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(a)Paravic. Cent. III. Singular.

que d'un tel Homme. Point de Livre qui ne s'y trouve, il achette indiféremment tous ceux qu'on lui préfente (74). A la vérité, il ne les lira point, il ne les entendroit pas: mais, en revanche, il les fera relier d'une maniére magnifique, il les fera ranger dans le plus bel Ordre du monde, il ira les faluer très-gracieusement plufieurs fois le jour, il y menera même fes Amis, & fes Domeftiques, fi fouvent qu'ils en feront dégoutez (75). Lorfqu'il lui tombe entre les mains quelque vieux Manuscrit

&

qu'il

(74) On dit (a) que Harius fit porter à la Haye une Bibliothèque fi nombreufe, que le Peuple étonné dit hautement, qu'il n'avoit pas cru qu'il y eut tant de Livres Num. XXX dans le monde. C'eft de là que vint à Harius le Nom de Jean des Livres, qu'il porta depuis. THEM.

Il cite Lomeïer. (b) Dict. T. I, Art. Fugger, Rem C.

(c) Tome II de fes Oeu

vres.

Voiez dans Bayle (b) une Exageration plus forte au fujet de la Bibliothèque de Fugger, que Wolfius difoit être garnie d'autant de Livres qu'il y a d'Etoiles au Ciel.

L. T.

(75) On pourroit raporter ici le Difcours de Lucien contre un Ignorant qui faisoit une Bibliotèque (c). SCRIB.

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De toutes les occupations, une des plus vaines, c'eft fans doute celle de faire une Bibliothèque, pour ne s'en fervir jamais. Il est vrai que c'eft un meuble qui pare une chambre, de même que les porcelaines, les tables, les peintures, les tapifferies. Dorus.. ..... ne lit & ne lira jamais; mais il a du bien..... Il achette des Livres, les fait relier bien proprement, forme une ,, nombreuse Bibliothèque. A certain jour, à certaine heure, une fois le mois, il fait placer fon fauteuil Mer. Sat. vis-à vis de ces beaux Livres; & là il contemple.....; Com. pag.,, après quoi il fe retire toûjours ignorant, mais fort fa35.& fuiv. 19 tisfait d'avoir vu des Livres. &c (d).

(d) Reflex.

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L. T.

qu'il peut vous faire remarquer ces
feuilles à demi rongées, où, malgré
les reftitutions que les Savans y ont
cent fois voulu faire, les yeux les plus
perçans ne fauroient découvrir fans
peine les traces des Caractéres qu'u-
ne plume ancienne y peignit autre-
fois; Quel tréfor! qu'elle joie! toutes
les Grandeurs humaines, les délices
de la Terre, dirai-je? le Ciel même
n'a rien d'aprochant:

Les Dieux dans fon bonheur peuvent-
ils l'égaler (76)?

Pinacoth.I.
Num. IV.

Vous n'ignorez pas, Meffieurs, que c'eft là le caractère de Fulvio Urfini. Ce fameux Partifan de l'Antiquité, dit Erythrée (*), faifoit un cas ex- (*) Erythr. traordinaire des vieux Manufcrits dont fa Bibliothèque étoit remplie. Cette Prévention le fit un jour tomber dans un ridicule extrême. Il faifoit voir au Cardinal Tolet un MS. des Comédies de Terence plein de fautes & de lacunes gâté & corrompu en plufieurs endroits: il lui difoit que tout l'or du

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mon

(76) On dit qu'Antoine Becatelli ; furnommé Panormita (a), vendit en 1555. le peu de bien qu'il avoit pour (a) De Pa acheter de Pogge Florentin un MS. de Tite Live. CHAR, lerme,

monde ne feroit pas capable d'en paier la valeur; &, pour en convaincre cette Eminence il ajoutoit que ce MS. avoit plus de mile ans (77). Eft-il poffible? s'écria le Cardinal. Pour moi,j'aimerois mieux un Livre tout fraichement forti de la Preffe, complet & bien corrigé, que mile autres gatez fautifs; la Sybile elle-même les eût-elle écrits de fa propre main. Bon Mot, Réponse judicieuse, s'il en fut jamais (78)!

من

Mais,

(4) περὶ (77) S. Chrifoftome, dans fon Difcours de la Beauté (a), nous dit que certains maitres Fripons de fon tems fe ferxams. voient d'une Rufe admirable pour tromper les Antiquaires, & leur atraper bien de l'argent, en leur vendant, comme anciens, les plus méchans Livres modernes, qu'ils avoient laiffez pendant quelque tems fous des tas de blé, pour leur faire contracter la craffe, & l'odeur de relent, (b) Wower qui font inféparables de toutes les Antiquailles (b). in Polymathia, C. VI.

SCRIB.

