preuves qu'il venoit de donner de son zèle et de son attachement, en offrant d'aller s'embarquer où le Roi le jugeroit à propos. M. du Barailh est fort àgé; il fait sa cour assidûment au Roi et à la Reine, mais il est peu répandu dans le monde; il ne connoissoit point Mme de Pompadour; il demanda donc à quelqu'un de sa connoissance qui étoit cette dame qui lui avoit parlé. Il a conté ce fait à plusieurs personnes.

On trouvera dans mon journal, au 19 décembre, que M. Galant, inspecteur de Versailles, a été nommé contrôleur de Monceaux. Tous les habitants du château de Versailles s'y intéressoient. Quelques jours après la mort de M. de Lassurance, il fut question d'une place pour M. Galant; le Roi étant à Choisy, M. de Luxembourg lui en parla; le Roi répondit qu'il en étoit content, qu'il l'aimoit beaucoup, mais que le vent du bureau n'étoit pas pour lui.

ANNÉE 1756.

JANVIER.

Chapitre de l'Ordre. Le prince Louis de Wurtemberg. Détails sur la terre de Navarre et la principauté de Bouillon. - Nouvelles diverses de la Cour. - Préparatifs pour la guerre dirigés par le maréchal de Belle-Isle.

Le commandement du littoral de la Méditerranée donné au maréchal de Richelieu, Généraux placés sous ses ordres et sous ceux du maréchal de Belle-Isle. - Ce que l'on paye pour les serments chez le garde des sceaux. - Morts et testaments. - Le duc de Chevreuse légataire universel de Mme de Saissac. Mécontentement du Roi contre M. Hocquart, capitaine de l'Alcide. La duchesse de Velours. — Tragédie d'Esther, jonée à Saint Cyr devant la famille royale, sous la direction de Racine le fils. Nom des actrices. Mort du cardinal Caraffa. - Tremblements de terre; des religieux exploitent ces calamités. Nouvelles d'Angleterre et de Hollande et de la guerre. Mise en défense du littoral de la France; réforme des gardes-côtes. Forces navales; manque de canons. Plan d'opérations adopté. Réquisitoire du Roi envoyé au roi d'Angleterre et réponse du ministère anglais. Mort du confesseur de la Reine; nouveau conf sseur nommé. - Réponse du Roi à la députation du Parlement.

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Charges

La Gazette de France;

Arrêté du Parlement.

Traité du roi de

quel est le rédacteur de l'article de LA COUR.
Le Dauphin et la Dauphine à Paris. — Pensions.
Prusse avec l'Angleterre. Refus de la France de traiter avec la Prusse.
La flotte de Toulon.

Intendants des Menus.

Du jeudi 1er. Il y a eu aujourd'hui chapitre de l'Ordre. Il y avoit treize places vacantes; le Roi nous a dit qu'il avoit à nous proposer neuf nouveaux chevaliers, six francois et trois étrangers; M. de Saint-Florentin a aussitôt lu la liste. Les six françois sont le prince Camille, fils de feu M. le prince de Pons, M. le duc de FitzJames, M. le duc d'Harcourt, M. le duc d'Aiguillon, M. de Stainville, M. de Baschi. Les trois étrangers sont M. de Saint-Vital, le prince Jablonowski, père de Mme de Talmond, et le prince Louis de Wurtemberg.

Le prince Constantin a officié, Mme la marquise de Brancas (Grand-Homme) a quèté.

Du mardi 2.- La grâce que le Roi accorda hier à M. de Wurtemberg mérite d'être remarquée. M. le prince Louis de Wurtemberg est cadet d'une maison souveraine ; il est au service de France et il n'a que vingt-quatre ou vingtcinq ans; son frère aîné, quoique prince souverain, n'auroit ici aucun rang; il y seroit incognito comme est M. le duc des Deux-Ponts. A plus forte raison, M. le prince Louis de Wurtemberg étant cadet, ne peut avoir aucun rang ici et n'en a aucun en effet. Son. carrosse n'entre point dans la cour du Louvre ni du château, et il n'est ici que comme un homme de condition. Il est d'ailleurs au service de France, comme j'ai dit, et enfin il n'a pas l'âge prescrit par les statuts. Cette règle de l'âge est cependant générale pour les chevaliers titrés ou non titrés, et n'a d'exception que pour les enfants de France et pour les princes du sang. Les enfants de France reçoivent le cordon en venant au monde, mais ils ne sont admis et reçus qu'à quatorze ans, et les princes du sang nommés et reçus à quinze.

Le Roi a bien voulu faire, en faveur des princes lorrains, une exception à la règle générale (1); ils sont nommés et reçus à vingt-cinq ans. Quelquefois le Roi donne des dispenses d'âge, cela est rare; M. le maréchal de Richelieu, reçu en 1729 et néen 1696, eut une dispense d'âge, mais seulement d'environ deux ans. Celle que le Roi accorde à M. de Wurtemberg est bien plus considérable; il est vraisemblable qu'il ne lui conviendra pas de prendre rang seulement du jour de sa réception et parmi les chevaliers non titrés, et que par conséquent il sera admis et non reçu.

Du samedi 3.- Mme de Kinski est ici. La Reine la vit

(1) Il a fallu même pour cela ajouter un statut à ceux de l'Ordre. (Nole du duc de Luynes.)

avant-hier dans la galerie; elle ne sera point présentée. Son nom est Palfi; c'est de la grande noblesse de Hongrie ; les Kinski sont de Bohême. Elle est veuve du fils de M. de Kinski que nous avons vu ici ambassadeur de la reine de Hongrie (1).

J'ai appris aujourd'hui plusieurs détails, par rapport à M. de Bouillon, qui peuvent mériter d'être écrits. La terre de Navarre est d'un revenu immense en bois; l'usage est de vendre les bois pour six ans. La dernière vente fut de 1,800,000 livres. M. de Bouillon ayant fait travail ler à une rivière qu'il a rendue flottable, ses bois ont beaucoup augmenté; la dernière vente qu'il vient de faire a monté à 2,250,000 francs, sans compter 50,000 écus qui lui ont été payés sur-le-champ, et en outre un potde-vin de 50,000 francs. On prétend que M. de Bouillon n'arrange pas bien ses affaires, cependant personne ne parle mieux d'arrangement que lui. Il compte que dans ce moment-ci il n'a plus aucunes dettes criardes et qu'il jouit de 234,000 livres de rente, et que dans trois ans il aura remboursé toutes ses dettes foncières et aura 200,000 livres de rente de plus.

Bouillon, où il dit avoir tout droit de souveraineté et même d'y battre monnoie, a soixante-quatre paroisses et ne lui vaut que 50,000 livres de rente. Il dit que, lorsqu'il y est, il reçoit le même traitement de la garnison françoise que M. de Monaco lorsqu'il est chez lui. M. le prince de Turenne, son fils, en comptant 30,000 livres que M. de Bouillon lui donne par an, 9,000 livres du Roi comme survivancier, 12,000 livres de Mme de Turenne et ce qu'il a eu de M. le comte d'Évreux et de Mme de Monbazon, jouit à présent de 104,000 livres de rente; M. de Bouillon dit qu'outre cela il lui donne bien, ou à Mme de Turenne, 2 ou 3,000 louis par an. M. de Bouillon, sachant que M. de

11) Le comte de Kinski avoit été ambassadeur en France en 1729.

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