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sir John Hobhouse et le chancelier de l'échiquier, -votassent avec lord Russell, le président du conseil du commerce, l'attorney-général, le lord advocat, sir Georges Grey, sous-secrétaire d'état au département des colonies, sir Henri Parnell, trésorier de l'artillerie; M. Parker, un des lords de la trésorerie, et M. Stanley, le factotum du Cabinet, s'abstinrent de voter, tandis que M. Parnell, président du comité, M. Robert Stuart, un des lords de la trésorerie et sir Vivian, maître général de l'artillerie, votèrent ostensiblement contre les ministres. Aussi, dès ce moment, il ne fut bruit que des divisions du Cabinet et de la démission prochaine de plusieurs de ses membres.

La question du vote au scrutin secret ainsi résolue, M.Stanley demanda à la Chambre la permission de lui présenter un bill, ayant pour objet de protéger les électeurs dans l'exercice de leurs droits, et de déclarer délit, toute menace on injonction qui leur serait faite, à cet égard, par leurs propriétaires, maîtres, pratiques ou autres. Comme il ne s'agissait encore que de la simple autorisation de présenter le bill, les ministres, et même une partie des conservateurs, appuyèrent la motion, dans laquelle le parti radical affecta de ne voir qu'une garantie dérisoire, mais qui n'en fut pas moins votée à une majorité de 50 voix contre 23.

Le 23 février, en présentant une pétition à la Chambre des pairs, en faveur du vote au scrutin secret, lord Melbourne, repoussa de toutes ses forces une mesure qui, sans remédier à aucun des abus existants, en entraînerait de bien plus graves encore. Le ministre reconnaissait cependant que les plaintes du pays étaient fondées; que jamais la grande propriété n'avait exercé une influence plus oppressive sur la conscience des électeurs, et qu'il était urgent d'aviser au moyen de les soustraire à cette tyrannie. Lord Melbourne citait les dernières élections comme ayant donné lieu à des actes de violence et de corruption sans exemple. Principalement dirigée contre la vieille aristocratie; cette attaque provoqua une vive réplique de la part de lord Wellington.

« Milords, dit Sa Grâce, j'ai beaucoup vécu, beaucoup observé, et je n'ai rien vu qui puisse justifier les accusations du ministère contre les grands propriétaires du royaume. Toutefois il est incontestable que des moyens coupables ont été employés pour influencer le choix des électeurs; mais cette influence corruptrice, ce sont les prêtres irlandais qui l'ont exercée et non point les possesseurs du sol: voyez plutôt les émeutes qui ont invariablement et systématiquement accompagné toutes les élections en Irlande.

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Dans l'opinion de lord Brougham, qui prit la parole après lord Wellington, le vote au scrutin secret devait changer peu de chose à la dépendance politique des fermiers, à l'égard de leurs propriétaires; mais il n'en était point de même pour les villes, où ce mode de voter était absolument nécessaire et devait obtenir les plus heureux résultats.

Ce débat n'eut point alors d'autre suite. Mais, pour ne pas revenir sur ces questions de réforme électorale, nous dirons ici que, pendant le cours de la session, un bill fut voté étendant à la propriété mobilière les droits d'éligibilité qui n'appartenaient jusque-là qu'aux biens immeubles: Par exemple, un bail à vie où ayant encore treize années à courir ; la possession, dans le Royaume-Uni, de valeurs personnelles de toute nature; la jouissance des intérêts d'une dette ou de dividendes dans les fonds publics, pouvaient désormais constituer, en tout ou en partie, le cens d'éligibilité exigé par le bill de réforme.

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Les affaires du Canada avaient naturellement fixé l'attention publique sur la conduite du ministre qui était le plus particulièrement responsable de ces événements. Le 6 mars, sir William Molesworth demanda à la Chambre des communes, qu'une adresse fût présentée à la reine, exprimant à S. M. le manque de confiance de la Chambre et du pays dans l'administration de lord Glenelg, et le désir de voir le département des colonies remis en des mains plus habiles et plus fermes. Cette motion fut, pour les deux grands partis qui divisaient la Chambre, une occasion décisive d'essayer

leurs forces respectives. Aussi excita-t-elle au-dehors et audedans du parlement, un intérêt d'autant plus vif que le torysme avait pris la détermination de saisir cette circonstance, pour connaître sa puissance réelle indépendamment des votes parasites qui se ralliaient accidentellement à sa cause; manœuvre qui eut pour objet, sinon de renverser le Cabinet, au moins de constater sa faiblesse.

Cet incident qui, de la part de l'opposition radicale, avait pour but de ramener le débat sur toute la politique coloniale, donna lieu à une longue et ardente discussion, dont nous ne pouvons rappeler ici que les points principaux. L'auteur de la motion n'était mu, disait-il, par aucune considération de parti; car il n'était pas un seul coin du globe qui ne fournît la preuve de l'incapacité radicale du ministre actuel des colonies. Lord Palmerston considéra cette attaque comme étant commune à tout le Cabinet, et tendant moins à l'exclusion d'un de ses membres qu'au renversement de l'administration. Il l'eut parfaitement comprise de la part de sir Robert Peel, mais elle lui paraissait souverainement ridicule venant de M. Molesworth et de ses amis, qui naguères voyaient avec effroi la diminution de la majorité ministérielle et considéraient la rentrée des tories au pouvoir comme une calamité publique. Lord Palmerston ne se borna pas à repousser toutes les allégations dirigées contre son collègue; il ajouta que si, contre toute apparence, la motion de M. Molesworth était accueillie par la Chambre, tous les ministres déposeraient à l'instant leur portefeuille.

