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l'Apôtre ne continue à prendre ce mot au même fens, quand il adjoûte peu aprés, vous étes la generation élue. C'est à dire une nation choifie,excellente, & que Dieu s'eft rendue precieufe par l'effufion de fa grace, & par fes dons: en tout cela il n'y a pas de decret eternel.

Enfin le mot d'eleus fe trouve une feule fois dans l'Apocalypfe. Ceux ey combattront contre l'agneau: mais l'agneau les vaincra,d'autant qu'il eft le Seigneur des Seigneurs

le Roy des Roys, avec luy font les elus, & les fideles. L'arrangement dans lequel font ces trois mots appellés, elus, & fideles font bien voir ceque fignifie le mot d'elus: ficela fignifie un decret eternel,il faloit le placer devant appellés; comme S. Paul a placé le terme de predestinés. Ceux qu'il a predeftinés illes a auffi appellés. Il est donc clair que par les appellés font defignés ceux que Dieu a invités à la converfion par la revelation de fa verité. Les elus font ceux en qui il a rendu cette vocation efficace par fon efprit; & les fideles font ceux qui en confequence de cette action par laquelle Dieu les fepare des autres hommes, reçoivent le don dela foy. En effet ce font là les troisdegrés par lefquels il amene les hommes à l'état d'adop tion.Il les invite & leur donne fa connoiffan ce, il les convertit & leur donne fon efprit. Et enfin il leur donne le don de la foy, par

lequel ils entrent dans fa famille.

Ce font là tous les paffages dans lefquels les mots d'élire, d'élection, & d'élus fe trouvent. Je me fuis étendu fur cet article non que je croye que l'affaire foit fort importante. Car que l'on prene par tout l'election pour un decret eternel de Dieu, la theologie Orthodoxe n'en recevra pas le moindre prejudice. Mais l'Autheur de l'ouverture demande, qu'on luy faffe la même justice, & qu'on reconnoiffe qu'à prendre le terme d'élection pour cette action par laquelle Dieu fepare dans le temps les predeftinés d'avec les reprouvés, en leur donnant la grace efficace, la faine theologie n'en peut recevoir aucun mal.

On s'eft imaginé que cela favorifoit l'Arminianifme. Mais en quoy & comment? Les Arminiens ne prennent point le mot d'élection, au même fens & ne le peuvent prendre; car ils ne reconnoiffent point cette action par laquelle Dieu fepare les hommes les uns des autres par une grace finguliere & de diftinction. Ils veulent que Dieu tout au plus donne aux hommes une grace generale, & que les hommes fe diftinguent eux mêmes par un bon ufage de leur libre arbitre. Hammond qui eft un de ceux qui a le plus travaillé à rendre l'Ecriture Arminienne,par l'élection de Dieu entend cette action & cette volonté divine par laquelle certains Juifs convertis avoyent efté deftinés de Dieu pour

échaper à cette grande tribulation qui devoit tomber fur la nation des Juifs par la ruine de Jerufalem & du Temple. Epifcopius veut que dans le chap. 9.de l'Epître aux Romains il ne s'agiffe point du tout de la vocation au falut, & du choix que Dieu fait des hommes qu'il veut fauver, par oppofition aux hommes qu'il veut abandonner: mais feulement de la rejection des Juifs par oppofition aux gentils qui étoient alors preferés. Ce qui n'eft point du tout le fentiment de l'autheur de l'ouverture.

Il s'en exprime affés clairement; Et montre qu'à la verité l'occafion par laquelle S. Paul entre dans cette matiere eft celle de la rejection des Juifs. Pour la juftifier il a recours à ce fouverain droit de Dieu fur les creatures, felon lequel il fait des hommes tout ce que bon luy femble, fans avoir égard à leurs difpofitions precedentes. Il prouve enfuite ce fouverain droit. 1. Par l'exemple d'Efau & de Jacob, dont l'un fut pris & l'autre rejetté uniquement par la volonté de -Dieu & fans égard à leurs œuvres.

2. Par

les paroles de Dieu à Moyfe qui dit, Fauray compaffion de qui j'auray compaffion: paroles qui fignifient que Dieu fait mifericorde à qui il veut, feulement parce qu'il le veut, 3. Par l'exemple de Pharao que Dieu choifit pour le faire un exemple de fes jugemens, uniquement par ce qu'il le voulut ainfi. 4. Et enfin par l'exemple d'un potier qui

c'eft

d'une même maffe fait des vaiffeaux à honneur & à deshonneur, fans autre raison que fon pouvoir fouverain fur fon argille. Et c'eft proprement en cet endroit que fe trouve le decret de la predeftination abfolue & gra tuite dans ces paroles. 22. Qu'est ce, fi Dieu en voulant manifefter fa colere ; à dire fajuftice; & donner à connoître fa puissance; c'est à dire le fouverain pouvoir qu'il a fur les creatures; a toleré en grande patience ces vaiffeaux d'ire preparés à la perdition. Et pour donner à connoître la richeffe de fa gloire dans les vaisseaux de mifericorde, lefquels il a preparés à la gloire.

L'Apôtre prouve donc proprement deux chofes pour montrer le droit que Dieu a eu de rejetter les Juifs. La premiere que dans le temps il fait mifericorde a qui il veut, il endurcit qui il veut fans œuvres & par un choix libre: & cela feul prouve invinciblement l'élection gratuite de toute eternité.

tous ceux qui fçavent ce que c'eft que Syfteme & qu'Hypothefe; fçavent bien auffi qu'il eft impoffible de concevoir Dieu diftribuant fes dons dans le temps fans avoir égard aux œuvres & aux difpofitions de ceux qu'il yeut convertir, qu'on ne le conçoive auffi comme decretant dés l'eternité de donner la grace fans previfion d'œuvres. C'eft donc là une preuve indirecte de l'election gratuite eternelle. Mais en fecond lieu L'Apôtre avance & établit la predeftination

abfolue fans œuvres directement & ouvertement dans les verfets 22 & 23. dont nous venons de citer les paroles.

Ainfi il n'eft point vray que l'Autheur de l'ouverture arrache de ce chapitre toutes les preuves que les Orthodoxes en tirent contre les Arminiens pour la predeftination abfolue. Il n'eft pas même vray, que l'on derobe aux fuperlapfaires les preuves qu'ils pretendent tirer d'icy pour leur hypothese. Caron laiffe entierement dans leur entier ces paroles: Le potier d'une même maffe peut faire des vaiffeaux à bonneur à deshonneur &c. Et ce qui fuit. Et on ne determine point dans l'ouverture, de quelle maffe cela fe doit entendre. Sic'eft de la maffe des hommes creables comme ils parlent, ou fi c'eft de la maffe des hommes corrompus. Il eft vray que dans l'ouverture on lifoit ces paroles. Mais noftre interpretation enleva aux fuperlapfaires les preuves qu'ils pretendoyent tirer de ce chapitre, &c. Mais fi cela n'eft pas vray: C'est une de ces chofes qui échapent aux autheurs quand ils meditent pour la premiere fois. Et fi l'efcrit avoit paffé par les mains de fon autheur devant que de paroître au public, il auroit corrigé cela comme on le trouve corrigé dans cette feconde edition. Car il a voulu dire fimplement, qu'en prenant le mot d'Election dans fon vray fens & comme l'Ecriture le prend, les fuperlapfaires n'y peuvent trou

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