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aîné de don Carlos, qui, par une entreprise hardie s'efforcerait de réparer les pertes récentes.

Mais l'insubordination d'une partie de l'armée qui occupait Estella fit échouer ce projet qui, seul peut-être, pouvait rétablir la fortune du prétendant. Deux bataillons se soulevèrent en menaçant de rentrer dans leurs foyers si l'on n'acquittait pas leur solde. Plus de 5,000 hommes désertèrent d'Aoïz dans une semaine; 250 se rendirent à Pampelune, à Burguetto et à Espinal. Enfin les troupes révoltées crièrent: Vive Munagorri, et meure don Carlos!

On ne parvint à apaiser les rebelles, qu'en leur distribuant le peu d'argent qui se trouvait dans les caisses, et en laissant revenir en Navarre les parents des déserteurs, qu'une loi inhumaine en avait expulsés.

Les officiers eux-mêmes avaient pris part à la révolte, osant demander au prétendant la destitution de Guergué, le chef d'état-major, dont ils disaient avoir à se plaindre.

Cependant, afin de rétablir l'ordre, on avait rappelé en toute hâte de Bilbao à Estella huit bataillons, qui abandonnèrent les positions de Los Banderos et des Capucins; ce qui n'empêcha pas que le 10 mai, les troubles et l'insubordination ne recommençassent par les mêmes motifs. La junte effrayée prit la fuite, et le désordre fut si grave que don Carlos fut obligé de se montrer en personne aux mutins qui proférèrent de nouveau le eri de vive Munagorri, et poussèrent l'insolence jusqu'à afficher sur la porte même de la maison habitée par le prince, une partie des bulletins du général Espartero, annonçant la défaite de la faction expéditionnaire. Enfin, malgré l'intervention des patrouilles, des Navarrais en vinrent aux mains dans les rue d'Estella, et un aide-de-camp de don Carlos fut grièvement blessé. C'est alors qu'en attendant l'arrivée de Guergué, le prince se retira à Durango, où il pouvait à peine entretenir sa maison et donner de temps en temps de faibles à comptes à ses troupes fatiguées de défendre une cause dont elles commençaient à désespérer,

Comme on le voit, les derniers événements militaires avaient entièrement démoralisé l'armée carliste, et si le gouvernement de Madrid avait eu assez de force pour contenir le parti anarchiste; s'il eut su transiger avec les provinces basques, en conciliant leurs anciens privilèges avec l'intérêt général de l'Espagne, il est plus que probable que l'on aurait, dès lors mis fin à cette horrible lutte.

Aussi, contre l'attente générale, la levée de 40,000 hommes, décrétée par les cortès s'exécutait-elle avec une grande facilité dans les provinces purgées de la présence de l'ennemi, et même dans celles qu'il occupait encore militairement. Les conscrits rejoignaient les divers corps avec un empressement incroyable. Il est vrai que la misère était cruelle à l'intérieur, et que les jeunes soldats rencontraient peut-être à l'armée moins de privations que dans leurs propres foyers.

Pendant ces scènes d'indiscipline, 600 constitutionnels, commandés par le gouverneur de Gironne, battaient près de Figuières la bande de Zorella, composée de 1,650 hommes. Et non loin de Villabona et d'Andoain, théâtres de pareils événements, le général O'donnell se tenait avec six bataillons postés sur la ligne, tout prêt à profiter des chances que les dissensions des provinces pourraient offrir.

Cependant les partis extrêmes, injustes dans tous les pays, et en Espagne plus que partout ailleurs, semblaient plutôt combattre que défendre le Gouvernement de la reine. La violence de leur langage était excessive et n'épargnait rien, pas même la couronne.

Les cortès discutaient le budget du ministère de grâce et de justice, et la loi sur les municipalités. Au milieu du désordre, la chambre des députés cherchait à organiser et à réparer. Le pouvoir en butte à toutes sortes d'attaques, faisait des efforts inouis pour mettre l'armée dans un état de plus en plus respectable. Le ministre des finances poursuivait les négociations entamées au sujet de l'emprunt Aguado, dont le retard faisait appréhender une rupture.

La meilleure intelligence régnait d'ailleurs entre le comte de Luchana et le Gouvernement, depuis que la reine avait conféré une haute dignité au général en chef. Ce dernier établit ses quartiers à Briviesca, d'où il expédia deux bataillons contre le détachement de Mérino, renforcé dans les Pinarès de Soria par les débris de la bande de Negri. D'un autre côté, Basilio était tenu en échec par le général Pardinas, qui le suivait avec une incroyable persévérance.

Cependant, pour faire diversion aux tumultes intérieures qui paralysaient la cause légitimiste, les troupes commandées par don Carlos et l'infant don Sébastien, opérèrent le 15 mai un mouvement sur Tafalla. Elles avaient passé l'Arga comme pour tenter les chances d'une expédition, en laissant le champ libre aux partisans de Munagorri qui se recrutaient chaque jour surtout de déserteurs carlistes.