Ce grand débat prit bientôt le caractère de généralité qui lui appartenait. Repoussant l'accusation dirigée contre la personne de lord Glenelg, lord Sandon proposa, par voie d'amendement, de présenter à la reine une adresse dans laquelle la Chambre, en offrant son loyal concours à Sa Majesté, pour mettre un terme à l'insurrection canadienne,exprimerait l'opinion que les troubles de cette colonie étaient la conséquence nécessaire de la politique imprévoyante, dilatoire et faible des conseillers de la couronne. Cette déclaration plaça la

lutte sur son véritable terrain. Lord Stanley critiqua sévèrement tous les actes du pouvoir dans les affaires du Canada. Sir Georges Grey et le chancelier de l'échiquier les défendirent avec non moins de véhémence.

Les tories, s'écria ce ministre, nous menacent de la minorité. Ce parti a donc oublié les nombreuses défaites qu'il essuya lorsque le pouvoir était entre ses mains? il ne se rappelle donc plus qu'il fut battu sur le procès de la reine, sur la question de l'impôt de propriété, sur la question de l'impôt du sel, sur la question du directeur général des postes, des lords de l'amirauté, de la réduction des dépenses publiques, du Code pénal, etc., etc. ? sur toutes ces questions, et beaucoup d'autres encore, les tories eurent contre eux la majorité, et cependant ils conservèrent leur portefeuille. »

Sans contester les échecs rappelés par le préopinant, sir Robert Peel soutint qu'ils n'étaient point comparables aux défaites récemment éprouvées par le Cabinet, dont la persistance à rester au pouvoir, après quatre revers essuyés dans huit jours, lui paraissait par trop philosophique. Du reste l'honorable baronnet ne comprenait point pourquoi des ministres aussi forts de leur popularité et du sentiment de leurs vertus, ne se hâtaient point de demander une contre-adresse à la reine, exprimant que le parlement plaçait une confiance sans bornes dans leur énergie et leurs lumières. L'occasion était belle, et il engageait les membres du Cabinet à ne point la laisser échapper.

Après avoir cherché à justifier la conduite du Cabinet, lord John Russell termina un fort long discours, en demandant si, dans le cas où le ministère se retirerait, on était en mesure d'en constituer immédiatement un meilleur, et si les torics pourraient en appeler prudemment à une élection populaire. Le noble lord conseillait ensuite à sir Molesworth de retirer sa motion, de manière à ce que la Chambre, n'ayant à se prononcer que sur l'amendement de lord Stanley, les deux grandes fractions parlementaires pussent se mesurer face à face. M. Molesworth accepta cette proposition, et l'amendement ayant été mis aux voix, il fut rejeté par une

majorité de 316 contre 287. Le résultat de cette épreuve fut, que dans toutes les questions étrangères à l'église (questions dans lesquelles un certain nombre de whigts votait avec les conservateurs), les tories pouvaient compter sur 317 suffrages dans les communes. Quoi qu'il en soit, ce débat, sur lequel l'opposition avait fondé l'espoir de renverser le ministère, tendit au contraire à le consolider.

Pendant que les discussions que nous venons d'esquisser s'agitaient aux communes, un débat non moins ardent avait lieu à la Chambre des pairs, sur les résistances que le bill de manumition éprouvait de la part des planteurs anglais dans les colonies des Antilles et sur la nécessité de substituer l'émancipation immédiate des esclaves au système d'apprentissage, c'est-à-dire à l'affranchissement graduel précédemment établi. Cette proposition, faite par lord Brougham le 20 février, fut rejetée à une majorité de 31 voix contre 24. Le 29 mars, sir Georges Stereckland la reproduisit dans la Chambre des communes. Ce député cita à l'appui de sa motion, une multitude de faits tendants à prouver que les nègres gémissaient dans les colonies anglaises sous la plus effroyable oppression. Leur nourriture était insuffisante; les châtiments employés envers ces malheureux étaient excessifs et cruels; les femmes enceintes étaient obligées de travailler jusqu'au jour de leur délivrance; les hôpitaux étaient encombrés de malades et décimés par la peste, etc. - Enfin, suivant l'orateur philantrope, les diveses législatures coloniales avaient indignement abusé de la confiance du peuple anglais, et violé toutes les conditions du bill d'émancipation. Le ministère, sans nier l'existence des faits allégués par l'orateur, soutint qu'ils ne constituaient que des infractions partielles, auxquelles le Gouvernement remédierait sans qu'il fût besoin d'altérer la législation existante sur la matière. La Chambre, accueillant le système du Cabinet, rejeta la motion de sir Stereckland, à la majorité de 259 voix con tre 205.

Cependant deux actes importants sur cette matière pasAnn. hist. pour 1838.

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