(78) Il y a en efèt bien du fel dans la Réponse de ce Cardinal; & il feroit à fouhaiter que nos fuperftitieux Adorateurs de vieux Bouquins vouluffent y faire attention, & la prendre pour une Règle de leurs Jugemens. Je fuis (c) Com- perfuadé, tout comme Manuce (c), qu'il n'y a absolument. ad Ci- ment point de vieux Livres exempts de fautes, vu la nécer. L. V. gligence extrême des Copiftes. Quelle joie ne feroit-ce Famil. Ep. pas pour nos Antiquaires, s'ils pouvoient recouvrer un MS. du tems d'Aulugelle? Cependant, ce feroit une gran(d) Not. de folie à eux, puifqu'Aulugelle même le plaint (d) que Attic. L. de fon tems, il ne fe trouvoit point d'Exemplaire, qui VIII.C.XX. ne fut rempli de Fautes. Un Critique, qui fe fert de la

II.

droite Raifon, comme d'une Pierre de touche, pour juger des Ouvrages que l'Antiquité nous a laiffez; un tel homme mérite bien mieux qu'on le fuive dans fes

res.

hil nifi

Mais, puis que nous avons entamé Antiquaicette matiére, il eft bon, Meffieurs, (*) Mirande vous faire remarquer ici la folie turque nide ces gens qui n'ont de l'admiration quod Libique pour les chofes qui portent quefque tina factaempreinte de l'Antiquité (*) (79). Ils L. II. Ep. voient,

Décifions que tous nos Correcteurs Antiquaires enfemble, petits Grammariens, Idolatres de vieux Caîers, que les Vers ont rongez. Confultez fur ceci la Bibliothèque Critique du Pere Simon (a). J. HALL.

vit. Hor.

I. v. 49.

(a) T. IV, (79) L'Empereur Adrien étoit fi fort prévenu pour Ep. XVI. l'Antiquité, qu'il préferoit Caten à Ciceron, Ennius à Vir- & Heuman. gile, Caelius à Salufte (b). Voffius (c) prétend que les An- de Arte ciens Hiftoriens n'ont point eu de Succeffeurs, & qu'autant Critica. que les Savans d'aujourdui l'emportent fur le Peuple, autant (b) Ali. les Anciens l'emportent fur eux. Ce fut cette Paffion pour Spartian. l'Antiquité qui engagea Latus à répudier fon Nom de in Vita Pierre, parce qu'il n'avoit rien de Romain, pour prendre Adr. celui de Pomponius (d): ce fut elle qui lui fit emploier C. XVI. l'argent qu'il recevoit de fes Difciples, à s'achetter un (c) Ad Repetit Domaine dans la Campagne de Rome, pour y cé ginam Chrilèbrer le jour de la Fondation de cette Ville, & rendre ftinam, Ep. même à Romulus un Culte religieux & public (e). Fran- III, p.9. çois Redi raporte un éfer fingulier de cette Préocupation. (d) Freher. Il dit qu'un certain Péripateticien avoit tant de refpect Theatr. P. pour fon Ariftote, qu'il ne voulut abfolument point IV p. 1427. obferver le Ciel par le Telescope de Galileo Galilei, de (e) Voffius peur d'être obligé d'avouer que ce célèbre Mathémati- de Hift. Lat. cien avoit découvert des Etoiles, qui avoient échapé aux L. III, C. recherches & à la pénétration d'Ariftote (f). C'est ce VIII. même entêtement, qui fait dire à Me. Dacier (g) qu'il Sabellici n'y a que l'étude des Auteurs Latins, & fur tout des Au- Vita Lati teurs Grecs, qui puiffe nous former le Goût. C'est ce ad Mauroméme entêtement qui rendit Claude Belurger, fi paffion- cenum. né, fi fou, de fon Homere, qu'il l'aprit tout par coeur, Heuman. de le porta en tous lieux, dans l'Eglife même, où il en re- Anonym. citoit des Morceaux au lieu de Priéres. Il gardoit ché- Pfeudon. rement, & comme un chef d'oeuvre divin, un Therfite qu'il p. 136. & avoit 137. (f) Redi, Obferv. de Viperis, T. I. Ephemerid. Nat. Curiof. (2) Caufes de la Corruption du Gout.

(*) Les

voient, non feulement ce qui fe paffe fous leurs yeux, mais encore ils favent fe faire jour à travers les ténèbres épaiffes de l'Antiquité la plus enfoncée; & c'eft fur cela que ces Vifionaires, femblables à un certain Chinois. Peuple d'Asie (*), s'imaginent être les feuls au monde qui aient deux yeux, tandis que les autres hommes n'en ont qu'un. La moindre petite Pièce de vieille Monoie, ou de vieux Vafe, qu'ils rencontrent, pourvu qu'elle foit bien craffeufe, & couverte d'une Rouille facrée (80), quelle joie! mais en même tems que de foins, que de peines, pour en expliquer les figures, leurs fituations, leurs dimen

(a) Pinac.

fions

avoit fait faire, tel qu'Homare le décrit, par le plus habile Peintre qu'il eut pu trouver. Enfin, il étoit fi charI. p. 206. mé de l'Iliade, qu'il voulut voir de fes propres yeux (b) Poly- les Champs Troyens, & les Reftes précieux de cette fahift. 1.1. moufe Ville. C'eft dans ce beau deffein qu'il part, voL.VII.C. II le, s'embarque, arrive à Alexandréte, où la Fiévre ma(c) De Scrip. ligne l'ataque & le trouffe en très-peu de jours. ConNon Eccl. fultez fur ceci Erythrée (a), Morhofius (b), & Gaddi (c), T. I. p.238. aux endroits citez à la marge; & joignez à tout cela ce (d) Cent. Paffage de Lipfe (d). Je n'admire, dit-il, que trois HemII. Mifcell. mes; Homere, Hipocrate, & Ariftote. Ce font les feuls, Epit. XLIV à mon avis, qui ont posté l'Humanité au delà de fes forces (e) Rap- de fa Sphere naturelle. polr. in

Comment. ad Horat.

P. 611.

CHAR.

(80) Henri Cajado, Portugais, fe moqua de certains Antiquaires en leur préfentant, & leur faifant paffer pour Antiques, des Pierres, où il avoit lui même gravé des Oracles de la Sibile (e) &c.

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