A la première nouvelle de cette incursion, Espartero détacha en toute hâte, de son corps d'armée, la brigade Lebron, forte de quatre bataillons, pour renforcer la division du général Diégo Léon, avec injonction de suivre les forces carlistes qui avaient déjà pillé Salvatiesa, Villaréal, Majores et s'étaient livrées à de grands excès sur leur passage.

D'autre part, le général Narvaez à la tête de son armée de réserve forte de 6,000 hommes, se mit en marche pour l'Andalousie, où le voisinage de l'ennemi rendait sa présence nécessaire; il devait établir son quartier-général à Ocana, tandis qu'en Catalogne, le baron de Meer s'opposerait aux troupes du prétendant, qui trouva néanmoins le moyen, par une savante tactique, d'éviter sa rencontre et de s'emparer du bourg de Palléja, situé à moins de trois lieues ouest de Barcelone. La plupart des chefs carlistes de l'Aragon apparurent au même moment aux alentours de Valence, Mérino à Cheloa, Cabrera à Vall de Uxa, le comte de Negri à Morella, et le 20 mai, le colonel Mayols fut surpris à dix heures du soir à Ontaria del Pinar par le chef carliste Balmaceda qui lui fit 400 prisonniers, le reste s'étant enfui vers Aranda.

Sur ces entrefaites, le général en chef des christinos ob

servait l'ennemi à Alcaniz avec 20,000 hommes, dont 5,000 de cavalerie, et des approvisionnements. Entré le 28 mai à Lerin, il se disposait à commencer ses opérations contre Estella, après avoir réuni son artillerie de siége à Larraga et à Puente-la-Reina. En attendant ce mouvement décisif, le général Diégo Léon avait battu les carlistes, à Biurrun, dans la vallée d'Ilzarbe, en Navarre; une compagnie de ces derniers était demeurée prisonnière, et Zurbano avait surpris Balmaseda dans la ville de Quintanar de la Sierra. Enfin, une partie de l'armée de réserve était arrivée dans la Manche, en attendant l'installation à Ocagna du quartier-général de Narvaez.

Dans le camp de don Carlos un grave événement la condamnation à mort des généraux Zariategui et Ellio, pour crime de trahison, vint encore compliquer les embarras du prétendant et occasionner à Arbaluza, siége du conseil de guerre, une nouvelle insurrection de plusieurs bataillons. En proie à de vives inquiétudes, le prince se retira à Tolosa, où il procéda à la réorganisation de son ministère, réorganisation dans laquelle triompha le parti modéré: l'évêque de Léon fut nommé ministre de la justice; le général Maroto, ministre de le guerre; des finances M. Erro; des affaires étrangères M. Sierra.

Le général Villaréal fut promu au commandement en chef de l'armée, le comte de Casa Eguia fut nommé capitainegénéral de la Navarre et de la Biscaye; de plus, cédant aux conseils d'une sage politique, don Carlos révoqua l'arrêt de mort des chefs condamnés tels que Zariategui, Ellio, Torre, Madrazo et Vargas, et les rappela au service actif.

Pendant que le parti légitimiste semblait se reconstituer par le retour au pouvoir d'anciennes illustrations, aimées et obéies des soldats, une nouvelle invasion s'opérait en sa faveur dans la Cerdagne espagnole; Sagarra avait échelonné

ses troupes devant les murs de Puicerda; après une assez vive fusillade, il s'était retiré aux environs de Villalobent, d'où il inquiétait les populations; Cabrera, de son côté, réunissait ses forces à Morella.

Mais sans cesse préoccupé de l'état critique de ses finances et en butte aux plaintes des populations lasses de payer des contributions de guerre sans arriver à un résultat, le prétendant, après avoir quitté Tolosa, alla se fixer momentanément à Elorrio avec l'infant don Sébastien, espérant que les généraux Cabrera et Llangostera en viendraient bientôt avec les troupes constitutionnelles à une affaire décisive qui pourrait relever l'abattement de ses partisans.

Le 19 juin, eut lieu un engagement où le chef légitimiste Guergué fut battu par le général Espartero, et la ville de Penacerrada, que défendait le fort avancé de Vaisarra, tomba au pouvoir des troupes constitutionnelles, mais non sans avoir opposé une vive résistance.

Après cet avantage, dû surtout à la grande supériorité numérique du parti de la reine, Espartero fit une savante diversion sur Vittoria, afin d'empêcher l'espèce de blocus que cherchait à exécuter le nouveau général en chef carliste Maroto, dont le retour en grâce fut mal vu des Navarrais et des Basques.

Le même jour, les carlistes, commandés par Sanz, perdirent 500 hommes à l'affaire de Montréal, où les avait surpris le général Alaix. C'est à la suite de ces deux rencontres que fut publié une proclamation du général en chef, dans laquelle il exhortait les Espagnols des provinces Basques à ne pas se prêter au système de non-communication et d'hostilité imposé aux populations par la tyrannie de don Carlos, et à ne pas rechercher des sujets de troubles et d'assassinats dans des différences d'opinion.

Après une nouvelle proclamation adressée à l'armée dans ces moments d'enthousiasme, le comte de Luchana se rapprocha d'Estella, centre et siége de la puissance du prétendant, et divisa ses troupes en trois colonnes. La première

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